En chemin (Mali)

Une des grandes orientations du concile Vatican II était la prise de conscience que l'Église est d'abord le Peuple de Dieu, le Peuple de Dieu en marche vers les promesses du Royaume. Les chrétiens ne sont pas les seuls en marche sur cette route. Tous les hommes sont sur une même route du fait qu'ils ont une origine commune et que, selon le plan de Dieu, leur destinée est la même pour tous. Nous sommes en chemin avec tous nos frères et sœurs, quelles que soient leur foi ou leurs convictions.

Notre vocation de chrétiens, Peuple de Dieu au Mali, n'est autre que de contribuer à donner sens, dynamisme et joie à la marche de tous les Maliens. Être chrétien au Mali, c'est aussi accepter de vivre en permanence une grande tension intérieure : chercher l'harmonie, vivre en parfaite convivialité avec ceux que le Seigneur nous a donnés comme compagnons de route, et en même temps rester un défi, une interpellation pour eux. Pour assumer cette tension, le Centre "Foi et Rencontre" veut apporter sa modeste contribution.

La revue « En chemin » se veut donc un lien entre chrétiens, musulmans et autres croyants.

Éditorial : La femme, richesse des peuples

EN CHEMIN

 

Le bulletin du Centre Foi et Rencontre

 

 

Centre Foi et Rencontre BP 298 Bamako (Mali)

Téléphone : (223) 229 82 50

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Décembre 2002 n°1

 

Rédaction :Equipe du Centre Foi et Rencontre

Responsable : Père Josef Stamer

 

Editorial

En chemin …

Pourquoi “En chemin” ? Au Concile Vatican II une des grandes orientations était la prise de conscience que l’Église est d’abord le Peuple de Dieu, le Peuple de Dieu en marche vers les promesses du Royaume. Les chrétiens ne sont pas les seuls en marche, sur cette route. Tous les hommes sont sur une même route du fait qu’ils ont une origine commune et que, selon le plan de Dieu, leur destinée est la même pour tous. Oui, la grande découverte du Concile était que l’Église ne joue vraiment son rôle que si elle est l’élément dynamique dans la marche commune des hommes. Nous sommes en chemin avec tous nos frères et sœurs quelque soit leur foi ou leurs convictions. Notre vocation de chrétiens, Peuple de Dieu au Mali, n’est autre que de contribuer à donner sens, dynamisme et joie à la marche de tous les Maliens. Est-ce là une utopie ? un but au-delà de nos forces ? Malgré le fait que nous nous sentons profondément unis à tous ceux qui sont en chemin avec nous que nous tissons avec eux des liens de parenté et d’amitié, il n’est pas facile d’être chrétien au Mali. Il y a les exigences de notre foi qui souvent vont à l’encontre de nos penchants naturels. Il y a surtout le fait que nous sommes une petite minorité à suivre un chemin que la grande majorité ne reconnaît que partiellement comme un chemin de vérité. Souvent, nous sommes questionnés, interpellés, parfois même attaqués dans notre manière même de marcher avec les autres. Être chrétien au Mali, c’est accepter de vivre en permanence une grande tension intérieure: chercher l’harmonie, vivre en parfaite convivialité avec ceux que le Seigneur nous a donnés comme compagnons de route, et en même temps rester un défi, une interpellation pour eux. Pour assumer cette tension le Centre “Foi et Rencontre” veut apporter sa modeste contribution: Nous avons besoin de nous appuyer les uns sur les autres .Et puis, rappelons-nous qu’il y a un Autre qui marche avec nous. Après la mort de Jésus, deux hommes, deux de ses amis, découragés, étaient en chemin ... Et voici qu’un étranger se joint à eux et finit par leur expliquer le sens des Écritures! En marchant avec des gens qui nous sont apparemment étrangers, nous finirons par comprendre notre propre foi, par connaître celle qui anime l’autre à nos côtés, par reconnaître en lui Celui qui a dit : “Je suis le Chemin” et qui veut que tous les hommes viennent à la Lumière.

Père Josef Stamer

 

Mgr Guiseppe Pinto, nouveau Nonce Apostolique découvre les réalités maliennes … Accueil par M. Daniel Konaté le 27 octobre à Bamako.

Excellence, au Mali, nous constituons une infime minorité (un peu plus de 2% ) de la population. Cette situation pourrait faire croire que nous sommes une Église des catacombes. Loin s’en faut quand on sait que nous vivons en parfaite harmonie avec nos frères musulmans, protestants et de religions traditionnelles, harmonie faite de tolérance et d’acceptation mutuelle. Je n’en veux pour preuve Excellence, que le bref entretien que vous avez eu le jeudi dernier avec Monsieur l’Ambassadeur Abdoul Kader Touré, Directeur du protocole et que vous me permettrez de rapporter ici. Monsieur Touré déclarait notamment - je cite « Au Mali, nous nous félicitons de la cohabitation pacifique entre adeptes de confessions religieuses. Nous sommes tous frères en Dieu et nos relations humaines, sociales et même politiques, sont régies par le dialogue, le consensus et singulièrement, le cousinage qui sont des valeurs cardinales, inestimables et irremplaçables. ». Il faut aussi signaler que dans toute notre sous région, le Mali est le seul pays où les confessions religieuses (musulmanes, catholiques et protestantes) se retrouvent au sein d’une même organisation officielle : “La Commission Nationale de conciliation des Chefs religieux” qui joue le rôle de médiateur dans les conflits politiques et sociaux. Mais des difficultés demeurent. En effet, si les trois religions coexistent dans un climat de respect mutuel et si les anciennes pratiques de solidarité à l’occasion des événements fondamentaux de la vie (naissance, mariage décès), restent encore bien vivantes, il faut signaler que la menace sur la laïcité de l’État est une réalité chez nous. D’autre part, l’intrusion du militantisme religieux dans le champ politique pouvant déboucher sur des conflits intra ou inter religieux est à prendre très au sérieux. Mais nous osons croire qu’en la matière, l’État, conformément à la loi fondamentale du Mali : la Constitution, exercera souverainement sa tutelle sur l’inviolabilité de la laïcité de l’État comme sur d’autres secteurs de la vie sociale. Nous avons aussi bon espoir que la traditionnelle sagesse malienne et le dialogue interreligieux, comme ils l’ont déjà démontré à plusieurs occasions, sauront mettre notre pays à l’abri de toute dérive religieuse.

 

Charte du Centre Foi et Rencontre

1 Il n'y a pas de rencontre où l'Esprit de Dieu ne nous a pas déjà précédés.

2 Servir la rencontre, c'est d'abord contempler et admirer l'œuvre de Dieu dans l'autre.

3 La rencontre de l'autre est le lieu d'une conversion commune permanente vers le Dieu qui nous a créés tous deux et qui nous appelle tous deux.

4 L'ignorance est la mère de la méfiance et

du mépris.

5 Quelle que soit l'affirmation de l'autre, je veux y chercher une part de vérité.

6 C'est dans ma propre foi que je veux chercher et trouver les ressources pour connaître et comprendre mon voisin croyant.

7 Pas de paix entre les hommes sans paix entre les religions ; pas de paix entre les religions sans dialogue entre les religions ; pas de dialogue entre les religions sans connaissance des fondements de ces religions.

8 La rencontre de l'autre, différent dans la foi, n'est pas une tactique ou une stratégie, mais l'exigence même de ma foi chrétienne.

9 Aller à la rencontre de l'autre n'est pas de faire la moitié du chemin et puis d'attendre que l'autre fasse l'autre moitié.

10 Quand on se connaît et qu'on s'estime, tout est alors possible

 

Les Confessions Chrétiennes au Mali

Le Mali découvre de plus en plus la Foi Chrétienne. L'écho régulier de l'Évangile dans la presse écrite et orale, la multiplication des lieux de culte chrétien, le nombre grandissant des dénominations ecclésiales et l'augmentation des différents et multiples symboles chrétiens prouvent bien que le Christianisme n'est plus une religion qui passe inaperçue: Il s'incruste dans la réalité quotidienne et s'étend davantage aux coins et recoins de notre pays. En effet, la mesure de l'expansion et de l'expression du Christianisme dans le Mali d'aujourd'hui dépasse de loin l'impression que l'on en a dans les différentes Églises.

