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Au Sénégal, l’armée peut-elle sortir de sa réserve ?

Déployée dans les rues de Dakar lors des émeutes qui ont suivi la condamnation d’Ousmane Sonko, au début de juin, la grande muette tente de rester à l’écart des soubresauts qui agitent le Sénégal. Parviendra-t-elle à conserver sa neutralité en cas de nouvelles tensions ?

Par  - à Dakar
Mis à jour le 27 juin 2023 à 15:18
 
 
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Macky Sall (à dr.) et Cheikh Wade, alors chef d’état-major des armées, lors de la parade célébrant le jour de l’indépendance, à Dakar, le 4 avril 2023. © Zohra Bensemra / Reuters

Vendredi 2 juin 2023. Dakar se réveille, groggy et silencieuse. Les grandes artères sont quasi désertes, les devantures des magasins barricadées. Dans certains quartiers, les tirs de grenades lacrymogènes, parfois même d’armes à feu, ont résonné jusque tard dans la nuit. Les combats du 1er juin ont déjà fait neuf morts. Beaucoup d’habitants ont préféré rester chez eux, après les violences qui ont éclaté à la suite de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison.

Sur certains ronds-points ou en face de plusieurs bâtiments administratifs, en particulier dans le centre-ville – bouclé – de Dakar, les rares passants qui s’aventurent dehors distinguent les lourds blindés de l’armée. Armes de guerre au poing, les militaires montent la garde. « L’État du Sénégal a pris toutes les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre », a déclaré, la veille, Antoine Félix Diome, le ministre de l’Intérieur.

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Si les blindés ont rapidement et discrètement regagné leurs casernes, le déploiement de l’armée n’est pas passé inaperçu. Sur les réseaux sociaux, des vidéos ont circulé montrant de jeunes manifestants chantant aux côtés des militaires, voire agrippés à leurs blindés. Des images à mille lieues de celles des affrontements qui ont opposé les manifestants à la police ou à la gendarmerie, deux corps soupçonnés d’avoir collaboré avec des nervis en civil filmés en train de tirer sur la foule. Les militaires, eux, n’ont jamais eu à intervenir.

Posture dissuasive

« L’armée est restée en retrait, dans une posture à la fois défensive et dissuasive. De toute manière, la police et la gendarmerie ont réussi à contenir les émeutes et à éviter qu’elles ne débordent dans le centre de Dakar », estime un spécialiste des questions de sécurité.

Que se serait-il passé si policiers et gendarmes n’avaient pas réussi à « contenir » ces émeutes ? La question est sur toutes les lèvres, et les militaires sont bien contents de n’avoir pas eu à y répondre. « Heureusement que nous n’en sommes pas arrivés là », admet un gradé, qui précise que, dans ce contexte politique instable, l’armée était « déjà en état d’alerte ». « Ce n’est pas notre rôle [de participer à des opérations de maintien de l’ordre] bien que nos soldats soient formés pour cela », insiste le militaire.

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« Depuis l’indépendance, l’armée sénégalaise a pris part à la vie du pays en se tenant en retrait du jeu politique », observe l’historien Romain Tiquet, qui travaille sur les questions de maintien de l’ordre en Afrique de l’Ouest. Une tradition républicaine qui fait du Sénégal une exception dans la sous-région et qui a permis de préserver le pays d’un coup d’État, contrairement à nombre de ses voisins.

À son accession au pouvoir, Léopold Sédar Senghor théorise le concept d’ « armée-nation » avec son chef d’état-major général des armées, Jean-Alfred Diallo, membre du génie militaire. « Tous deux ont développé l’idée selon laquelle l’armée devait être un acteur à part du développement économique et social, et qu’elle devait participer à la construction du pays », précise l’historien.

L’héritage de ces années Senghor est toujours présent dans la manière dont l’armée et le pouvoir collaborent, au-delà de la sécurité des frontières : implication du génie militaire dans les travaux de construction ; recrutement de médecins militaires dans les hôpitaux publics ; reconversion des cadres de l’armée dans la carrière politique ou diplomatique… Les généraux Lamine Cissé et Mamadou Niang, anciens chefs d’état-major généraux des armées, deviendront ainsi ministres de l’Intérieur, respectivement sous Abdou Diouf et Abdoulaye Wade.

