En famille (Burkina)

Créer des liens! A des degrés différents, nous appartenons tous à cette grande famille des Missionnaires d'Afrique, fondée par le Cardinal Lavigerie. Comme dans toutes les familles, il est normal que nous échangions les nouvelles des uns et des autres, surtout que cette famille est dispersée sur tout le continent africain. Voilà le but de ce bulletin écrit par les Missionnaires d'Afrique, Pères et Soeurs, pour eux-mêmes, leurs familles et leurs amis. 

Depuis le mois de mai de l'année 2011, le bulletin "En famille" n'a pas paru, que ce soit sous sa forme imprimée, via courriel, ou sur le site Mafrwestafrica. Voici donc le dernier numéro. Nous espérons pouvoir être plus réguliers dans l'avenir, et vous remercions par avance pour toute contribution à ce bulletin, qui est aussi le vôtre.

Le dernier numéro paru et imprimé de "En famille" date de mai 2011, il était rédigé par Denis Rabier. Merci de patienter jusqu'au mois de janvier 2012 pour le prochain numéro ! Pierre Béné, nouveau rédacteur de "En famille" et webmaster.

Depuis le numéro de "En Famille" de novembre 2008, numéro 21, il n'y a pas eu de publication sur le site. Nous vous proposons de reprendre à partir du numéro 28, de janvier 2011, et de donner également le numéro 29 du mois de mai 2011. Le numéro 28 donne les paroisses d'origine de tous les étudiants et confrères.

Numéro 21, novembre 2008

ÉDITORIAL

 

« LA MISSION EST D’ABORD UN DÉPART »

 

Fr Patient NshomboCela nous rappelle le grand départ qui eut lieu lorsque « le verbe s’est fait chair ». C’est le geste fondamental qui survint à Nazareth lorsque Marie répondit « qu’il me soit fait selon ta parole » à la proposition de l’envoyé de Dieu. Marie a accepté généreusement cette grande mission de devenir la mère du Sauveur.

Avec la naissance de notre province de l’Afrique de l’Ouest (qui a regroupé les anciennes provinces du Mali et du Burkina), nous avons eu la joie d’accueillir cinq nouveaux confrères qui sont partis dans différents pays d’Afrique. Il s’agit d’Alphonse SOMDA du diocèse de Diebougou et de Pierre BORO de Dédougou envoyés en RDC, de Hilaire GUINKO de Koupela en Ouganda, d’Anselme TARPAGA de Bobo en Algérie et de Moïse YEBEDIE du Mali au Malawi. 

La mission que le Seigneur confie à ces jeunes confrères revêt de multiples visages. Ces nouveaux prêtres doivent vivre la mission aux confins du monde, à travers l’enseignement, dans le travail paroissial comme aussi dans les relations avec les croyants des autres religions.

L’amour de Jésus Sauveur les pousse à aller retrouver ceux et celles qui n’ont encore jamais entendu parler de lui, qui n’ont jamais pu encore le rencontrer.

A sa suite, notre Mission comme Eglise-Famille est de porter son Amour à toute l’humanité, en commençant d’abord par ceux et celles qui nous sont proches.

Rendons grâce à Dieu pour le départ en mission de ces jeunes frères. Que l’Esprit du Seigneur les accompagne et les soutiennent dans l’accomplissement de sa Mission.

Frère Patient NSHOMBO

Vice Provincial

 

Nouvelles d’ici au Burkina

 

P. Dominique NothombNous avons le grand regret de vous annoncer le décès du Père Dominique Nothomb, M.Afr, le dimanche 9 novembre 2008, à 19h30 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Il avait 84 ans dont 61 ans de vie missionnaire au Rwanda, au Tchad, au Maghreb, au Burkina Faso et en Belgique. Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

 

Les « amis de Lavigerie » à Ouagadougou

(voir « En Famille » N° 8 octobre 2005 page 5 : « A Ouaga, des jeunes gardent le contact avec leurs frères partis en mission » )

Nous sommes heureux de constater que le groupe « Amis de Lavigerie » ne s’endort pas en cette année 2008 avec un nombre important de membres, une bonne vingtaine !