 

Certes, ce fait est un motif d'action de grâce; mais il est en même temps une grave interpellation pour l'ensemble de tous les Maliens qui confessent et annoncent Jésus le Christ. Le poids social dont jouissent les Chrétiens, plus qu'à leur communion, tient au fait que le reste de leurs concitoyens ne considèrent pas rigoureusement leurs différentiations confessionnelles. Dans la conception collective, elles passent toutes pour la même. Oui, la nation malienne ne semble percevoir les différentes Confessions Chrétiennes qu'à travers ce qui fait leur particularité commune en son sein, c'est à dire la Foi au Fils de Marie, Notre Unique Maître et Seigneur Jésus-Christ: “Tout chrétien est reçu simplement partout comme un croyant tout-autre.” Quel atout pour le rayonnement du petit troupeau du Seigneur! Les Églises et leurs adeptes ne devront pas chercher à embrouiller ce regard ordinaire fondé sur l'essentiel. Au contraire, ils chercheront à l'accueillir comme un appel prophétique, appel prophétique qui rappelle la prière du Maître de tous: “Qu'ils soient un !” qui indique l'exigence de la Communion, qui incite à l'unité dans le dire et le faire, qui crie contre la dispersion pastorale et l'incohérence dans l'être.

 

Ce serait un contre-témoignage plus que vilain si les Confessions Chrétiennes faisaient du “Mali, pays tout en un” le théâtre de leurs disputes et de leurs discordances. L'Évangile ne vient pas étouffer les semences d'unité que porte la Vieille Terre malienne, il vient plutôt les faire éclore. Les Chrétiens dans leurs différentes confessions impulseront la traditionnelle dynamique d'Unité dans la Nation, quand celle-ci pourra dire réellement d'eux : "Voyez comme ils s'aiment! "

Les murs confessionnels ne doivent-ils pas alors tous donner passage à l'Esprit d'Unité, cet Esprit qui les a devancés sur le terrain ? Oui, il y'a à inventer des chemins nouveaux pour une culture plus vigoureuse de la christianité dans l'Homme et dans la Nation que nous constituons avec les autres. Les Églises ne doivent jamais oublier que leur commune mission au Mali ne peut efficacement réussir que dans la concertation, la collaboration et l'entraide : “L'union fera leur force” Que faire alors pour harmoniser davantage l'ensemble chrétien par delà les sections confessionnelles ? Que doivent entreprendre ensemble les Confessions Chrétiennes pour éviter d'être condamnées toutes à porter dans l'isolement le lourd poids des divisions et des particularismes des terres et des temps lointains, et cela dans une Nation qui a horreur de la dispersion et de la contradiction dans un seul et même Être ? Bien qu'essaimé à travers le grand Mali, le petit troupeau du Seigneur doit être soudé et cohérent dans son être et dans sa mission évangélisatrice.

Pour amorcer cette harmonisation dans le dire et le faire, il doit se réunir, se découvrir lui-même à travers l'identification des “Familles Chrétiennes” qui le constituent et créer entre ses membres un réel esprit de corps, corps au même destin, à la même raison d'être.

Le Secrétariat National pour le Dialogue Interreligieux veut axer cette année son effort sur cette grande question. D'où sa campagne d'année : Les Confessions Chrétiennes au Mali. Il s'agira d'arriver à l'identification de toutes les Traditions Ecclésiales au Mali et d’enclencher un processus de mise en place d'un Conseil Œcuménique opérationnel qui les coordonne. Le Secrétariat se réunira en janvier 2003 pour planifier le projet et réfléchir sur sa réalisation. Les informations seront transmises périodiquement dans le bulletin du Centre Foi et Rencontre: " En chemin". Plus de " Nous exclusifs " ! Amen !

Le Secrétaire National,

Abbé S.K.Gaston Coulibaly

 

 

 

 

Activités du Centre Foi et Rencontre

 

t Le Père Josef Stamer a participé à Abuja (Nigeria), du 25 au 30 août 2002, à un atelier destiné à élaborer des programmes d’enseignement sur l’Islam, les religions traditionnelles et le dialogue interreligieux dans les grands séminaires de l’Afrique.

t Les Pères Alain Fontaine et Alberto Rovelli ont animé, en septembre, deux retraites-sessions pour des catéchistes à Bandiagara et Ségué, dans le diocèse de Mopti, sur le thème de la foi... comment exprime-t-on sa foi, selon que l’on est chrétien ou musulman ?

t Le Père Josef Stamer a participé en fin octobre 2002, à un colloque sur l’Islam en Afrique à Wiesbaden (Allemagne).

t Le Père Jean Bevand a participé, du 13 au 15 novembre à Niamey au Niger, à la réunion annuelle de la Commission épiscopale de la CERAO chargée du Dialogue islamo-chrétien.

t Le Père Josef Stamer a animé, le 1e décembre 2002 à Badalabougou (Paroisse Ste Monique à Bamako) une première rencontre publique sur le thème de la spiritualité du dialogue interreligieux.

 

Calendrier 

 

t Du 4 au 6 décembre, le Père Josef Stamer anime une session destinée aux femmes de la paroisse de Mopti Sévaré.

t Du 6 au 8 décembre, le Père Josef Stamer anime une session destinée aux catéchistes de la paroisse de Mopti Sévaré.

t Mi-janvier : réunion du secrétariat national pour le dialogue interreligieux.

t En janvier, réunion avec les étudiants de l’IPR de Katibougou.

 

 

 

« La lumière est venue parmi nous, c’est Noël ! »

Qu’elle éclaire votre route et illumine vos rencontres.

Le Centre Foi et Rencontre vous présente ses meilleurs vœux à l’occasion de Noël et de l’année nouvelle.

 

Toute l’équipe du Centre Foi et Rencontre :

Pères Josef Stamer, Jean Bevand, Gaston Coulibaly et Alain Fontaine, Sœur Bernadette Michel Diarra et Monsieur Emmanuel Sagara.

 

 

EN CHEMIN

 

Le bulletin du Centre Foi et Rencontre

 

 

Centre Foi et Rencontre BP 298 Bamako (Mali)

 

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Mai 2003 n°2

 

Rédaction :Equipe du Centre Foi et Rencontre

Responsable : Père Josef Stamer

 

 

 

 

Sommaire :
Dans ce numéro, vous trouverez :
Éditorial .. La paix, il faut toujours y croire
Le pape Jean-Paul II et le dialogue
Quelques coupures de presse
Un Premier Ministre à l’ouverture de la CERAO
Évangélisation et Œcuménisme … une conférence au forum théologique
Échos de la session de Dar-es-Salam
L’espace de prière
Madame Sy devant les consacrés de l’Afrique de l’Ouest
Activités du Centre – Courrier des lecteurs - Agenda

 

 

Éditorial
La paix, il faut toujours y croire …

Depuis le premier numéro de "En chemin" en décembre 2002, le Centre Foi et Rencontre a, bien malgré lui, limité le cadre de ses activités. Les travaux de réhabilitation des locaux qui abriteront les bureaux, la documentation et la grande salle pour les conférences ont été ralentis par la difficulté d'approvisionnement en ciment à Bamako. Quant au calendrier des déplacements de l'équipe pour des sessions ou des retraites il a été revu à la baisse; les permanents ayant dû s'absenter pour des raisons de santé.

Ces derniers mois, le contexte mondial et régional ne nous portait pas à l'optimisme. On a assisté à "la drôle de guerre d'Irak" et au plan régional, c'est la situation préoccupante de la Côte-d'Ivoire qui n'en finit pas de chercher une issue à son malaise. Dans les deux cas, le "religieux" a été sollicité. Chacun voulant mettre Dieu de son côté, comme si Dieu écoutait ce genre de prière.

Il n'est pas si loin derrière nous ce passé où les religions avaient la fibre guerrière. Les responsables les plus modérés cherchent aujourd’hui à calmer le jeu. Du côté catholique, de Benoît XV à Jean Paul II, les papes modernes sont de plus en plus opposés au principe même de la guerre. Et il faut rappeler que dans l'Islam, le seul cas où l'on puisse parler de "guerre juste", c'est quand il s'agit de répondre à une agression, de défendre ses biens, sa famille, son territoire. Le Coran précise bien que cette réponse doit être proportionnée, car si elle va au-delà, elle devient elle-même une agression; il invite aussi au pardon : "S'ils s'inclinent à la paix, incline-toi vers elle !".

Pour le théologien bien connu, Hans Küng, la paix passe bien par les religions quand il écrit :"Pas de paix entre les hommes sans paix entre les religions ; pas de paix entre les religions sans dialogue entre les religions ; pas de dialogue entre les religions sans connaissance des fondements de ces religions.”

Depuis le Concile Vatican II, l'Église a avancé dans le domaine de la rencontre interreligieuse. Jean Paul II s'est particulièrement engagé dans ce sens, multipliant les rencontres et les gestes prophétiques comme ceux de Casablanca avec les jeunes ou d'Assise avec les représentants des grandes religions du monde.

Au concert des religions s'ajoute celui des nations. On lit dans la Charte des Nations Unies que les États sont tenus de régler pacifiquement leurs différends.