C’est d’ailleurs Lamine Cissé qui annoncera à Diouf sa défaite face à Wade à l’élection présidentielle de 2000. L’armée s’implique aussi dans la formation des jeunes à travers le Prytanée de Saint-Louis, école des enfants de troupe sous la colonisation, et qui forme aujourd’hui une bonne partie de l’élite militaire, politique et intellectuelle du pays.

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« Cette idée de respect de l’ordre républicain s’est toujours imposée dans les rangs de l’armée. Jusqu’à quand ? À chaque soubresaut politique, la question de la loyauté de l’institution resurgit », observe Romain Tiquet. Rien d’étonnant à ce que les prises de position de l’armée soient scrutées de près, alors qu’un calme précaire est revenu au Sénégal, à huit mois d’une élection présidentielle à laquelle Macky Sall n’a pas encore dit s’il souhaitait se présenter.

 

 

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Dakar, le 29 mai 2023. Des gendarmes lors d'une manifestation provoquée par la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko. © John Wessels/AFP

 

 

« Que l’armée intervienne à l’intérieur des frontières est sans nul doute le signe d’une situation grave et exceptionnelle », souligne l’historien. C’est pourtant la deuxième fois depuis que Macky Sall a été réélu que l’État fait appel à l’armée lors de débordements violents : en mars 2021, les militaires avaient déjà été déployés dans les rues de Dakar après l’arrestation d’Ousmane Sonko.

Instrumentalisation

« Nous pouvons être appelés à intervenir lorsque la situation l’exige, mais toujours de façon très limitée et extrêmement encadrée », rappelle le gradé précité. Après l’intervention des forces régulières de maintien de l’ordre, il est en effet prévu que l’armée puisse également être déployée de manière décentralisée après qu’une requête administrative a été adressée au gouverneur.

Pour Dakar, c’est le colonel Mbaye Gueye, commandant de la zone numéro ­1, qui est mobilisé. C’est aussi à lui qu’il incomberait d’intervenir dans la capitale si l’état d’urgence ou l’état de siège était décrété.

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Les seules forces que le chef de l’État peut directement mobiliser sont les unités de réserve générale : les commandos, l’artillerie, les tanks et les parachutistes. En 1962, c’est à ces derniers que le président Senghor fit appel pour garder le Palais, au plus fort de la crise qui l’opposait à Mamadou Dia.

Six ans plus tard, lors des révoltes étudiantes de mai 1968, Senghor fit de nouveau appel à l’armée pour rétablir l’ordre, avec le concours des militaires français. En 1988, le général Tavarez Da Souza refusa, lui, d’engager ses troupes contre les émeutiers, se réfugiant derrière la loi républicaine. Accusé d’avoir fomenté un coup d’État, il fut mis à la retraite anticipée.

Ces différents épisodes ont contribué à forger la légende des gradés sénégalais et leur sens élevé de l’État. « Il ne peut y avoir de coup d’État au Sénégal », annonçait, en 2008, le président Abdoulaye Wade. S’il n’a jamais été démenti depuis, certains gradés se sont bien interrogés, lors de la victoire de Macky Sall, en 2012, sur la conduite à tenir dans l’éventualité où le sortant refuserait de reconnaître sa défaite.

