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Oumar Toguyeni (Iamgold) : « L’Afrique de l’Ouest reste au cœur de notre stratégie »

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Mis à jour le 14 juin 2021 à 14h43
Oumar toguyeni

Contenu local, départ du site malien de Sadiola, rendement de la mine burkinabè d’Essakane… Le vice-président du minier canadien, en exploration au Burkina Faso, au Mali, au Sénégal et en Guinée, défend sa stratégie.

À 59 ans, le Burkinabé Oumar Toguyeni, vice-président principal du groupe canadien Iamgold, en charge des affaires internationales et du développement durable, est une personnalité de premier plan du secteur minier aurifère africain.

Géologue expérimenté, passé d’abord par la mine d’or de Poura au Burkina Faso au milieu des années 1990, puis par la société Billiton Metals, au Burkina, en Guinée et aux Pays-Bas avant de rejoindre, en 2003, la compagnie d’aluminium Alcoa aux États Unis, il évoque pour Jeune Afrique les enjeux de l’exploitation minière et réaffirme la prépondérance de l’Afrique de l’Ouest dans la stratégie d’Iamgold, malgré la cession d’actifs au Mali en 2020.

Le groupe canadien, également actif en Amérique du Nord et du Sud, a produit 653 000 onces d’or en 2020 pour 223,2 millions de dollars de flux de trésorerie. Il vise une production située entre 630 000 et 700 000 onces d’or cette année.

>>> À lire sur Jeune Afrique Business+ : Iamgold va vendre à terme 15 % à 20 % de sa production d’or pour conforter ses finances

Jeune Afrique : Au Mali, au Burkina, au Niger… un peu partout en Afrique de l’Ouest, la fronde monte contre les sociétés minières, accusées de pillages des richesses nationales. Comprenez-vous cette colère ?

Oumar Toguyeni : C’est une perception qui, à mon avis, ne rend pas justice à la grande majorité des compagnies minières. D’abord, la plupart d’entre elles sont cotées sur les principales places financières, ce qui les astreint à des règles strictes de gestion, de gouvernance et de transparence. Leurs rapports de production sont passés à la loupe par les analystes et les investisseurs.

Ensuite, dans nos pays, les systèmes de contrôle à l’exportation en place comportent plusieurs niveaux de vérification, minimisant ainsi les risques de fraude. Savez-vous que, dans les États d’Afrique de l’Ouest, aucun lingot d’or ne peut sortir d’une mine industrielle pour expédition à l’extérieur sans la présence et le suivi tout au long du parcours des services concernés (mines et douanes), depuis la salle d’or jusqu’à la dernière porte de sortie qui est en général l’aéroport national ?

Enfin, il existe des organismes de vérification indépendants comme l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) qui édicte ses propres règles en la matière.

D’où vient donc ce sentiment ? 

Il est certainement dû, en grande partie, au manque d’information et de compréhension. J’évoquerai également l’absence de visibilité quant au mécanisme d’allocation ou d’investissement des revenus tirés du secteur minier par l’État.

En effet, la plupart des analystes se focalisent uniquement sur les contributions directes (taxes, impôts, redevance, etc.) versées au Trésor public, mais cela ne représente qu’une infime part de l’apport global. Il faudrait intégrer les apports indirects à l’économie nationale tels que les salaires, les achats de biens et services locaux, ainsi que les contributions en matière de RSE pour les communautés riveraines.

J’admets volontiers que des progrès sont encore nécessaires, notamment à travers le contenu local. Cela requiert que toutes les parties impliquées (État, sociétés minières, secteur privé local) jouent pleinement leur rôle.

Sur le plan du développement des communautés riveraines, nous assistons de plus en plus à la mise en place par les États d’un fonds minier de développement local financé par des taxes sur les exportations minières. Il s’agit maintenant de mettre en place les instruments nécessaires de gouvernance et de renforcer les capacités des récipiendaires afin que ces fonds contribuent effectivement à la réalisation des objectifs de développement humain durable.