Il y a quarante ans le pape Jean XXIII signait l'encyclique “Pacem in terris”, véritable plaidoyer en faveur de la paix Et si les croyants, toutes confessions confondues, s'engageaient résolument en faveur de la paix ? La paix, il faut toujours y croire p

Père Alain Fontaine.

 

Le Pape Jean-Paul II et le Dialogue … bilan de 25 ans de pontificat

Alors que l'on fête les 25 ans de pontificat du pape Jean-Paul II, le Père Gilles Couvreur, ancien secrétaire du SRI (secrétariat des relations avec l’Islam de l’'Église de France) souligne combien le Saint Père s'est en quelque sorte " acharné " à promouvoir ce dialogue alors que rien ne le prédisposait à cela …

Dans le domaine du dialogue islamo-chrétien, Jean Paul II a réalisé le programme que Paul VI avait, à son époque, entrevu et que la déclaration " Nostra Ætate " du Concile Vatican II avait dessiné. Paul VI était mieux préparé que son successeur à la question du dialogue interreligieux. Dans son encyclique : " Ecclesiam Suam " il lance au sein du monde catholique le mot " dialogue ". Venant de Pologne et peu formé à ces questions, Jean Paul II a découvert l'urgence du dialogue avec l'Islam à travers son expérience pastorale. À partir de là, le pape va montrer ce que l'on peut appeler " un acharnement ", une volonté concrète et renouvelée, en toutes circonstances, d'avoir un dialogue humain et spirituel avec les musulmans. La rencontre avec les jeunes musulmans au stade de Casablanca en 1985, et la visite à la mosquée des Omeyyades, à Damas, en 2001, constituent deux grands symboles de ce dialogue " acharné " avec l'Islam. Pour lui, l’Esprit Saint est à l'œuvre dans le cœur de tous les croyants Ses voyages dans les pays non chrétiens soulignent combien cette vision l'éclaire.

(P. Gilles Couvreur AR n°49, p.34).

 

 

Quelques coupures de presse …

t L’Islam face au Sida … Au lieu de s'attaquer à la racine du mal, à chercher des moyens efficaces contre la pandémie, nous inventons des moyens qui encouragent la dépravation et la déviation sexuelle par le canal des préservatifs, comme alternatives crédibles ... Malgré la publicité outrancière, rien ne semble freiner la progression fulgurante du Sida. Faut-il privilégier le préservatif comme moyen de prévention, tout en occultant la cause directe qu'est la dépravation sexuelle ? Le meilleur préservatif, c'est le respect des injonctions de Dieu qui nous conseille : " Ne vous approchez pas de la fornication. C'est un acte immoral et un chemin pernicieux " (Sourate 17,32). Mohamed Kimbiri - Les Echos 751 du vendredi 10 janvier 2003.

t En Côte-d’Ivoire, les Chefs religieux montent au créneau … Depuis l’assassinat de deux imams, fin février, dans la région d‘Abidjan, le président du conseil national islamique de Côte-d’Ivoire, Cheik Idriss Khoudouss Koné, a décidé de sortir de son silence pour dénoncer la guerre de religion que cherchent, selon lui, à créer des “proches du pouvoir”...“On peut arrêter une guerre militaire à tout moment, mais ce n’est pas le cas pour une guerre religieuse et ethnique qui n’a pas de chefs”, affirme le Cheik qui multiplie les rencontres avec l’archevêque catholique d’Abidjan, Mgr Bernard Agré. La conférence épiscopale ivoirienne a publié une adresse à la nation, imputant la responsabilité de la crise ivoirienne, déclenchée en septembre 2002, à un complot national et international dans lequel seraient impliqués les politiciens locaux ... “avec leur calculs et alliances parfois contre nature, leurs mensonges et leurs tricheries”.. AR - n°48 d’avril 2003.

t La disparition de Monseigneur Mori Julien Sidibé … “ Dans son message de condoléances, Son Ex. M. Mohamed Ag Hamani écrit que " l'homme de Dieu qui vient d'être arraché à l'affection de tous, était connu pour sa grande sagesse, pour sa modération et pour son sens élevé du devoir et de la patrie.” Des qualités qui lui ont valu

d'être désigné à l'unanimité pour siéger au présidium de la Conférence Nationale de juillet-août 1991 où ses brillantes interventions, ponctuées de vérité, d'humour et d'anecdotes, étaient toujours sanctionnées par la conviction et la pleine adhésion de l'auditoire. “ P. Joseph T. Diarra - Essor du 19 mars 2003.

Le Centre Foi et Rencontre se souvient des précieux encouragements de Monseigneur Sidibé. Il présente ses condoléances au diocèse de Ségou et à la famille du disparu.

 

Un Premier Ministre à l’ouverture de la CERAO à Bamako

… « Nous rendons grâce à Dieu que le dialogue entre croyants des différentes religions soit une réalité vivante au Mali » … Du 3 au 9 février 2003, les évêques de l'Ouest Africain se sont réunis à Bamako pour leur 15e assemblée générale de la CERAO. Lors de la cérémonie d'ouverture au palais des congrès, le Premier Ministre, Son Excellence M. Mohamed Ag Hamani a prononcé une allocution où il évoque le dialogue qui existe entre croyants au Mali. Extraits de ses propos ...

 

... " Mesdames, Messieurs, au nom du Président de la République, Son Excellence Amadou Toumani Touré et au nom du Gouvernement que j'ai l'honneur de conduire, je vous souhaite la bienvenue en terre africaine du Mali, pour les travaux de la 15e conférence épiscopale régionale d'Afrique de l'Ouest ...Votre présence aujourd'hui à Bamako, votre participation massive à cette rencontre confirme votre intérêt, j'allais dire votre foi en ce peuple du Mali si divers au plan ethnique, social et religieux mais si uni comme l'indique la devise qu'il s'est librement choisi : " Un Peuple, un But, une Foi ", foi en l'unité nationale notre bien le plus précieux, gage le plus sûr de nos progrès futurs dans la diversité ethnique, sociale, religieuse et aussi de convictions politiques plurielles. Carrefour de civilisations, le Mali est une nation héritière d'illustres empires et royaumes qui ont façonné son destin par un brassage multiséculaire transformant partout sa diversité en ficelles relationnelles que chaque Malien est fier d'assumer par le biais du cousinage à plaisanterie dont les répliques aromatisées sont des délices de l'acceptation mutuelle. Votre présence, je suis heureux de le souligner, est la preuve que nous partageons les mêmes convictions, les mêmes idéaux qui prônent la tolérance, la justice, la solidarité, fondement de la paix entre les hommes. La culture de l'amour du prochain que prônent les Saintes Écritures de toutes les religions, si elle est comprise et acceptée par tous, demeure le meilleur gage d'un climat de paix sociale. Nous rendons grâce à Dieu que le dialogue entre croyants des différentes religions soit une réalité vivante au Mali. Fondée, il y a de cela 115 ans, l'Église du Mali joue un rôle important dans l'œuvre de construction nationale à travers de judicieuses actions de pastorale sociale ... En prélats avertis, vous prendrez la mesure de la farouche détermination de toutes les couches sociales d'œuvrer à l'amélioration de leurs conditions de vie dans la pérennité du climat de concorde et d'entente qui prévaut et auquel nous restons profondément attachés. Nous confions tout cela à vos prières et bénédictions afin que la solidarité agissante se renforce davantage entre les peuples conformément aux options d'intégration et d'union africaine dans la paix et la concorde. " Gloire éternelle à Allah Tout Puissant et paix sur terre aux hommes qu'il aime ! " Voilà effectivement le grand vœu du peuple malien. Alors, prions pour la paix en Côte-d'Ivoire, au Liberia, en Centrafrique, en République Démocratique du Congo, au Moyen-Orient et partout ailleurs. Oui, prions pour la restauration de la paix en Côte-d'Ivoire qui a abrité la réunion constitutive de votre Union en juin 1963, c'est-à-dire un mois seulement après la création de l’O.U.A. C'est là une preuve si besoin en était de l'engagement de l'Église à œuvrer pour une Afrique unie, libre, prospère et réconciliée avec Dieu. Le thème du rendez-vous 2003 à Bamako : " Proclamer et programmer la sainteté ", c'est-à-dire mettre l'accent sur les comportements qui rapprochent l'homme de Dieu, est assurément porteur d'espoir, au moment où se tient à Addis-Abeba, le premier sommet extraordinaire de l'Union Africaine. Ainsi, tout en vous souhaitant un agréable séjour au Mali, je souhaite également plein succès à vos travaux. Je vous remercie.”

 

Évangélisation et œcuménisme au Mali

Les responsables du forum théologique ont demandé au secrétariat national de s’exprimer sur le thème “œcuménisme et CCB”. Extraits de la conférence de Monsieur l’Abbé Paulin Dembélé.

