Génocide rwandais: les parties civiles redoutent
le non-lieu pour l’armée française

Des soldats français à leur arrivée près de Butare, au Rwanda, le 3 juillet 1994, dix jours après le début de l'opération Turquoise.
© HOCINE ZAOURAR / ARCHIVES / AFP

L'ex-amiral Jacques Lanxade et l'ex-général Raymond Germanos ne seront pas auditionnés par la justice française, dans l'enquête sur les possibles responsabilités de l'armée française lors du génocide rwandais de 1994. La cour d'appel de Paris a confirmé, ce jeudi, la décision prise par le juge qui mène l'instruction. Cette enquête concerne les faits survenus à Bisesero entre les 27 et le 30 juin 1994. Les militaires de la force Turquoise sont accusés de n'avoir prêté secours à des civils tutsis que trois jours après avoir constaté qu'ils étaient menacés par des génocidaires hutus.

D'après le juge d'instruction, la force sur place disposait d'une certaine autonomie et leurs actes ne dépendraient pas de l'état-major de l'époque. Une vision que réfute Clémence Bectarte, avocate de la FIDH, la Fédération internationale des droits de l'homme, partie civile dans cette plainte : « Dans ces journées, avec des rapports faits de ce qui était en train de se passer aux plus hautes autorités militaire et surement politique françaises à Paris, aucun ordre n’est donné d’intervenir pour sauver ces civils tutsis qui sont en train de se faire massacrer ».

Les parties civiles veulent toujours savoir, selon Clémence Bectarte : « Pourquoi il n’y a pas d’ordre d’intervention le 30 et quelle a été la réaction de l’état-major et des plus hautes autorités militaire et politique lorsqu’ils ont réceptionné ces rapports venant de Bisesero et qui faisait part de ce qui était en train de se passer et quelle conséquence juridique il serait possible d’en tirer ? Voilà ce que nous demandons aujourd’hui à la justice française, c’est une interprétation erronée de dire que l’opération turquoise sous le commandement du général Lafourcade à l’époque était autonome sur le terrain qu’elle prenait elle-même ses décisions. Bien sûr que non ».

Et les parties civiles dénoncent une absence de volonté de la part de la justice d’aller plus loin : « Est-ce qu’on est en train de nous annoncer déjà un non-lieu à venir ? Voilà ce que l’on craint aujourd’hui ».