ST-SIÈGE À ONU:
RÉFORMER LE COMMERCE MONDIAL EST UN "IMPÉRATIF MORAL"

Eglise et mission, Brief

« Les intérêts de certains secteurs des principaux pays développés ont prévalu sur le bien commun, creusant encore davantage le préoccupant fossé qui sépare déjà les pays riches des pays pauvres » a déclaré hier au Palais de Verre de l’Onu Mgr Celestino Migliore, observateur permanent du Vatican auprès des Nations unies, durant les travaux de l’Assemblée générale. Le Saint-Siège dénonce la lenteur des négociations internationales sur le commerce, avec de graves conséquences sur les pays les plus pauvres et sur la paix et la stabilité mondiale. « Alors que ces 5 dernières années plusieurs opérations militaires de vastes proportions ont été entreprises, a dit Mgr Migliore, dont le discours est diffusé aujourd’hui par le St-Siège, il n’y a pas eu de progrès significatifs dans la réforme du commerce international » lancée avec les négociations de Doha (Qatar, 2001), causant de lourdes conséquences sur les pays en voie de développement.

Selon le prélat, il y a peu d’espoir aujourd’hui de voir atteindre les objectifs du millénaire d’ici 2015, qui comprennent notamment la diminution de moitié de la pauvreté dans le monde. Selon Mgr Migliore, la situation mondiale actuelle "présente des inégalités qui exigent une réflexion urgente". Le Saint-Siège critique ouvertement le soutien des pays riches "à leur propre secteur agricole" : les quelque 280 milliards de dollars octroyés par an correspondent à 10 fois plus que "le total des aides destinées chaque année à l’Afrique et est équivalent au revenu total de l’Afrique subsaharienne".

Pour le représentant du Vatican, il est nécessaire que les États reprennent les négociations "prêts à faire les sacrifices nécessaires pour instaurer des relations commerciales plus justes pour apporter une contribution substantielle à la cause de la paix et de la stabilité dans le monde". Concrètement, les pays les plus développés doivent "respecter l’engagement d’ouvrir leurs marchés et de cesser la vente à bas prix des excédents agricoles alimentées par les subventions".

L’urgence d’un véritable accord commercial international, a-t-il conclu, "est un impératif moral qui ne peut être renvoyé sous peine de se retrouver face à de graves conséquences, comme des mouvements incontrôlés de populations, des dégâts à l’environnement irréparables, voire la diffusion du terrorisme et des conflits armés".

© 2006 MISNA
18/10/2006