 

À l’heure où de tous les côtés il est demandé de procéder à une purification de la mémoire, aucune portion de l’église ne saurait rester indifférente à ce qui est fait pour oter le scandale de la division. Compte tenu du nombre croissant des chrétiens de toutes dénominations au Mali ... et de leur manque d’unité, on découvre mieux que pour la crédibilité du message évangélique, le dialogue doit embrasser tous ses aspects et en particulier, à l’intérieur même de la religion chrétienne. C’est le dialogue œcuménique. Il est clair que l’évangile ne vient pas étouffer les semences d’unité que porte la vieille terre malienne; il vient plutôt les faire éclore. Les confessions chrétiennes impulseront un nouveau dynamisme au dialogue interreligieux au Mali quand on pourra dire de nous tous : “Voyez comme ils s’aiment” !

La prière sacerdotale de Jésus (Jean 17) nous révèle le mystère de la Trinité comme mystère de communion de la “familia Dei”. La pastorale qui en découle nous oblige à approfondir la théologie du baptême et de la foi qui naît à l’écoute de la Parole de Dieu. C’est pourquoi les CEB (Communautés ecclésiales de Base) cherchent à repartir du Christ et de la Parole de Dieu. Elles remarquent qu’elles ont été plus souvent “sacramentalisées” qu’“évangélisées”. Le choix des termes n’est jamais innocent. Faut-il parler de communautés “ecclésiales” de Base ou “chrétiennes” de base ? Nous n’avons nullement l’intention de proposer des communautés “mixtes” mais plutôt de susciter une réflexion sur la possible ouverture des communautés de base à des chrétiens d’autres confessions chrétiennes qui se trouvent parfois isolés, dispersés dans le grand Mali. Dans le même sens, on pourrait initier pour ces communautés des célébrations d’“intercommunion”*. On y écouterait et partagerait la Parole de Dieu, on se reconnaîtrait ensemble pécheurs et pourquoi pas, on pourrait s’annoncer mutuellement le kerygme. Il serait intéressant, à ce niveau, de partager les expériences des uns et des autres.

Devant la grave méprise que pourrait comporter une “intercommunion” précipitée, le dialogue œcuménique doit prioritairement viser à instruire sur l’enjeu réel de l’“intercommunion” : la communion à Celui et au destin de Celui qui a donné sa vie pour nous, le Christ Jésus. C’est cette adhésion à sa personne qui constitue l’enjeu de fond que peuvent faire perdre l’isolement ou la dispersion. On retrouvera alors et avec plus de force encore le sens même du terme œcuménisme (oikoumene en grec, c’est la maison paternelle, donc la famille de Dieu où personne ne doit être exclu). La pratique œcuménique de la mission revalorisera la palabre africaine et en fera une expression de la volonté de communion toujours respectueuse du mystère de l’autre. Aussi, que pensez-vous de la mise en place d’un conseil œcuménique des églises chrétiennes au Mali ? Définissons sa mission, son rôle, sa structure.

Abbé Paulin Dembélé - secrétariat national Dialogue interreligieux.

 

* “Intercommunion” a été placé entre guillemets. Il ne s’agit pas ici de l’hospitalité eucharistique mais d’une proposition de vivre la communion en partageant d’abord la Parole de Dieu.

 

Espace de prière

Entends ma voix Seigneur, car c’est celle des victimes de toutes les guerres et de toutes les violences contre les individus et les peuples.

Entends ma voix et donne-nous la force

de savoir répondre toujours

à la haine par l’amour,

à la misère par le partage,

à la guerre par la paix.

Et accorde au monde ta paix éternelle.

Pape Jean-Paul II

 

Madame Sy Kadiatou Sow devant les consacrés de l’Afrique de l’Ouest.

Du 30 janvier au 5 février 2003, Bamako a abrité la 5e assemblée générale de l'URCAO (Union des conférences de supérieurs(es) majeurs(es) de l'Afrique de l'Ouest). Le forum s'est tenu à proximité du Centre Foi et Rencontre. Le Père Alain Fontaine a été très impliqué dans la préparation de ce rassemblement. Il nous dit ce qu'il retient de ces travaux qui ont rassemblé plus de 300 consacrés de l'Ouest Africain.

 

Quand le Mali est choisi en 2002 pour abriter cette assemblée, beaucoup de voix s'élèvent pour déplorer la modestie de nos installations. Nous ne disposons pas, comme ailleurs, d'infrastructures d'accueil importantes. Qu'importe, nous sommes décidés de faire jouer, comme pour la coupe africaine des nations, le traditionnel principe du " jatigiya ", de l'accueil " à la malienne ". Toutes les communautés religieuses de Bamako se portent volontaires pour accueillir les délégations nationales et étrangères. Les problèmes de logement, de transport, et de séjour sont pris en charge sur place par les communautés.

Reste le lieu de rassemblement pour le forum. Quelques tentes et un podium en banco suffisent pour abriter les 300 participants(es). Quatre intervenants se succèdent dont Madame Sy Kadiatou Sow, les Pères Sidbe Semporé et Joseph Bourcereau ainsi que Sœur Marie Claver Somé. Chacune et chacun, à sa manière, cherche à définir le visage de la vie religieuse aujourd'hui ; les mutations qu'elle traverse, les questions qu'elle se pose … Madame Sy Kadiatou Sow, par exemple, souhaite plus d'engagement des consacrés au sein de la vie civile. De confession musulmane, elle déplore le manque de visibilité des consacrés qui ont pourtant, selon elle, tant de choses à dire et à faire.

Les autres intervenants, consacrés eux-mêmes, souhaitent plus de solidarité, surtout quand on sait les problèmes que traverse la sous-région aujourd'hui. Ils insistent sur l'autoprise en charge et la poursuite de toutes les recherches en matière d'inculturation. Pour reprendre l'expression d'un ouvrage récent du Père Luneau, c'est aujourd'hui " Le temps des héritiers ". La vie religieuse Ouest-Africaine doit trouver ses marques et sa physionomie propres. La mise en musique de toutes les résolutions du forum est désormais confiée à une nouvelle équipe dont la présidence est confiée au Bénin. C'est là que se tiendra, dans deux ans, la 6e assemblée générale. Dans le nouveau bureau, Sœur Bernadette Fidèle Diarra a été élue pour y représenter les consacrés du Mali p

Père Alain Fontaine .

 

Activités du Centre Foi et Rencontre

t Monsieur l’Abbé Gaston Coulibaly a participé du 12 au 16 mars à une session à Dar-es-Salam à l’invitation de Mgr M. Fitzgerald du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux.

t Le Père Josef Stamer a participé , le 1e mai 2003, aux JPJ (Journées paroissiales de la jeunesse) de la paroisse Sainte Monique de Badalabougou à Bamako. Le thème de sa conférence : “Chrétiens et musulmans, qu’est-ce que nous avons en commun ? qu’est-ce qui nous sépare ?”. Le 4 mai, il était à la paroisse Notre Dame des Champs à Misira avec les jeunes responsables de la JOC. Avec eux, il a réfléchi sur leurs temps de prière quand ils se retrouvent entre chrétiens et musulmans. Le 6 mai, il était à Sebeninkoro pour la session Ouest-Africaine du Midade (mouvements d’enfance) où deux questions étaient au programme : 1- Christianisme et islam - quelle coexistence ? et 2- Exigences de l’évangélisation en milieu non-chrétien”.

t Dans le cadre des sessions du grand séminaire, le Père Josef Stamer a animé trois jours de formation, les 8, 9 et 10 mai à Samaya avec les grands séminaristes, de la première à la quatrième année. Il a traité en particulier le thème du dialogue interreligieux.

Courrier des lecteurs 

t “Je viens de recevoir le n° 1 de En Chemin réalisé par vos soins au Centre Foi et Rencontre. Je vous en félicite et souhaite longue route et longue vie à En Chemin. Bonne et heureuse année.” Mgr Jean-Gabriel Diarra, président de la CEM.

t“Nous vous annonçons la nomination de Mgr Vincent Coulibaly à l’archevêché de Conakry. Le président de la commission AO pour les relations islamo-chrétiennes est aussi administrateur du diocèse de Kankan.” Secrétariat de la commission AO des relations islamo-chrétiennes.