Le spectre d’un désastre social et environnemental plane sur l’après-mine. Comment Iamgold prépare-t-il la fermeture et la réhabilitation de ses sites ?

Nous encourageons la réhabilitation progressive des zones exploitées, sans même attendre la fermeture de la mine. Nous développons actuellement une stratégie de transition vers le domaine de l’agrobusiness, bien entendu avec l’adhésion des communautés.

Il est vrai que, par le passé, on a pu voir de mauvais exemples à travers le monde, pas seulement en Afrique, de sites laissés à l’abandon après leur fermeture. Mais, depuis quelques années, on assiste à une nette amélioration des pratiques en matière de gestion environnementale pendant et après la vie de la mine.

Ces progrès ont été réalisés grâce aux efforts de toutes les parties prenantes – la veille citoyenne, les demandes des investisseurs, les évolutions réglementaires –, ainsi qu’à l’évolution même des mentalités au sein des compagnies minières.

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NOTRE JEUNESSE A LA CAPACITÉ D’ÊTRE PERFORMANTE AU PLUS HAUT NIVEAU SI ON LUI EN DONNE L’OPPORTUNITÉ

Les exigences de performances environnementales et sociales sont aujourd’hui incontournables. Dans tous les pays de la sous-région, l’obtention du permis d’exploitation est subordonnée à une étude d’impact environnemental et social incluant le plan de fermeture, qui doit être approuvée par les départements techniques compétents.

La question de l’emploi et de la nationalisation des postes à responsabilité dans le secteur minier représente aussi un enjeu important. Qu’avez-vous mis en place à ce niveau ?

Vous touchez là un point qui me tient vraiment à cœur, puisque j’appartiens à la petite minorité d’Africains qui a pu atteindre un certain niveau de responsabilité dans le secteur.

Ma conviction a toujours été que notre jeunesse en Afrique, quelles que soient les écoles d’où elle provient, a la capacité d’être performante au plus haut niveau si on lui en donne l’opportunité.

Fort heureusement, le secteur minier est en pleine mutation sur ce volet car je note que la plupart des compagnies mettent de plus en plus l’accent sur le développement et la promotion des nationaux à des postes à responsabilité.

À Essakane (province de l’Oudalan, nord-est du Burkina Faso), par exemple, nous avons mis en place, dès 2013, un Plan de relève (PDR) qui accompagne les employés nationaux méritants et leur apporte un suivi et un encadrement techniques et professionnels à travers un plan de développement individuel.

Cela leur permet, dans la plupart des cas, d’être promus aux postes précédemment occupés par des expatriés. Nous avons assisté, ces dernières années, à la promotion de centaines de cadres nationaux, et aujourd’hui 97  % de notre main d’œuvre est burkinabè.

L’État a également un rôle prépondérant à jouer en mettant en place la réglementation nécessaire et en assurant un enseignement de qualité, au niveau professionnel autant qu’universitaire, dans les diverses spécialités dont le secteur a besoin : géologues, mineurs, mécaniciens, électriciens, financiers, etc. Toutes ces compétences sont nécessaires pour exploiter et développer une mine.

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NOUS AVONS CÉDÉ NOTRE PARTICIPATION DANS LA MINE DE SADIOLA FAUTE DE TROUVER LA BONNE FORMULE AVEC NOS PARTENAIRES

Comment les États peuvent-ils se servir du boom minier comme tremplin pour transformer leurs économies ?

L’exploitation du secteur minier peut servir de tremplin pour le développement économique et social, à condition que les autorités l’intègrent dans leur stratégie.

Il serait, par exemple, envisageable d’utiliser les besoins en énergie des mines en construction, qui sont souvent situées dans des régions reculées, pour connecter la région hôte au réseau électrique national afin que les populations en bénéficient également. Idem pour les hôpitaux, les infrastructures routières, la formation professionnelle, etc.

Iamgold s’est retiré de Sadiola au Mali. Quelles sont les grandes lignes de votre stratégie en Afrique de l’Ouest ?

