Plus de 2 millions de personnes

menacées par la famine au Burkina Faso

Vatican News, 07 juillet 2020

Burkina

Dans un camp de déplacés internes à Kaja, Burkina Faso, le 22 janvier 2020

Caritas Internationalis lance un appel d'urgence pour aider les personnes déplacées au Burkina Faso à survivre à la grave crise alimentaire. Selon l’organisation catholique, si aucune aide n'est fournie, plus de 2,2 millions de burkinabè risquent de mourir de faim dans les mois à venir en raison des conflits en cours et des conditions climatiques extrêmes.

En cette année 2020, le nombre de personnes touchées par une très grave pénurie alimentaire est trois fois plus élevé que l'année dernière au Burkina Faso, constate Caritas Internationalis dans un communiqué publié le 1er juillet dernier.

Ce pays enclavé d'Afrique de l'Ouest est devenu l'épicentre d'un conflit régional dramatique qui a provoqué le déplacement de plus d'un million de personnes. Il n'y a pas si longtemps encore, la paix régnait au Burkina Faso, mais depuis maintenant quatre ans, des groupes armés opérant le long de la frontière nord et dans l'est du pays continuent de tuer et de terroriser les citoyens. Une grande instabilité en résulte, se traduisant par l'une des vagues de déplacement les plus rapides au monde, avec des centaines de milliers de personnes sans nourriture, eau ou abri.

«Le monde a oublié la crise du Sahel», regrette le directeur de Caritas Burkina Faso, le père Constatin Sere, selon qui «des pays comme le Burkina Faso sont confrontés à une série de défis et sans aide, les gens vont souffrir terriblement. Les personnes déplacées n'ont pas accès à la nourriture ni à l'eau, qui est essentielle à la fois pour la boisson et l'hygiène personnelle».

Le père Sere note également qu'à l'approche de la saison des pluies, les conditions des personnes déplacées deviennent encore plus critiques car la plupart d'entre elles n'ont pas d'abri adéquat pour faire face aux tempêtes, aux vents forts et aux inondations qui vont suivre dans les trois à cinq prochains mois.

Comme l’explique le prêtre, tous les Burkinabè et les personnes déplacées en particulier continuent d'espérer la paix et le retour à la normale. «Si vous demandez à une personne déplacée ce qu'elle souhaite le plus, elle vous répondra qu'elle veut retourner dans son village d'origine. Je crains que cela ne se produise pas de sitôt, car la violence ne diminue pas. Malgré l'engagement de l'État, les groupes armés de notre pays continuent à semer la terreur et à briser des vies», constate-t-il.

Un projet pour tenter de secourir la population

Le nombre de personnes menacées par la famine à court-terme est très élevé, représentant 11% de la population, «Entre juillet et août, 2,2 millions de personnes au Burkina Faso risquent de mourir de faim. L'avenir est inquiétant, mais nous continuons à mettre notre foi en Dieu et en l'amour de nos frères et sœurs dans le monde entier», ajoute le père Sere.

Caritas a donc lancé un projet de 600 000 euros pour fournir aux personnes déplacées et à leurs familles d'accueil une aide alimentaire et une contribution économique jusqu'à la fin octobre 2020. Le projet, qui vise à aider environ 50 000 personnes, sera principalement concentré dans les diocèses de Kaya, Fada N'Gourma, Nouna et Dédougou.

Les colis alimentaires offerts à environ 1 500 familles contiendront suffisamment de nourriture pour un mois et comprendront: 50 kg de riz, 50 kg de sorgho ou de millet, 25 kg de haricots, 5 litres d'huile, 2 kg de sel et 5 000 francs centrafricains que les gens pourront utiliser pour acheter des denrées périssables. Au nom de Caritas Burkina, le père Sere remercie tous ceux qui entendent aider la population locale.

es Sud-Soudanais attendant une aide du PAM, le Programme alimentaire mondial, le 4 février 2020. 

 

9 ans après son indépendance,

le Soudan du Sud est épuisé et affamé

 

Sousan

Vatican News,08 juillet 2020

Dans un rapport publié à la veille du neuvième anniversaire de l’indépendance sud-souda-naise, Caritas Italie dresse un triste état des lieux du plus jeune État du monde.

Une population épuisée par la guerre et affamée par la pandémie : c'est la photographie dramatique prise par Caritas Italiana au Soudan du Sud, à l'occasion du neuvième anniversaire de l'indépendance du pays, obtenue le 9 juillet 2011. Le constat de l'organisation est sans appel : «Une guerre civile qui a fait des centaines de milliers de morts ; une population épuisée et en fuite avec des millions de personnes déplacées et de réfugiés qui pèsent sur des pays voisins tout aussi fragiles ; un territoire dépourvu d'infrastructures importantes et de ressources naturelles riches qui ne parviennent pas à garantir la sécurité et la stabilité ; un processus de paix lent, entre la signature d'accords et de cessez-le-feu jamais respectés, sans cesse repoussés et conduisant toujours à de nouveaux affrontements dont les conséquences sont payées par tant de pauvres ; une crise parmi les plus oubliées».

Caritas rappelle par ailleurs les nombreux appels lancés par le Pape François et l'Église locale qui «ont élevé la voix, appelant au pardon et au dialogue pour surmonter les divisions ethniques et les intérêts de quelques-uns et pour revenir à l'unité nationale». Tout cela alors que «la pandémie de Covid-19 augmente la faim, plus qu'elle n'affecte les quelques hôpitaux».

Pour un avenir moins obscur, Caritas propose une réconciliation au niveau politique, militaire et communautaire, la transparence dans la gestion des ressources naturelles, la lutte contre la corruption et un plus grand investissement dans les infrastructures et les services primaires, en donnant la «priorité aux jeunes et aux femmes en tant qu’acteurs du changement». 

Les violences malgré un accord de paix 

Au Soudan du Sud, malgré les progrès vers l'application de l'accord de paix, les violences intercommunautaires se poursuivent dans ce pays regorgeant d'armes, où elles ont fait 658 morts et 452 blessés au premier trimestre 2020, selon les Nations unies.

Après des mois de négociations, les deux rivaux, Salva Kiir et Riek Machar, ont accepté en février dernier de former un gouvernement d'union nationale, afin d'en finir avec une guerre civile qui a fait en six ans plus de 380 000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique. La formation d'un gouvernement d'union nationale était le point clé de l'accord de paix conclu en septembre 2018 à Addis Abeba. Depuis, la principale pomme de discorde était le contrôle des 10 États que compte le pays, en particulier ceux produisant du pétrole, principale source de richesse du pays. Mercredi 17 juin, le président et le vice-président ont conclu un accord pour le partage de ces zones. Ceux qui ont commis des violences devront rendre compte à Dieu, avertissait en juin dernier le Conseil des Églises du Soudan du Sud (Sscc). 

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