Calendrier 

t Du 21 au 23 mai, Monsieur l’Abbé Gaston Coulibaly participe au forum théologique national à Sebeninkoro. Le secrétariat y donne une conférence sur le thème : “Œcuménisme et CCB”

t Septembre 2003, une “session- retraite” pour les catéchistes de la paroisse de Bandiagara - diocèse de Mopti.

t Après l’hivernage, l’équipe permanente du Centre Foi et Rencontre va s’élargir avec l’arrivée de Sœur Françoise Dartigues (SMNDA). Elle est bien connue à Bamako où elle a déjà séjourné de nombreuses années.

t Novembre 2003, réunion de la commission A.O. du dialogue islamo-chrétien au Sénégal

 

 

EN CHEMIN

 

Le bulletin du Centre Foi et Rencontre

 

 

Centre Foi et Rencontre BP 298 Bamako (Mali)

Téléphone : (223) 229 82 50

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Septembre 2003 n°3

Rédaction :Equipe du Centre Foi et Rencontre

Responsable : Père Josef Stamer

 
 
Éditorial
Repartir sur le chemin de la Rencontre

Ce numéro 3 de “En chemin” paraît au moment de la rentrée. C’est l’occasion de renouveler les convictions qui nous animent. Au cours des deux retraites qu’il a données au mois de juillet dernier à Sebeninkoro, le Frère Gwénolé Jeusset ofm, a partagé avec les participants(es) ses ... convictions évangéliques pour la rencontre. Il est bon d’en reprendre quelques unes ...

 

1 - Comme le Christ lui-même, l’homme est la route de l’Église. Le pape Jean-Paul II l’affirme dans son encyclique : “Redemptor hominis” (n°13). Le Christ est en relation avec tout homme, même si ce dernier n’en est pas toujours conscient. Nous sommes ainsi remis en question : tous ceux et celles que nous rencontrons sont-ils une route, un chemin pour nous ? Il ne devrait pas y avoir de foule anonyme pour nous ...

2 - L’Esprit de Jésus nous précède dans le cœur des gens. Moïse avait compris cela, quand on vint lui dire que deux hommes avaient prophétisé dans le camp, en dehors de la Tente de la Rencontre. Il ne les arrêta pas, mais il souhaita plutôt que tout le peuple du Seigneur puisse devenir un peuple de prophètes (Nb 11,26-29). Jésus lui-même ne condamna pas le village des samaritains qui refusait de l’accueillir (Lc 9,49-56). L’Esprit est à l’œuvre ailleurs que dans des cadres bien définis et quelquefois d’une manière surprenante.

 

3 - Deux orientations sont possibles dans la même Mission. Soit accompagner les gens pour en faire naître une vraie communauté; soit accompagner des gens qui ne sont pas prêts à faire partie de la communauté. Le document romain intitulé : “Dialogue et Annonce” nous rappelle cette double accentuation de la même Mission. Il nous faut en tenir compte avec délicatesse et respect dans toutes nos rencontres.

 

4 - Dieu est plus grand que nos structures, il nous dépasse en tout, il est Mystère. “Le salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu” (Éphésiens 2,8). Comment alors pouvait-on condamner celui qui ne l’a pas reçu ? Saint Jean rapporte la parole de Jésus : “Nul ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père” (Jn 6,65). Dieu a toujours l’initiative.

 

5 - La Mission libère la force d’aimer, dans le respect des différences. Cela signifie : tenir compte des blessures des personnes, admettre leurs lenteurs, s’ouvrir aux autres sans nier les différences. Sans amour, sans bienveillance, sans ouverture à l’autre, le dogme devient dogmatisme, la morale, légaliste et la mystique, mysticisme. On n’est pas loin de l’intégrisme !

Finalement, la Mission est surtout un état d’esprit. Voir Dieu à l’œuvre en l’autre demande une conversion. Quand nous réalisons que nous ne sommes pas propriétaires de Dieu, nous pouvons, non seulement le découvrir en l’autre, mais aussi en faire notre joie. Père Jean Bevand

 

Ecclesia in Europa

Après les exhortations post-synodales destinées à l’Afrique, à l’Asie et à l’Océanie, le 28 juin 2003 est publiée, à Rome, l’exhortation “Ecclesia in Europa”. Au chapitre III, il est proposé de témoigner dans l’unité et dans le dialogue. Extraits des n° 55, 56 et 57 ...

 

“ Comme pour tout l'engagement de la "nouvelle évangélisation " il faut que soit instauré un dialogue interreligieux profond et intelligent, en particulier avec le judaïsme et avec l'islam ... Dans ce dialogue, il n'est pas question de se laisser prendre par une mentalité marquée par l'indifférentisme, malheureusement très répandue parmi les chrétiens, souvent fondée sur des conceptions théologiques inexactes et imprégnée d'un relativisme religieux qui porte à considérer que "toutes les religions se valent" …

À cet égard, il est nécessaire de préparer les chrétiens qui vivent au contact quotidien des musulmans à connaître l'islam de manière objective et à savoir s'y confronter; une telle préparation doit concerner en particulier les séminaristes, les prêtres et tous les agents pastoraux …

Dans le domaine de la liberté religieuse, on comprend l'étonnement et le sentiment de frustration des chrétiens qui accueillent en Europe, des croyants d'autres religions en leur donnant la possibilité d'exercer leur culte et qui se voient interdire tout exercice du culte chrétien dans les pays où ces croyants majoritaires ont fait de leur religion la seule qui soit autorisée ...”

 

Qui est le Paraclet ? Une nouvelle publication du Centre Foi et Rencontre

Récemment, au cours d’une rencontre avec des jeunes chrétiens, la question a surgi : " D'après les musulmans, Jésus a échoué dans sa mission. C'est pourquoi il a annoncé la venue de Mohammed ! "

Qu'en est-il exactement ? Dans les discussions quotidiennes entre chrétiens et musulmans au Mali et comme ailleurs en Afrique la question des " envoyés " et de leur rang les uns par rapport aux autres, est une des plus chaudes. Effectivement elle touche au " noyau dur " de nos différences doctrinales, mais surtout au plus profond des sensibilités religieuses des uns et des autres. En effet, beaucoup de musulmans ont une grande vénération pour leur prophète Mohammed et l'amour des chrétiens pour Jésus est le cœur même de la religion chrétienne. Il y a déjà plusieurs dizaines d'années, un livre a paru en France : " La Bible, le Coran et la Science " de Maurice Bucaille. Ce livre a été largement diffusé, à bas prix ou même gratuitement, en Afrique, par les soins de l'organisation libyenne : “La Société mondiale de l'appel à l'Islam” et d'autres organisations islamiques. En effet, il reprend toute une série de vieux thèmes de la controverse ou de la polémique entre chrétiens et musulmans, dont aussi l'affirmation que, dans certains textes de l'évangile selon Saint Jean, il y aurait l'annonce par Jésus de la venue de Mohammed. Ceci a été repris plus près de nous encore par Monsieur Saada Touré de Ségou dans son petit pamphlet : " L'église est-elle chrétienne ou paulienne ? " En son temps (1979), Monseigneur Mori Julien Sidibé, aujourd’hui disparu, avait répondu à Monsieur Saada Touré. Pour que de telles discussions ne restent pas des paroles stériles et ne finissent par détériorer le bon climat de convivialité entre chrétiens et musulmans, il est utile de connaître plus en détail de quoi il s'agit au juste.

 

Le Centre Foi et Rencontre, publie à cet effet sa seconde brochure (après " Le Veilleur " cf. page 3 dans l’espace prière) intitulée : " Qui est le Paraclet ? "* . Son propos : apporter quelques lumières sur un sujet qui reste complexe et controversé. L’auteur, le Père Josef Stamer, examine le plus objectivement possible les textes de nos écritures respectives qui sont en jeu dans l’annonce que Jésus aurait faite de Mohammed. Il propose aussi d’avoir un regard très critique pour certaines interprétations ou manipulations de ces textes. Cette brochure ne veut nullement réchauffer une dispute vieille de plusieurs siècles entre chrétiens et musulmans. Dans un esprit de pacification et de clarification, elle veut faire connaître et apprécier les vraies différences de nos fois respectives et c'est là un élément indispensable du dialogue interreligieux. Père Josef Stamer

 

Œcuménisme au Mali – État de la question

Poursuivant notre réflexion sur l’œcuménisme, nous parlons des débuts de l’Église protestante au Mali. C’est le pasteur Benjamin Thèra qui, pour nous, à fait des recherches en ce sens ...

 

C’est la GMU (Gospel Missionary Union) qui établit la première mission protestante au Mali, précisément à Bamako en 1913. La GMU est une société américaine qui a vu le jour en 1898, dans l’État du Kansas au sein d’un club de jeunes chrétiens évangéliques appelés “YMCA” (Young mens christians association). Cette mission indépendante rencontre beaucoup de succès aux USA, dans les églises évangéliques, mais aussi au Canada parmi les baptistes et les presbytériens. De 1919 à nos jours, la GMU a installé dix stations missionnaires au Mali, principalement en milieu bamanan.