Point de bascule

« L’ère Wade constitue un point de bascule dans les rapports qu’entretiennent les responsables politiques et l’armée, souligne Romain Tiquet. Wade fut le premier à tenter d’utiliser l’institution à des fins politiques, en réintroduisant notamment le vote des militaires en 2006 et en essayant – sans succès – d’en tirer un bénéfice électoral. »

Chouchoutée par Macky Sall depuis son arrivée au pouvoir, l’armée n’a cessé de se renforcer, aussi bien en modernisant son matériel qu’en accroissant ses effectifs (15 000 hommes environ, 30 000 à l’horizon 2025) ou son budget (361 milliards de F CFA en 2021, soit 550 millions d’euros). Elle demeure un partenaire privilégié de la France – qui dispose encore de quelque 450 hommes au Sénégal –, où nombre de ses cadres sont encore instruits. Premier contributeur francophone aux opérations de maintien de la paix des Nations unies, le Sénégal a su profiter des opérations extérieures pour former ses soldats et assurer une carrière prestigieuse aux meilleurs d’entre eux.

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Mais, engagée depuis 1982 dans un conflit larvé face au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), l’armée a aussi connu son lot d’échecs. Sa dernière offensive dans la région, où subsistent des poches de rébellion indépendantiste après quarante années de conflit, n’a pas permis de neutraliser Salif Sadio, le chef du MFDC.

Assis sur un volcan

Dans la sous-région, la situation est suivie avec attention par certains régimes putschistes tentés de se maintenir au pouvoir et pressés de voir si Macky Sall franchira le Rubicon. « Le président est assis sur un volcan, et il ne s’en rend pas compte car son entourage lui dit ce qu’il veut entendre. Il se dit qu’il pourra résister parce qu’il a bien armé ses forces de défense et de sécurité », estime une source qui a ses entrées au Palais.

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Quel rôle pourrait donc être amenée à jouer l’armée si l’instabilité politique s’aggravait ? Son implication dépendra-t-elle de la décision d’une poignée d’hommes face à leur conscience et à leur sens du devoir ? « L’armée est comme la société sénégalaise. Les gradés sont divisés, prévient un acteur proche de l’institution. En privé, ils donnent assez facilement leur sentiment. Certains soutiennent le régime, d’autres penchent plutôt pour Sonko. Pour l’instant, Macky Sall n’a pas dit s’il comptait se représenter. Les militaires n’ont pas à s’engager. Mais, si le président briguait un troisième mandat, le pays tout entier serait fracturé, et l’armée ne serait pas épargnée. »

Faut-il voir dans le récent remaniement de l’armée auquel a procédé Macky Sall un moyen de resserrer les rangs de ses fidèles ? En avril, le président a promu son ancien conseiller personnel, le général Mbaye Cissé, au poste de chef d’état-major général des armées.

Un mois auparavant, l’opposition avait évoqué des « échanges avec des hauts gradés des forces de défense et de sécurité » pour justifier le report d’une manifestation. Sans démentir l’existence de ces échanges, l’armée avait immédiatement réagi et invité, dans un communiqué, « les politiques de tous bords à tenir l’armée nationale hors du débat politique » afin que celle-ci « garde sa posture républicaine ».

Les militaires pourraient-ils un jour être amenés à faire un choix ? Face à la crise, certains responsables politiques les ont déjà appelés à « prendre leurs responsabilités ». « Nous les prenons déjà, rétorque le gradé précité. Nous assurons la sécurité de l’État. Il fallait faire baisser la tension, elle a baissé. Nous voulons rester en dehors du reste. La politique pourrait nous rattraper, mais nous espérons que cela n’arrivera pas. »

Au Niger, l’école avant le pétrole

Mohamed Bazoum a choisi de miser sur une école nouvelle, entièrement repensée et mieux adaptée aux réalités socio-culturelles et économiques. Si, au Niger plus qu’ailleurs, l’éducation est un investissement durable et rentable, peut-elle être plus prometteuse que les matières premières ?

Mis à jour le 31 décembre 2022 à 17:48

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Par Seidik Abba

 

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Journaliste et écrivain

 

 

 

C’est l’un de ces parfaits paradoxes dont le Niger a parfois le secret. Celui d’être le pays qui a enfanté le professeur Abdou Moumouni Dioffo (l’université de Niamey porte son nom), premier Africain francophone agrégé de sciences physiques (1956), et le professeur Boubakar Ba, agrégé de mathématiques, premier ressortissant d’Afrique subsaharienne à entrer à l’École normale supérieure (ENS) de la rue d’Ulm, à Paris (1956) ; et d’être à la fois celui qui a affiché, en 2022, les taux de réussite aux examens scolaires les plus médiocres de la sous-région. Derrière les très mauvais résultats des élèves au baccalauréat (28,95 % de réussite) et au brevet d’études secondaires (27,18 %), se cache la longue et douloureuse agonie de l’école nigérienne.