Un rappel : ce groupe dont Paul Ilboudo, actuellement professeur d’allemand à Tenkodogo, est l’initiateur, est composé d’étudiants et de travailleurs et a pour objectif de mieux comprendre l’esprit missionnaire, d’en vivre et de soutenir la mission, en particulier celle des Missionnaires d’Afrique du Burkina Faso qui sont nos amis et connaissances et qui sont partis, messagers de la Bonne Nouvelle, au-delà de nos frontières. Ainsi nous essayons de rester en contact avec eux qui sont nos parents, amis ou connaissances, partis explorer le champ de Dieu hors de notre pays. Et cette une joie pour nous quand au retour de leurs stages ou pour leur congé ils viennent nous donner leur témoignage sur ce qu’ils ont vécu au Sahara algérien, au Burundi, en Éthiopie ou ailleurs …

Nous nous regroupons chaque troisième dimanche du mois, le matin au « Pélican », et nous essayons toujours de voir comment nous pouvons, à notre niveau, contribuer à atteindre les objectifs que s’était fixé le Cardinal Lavigerie, fondateur de la Société des Missionnaires d’Afrique, Pères Blancs. Nous versons une petite cotisation à chacune de nos rencontres pour alimenter une caisse commune. Ainsi en 2007, comme acte missionnaire, nous avons fait un don de savons à une association qui s’occupe des enfants de la rue. Un des responsables de cette association était venu auparavant nous sensibiliser à cette œuvre. Cette année, nous avons voulu une action plus individuelle ; chaque membre du groupe a été invité à faire un don de quelque nature que ce soit au plus pauvre qu’il aura remarqué dans son quartier.

Au niveau de la réflexion missionnaire, nous avons abordé, au cours de nos réunions, des sujets comme l’inculturation, la rencontre avec les autres religions, le syncrétisme religieux, etc.

Notre ambition pour le groupe est grande ! Raison pour laquelle des nouveaux adhérents sont attendus pour continuer à réfléchir et à agir aux côté des Missionnaires d’Afrique.

 

Bienvenu Malo, étudiant en droit.

 

Nouvelles d’ici au Mali

 

LE PERE MOISE YEBEDIE

P. Moïse YébédiéOrdonné prêtre le 31 mai 2008 à Bandiagara par Son Excellence, Monseigneur Georges FONGHORO, Evêque de Mopti.

Quelques échos de l'ordination de Moïse Yébédié (son vrai nom est Yébéizé).

C'est sous le signe de la foi et de la confiance en Marie que Moïse a avancé jusqu'au don de sa vie, pour être Prêtre et missionnaire. Il a choisi comme devise "Mon âme loue la grandeur du Seigneur et mon cœur est plein de Joie" et donc c'est au jour de la fête de la Visitation le 31 mai que nous étions tous invités pour l'ordination sacerdotale de Moïse.

Lors de la grande prostration, les yeux de la maman étaient humides… ce n'est pas rien de donner son fils, l'aîné: Que le Seigneur rende en grâces, ce que Joseph et Monique ont donné ce jour là.

Joseph qui donne le corps du Christ chaque dimanche dans sa communauté de Ezé, a pu le recevoir, lui et son épouse, des mains de leur fils.

Moïse Kombé Yébédié est le 5ème Missionnaire d'Afrique malien. Les premiers, qui étaient aussi les premiers prêtres maliens, étaient les Pères Prosper Kamara ordonné en 1936, décédé en 1961 et François Diallo ordonné en 1939, décédé en 1996.

Les deux autres Missionnaires d'Afrique malien sont les Pères Cyriaque Mounkoro ordonné en 2002 et Antoine Dembélé, ordonné en 2007.

A la fin de la Messe, le Père provincial a annoncé la nomination de Moïse pour la paroisse de Kanengo au Malawi.