Mais revenons au départ ... La GMU est, au début du XXe siècle, la seule mission protestante implantée au Maroc (depuis 1874). Elle a suivi avec intérêt tous les problèmes d’évangélisation en milieu musulman et les difficultés que rencontraient les missionnaires catholiques pour atteindre Tombouctou à partir de l’Algérie, en traversant le Sahara. Elle en tint compte et choisit d’emprunter le chemin du Sénégal pour pénétrer au Soudan. Après s’être établie à Bamako en 1913, les pasteurs George Reed et George Fischer entreprennent une grande tournée dans le pays (Tombouctou, Gao et plusieurs bourgades le long du Niger). C’est la GMU qui est à l’origine de l’Église Évangélique Protestante du Mali (EEPM).

 

La seconde mission protestante qui va s’installer au Mali est la CMA (Christian Missionary Alliance). Elle choisit de s’installer, dès 1923 à Sikasso. La CMA résulte de la fusion de deux sociétés de mission; celle du pasteur presbytérien Albert Benjamin Simpson et l’international Missionary. Au Mali, la CMA travaille dans une vaste zone : le long du Niger et à Mopti parmi les Bozos et les Peulhs; à Tombouctou parmi les Maures et les Touaregs; à Gao parmi les Songhoïs. Elle fonde aussi des stations en pays Sénoufo-Minianka, en pays Dogon et chez les Bwa. La réduction de son personnel, suite aux conflits mondiaux, oblige la CMA a concenter ses efforts aux milieux Sénoufo-Minianka, Dogon et Bwa. les adeptes de la religion traditionnelle se sont montrés plus réceptifs à l’Évangile. Outre l’évangélisation, la CMA joue aussi un rôle au niveau social en construisant dispensaires et maternités, notamment à N’torosso, Baramba, Farkala, Somasso, Sanekuy, Famorola et Katiena. C’est la CMA qui est à l’origine de l’Église Chrétienne Évangélique du Mali (ECEM).

 

En 1950, la CMA abandonne ses stations du septentrion (de Gao et Tombouctou) à la EBM (Mission Évangélique Baptiste) qui œuvrait précédemment au Niger. Au Mali, l’EBM travaille dans les régions les plus islamisées du pays. On la trouve non seulement à Gao et Tombouctou mais aussi à Niafunké, Diré et Menaka.

 

Enfin, en 1954, la UWM (Mission Unie Mondiale) s’installe à Kayes et Kenieba. Son travail donne naissance à l’Église Évangélique de Kayes. Elle établit dans la région un hôpital, un orphelinat et une école biblique. (à suivre)

 

Bientôt, le Centre !

La réhabilitation des bâtiments destinés au Centre se poursuit. La grande salle et l’espace documentation seront bientôt disponibles ainsi que les bureaux. D’importants travaux de drainage, d’électricité et de pose de carrelages ont été nécessaires. “En Chemin” en profite pour dire un grand merci à toutes les personnes, organismes et communautés qui nous ont aidés. Les livres et revues offerts par des communautés Missionnaires d’Afrique de France (Bry-sur-Marne, Paris et Lyon) et l’important lot de livres neufs financé par l’“Association des Amis des Pères Blancs” de Paris, seront bientôt mis à la disposition du public qui fréquentera le Centre. L’informatisation de la bibliothèque est actuellement en cours.

 

Le Père Gwénolé Jeusset à Bamako

Le Père Gwenolé Jeusset - ofm, invité de l’ANRM, a animé deux retraites en juillet sur le thème de “l’esprit d’Assise”. Il a aussi donné une conférence sur le dialogue interreligieux, dans l’esprit d’Assise, à la paroisse cathédrale de Bamako, le samedi 12 juillet. Alain Fontaine a recueilli ses impressions ...

AF /Qu’entendez-vous par “esprit d’Assise” ?

GJ / L’événement d’Assise (le 27 octobre 1986) n’est pas venu fortuitement. Il était préparé de longue date par une fréquentation assidue entre croyants amorcée par le Concile Vatican II et fortifié par les voyages des papes Paul VI et Jean-Paul II. Ces journées exceptionnelles de prière dans la cité de François vont développer un “esprit d’Assise”. Désormais l’Église et les croyants qui se sont associés à sa démarche s’acheminent vers une fraternité sans frontière. Les fondations ont été lancées, “... nous voulons commencer un chemin commun à Assise” dira le pape Jean-Paul II.

AF /Y-a-t-il une spiritualité franciscaine de la rencontre ?

GJ / Saint François, dans la période très troublée où il vivait, a invité ses contemporains a passer de l’esprit de croisade à l’esprit de la rencontre. Et il ne s’est pas contenté de le dire, il a posé un geste fort, en pleine croisade, en “... passant sur l’autre rive” pour se rendre auprès du Sultan à Damiette en Égypte. Saint François nous enseigne à sortir de nous-mêmes pour aller aux au-tres et vivre, non pas à côté d’eux mais parmi eux !

AF /Pendant vos entretiens, vous avez souvent employé le terme “courtoisie” ...

GJ / En effet ! Dieu est courtoisie quand il s’adresse à nous avec délicatesse et tendresse. On entend souvent dans l’Évangile Jésus nous dire “Si tu veux !”. François adoptera cette attitude, ne cachant pas son identité mais proposant “courtoisement” la Bonne Nouvelle à qui veut l’entendre. Dans la première règle franciscaine, François enseignera à ses frères de se comporter toujours de la sorte ... une façon de chercher la communion le plus loin possible !

AF /Des temps nouveaux pour l’Église ?

GJ / Je le crois. Il est temps de quitter nos murailles ... tout ce qui nous enferme, en renonçant au racisme, ethnique, social et religieux. Malheureux ceux qui jugent une religion sans chercher à rencontrer ceux et celles qui en vivent !

 

Activités du Centre Foi et Rencontre de Bamako

t Le Père Josef Stamer a animé une causerie-débat sur “les sectes” , le 8 août 2003, aux journées de formation des jeunes à Koulikoro et une causerie sur le thème “ ...devant les problèmes que je rencontre au quotidien, vers qui je vais me tourner, où vais-je chercher des solutions ?” à Falajè-Banankabugu, le dimanche 17 août, après l’eucharistie dominicale.

t Publication, le 15 août 2003, d’une première brochure intitulée “Le Veilleur”. Il s’agit d’une collection de textes destinée aux jocistes et aux autres mouvements où chrétiens et musulmans ont l’occasion de se retrouver ensemble pour prier. Cette brochure est disponible au Centre et à la Rotonde au prix de 1000 F Cfa.

t Préparation d’une seconde brochure “Qui est le Paraclet ?” qui sera publiée dans le courant du mois de septembre.

 

Courrier des lecteurs

t La Conférence épiscopale du Mali nous fait part de la nouvelle composition des commissions et secrétariats. Après le décès de Mgr Julien M Sidibé, c’est Mgr Joseph Dao, évêque de Kayes, qui devient président du secrétariat pour le dialogue interreligieux et l’œcuménisme. Le nouveau secrétaire en est Monsieur l’Abbé Marc Diarra, curé de Kita dans le diocèse de Kayes. (CEM)

 

t La revue “En Chemin” est appréciée au monastère bénédictin de Koubri (Burkina Faso) où nous venons de fêter le 40e anniversaire de la fondation. Certains articles sont lus au réfectoire durant les repas. À Koubri, nous sommes très heureux de recevoir ainsi ces nouvelles de l’Église famille du Mali. (Frère Pierre Poudiougo - postulant malien à Koubri (Burkina faso)

 

t Merci pour “En chemin”. En échange, je vous adresse quelques articles qui pourraient vous être utiles dont celui des “Études” intitulé “Foi chrétienne et versets coraniques”. Bon courage pour votre Centre. (Père Maurice Borrmans du Pisai à Rome (Italie)

 

Calendrier 

 

t 15 août 2003, arrivée de Sœur Françoise Dartigues dans l’équipe du Centre.

t 27 août 2003, réunion du comité de pilotage à Hamdallaye.

t 3 septembre 2003, causerie au “CFC - Monseigneur Pierre Leclerc” à Ntonimba dans le cadre de la formation diocésaine des laïcs.

t 3-9 septembre 2003, le Père Alain Fontaine participe à la semaine de formation JP1, destinée aux jeunes profes(ses) du Mali.

t 15-18 septembre 2003, retraite pour les catéchistes/animateurs de la paroisse de Bandiagara (diocèse de Mopti) par le Père Josef Stamer.

 

 

 

 

 

Nous remercions très sincèrement toutes les personnes et communautés qui ont offert des livres pour la bibliothèque du Centre Foi et Rencontre.

La saisie informatique est en cours ainsi que la confection des étagères pour le rangement et la consultation publique.

Restent encore quelques travaux importants, notamment pour l’électricité, l’eau et le téléphone.