Sur l’autel des économies budgétaires  

À bien l’examiner, la descente aux enfers de l’école nigérienne commence en réalité dans les années 1990, au moment où, après la chute du cours de l’uranium, son principal produit à l’exportation, le Niger s’est résolu à recourir au Programme d’ajustement structurel (PAS). L’école avait alors payé un très lourd tribut. Sur l’autel des économies budgétaires, l’État nigérien, avec à sa tête le Conseil militaire suprême (CMS) de Seyni Kountché, choisit alors de supprimer les internats des établissements secondaires (lycée et collège).

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Mais il prit surtout la décision d’abandonner le principe de « la programmation », une tradition qui voulait que chaque Nigérien qui obtient son bac sache à l’avance pour quelle institution publique ou parapublique il travaillera à la fin de sa formation. Dans un pays où l’on étudiait exclusivement pour devenir fonctionnaire, l’abandon de la programmation eut l’effet d’un tremblement de terre. Un divorce entre l’école et la société !

Bombe démographique

L’entrée du pays, bien plus tard, dans l’ère du multipartisme n’a pas servi la cause de l’école nigérienne. En effet, la gestion trop partisane des carrières et des affectations des enseignants a beaucoup desservi les performances scolaires. Mais, le vrai problème de cette école, son défi structurel, quels que soient la période et le régime au pouvoir, c’est celui de la démographie scolaire, qui est elle-même en lien avec la croissance démographique du pays, estimée à 3,9 % par an.

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En 2020, 817 000 enfants nigériens ont frappé aux portes de l’école publique. À supposer que l’État décide d’accueillir 40 élèves par classe, le pays aura eu besoin de 20 000 classes et de 20 000 enseignants ; même dans l’hypothèse d’installer quatre enfants par table-banc, il en aurait fallu 20 000. Le Niger ayant fait l’option de la gratuité de l’école publique, il faut bon an mal an dépenser au moins 6 milliards de francs CFA (un peu plus de 9 millions d’euros) pour l’acquisition des manuels scolaires, rien que pour le seul cycle primaire.

Faute de mieux, le pays se résout à des solutions qui s’apparentent plutôt à du bricolage. Ainsi, afin de faire face à la croissance démographique, les écoles recourent à la technique dite de la double vacation ou du double flux, qui consiste à accueillir un premier groupe d’élèves le matin et un autre dans l’après-midi. Le déficit d’infrastructures scolaires est quant à lui contourné par le recours aux classes en matériau non définitif, dont les limites ont été prouvées par les incendies dramatiques de salles en paillote, en avril 2021 à Niamey, la capitale, et en novembre 2021 à Maradi, la troisième ville du pays.

Bazoum fait sa révolution scolaire

Enseignant de formation, de profession et de vocation, Mohamed Bazoum a donc hérité de cette école nigérienne agonisante en s’installant, en avril 2021, dans le fauteuil présidentiel. Il a choisi d’en faire son affaire, laissant le pétrole et l’uranium à son gouvernement. Bien plus qu’un simple changement de paradigme, sa proposition de cesser de faire de l’école nigérienne la seule affaire du pouvoir et des enseignants et de l’ériger en contrat social qui associe la société civile, les parents et les autres acteurs du pays apparaît, à certains égards, révolutionnaire.

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La nouvelle offre éducative, encore en construction, repose sur une grande réforme des curriculums (restés inchangés entre 1988 et 2019), une réhabilitation de la profession enseignante – à travers le rétablissement des prérogatives de l’enseignant –, la réhabilitation et la construction des infrastructures scolaires. En y ajoutant la dépolitisation du secteur éducatif, on est fondé à faire le pari d’une nouvelle école nigérienne mieux adaptée aux défis de son environnement et aux réalités nationales.