Malgré les départs successifs de 4 de ses prêtres, Monseigneur Georges Fonghoro n'a pas craint de voir partir en mission, ad extra, le Père Moïse Yébédié. En réponse le Père Provincial lui a dit que celui qui donne reçoit et c'est ainsi qu'il a annoncé à tous la nomination de Pierre Songré pour la paroisse de Gao et de Dieudonné Makiala pour la paroisse de Bandiagara

 

Le Père Jean-Pierre DELPECH est décédé le 31 Juillet 2008 à Bamako.

P. Jean-Pierre Delpech

Témoignage du P. Alberto Rovelli, son dernier curé à Kolongotomo

" Le Père Delpech est décédé à l'âge de 78 ans, dont 53 ans de vie missionnaire essentiellement au Mali, et en France.

Il a nourri dans son cœur, pendant  les 52 ans passés dans tes rangs, Seigneur, un grand désir : te faire connaître à ses amis Bozo du Mali ; il les a aimés à sa façon ;  il a été sincère avec eux ; il les a aimés sans conditions, sans s’attendre à aucune réponse… En effet, aucun Bozo du Mali n’est entré dans ton filet…

Il aurait voulu voir une Église dépouillée de tout… même sans Vatican…et que nous, tes prêtres, puissions vivre encore plus proches des gens, comme toi!

Il nous a tous pris au dépourvu… Depuis quelques années, il avait pris l’habitude de nous faire sursauter à cause de sa santé : deux chevilles cassées en 3 ans et puis encore l’an dernier… Alors on s’était dit : « Voilà, il crie au loup… au loup… ! Mais après il s’en tire comme d’habitude. »

Cette fois, il n’a même pas crié ; il nous a filé d’entre les mains.

Jésus, tu l’as voulu à côté de toi et bien sûr, tu lui as fait trouver tout bien préparé du pain, des poissons grillés, une bonne bouteille de rouge et surtout ton amour éternel. Merci, Jésus, pour nous avoir donné Jean-Pierre ; merci de si bien l’accueillir chez toi."

 

Paroles du Père Delpech

Alors, pourquoi je suis parti à Gao? C'était justement pour réaliser un peu mon rêve de missionnaire. Depuis le départ, je voulais aller vivre au désert. On nous avait demandé au noviciat où on voulait aller.

De toutes les ethnies que j'ai rencontrées dans ma vie au Mali, c'est vraiment les nomades que j'ai préférés au point de vue style de vie. Ce sont les gens les plus libres du monde.

Pourquoi j'ai choisi Gao? Parce que personne ne se pressait pour aller à Gao. Pour certains, c'est une zone réservée aux farfelus. D'autres confrères s'interrogent ... « Que va-t-on faire là-bas? Vous allez évangéliser les dunes? » J'ai siégé longtemps au conseil régional. Je voyais le nombre des Pères de Gao s'amenuiser. Alors je me suis présenté malgré mon âge -j'avais 55 ans. Je leur ai dit: « Vous cherchez quelqu'un, je suis volontaire. » On a accepté et je suis parti. Un curé doit parler la langue des gens là où il vit. Or moi, je ne parle pas le Songhai, je ne parle pas le Tamachek. Donc pour vivre avec, je n'ai vu qu'un moyen, c'est de me lancer dans les projets de développement.

L'Esprit m'a dit qu'il y a des hommes de paix partout. On a vu des gens, pendant la rébellion, qui sont restés des hommes de paix, qui ont dit qu'il ne faut pas se tuer et qu'il faut vivre ensemble. Il y aura toujours Jésus-Christ à annoncer pour que les cœurs des hommes soient bons. Même s'il n'y a pas beaucoup de gouttes d'eau qui sont tombées dans le désert, celles qui sont tombées sur les gens qui avaient soif matériellement ou spirituellement, ont fait du bon travail.