Un grand merci à tous ceux et celles qui nous ont apporté leur aide précieuse pour la réhabilitation du bâtiment qui va abriter le Centre Foi et Rencontre de Bamako.

 

 

 

EN CHEMIN

 

Le bulletin du Centre Foi et Rencontre

 

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Décembre 2003 n°4

Rédaction :Equipe du Centre Foi et Rencontre

Responsable : Père Josef Stamer

 
Éditorial
Incontournable Rencontre

 

 

Le diocèse de Bamako vient de vivre ses Journées Diocésaines autour du thème : " La Rencontre Interreligieuse au Mali ". Journées de découverte, de réveil de ce qui dormait en nous ? ... Peut-être aussi, renforcement de convictions qui nous animent et que nous mettons en œuvre dans le quotidien de nos vies ! Quel que soit le stade où nous en sommes, nous ne pouvons plus vivre comme avant, nous n'en avons plus le droit ! Nous sommes les disciples d'un Maître pour qui la Rencontre tissait son quotidien : en premier lieu avec son Père, où il puisait la Sève pour vivre toutes les autres; en particulier avec ses disciples et les Juifs qui venaient à Lui. Il la tissait encore, cette rencontre, avec des hommes et des femmes qui n’appartenaient pas au Peuple Choisi, comme le centurion, la Samaritaine ou encore la Syrophénicienne.

 

Comme pour Jésus, cette Rencontre avec les frères des autres religions fait partie de notre quotidien. Le 28 janvier 1990, le pape Jean-Paul II s’adresse aux évêques maliens, à Bamako, en ces termes "Le Dialogue est une des composantes de la mission d'évangélisation et un moyen nécessaire pour l'accomplir. Le Dialogue œcuménique est un devoir ". Beaucoup pensent, à tort, que le Dialogue Interreligieux est une affaire de spécialiste. Mais c’est oublier que le dialogue est d'abord une relation toute simple, "un bon voisinage", un engagement commun au service de la promotion humaine et une soif de parler ensemble de Dieu. et pour nous, chrétiens, de témoigner de Celui qui nous fait vivre et dont nous sommes les disciples. Nous découvrons alors que les mots nous manquent, que nous ne savons pas répondre aux questions qu’on nous pose. Nous faisons l'expérience de nos limites et découvrons la nécessité d'approfondir notre propre foi, nos connaissances théologiques et scripturaires. En écoutant l'autre, nous réalisons aussi notre ignorance face à la foi qui est la sienne.

Quel enseignement tirons-nous de tout cela ? Tout simplement, qu'il nous faut prendre avec courage, la route de la formation personnelle : avec Jésus, dans la prière personnelle, l'eucharistie, les sacrements et la lecture de la Parole de Dieu; en profitant des moyens qui nous sont offerts pour prolonger notre formation : retraites, livres, sessions... etc. Et ne nous arrêtons pas, si, sur le chemin, nous croisons la croix. Jean Mohammed Abd-el-Jalil (1904-1970), musulman devenu chrétien et père franciscain avait coutume de dire : " Pendant combien de temps faudra-t-il que les chrétiens fassent tout le chemin de la compréhension sincère et aimante ? Dieu seul le sait ! Mais il faut le faire et pas seulement la moitié du chemin et attendre que de l'autre côté on se mette en mouvement ! ... Persévérons dans cette voie, même si la réciprocité tarde à se manifester "

Sœur Françoise Dartigues smnda

 

Un grand pontificat pour le dialogue

 

(extraits de la conférence de M. Orazio Petrosillo)

 

Karol Wojtyla a été le premier Pape à entrer dans une mosquée : celle des Omeyyades à Damas, quatrième lieu saint de l'islam après la Mecque et Médine, et les mosquées de ]érusalem. La mosquée de Damas, où le Pape s'est rendu le 6 mai 2001, outre qu'elle est l'ancienne cathédrale byzantine de la ville, a gardé une chapelle où se trouvait la tombe de saint ]ean-Baptiste, dont elle conserve une relique ... Après avoir ôté ses chaussures, le Pontife est demeuré en méditation et dans une prière silencieuse ...

Importante aussi la rencontre du Caire avec Mohamed Tantawi, le grand Cheikh d'Al-Azhar, le grand centre théologique sunnite, qui eut lieu le 25 février 2000.

La visite que fit le Pape, le 19 août 1985, à Casablanca, à l'invitation du roi Hassan II du Maroc a connu un grand impact psychologique et médiatique. Dans le stade de la ville, pour la première fois dans l'histoire, le Pape adressa un discours à environ 50 000 musulmans, des jeunes pour la plupart.

On sait aussi qu’après les attentats du 11 septembre 2001, ]ean-Paul II expliqua au monde que ces actes de terrorisme criminel ne pouvaient être imputés en tant que tels à l'islam. Et à la veille de la guerre en Irak, à laquelle il s'opposa par tous les moyens diplomatiques, il expliqua que ce n'était pas l'Occident chrétien qui attaquait et qu’aucune " confrontation de civilisations " n'était en jeu.

 

(Documentation Catholique n°2300 du 19.10.03 page 921)

 

Journées diocésaines à Bamako

 

Une centaine de participants(es) venus de toutes les paroisses, de tous les services et mouvements du diocèse de Bamako se sont retrouvés à Hamdallaye pour ces Journées de rentrée 2003-2004, présidées par Monseigneur Jean Zerbo. Au menu : deux jours sur le thème de la Rencontre interreligieuse au Mali. Le Centre Foi et Rencontre avait été sollicité pour l’animation. Tour à tour, les Pères Alain Fontaine, Jean Bevand et Josef Stamer ainsi que Sœur Bernadette Michel Diarra, prendront la parole pour évoquer différents aspects du thème : la spiritualité de la Rencontre, les textes du magistère, l’état de la question au Mali, un éclairage sur l’œcuménisme et une réflexion sur islam et pouvoir.

Des questionnaires ont permis à l’assemblée d’approfondir le sujet et aussi d’envisager des suites pour la pastorale d’ensemble diocésaine durant l’année 2003-2004. Parmi les questions, l’une d’elles a été très débattue dans les groupes : “Les manières africaines de vivre l’islam (adaptations ethniques, confrèries, maraboutage ...) sont-elles une chance ou un obstacle pour le dialogue ?” Dans toutes nos familles, dira l’Abbé Sylvain Camara, nous comptons des musulmans. Nous rencontrons, inévitablement des problèmes de cohabitation. Des problèmes qui apparaissent en particulier au moment des mariages. Il serait sans doute intéressant de faire une enquête sociologique pour bien poser le problème.

 

De son côté, Sœur Bernadette Michel Diarra s’est attachée à mon-trer comment l’œcuménisme fait des progrès au Mali. Ce sont de petits pas mais qui encouragent. L’apostolat biblique est un terrain privilégié pour la Rencontre à ce niveau et la mentalité des Pasteurs a beaucoup évolué en quelques années.

 

Dans son exposé, le Père Jean Bevand a proposé de ne pas brûler les étapes et suggéré 9 niveaux de Rencontre qui donnent une large place à la formation.

Après avoir présenté les grands textes du magistère, le Père Josef Stamer a souligné comment l’islam, né dans un milieu de commerçants, en a adopté le vocabulaire et les pratiques. Il a montré comment le rapport entre pouvoir et religion est fort en islam. C’est en partie lié à son histoire, en particulier au commencement. Rien de comparable pour le christianisme.

 

La dernière journée a permis à l’assemblée de retenir quelques résolutions pour l’année pastorale. Les participants(es) ont souhaité davantage de formation à la Rencontre.

Père Alain Fontaine.

 

À la rencontre des Églises du Mali

Poursuivant notre réflexion sur l’œcuménisme, nous parlons des débuts de l’Église protestante au Mali. C’est le pasteur Benjamin Thèra qui, pour nous, à fait des recherches en ce sens ...

 

Après avoir présenté les 4 grandes dénominations qui ont donné naissance à l’Église protestante au Mali, le pasteur Benjamin Thèra nous présente ici les nouvelles missions, qui se sont implantées au Mali à partir des années 80 ...

 

Contrairement aux premières missions qui étaient d’origine américaine, les missions protestantes qui arrivent au Mali dans les années 80 sont plutôt d’origine européenne. Leurs approches de l’évangélisation sont très différentes. Pour ces dernières, c’est “tout l’homme” qui est à évangéliser. Du coup, elles vont développer de nouvelles stratégies, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’agriculture. Parmi ces nouvelles missions, il faut citer : l’Alliance Mission, la Mission Évangélique Luthérienne au Mali (M.E.L.M.) et la Société Internationale des Actions Humanitaires (Mission Baptiste Méridionale).