Au Niger, le choix de miser sur l’école avant les matières premières ne relève pas seulement du bon sens. Il est surtout dicté par la déception laissée d’abord par l’uranium, puis par le pétrole. Le boom de l’uranium a certes permis, dans les années 1980, de construire à Niamey des joyaux architecturaux tels que l’hôtel Gaweye et le Palais des congrès, mais il n’a pas changé fondamentalement le bien-être des Nigériens. L’entrée du pays en 2011 dans l’ère pétrolière, si elle a boosté statistiquement la croissance économique, n’a pas non plus transformé leur quotidien.

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Rien n’indique, au demeurant, que le passage de la production pétrolière de 20 000 barils par jour (b/j) actuellement à 110 000 b/j en 2023 changera grand-chose à la vie quotidienne du Nigérien ordinaire. L’effondrement du cours de l’uranium, en 2011, après l’accident nucléaire de Fukushima, au Japon, et la volatilité du prix du pétrole sont venus rappeler que ces deux matières premières, même avec des perspectives intéressantes pour les prochaines années, ne sauraient être des valeurs-refuge pour le pays.

Un investissement durable et rentable

En revanche, le pari d’une école nigérienne nouvelle, repensée, mieux adaptée aux réalités socio-culturelles ainsi qu’à l’environnement économique, semble beaucoup moins aléatoire et plus prometteur pour le pays. Il ne fait aucun doute qu’au Niger plus qu’ailleurs l’école est un investissement durable et rentable sur le long terme. Il n’y a qu’à voir les exemples de la Corée du Sud et des dragons asiatiques ou, plus près de nous géographiquement, de la Tunisie de Bourguiba ou de la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët-Boigny pour s’en convaincre.

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La profession enseignante a fourni au Niger deux présidents. Le premier, Hamani Diori (de 1960 à 1974), sorti de l’École normale William-Ponty, est considéré, aux côtés de son emblématique ministre de l’Éducation nationale, Harou Kouka, comme le fondateur de l’école nigérienne moderne. Le second président nigérien enseignant, Mohamed Bazoum, philosophe, formé à l’université Cheikh-Anta-Diop (Ucad) de Dakar, réussira-t-il à être l’artisan de la nouvelle école nigérienne, réconciliée avec la société et orientée vers la prospérité ?

Faisons crédit à l’ancien professeur de philosophie au lycée de Tahoua (nord-ouest du pays) et au lycée de Maradi (centre-est), en attendant l’heure du bilan, à la fin de son mandat, en 2025.

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Entretien avec Boubakar Ba. Un Nigérien au destin exceptionnel – Par Seidik Abba (Éditions L’Harmattan, 120 pages, février 2019)