 

Nouvelles d'ailleurs

Anselme Tarpaga nous écrit de l'Algérie

Le 31 mai dernier, je quittais Nairobi le cœur lourd et plein de chagrin car bien que ce pays fût difficile par moment il a été aussi et surtout un cadre agréable de vie et contient beaucoup de bonnes âmes à qui on peut s’attacher facilement et avec joie. A la douleur du départ, se mélangeait aussi une anxiété sur le futur prochain. Après quatre ans d’absence, me sentirai-je bien chez moi au pays ? Est-ce que les gens se souviennent encore bien de moi ? Mon ordination, comment va-t-elle se passer ? Voilà un peu les sentiments et les questions qui m’habitaient quand je ramassais mes bagages et prenais la route pour le Burkina Faso.

P. Anselme TarpagaTout d’abord j’ai fait une petite escale à Abidjan. Là, je fus surpris de l’empressement avec lequel les parents m’attendaient. Sur toutes les lèvres revenait le mot « ordination » ! « Nous sommes prêts, nous arrivons », disaient-ils…  Une fois au Burkina, à ce refrain se sont ajoutés beaucoup de couplets chantés par les parents, les confrères et aussi les amis et les chrétiens de ma paroisse et communauté chrétienne de base !

En me souvenant de ce moment si fort de ma vie, je suis d’abord très reconnaissant à mes parents qui ont fait de cet évènement d’abord leur évènement à eux. Plusieurs fois ils m’ont dit cette phrase : « Toi, c’est pas ton affaire, tu nous laisses faire ! » Et ils l’ont fait ! Et c’était vraiment leur affaire à eux, car pendant ces deux jours de festivités en famille j’ai vu beaucoup de gens que je ne connaissais pas, mais qui étaient là à cause d’un membre de ma famille… J’étais très ému non seulement pour les dépenses matérielles qu’ils ont faites, mais aussi pour leur joie, leur dévouement et l’unité familiale manifestée en ce moment !

Je retiens aussi cette appréciation mutuelle entre ma famille et mes  confrères ! J’ai entendu des confrères qui ont participé à mon ordination dire : « Chapeau à ta famille, c’était vraiment bien organisé et très festif … » De la part de la famille j’ai entendu dire aussi de bonnes choses des Pères comme celle-ci par exemple : « C’est bien chez vous les Pères Blancs : il y’a une bonne solidarité ! Ils ont été avec toi hier et aujourd’hui… »

Bref, pour moi il y a de quoi rendre grâce à Dieu et dire merci à tous ! Un merci infini à ma famille et aux confrères. Je crois que ce je dis là est aussi vrai pour mes confrères Alphonse, Hilaire, Moïse et Pierre qui ont été ordonnés pendant la même saison. Il a été prouvé une fois de plus que bien que absents, nous avons au Burkina des frères, des amis et des familles qui nous soutiennent.

Mais en dehors de nos familles religieuses et des Pères Blancs, il y eut aussi la grande collaboration des communautés chrétiennes locales. Et là je ne saurais passer sous silence la bonté de cœur de certains prêtres diocésains qui nous ont chaque fois accueilli vraiment comme leur frères, (et cela dans tous les sens du mot) ! Ils nous ont soutenu matériellement et ont su mobiliser les communautés chrétiennes pour participer à ces évènements ! Je souhaite que cette bonne relation continue à exister et que le bon accueil soit mutuel !

Sans être trop long, je finis en disant à tous un grand merci ! Merci d’avoir été avec nous ! Merci de vos dons : don de soi et don matériel ! En quelques mots : merci pour votre amour ! Car s’il est vrai que l’amour rassure un enfant et le prépare à être un homme et une femme bien épanoui(e), il rassure aussi le « prêtre-nouveau-né » et lui donne beaucoup d’énergie pour sa mission. A notre tour, nous vous offrons chaque jour dans nos célébrations eucharistiques et vous assurons de nos bénédictions ! Je ne sais pas encore ce que c’est qu’être un ancien prêtre ! Mais comme je le disais à ma grand-mère : « C’est bon d’être un nouveau prêtre ! Tout le monde t’aime ! » Alors, de grâce, gardez-nous toujours nouveaux devant vos yeux ! Merci !

Ce numéro est consacré en grande partie à nos cinq jeunes confrères qui seront ordonnés prêtres en juillet 2008.