 

Pour coordonner les actions de ces différentes sociétés et Églises protestantes au Mali, l’association créée en 1963 : l’AGEMPEM (Association des groupements d’Églises et Missions Protestantes au Mali), se développe autour des années 80. Outre son projet de maintenir la communion fraternelle et de s’unir pour l’édification et l’évangélisation, elle coordonne aussi des projets de développement au service du pays. 10 Églises protestantes sont membres de l’AGEMPEM (Églises Baptistes, Églises Évangéliques et Église des Assemblées de Dieu). Les missions fondatrices sont affiliées au titre de “missions-membres”. Les problèmes rencontrés par ces nouvelles fondations, ainsi que par l’AGEMPEM sont le plus souvent d’ordre doctrinal. Au nom de “la pureté doctrinale”, ces Églises se voient souvent empêchées de vivre une dimension œcuménique.

 

Enfin, à côté des nouvelles fondations, d’origine européenne, des Églises indépendantes ou encore appelées du réveil commencent à s’implanter au Mali depuis une bonne dizaine d’années. Il est difficile de les répertorier et de les classer car certaines connaissent des dérives de type sectaire qui empêchent de les considérer comme des “Églises chrétiennes”. La plupart d’entre elles viennent des États de la Côte, principalement de Côte-d’Ivoire, du Nigeria et du Ghana. Elles mettent un accent particulier sur les miracles, la glossolalie (le parler en langues) et sont très pointilleuses sur la conduite morale de leurs adeptes. Lors des cultes, le côté “émotionnel” est privilégié par rapport à l’approfondissement de la Parole de Dieu. Les Églises indépendantes les plus connues au Mali à ce jour sont au nombre de six : l’Église des vainqueurs - la Fontaine de Vie - l’Église de Pentecôte - La M.E.I.E. (Mission d’évangélisation et d’implantation d’Églises) - l’Église du Christ et l’Église Biblique de la Vie Profonde. (à suivre) p

Monsieur Benjamin Thèra.

 

Lecture

Théologies chrétiennes des Tiers Mondes

 

Théologien catholique, membre du groupe des Dombes (théologiens catholiques et protestants qui ont pris l’habitude de se retrouver une fois par an, en France, afin d’étudier une question doctrinale importante pour les communautés), le Père Bruno Chenu, récemment disparu, a fait paraître en 1987, un livre fort intéressant qui étudie les “Théologies Chrétiennes des Tiers Mondes”. À l'heure où le centre de la chrétienté se déplace vers le sud de la planète terre, la théologie chrétienne prend l'accent "méridional." Elle s'enrichit de nouvelles pratiques et de nouvelles rencontres. Par-dessus tout, elle redécouvre le lien décisif entre l'engagement libérateur et la contemplation. L’Amérique du Nord et l’Amérique latine ont une place de choix dans cet ouvrage mais l’Afrique n’est pas oubliée non plus et la multiplication des Églises Indépendantes Africaines a de quoi nous interroger. Le livre peut être consulté au Centre Foi et Rencontre. est actuellement en cours.

 

In Memoriam – Mgr Georges Biard

 

Le vendredi 31 octobre 2003, Monseigneur Georges Biard, premier évêque du diocèse de Mopti, est décédé en France à l’âge de 78 ans. Il était Évêque depuis 1964. De 1974 à 1988, il succède à Monseigneur Pierre Leclerc comme président du secrétariat pour les relations avec les musulmans au Mali. Il fut aussi longtemps membre de la commission Ouest-Africaine pour les relations entre chrétiens et musulmans.

Le Centre Foi et Rencontre s’associe à la peine et à la prière de l’Église du Mali, du diocèse de Mopti, de sa famille et des Missionnaires d’Afrique.

 

Un Ramadan de prière pour la paix !

Chaque année, à l’occasion de la fête qui clôture le mois de Ramadan, ‘Id al-fitr, le conseil pontifical pour le dialogue interreligieux publie une lettre à l’adresse de tous les musulmans. Pour 2003, le message porte sur la construction de la paix ...

... Il m'est agréable de vous saluer en cette occasion et de vous offrir mes meilleurs souhaits. Durant ce mois particulier, le repas communautaire, l’iftâr, qui rompt le jeûne à la fin du jour, réunit les membres de la famille et les amis dans une ambiance joyeuse. Bien souvent, les personnes d'autres religions sont invitées à prendre part à ce moment de convivialité et des chrétiens ont pris l’habitude d’organiser un iftâr pour leurs amis musulmans ... Comme il est de coutume avec ce message annuel, je voudrais partager avec vous quelques réflexions et il me semble approprié de centrer celles-ci sur la nécessité de construire la paix. Mon point de départ est une lettre que le pape Jean XXIII adressait à toutes les personnes de bonne volonté, il y a quarante ans, en 1963. Cette lettre, intitulée Pacem in Terris, " Paix sur la terre ", propose de considérer la paix comme un édifice reposant sur quatre piliers : la vérité, la justice, l'amour et la liberté. Chacune de ces valeurs doit être présente pour qu'il y ait des relations bonnes et harmonieuses entre les peuples et entre les nations ... Je veux vous assurer, mes frères musulmans, que nous sommes unis avec vous dans la prière au Dieu tout-puissant et miséricordieux. Puisse-t-Il bénir chacun de vous et tous les membres de vos familles ! Puisse cette bénédiction être source de réconfort en particulier pour ceux qui ont souffert ou qui souffrent toujours à cause des conflits armés! Puisse le Dieu de bonté nous donner la force d'être de vrais constructeurs de paix !

Avec mes meilleurs vœux pour une Sainte Fête, ' Id mubârak.

Mgr Michael L. Fitzgerald, président.

Activités du Centre Foi et Rencontre de Bamako

 

t Le Père Josef Stamer a animé, le 3 septembre, une causerie au CFC Mgr Pierre Leclerc de Ntonimba sur la notion du salut en islam.

t Le 7 septembre, Sœur Bernadette M. Diarra a animé une causerie sur le thème des sectes à Falajè-Banankabugu. Au même endroit, le 28 septembre, le Père Josef Stamer a animé une autre causerie sur le thème de la Parole de Dieu en Islam et en Christianisme.

t Du 15 au 18 septembre, le Père Josef Stamer a prêché la retraite aux catéchistes/animateurs de la paroisse de Bandiagara (diocèse de Mopti).

t Le Père Alain Fontaine et la Sœur Françoise Dartigues ont animé la journée du 17 septembre sur le thème de la rencontre avec les monitrices des centres féminins de Kati, Bamako et Bougouni à l’initiative des Sœurs missionnaires de l’Immaculée, Reine de la paix de Kati.

t Du 13 au 17 octobre, l’équipe du Centre Foi et Rencontre a animé les deux premiers jours de la session pastorale du diocèse de Bamako, à Hamdallaye.

 

Courrier des lecteurs

t Un grand merci pour le n°3 de “En Chemin” que je viens de recevoir à Nairobi. Je reste ainsi en lien avec vous tous au Mali. Je vous adresse sans tarder le programme “Christian-Muslim Encounter” de Tangaza College. Bon courage. Père Guy Vuillemin (par mail)

tMerci de m’avoir envoyé “En chemin” n°3 à Rome. Je suis reparti sur les bancs de l’école pour apprendre l’hébreu, le grec et le latin ... Je vais y consacrer toute mon année. Les livres de grammaire deviennent mes compagnons. Je salue toute l’équipe du Centre. Bon courage pour l’année qui commence. Abbé Gaston Coulibaly (par mail)

tUn grand merci pour le dernier numéro du journal “En chemin”Félicitations et bonne continuation ! Richard Nnyombi - Assistant M.Afr à Rome (par mail)

 

Calendrier 

 

t Le 26 novembre, réunion du comité de pilotage du Centre Foi et Rencontre à Hamdallaye.

t Du 9 au 12 décembre 2003, réunion sur l’œcuménisme et les NMR à l’initive du conseil général des Missionnaires d’Afrique.

tLe samedi 13 décembre, le Père Alain Fontaine animera une récollection avec les enseignants(es) de la paroisse Ste Monique de Badalabougou.

 

L’Esprit de Dieu est au cœur de tous les hommes de bonne volonté. Il remplit l’univers dit la Bible. Les religions sont des manifestations de cet Esprit, incomplètes parfois, parfois balbutiantes, mais toujours, elles expriment le désir de l’homme de rejoindre Dieu.

 

(Saint Paul invité par l’aréopage d’Athènes, à s’expliquer sur sa propre foi, en témoigne - Actes 17, 22-27)

 

 

L’équipe du Centre Foi et Rencontre de Bamako vous présente ses meilleurs vœux à l’occasion de la fête de Noël et de la nouvelle année 2004.

 

Pères Josef Stamer, Alain Fontaine,

et Pierre Landreau, Sœur Françoise Dartigues.