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L'hebdomadaire de la paroisse de Nioro du Sahel n°59 du lundi 24 octobre 2022: Quand on vit dans l'amour, on n'est pas sujet de la loi. Car l'accomplissement parfait de la loi c'est l'amour
(Une réflexion du Père Vincent KIYE, Mafr)
Textes du jour :
1ère lecture :  Ep 4, 32 – 5, 8
Evangile : Luc 13, 10-17
« Alors le chef de la synagogue, indigné
de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat...» (Lc 13, 10-17)
Et toi, quel est le sens de ton indignation contre ton prochain ?
Bien-aimés dans le Seigneur, j'ai souvent eu l'impression que nous sommes trop fanatiques de Jésus au point que nous interprétons tout en sa faveur. Même lorsqu'il viole la loi établie. N'est-ce pas ? Si nous devons éviter toute lecture allégorique, nous trouverons que ce chef de la synagogue avait bel et bien raison. Puisque c'est ce que disait la loi. Et pour être plus concret, nous dirons c'est ce que disent nos règlements, c'est ce que disent les constitutions et lois de la société etc.  Pas faux! Toutefois, il convient de rappeler ici qu'il y a la loi et l'esprit de loi. Ce n'est pas la même chose. La loi positive, celle construite par le légiste temporel, donne l'orientation mais ne cerne jamais l'entier du réel.  Ne confondons pas les choses  « Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat. » rappellera ce chef de la synagogue à ceux qui venaient se faire guérir auprès de Jésus.
Précisions ici qu' entre la loi et l'esprit de loi, il y a le bon sens qui vise toujours le plus grand bien du genre humain,  ce qui rend l'homme meilleur.
 Les lois sont des instruments qu'il faut interpréter dans le contexte pour le plus grand bien du genre humain. C'est ici que doit se jouer le bon sens de l'homme, expression de la sagesse en nous, laquelle sagesse donne d'interpréter chaque loi dans son contexte, tenant surtout compte des réalités en face. L'unique loi qui demeure intacte est celle de l'amour qui permet l'humanisation de la loi et rend toute interprétation de celle-ci peu rigide. Ce qui a fait défaut en ce chef de la synagogue. Voilà pourquoi, dans la première lecture, Saint Paul nous convie à privilégier l'amour lorsqu'il dit : « Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés » (Ep 4, 32 – 5, 8).
Quand on vit dans l'amour, on cesse d'être sujet de la loi. On agit pour le grand bien de l'autre mieux, de l'ensemble. On ne s'indigne pas aveuglément devant la position de l'autre ni s'opposer sans y réfléchir ; on cherche plutôt à comprendre ce qui dans sa position, garantit le grand bien du genre humain.
Puisse Dieu nous y aider.
Le Seigneur soit avec vous !
✍🏾 Père KIYE M. Vincent, Missionnaire d'Afrique
Paroisse de Nioro du Sahel
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L'hebdomadaire de la paroisse de Nioro du Sahel n°60 du Jeudi 10 Novembre 2022: Tout acte d'une religiosité authentique rend le règne de Dieu proche des hommes
Textes du jour 
1ère lecture : Phm 7-20
- Evangile : Lc 17, 20-25
«Le règne de Dieu est au milieu de vous»
Chers frères et sœurs en Christ, dans l'évangile de ce jeudi, Jésus nous invite à comprendre que le règne de Dieu est parmi nous.  Et cela, dans nos faits et gestes de bonté de chaque jour.
  Voilà pourquoi dans l'évangile,  lorsque les pharisiens demandèrent à Jésus:
quand viendrait le règne de Dieu,
il prit la parole et dit :
« La venue du règne de Dieu n’est pas observable (...)” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » Oui, le règne de Dieu est là, c'est à chacun de nous de le rendre réel et effectif par un engagement digne des enfants de Dieu.
C'est tout l'enjeu de l'effort de tout chrétien aujourd'hui. Nous allons chercher le Règne de Dieu dans les adorations, les célébrations et les dévotions multiples alors qu'il est parmi nous depuis la création qui veut déjà dire le salut mais aussi par sa venue en notre terre. 
En effet, depuis la création de l'homme et encore par son incarnation, Dieu nous a donnés le pouvoir de devenir enfants de Dieu. C'est-à-dire de poser des actes qui rendent  effectif la venue de son règne parmi les hommes. De sorte que chaque fois que nous posons un acte d'une religiosité méritoire, un acte de générosité, de justice, d'amour et de paix, chaque fois que nous posons un acte de respect de différences, bref, qui respecte la dignité humaine, cet acte devient une autre façon pour Dieu de se dire dans le monde. Il s'y rend présent. Les Églises avec leurs doctrines deviennent ici, des moyens à travers lesquels nous avons approfondissons cet engagement en vue de rendre ce règne de Dieu présent parmi les hommes. 
En conséquence, chaque fois qu'un frère, qu'une soeur , qu'un confrère ou une consoeur pose un acte d'une humanité supérieure, au lieu de le jalouser ou de vouloir de le détruire, rendons grâce à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux humains d'agir ainsi. Malheureusement, souvent, aveuglés par nos pulsions, nous ne savons pas reconnaître en eux, la présence mystèrieuse du règne de Dieu. C'est l'expression du manque de foi véritable.
     