Nous avons cédé notre participation dans la mine de Sadiola parce que, malheureusement, nous n’avons pas pu trouver la bonne formule avec nos partenaires [l’État du Mali et AngloGold Ashanti], pour la seconde vie de la mine. Dans ces conditions, il était préférable de se retirer au profit d’autres opérateurs qui, je l’espère, assureront la continuité de la vie de cette mine exceptionnelle.

Mais nous sommes toujours présents au Mali, notamment avec nos projets au sud de Kenieba, et l’Afrique de l’Ouest restera longtemps encore au cœur de la stratégie globale, notamment du fait de notre histoire qui a débuté au Mali, dans les années 1990, avec la mine de Sadiola.

Les performances de la mine d’Essakane, au Burkina Faso, en font le fer de lance du groupe et une des plus belles mines dans la région.

En termes de stratégie, nous avons un pipeline d’actifs solides, à commencer par le projet Boto, au Sénégal, pour lequel les travaux d’infrastructures sont en cours, notamment la route d’accès de 70 km,  ainsi qu’un certain nombre de permis de recherche et d’exploration prometteurs au Burkina Faso, au Mali, au Sénégal et en Guinée.

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IL FAUT ARRIVER À UNE CERTAINE DÉMOCRATISATION DE L’ACTIONNARIAT MINIER

La Cedeao tente d’asseoir un code minier unique applicable dans ses pays membres. Cela est-il perçu par les investisseurs miniers comme une bonne nouvelle ?

A priori oui. De nombreux groupes miniers, dont Iamgold, sont présents dans plusieurs pays simultanément et à différents stades : prospection, exploration, exploitation, etc.

L’instauration d’une réglementation communautaire harmonisée en matière de fiscalité, d’environnementaux et de droits sociaux pourrait booster les investissements. À condition toutefois de maintenir la compétitivité de la région, un aspect crucial pour continuer à attirer les investissements directs étrangers dans le secteur.

Faut-il encourager les investisseurs nationaux ou régionaux à miser sur les mines, comme le font Ecobank, Oragroup, Coris Bank ou encore Bank of Africa ?

Absolument ! Au cours de dernières années, certaines banques locales ont investi dans des projets miniers de la sous-région, allant ainsi au-delà de la réception simple des recettes d’exportation. Leurs possibilités sont très importantes, aussi bien en termes de financement de projets, d’options de financement ou de leasing des équipements – c’est ce qui a été fait pour notre mine Essakane.

Il faut aussi arriver à une certaine démocratisation de l’actionnariat minier, afin que le citoyen lambda puisse acheter des actions ou des obligations dans les sociétés minières par le canal d’institutions financières locales.

Certains États ont inclus, dans leur code minier, la possibilité pour l’État ou le privé national d’acquérir entre 10 et 25 % du capital des sociétés d’exploitation minière. Pourquoi ne pas trouver une formule pour lister ces actions sur le marché de la BRVM afin que les personnes physiques ou morales puissent les acquérir, comme c’est le cas actuellement pour les actions des compagnies de télécommunication ?

Mali : alliés politiques, proches… Qui épaule le Premier ministre Choguel Maïga ?

| Par Jeune Afrique
Mis à jour le 13 juin 2021 à 17h34
La garde rapprochée de Choguel Maïga.


La garde rapprochée de Choguel Maïga. ©

Avant d’accéder au cœur du pouvoir, le chef du gouvernement s’est entouré d’hommes aux parcours politiques très différents, dont certains ont été nommés ministres le 11 juin.

Nommé Premier ministre le 7 juin dernier, Choguel Kokalla Maïga, 63 ans, vient sans doute de remporter la plus grande victoire de sa carrière politique. Souvent décrit comme intransigeant, voire clivant à cause de ses prises de positions, cet animal politique devra désormais troquer son costume d’opposant au sein du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) pour se montrer plus rassembleur.

