Monseigneur Martin HappeQuand nous recevons des visiteurs ici en Mauritanie ou bien quand je rencontre des gens pendant mes déplacements à l’extérieur, c’est souvent le même genre de questions qui m’est posée :

Quel est le nombre de catholiques en Mauritanie ?
Combien avez-vous de séminaristes autochtones ? Combien de prêtres ? Combien de religieuses ?

Puis, on fait le calcul : huit prêtres et un évêque pour quelques 4000 catholiques, cela fait beaucoup ! Je dois admettre que, même après 17 ans de ministère épiscopal en Mauritanie, ce genre de calcul me dérange. Quelle image d’Eglise est-elle sous-jacente à ces questions ? Comment conçoit-on la mission de l’Eglise en Mauritanie ou ailleurs ?

Les prêtres, seraient-ils seulement les « aumôniers» des chrétiens ? Sans une mission envers les non-chrétiens ?

Il y a peu, Dieu nous a donné un nouveau pape qui s’est donné le nom programme de François. Cela m’incite à vous proposer, une fois de plus, un texte tiré du livre « Sagesse d’un pauvre » d’Eloi Leclerc. Il s’agit d’une conversation entre Saint François et le frère Tancrède : « Le Seigneur nous a envoyés évangéliser les hommes. Mais as-tu déjà réfléchi à ce que c’est qu’évangéliser les hommes ? Evangéliser un homme, vois-tu, c’est lui dire : Toi aussi, tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il y a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait, et qu’il s’éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi. C’est cela lui annoncer la Bonne Nouvelle. Tu ne peux le faire qu’en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, désintéressée, sans condescendance, faite de confiance et d’estime profonde. Il nous faut aller vers les hommes. La tâche est délicate. Le monde des hommes est n immense champ de lutte pour la richesse et la puissance. Et trop de souffrances et d’atrocités leur cachent le visage de Dieu. Il ne faut surtout pas qu’en allant vers eux nous leur apparaissions comme une nouvelle espèce de compétiteurs. Nous devons être au milieu d’eux les témoins pacifiés du Tout-Puissant, des hommes sans convoitises et sans mépris, capables de devenir réellement leurs amis. C’est notre amitié qu’ils attendent, une amitié qui leur fasse sentir qu’ils sont aimés de Dieu et sauvés en Jésus Christ. »

Ce message de Saint François me paraît de toute actualité, pas seulement en Mauritanie, mais partout sur notre globe ! Les hommes et les femmes de notre temps ont besoin d’entendre le message de l’amour de Dieu pour tous et chacun, amour incarné en Jésus Christ dont nous fêtons la résurrection à Pâques ! Et le Christ Ressuscité désire que ces disciples, c'est-à-dire nous, continuent son œuvre « jusqu’aux extrémités de la terre » : rendre visible l’amour de Dieu pour tous, tel que Jésus nous l’a montré pendant les jours de sa vie terrestre.

Combien je voudrais que tous les baptisés redécouvrent cette mission et combien je voudrais qu’ils soient nombreux, prêtres, religieux, religieuses et chrétiens laïcs à venir en République Islamique de Mauritanie, pour que, là aussi, ce message soit annoncé à travers notre comportement de tous les jours et à travers nos rencontres :

«Il nous faut aller vers les hommes. La tâche est délicate. Le monde des hommes est un immense champ de lutte pour la richesse et la puissance. Et trop de souffrances et d’atrocités leur cachent le visage de Dieu. Il ne faut surtout pas qu’en allant vers eux nous leur apparaissions comme une nouvelle espèce de compétiteurs. Nous devons être au milieu d’eux les témoins pacifiés du Tout-Puissant, des hommes sans convoitises et sans mépris, capables de devenir réellement leurs amis. C’est notre amitié qu’ils attendent, une amitié qui leur fasse sentir qu’ils sont aimés de Dieu et sauvés en Jésus Christ. »


Pâques 2013

Votre frère évêque Martin Happe.

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