Demandons cette grâce à Dieu le Père qui inspire aux hommes, les valeurs du Royaume des Cieux et leur donne la force de l'accomplir par leur engagement au quotidien. Amen
Le Seigneur soit avec vous !
✍🏾 Caetano de Jésus, stagiaire Missionnaire d'Afrique
Paroisse de Nioro du Sahel
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Sénégal: Oulimata Sarr, nouvelle ministre de l'Économie

 
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C'est l’une des surprises du nouveau gouvernement sénégalais annoncé samedi 17 septembre : la nomination d’Oulimata Sarr au ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, en remplacement d’Amadou Hott. C’est la première fois qu’une femme occupe ce poste dans le pays. Un portefeuille très stratégique, sur fond de crise économique mondiale, et un défi pour celle qui était jusqu’ici directrice régionale d’ONU Femmes pour l’Afrique de Ouest et Centrale, sans ancrage politique.

Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac

« Quand elle s’est rendue à Touba, pour la fête mouride du Grand Magal, on s’est dit que ce n’était pas un hasard, qu’elle était en campagne », raconte une ancienne collègue d’ONU Femmes. Quelque 48 heures plus tard, Oulimata Sarr faisait son entrée au gouvernement.

« Elle a gravi rapidement les échelons et a vraiment dynamisé l’organisation », « c’est quelqu’un qui fait bouger les lignes », poursuit notre interlocutrice. « Engagée », « impliquée », « battante », « efficace »… Nombreux sont ceux qui se disent « admiratifs » de son parcours.

► À lire aussi : Sénégal : un nouveau gouvernement «de combat» et «de défis» prend place

Après un début de carrière dans l’audit, chez Ernst & Young, puis un poste de directrice financière d’une compagnie aérienne en Afrique du Sud, Oulimata Sarr a passé dix ans à la Société financière internationale, au sein du groupe de la Banque mondiale, avant de rejoindre les Nations unies.

« Elle vient d’une autre planète. Les institutions internationales et la gestion de l’État, ce n’est pas le même monde », estime pour sa part un sceptique, surpris qu’Oulimata Sarr ait sauté le pas. « Pourra-t-elle apporter un nouveau souffle, alors que ce gouvernement a une durée de vie limitée, en vue de la présidentielle prévue en février 2024 ? », s’interroge un observateur.

La ministre de l’Économie travaillera en tout cas étroitement avec un homme du sérail, mais également nouveau dans le gouvernement : Mamadou Moustapha Ba, en charge des Finances et du Budget.

Burkina Faso : le balai citoyen dans le viseur de Paul-Henri Sandaogo Damiba ?

Militant de l’organisation de la société civile « Le balai citoyen », le Burkinabè Ollo Mathias Kambou a été interpellé et doit être poursuivi pour des écrits jugés « injurieux » à l’égard du régime en place. Des méthodes qui rappellent celle du régime de Blaise Compaoré.

Mis à jour le 7 septembre 2022 à 17:56
 
Damien Glez
 

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

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© Damien Glez

 

 

Le Balai citoyen ne saurait être taxé ni de complaisance naïve à l’égard des juntes qui peuplent l’histoire burkinabè contemporaine, ni d’acharnement contre les putschistes. Après l’insurrection populaire de 2014, cette organisation de la société civile épinglait le bénéfice du doute au treillis inopiné d’Isaac Zida, tandis qu’elle envoyait une fin de non recevoir à l’apparition du béret de Gilbert Diendéré, moins d’un an plus tard. Et le 24 janvier dernier, elle « prenait acte » du coup d’État du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR)…

« Vigilance » et « alerte » étant les maîtres-mots du Balai citoyen, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba n’aurait pas dû confondre « bienveillance » et « blanc-seing ». Car voici venu le temps du premier bilan sécuritaire dont le terme avait été fixé par les putschistes eux-mêmes. Si le président de la transition ne s’est pas dérobé à l’exercice de l’allocution – ce dimanche 4 septembre depuis Dori, dans la zone sahélienne du pays–, il devait accepter les décryptages critiques de ladite intervention radiodiffusée.