Il pourra compter sur sa parfaite connaissance de l’échiquier politique malien puisque tout au long de sa carrière, le nouveau chef du gouvernement a travaillé avec les différents régimes. S’il se revendique de Moussa Traoré, il a été ministre de l’Industrie et du Commerce de Amadou Toumani Touré (ATT) puis, de l’Économie numérique, de l’Information et de la Communication d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Au cours des huit prochains mois de la transition, Choguel Maïga aura la lourde tâche de réconcilier les maliens, qui ne fondent plus beaucoup d’espoir en leurs dirigeants. Il devra également organiser des élections « libres et transparentes. »

Selon de nombreux observateurs de la vie publique malienne qui l’ont fréquenté, « Choguel n’a pas de véritables amis en politique », mais le Premier ministre pourra compter sur ses alliés, des alliés de circonstance, majoritairement issus du M5.


Professeur à l’Université des sciences politiques et juridiques de Bamako (USJPB), Ibrahima Ikassa Maïga est présenté comme le bras droit de Choguel Maiga au sein du M5. C’est à ses côtés que le 9 juin, le président du comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a rencontré pour la première fois dans son nouveau costume de Premier ministre, Goodluck Jonathan, médiateur de la Cedeao au Mali.

Le rapprochement entre les deux hommes s’est fait de manière progressive au sein du M5-RFP, où Ibrahim Ikassa Maïga a désormais le rôle de coordinateur national. Orateur reconnu par ses pairs, Ibrahima Ikassa est un atout de poids pour le nouveau Premier ministre, car il appartient à l’une des plus grandes formations politiques du pays.

Il est le troisième adjoint au secrétaire chargé de la justice et des institutions au sein de l’Union pour la république (URD), parti longtemps présidé par Soumaïla Cissé, jusqu’à son décès en décembre 2020.

Il a été nommé le 11 juin ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions.

À 64 ans, Mountaga Tall a une longue carrière politique derrière lui. Candidat malheureux à l’élection présidentielle de 1992 à seulement 35 ans, il se représentera en 2002 où il essuiera un autre échec. Progressiste, il est le fondateur du Comité national d’initiative nationale, l’association politique qui a été la première à demander ouvertement l’instauration du pluralisme démocratique au Mali.

Mountaga Tall fut un fervent opposant à Moussa Traoré (décédé en 2020), auquel Choguel vouait un culte. Entre cet enfant de Ségou et le Premier ministre malien, s’est écrit une histoire d’alliances de circonstances nouées au gré des opportunités.

Déjà en 2002, les deux hommes s’étaient rapprochés de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ), la formation au pouvoir, afin d’affaiblir Ibrahim Boubacar Keïta, alors président du perchoir. Fort de cet accord, le Rassemblement pour le Mali (RPM) de ce dernier a perdu tous ses postes au sein du bureau de l’Assemblée. IBK s’y est retrouvé isolé et confronté à un climat pour le moins hostile à son égard.

Bis repetita en 2020, leur alliance au sein du M5 ayant contribué à la chute du président IBK. Si l’on dit que les deux hommes ne s’apprécient guère, ils mettent à chaque fois de côté leur rivalité pour arriver à leurs fins. À tel point qu’aujourd’hui, commente un observateur, « Choguel ne peut rien faire sans Mountaga, et vice-versa ».

Au fil du temps, Jeamille Bittar s’est imposé comme un allié incontournable du M5, en devenant lui aussi porte-parole du mouvement, après le départ de certains piliers comme Issa Kaou Djim. Il y a consolidé sa place, après le divorce entre la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS) et le M5. Cet homme d’affaires aguerri a en effet proposé au mouvement de mettre à sa disposition les locaux de l’une de ses entreprises à Sogoniko – le M5 en a ensuite fait son siège.

Tout au long de sa carrière, cet ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali et du Conseil économique et social a su allier business et politique. Il a un temps appartenu à la famille politique d’Amadou Toumani Touré, en occupant le siège de premier vice-président du Parti pour le développement économique et social (PDES) puis, en devenant candidat du parti lors de l’élection présidentielle de 2013. Aujourd’hui, Bittar marche sur les pas de Choguel Maïga chez qui il dîne régulièrement.

