Comment Air France prépare son retour en Afrique

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Airbus A350 d'Air France, utilisé notamment pour les dessertes Paris-Dakar-Paris.

Malgré les restrictions imposées par l’UE, la compagnie a repris cette semaine ses vols vers Abidjan et poursuit les discussions avec d’autres capitales africaines.

« Une douche froide ». C’est ainsi que certains bons connaisseurs du ciel africain qualifient la publication le 1er juillet par l’Union européenne de la liste des pays dont les ressortissants sont autorisés à pénétrer dans l’espace Schengen.

« Concentrée sur son remaniement ministériel, la France n’a pas su défendre les pays africains » regrette une source proche des négociations, alors que l’Allemagne et la République tchèque ont bloqué l’extension de la liste aux pays subsahariens.

Un seul figure toutefois dans la liste : le Rwanda, qui ne fait pas partie des destinations desservies par le groupe Air France-KLM…

Reprise partielle des liaisons

Selon les informations de Jeune Afrique, Air France peut continuer « à titre exceptionnel » à desservir des destinations qui ne sont pas incluses dans la réglementation, avec l’accord du pays et à condition que les passagers concernés fassent valoir un motif particulier (statut de résident, liens familiaux…).

En vertu du principe de réciprocité, le Sénégal, le Gabon et l’Algérie ont fermé la porte aux citoyens européens, la Côte d’Ivoire et le Bénin ont eux ouvert leur espace aérien, sans appliquer de pareilles restrictions. La liste de l’UE devrait être réactualisée le 15 juillet.

Pour sa part, Air France a déjà repris ses liaisons vers Abidjan, Cotonou, Douala, Yaoundé, Libreville, en tenant compte des restrictions éventuelles concernant les passagers admissibles dans chaque pays. Elle se prépare toutefois activement en prévision d’un retour « à la normale » dans les capitales africaines.

Ses délégués régionaux mènent des discussions avec les ministres des Transports et les aviations civiles de chaque pays

D’abord, d’un point de vue opérationnel, en préparant la remise en route d’appareils qui n’ont pas volé pendant plusieurs mois.

Ensuite, au travers de ses délégués régionaux qui mènent des discussions avec les ministres des Transports et les aviations civiles de chaque pays, évaluant la situation épidémique, la capacité à remettre des vols aussitôt que les conditions sanitaires seront levées. Des échanges qui se poursuivent en parallèle au plus haut niveau avec les présidences.

Regagner la confiance des voyageurs

D’après nos informations, la compagnie a chargé son ancien directeur des relations extérieures pour l’Afrique, le consultant Guy Delbrel, depuis longtemps facilitateur des relations entre la compagnie et les pays africains, de mener à bien les contacts.

Il importe au transporteur de ne pas froisser les interlocuteurs

C’est ainsi qu’a été préparé le retour des vols commerciaux d’Air France le 6 juillet avec le ministre ivoirien des Transports Amadou Koné, les dirigeants de l’aviation civile et des proches du président Ouattara et que les échanges se sont aussi poursuivis avec l’entourage de son homologue sénégalais Macky Sall.

S’il s’agit de bien mettre au point les procédures sanitaires, il importe aussi, au transporteur français, de ne pas froisser les interlocuteurs. La diffusion en mai sur les réseaux sociaux d’un faux visuel concernant la reprise des vols d’Air France sur le continent avait suscité le courroux des autorités à Dakar, obligeant Air France à clarifier la situation.

Si les cabines sont encore loin d’être remplies, la compagnie devra aussi regagner la confiance des voyageurs, qui ne sont pas tous prêts à remonter dans un avion. Et les passagers devront se montrer patients devant les contrôles sanitaires prévus à l’arrivée, avec un temps d’attente particulièrement long dans plusieurs aéroports du continent. Très attendu, le retour d’Air France en Afrique ne s’annonce pas de tout repos.