À LIREBurkina Faso : le lieutenant-colonel Damiba, l’anti-Goïta ?

Outrage au président

Au lendemain de cette adresse à la nation, jugée plutôt évasive, un membre de la coordination nationale du Balai citoyen participait à un programme de la télévision Oméga. Peu après l’émission, l’organisation perd la trace de Ollo Mathias Kambou. Elle apprend plus tard que le « balayeur » se trouve au service de recherches de la gendarmerie, à Ouagadougou, il semble avoir été arrêté « par des hommes en civil ».

Une manifestation est improvisée, ce mardi 6 septembre au matin, devant les locaux de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) où le disparu aurait été transféré. Ses avocats annoncent que Kambou aurait été présenté au procureur du Faso, placé sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco), en vue de poursuites pour « outrage au président du Faso », après des publications jugées « injurieuses » sur les réseaux sociaux.

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Méthodes du passé

Quelques jours après l’incendie du véhicule de Serge Bayala, autre figure historique du Balai citoyen, l’heure des bilans rendrait-elle nerveux certains dirigeants ? Si d’autres organisations de la société civile avertissent que les critiques acerbes contre les corps habillés démoralisent les troupes et compromettent la lutte contre les terroristes, l’arrestation de Ollo Mathias Kambou apparaît bien cavalière, la procédure bien expéditive et l’incarcération bien radicale. Quant au motif, il mérite d’être éclairci. Est-ce le #7moisPourRien propulsé par l’interpellé qui a froissé les autorités ou l’appel lancé au président à « libérer le plancher au plus vite » ?

Même vêtu d’un trompe-l’œil constitutionnel, le régime d’exception semble oublier que le délit d’offense au chef de l’État était le joujou favori de Blaise Compaoré, celui-là même que Paul-Henri Damiba vient de rencontrer en Côte d’Ivoire. Celui-là même qui fut « balayé citoyennement » en 2014…

Sous-catégories

Créer des liens! A des degrés différents, nous appartenons tous à cette grande famille des Missionnaires d'Afrique, fondée par le Cardinal Lavigerie. Comme dans toutes les familles, il est normal que nous échangions les nouvelles des uns et des autres, surtout que cette famille est dispersée sur tout le continent africain. Voilà le but de ce bulletin écrit par les Missionnaires d'Afrique, Pères et Soeurs, pour eux-mêmes, leurs familles et leurs amis. 

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Une des grandes orientations du concile Vatican II était la prise de conscience que l'Église est d'abord le Peuple de Dieu, le Peuple de Dieu en marche vers les promesses du Royaume. Les chrétiens ne sont pas les seuls en marche sur cette route. Tous les hommes sont sur une même route du fait qu'ils ont une origine commune et que, selon le plan de Dieu, leur destinée est la même pour tous. Nous sommes en chemin avec tous nos frères et sœurs, quelles que soient leur foi ou leurs convictions.

Notre vocation de chrétiens, Peuple de Dieu au Mali, n'est autre que de contribuer à donner sens, dynamisme et joie à la marche de tous les Maliens. Être chrétien au Mali, c'est aussi accepter de vivre en permanence une grande tension intérieure : chercher l'harmonie, vivre en parfaite convivialité avec ceux que le Seigneur nous a donnés comme compagnons de route, et en même temps rester un défi, une interpellation pour eux. Pour assumer cette tension, le Centre "Foi et Rencontre" veut apporter sa modeste contribution.

La revue « En chemin » se veut donc un lien entre chrétiens, musulmans et autres croyants.

La Province des Missionnaires d’Afrique du Mali vient de faire naître un bulletin qui s’appellera « Les Cahiers Justice et Paix ». Nous souhaitons que ces cahiers soient un moyen d'information, de communication et de sensibilisation, pour tous les confrères de la Province, sur tous les sujets qui concernent Justice et Paix.