Ancien ambassadeur du Mali en Mauritanie, il est sans aucun doute le « monsieur diplomatie » de l’entourage du nouveau Premier ministre. Il a lui aussi a assisté à la première rencontre entre l’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan et le Premier ministre Choguel Maïga.

Les deux hommes se sont rencontrés il y a plus d’un an au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) – un regroupement de partis politiques issus de l’opposition – d’abord présidé par Soumaïla Cissé. Il fut très proche du président de l’URD, dont il a activement soutenu la libération.

Le 11 juin, il a été nommé conseiller spécial de Choguel Maïga.


Mohamed Lamine Haidara dit « Mao » est sans nul doute l’un des politiques qui lui est le plus fidèle. « C’est lui qui a façonné Choguel », remarquent certains observateurs.

La relation entre les deux hommes remonte au début des années 1990. En 1994, Mao qui était l’un des plus grands soutiens du jeune Choguel, s’est fait arrêter par le pouvoir en place pour corruption foncière. Choguel Maïga est alors monté au front, pour dénoncer une machination politique visant à éliminer le seul maire de Bamako n’appartenant pas à l’Adema, le parti de la majorité présidentielle.

Celui qui allait devenir Premier ministre a alors appelé à la mobilisation des jeunes dans le quartier de Quinzambougou, situé dans la commune 2, pour demander la libération de son allié.Après avoir intégré le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif au Mali, l’imam de Missabougou fut l’un des premiers à en claquer la porte début décembre 2020, estimant que celui-ci ne répondait pas à ses attentes. Ce retrait de ce proche de l’influent Mahmoud Dicko avait par la même occasion conduit à sa démission au sein de la CMAS.

Si, à l’époque, son entrée au CNT avait suscité l’incompréhension chez ses camarades du M5, il s’est depuis de nouveau rapproché du mouvement. Le 4 juin dernier, c’est lui qui a dirigé la prière à l’occasion du rassemblement célébrant le premier anniversaire de la contestation menée par le M5-RFP. Sa proximité avec Choguel Maïga lui a valu d’être nommé le 11 juin, ministre délégué chargé de l’Action humanitaire auprès du ministre de la Santé.

Surpêche en Afrique de l’Ouest : la véritable ampleur du pillage des Européens et des Asiatiques

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Mis à jour le 11 juin 2021 à 17h29
Photomontage : JA Crédits : Rex/Shutterstock
© Photomontage : JA Crédits : Rex/Shutterstock

Piller les ressources de poissons sauvages pour nourrir les poissons d’élevage : tel est le paradoxe dont est victime l’Afrique de l’Ouest, dont les richesses halieutiques sont surexploitées par les Européens et les Asiatiques. Quelle est l’ampleur de cette prédation ? Réponse en infographies.

La surconsommation des pays du Nord provoque souvent des situations paradoxales. Après avoir pillé leurs propres ressources halieutiques, les Européens et les Asiatiques sont d’abord allés pêcher un peu plus loin, puis jusqu’à l’autre bout du monde. Puis ils se sont tournés vers l’aquaculture et la pisciculture, l’élevage industriel de poissons et de crustacés. Sauf que ce mode de production, qui domine désormais le marché mondial, est très souvent critiqué pour la pollution qu’il engendre. Créé pour pallier l’épuisement des ressources induit par la surpêche, il est en outre paradoxalement particulièrement vorace et participe à vider les océans des petits poissons sauvages. Pêchés en masse, ceux-ci sont transformés en farine et en huile, qui servent de base à l’alimentation d’animaux d’élevage et de compagnie…

Il faut « nourrir le monstre », pour reprendre le titre du rapport de Greenpeace et Changing Markets Foundation publié le 1er juin, quitte à déséquilibrer les écosystèmes locaux et à fragiliser la sécurité alimentaire des populations ouest-africaines. Chaque année, un demi-million de tonnes de petits poissons frais – des sardinelles et des bongas qui auraient pu nourrir 33 millions de personnes – sont ainsi pêchés au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest pour être transformés en nourriture destinée aux saumons de Norvège, aux truites de Chine ou aux cochons de France.

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UN BUSINESS FLORISSANT, MAIS DESTRUCTEUR ET OPAQUE

Réputées jusqu’à présent très poissonneuses, et peu surveillées, les eaux du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie sont devenues les nouveaux « hubs » du marché mondial de farine et d’huile de poisson. En moins de dix ans, une trentaine d’usines de transformation ont ouvert leurs portes dans les trois pays. Au-delà du désastre écologique que cela représente pour la région, ce business prive surtout les populations côtières de leurs sources de revenus et de leurs ressources en protéines animales principales.

Un business florissant, mais destructeur et opaque, dont Jeune Afrique vous propose de comprendre les rouages et de mesurer l’ampleur en infographies.

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Sénégal, Côte d’Ivoire : qui est Wave, la fintech qui bouscule le mobile money ?

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Mis à jour le 10 juin 2021 à 17h59
En Côte Ivoire, le litige Wave/Orange est suivi de près.
En Côte Ivoire, le litige Wave/Orange est suivi de près. © Facebook Wave Cote d'Ivoire

Créée par deux Américains pour baisser les frais des transactions en mobile money, la start-up est sous le feu des projecteurs depuis qu’Orange tente de freiner son développement au Sénégal.

Les yeux rivés sur Free, Orange Sénégal ne semble pas avoir vu venir la menace Wave sur le segment du mobile money. Pris de court par l’offre ultra concurrentielle que propose depuis mai 2020 cette start-up américaine spécialisée dans les transactions à bas coûts, le leader des télécoms a décidé début juin de lui bloquer la possibilité de distribuer du crédit téléphonique via son application mobile et par code USSD.

Désaccord commercial

« Après plusieurs échanges avec l’opérateur téléphonique, un accord nous permettant de vendre du crédit directement ou par l’intermédiaire d’un grossiste agréé n’a toujours pas été conclu », a ainsi confirmé Wave dans un communiqué publié le 5 juin, annonçant aussi que l’Autorité de régulation des télécoms et des postes (ARTP) a été saisie pour « qu’une décision équitable puisse être prise ».

« Wave a dû demander de pouvoir avoir la même commission que le circuit normal de distribution d’Orange et ce dernier a refusé », analyse un bon connaisseur des télécoms sénégalaises.

Quelques heures après la missive de Wave, Orange s’est à son tour fendu d’un communiqué assurant que l’opérateur a fait des propositions « conformes à celles offertes à [ses] autres prestataires ». Le groupe de télécoms estime que Wave réclame un traitement particulier.

Frais de 1 %

Créé en 2011 par Drew Durbin et Lincoln Quirk, deux Américains installés à New York, et enregistré en 2016 à Dakar, Wave applique des frais fixes de transaction à hauteur de 1 % entre particuliers et épargne à ses utilisateurs des frais supplémentaires sur les paiements de factures en les reportant sur les entreprises – au contraire de son concurrent qui fait payer cette charge à ses clients.

Avec ce modèle, la start-up dirigée à Dakar par Coura Sène – une ancienne d’InTouch – a convaincu d’importants investisseurs d’entrer à son capital. Le français Partech et le prestigieux incubateur américain Y Combinator font ainsi partie de son tour de table, tout comme Founders Fund et Serena Ventures, deux sociétés californiennes de capital-risque. Au total, le service qui s’est lié aux banques UBA et Ecobank pour exercer au Sénégal a levé 13,8 millions de dollars depuis sa création.

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LES USAGERS SE SENTENT INSULTÉS CAR ILS PENSENT QUE PENDANT LONGTEMPS ORANGE LEUR A IMPOSÉ DES FRAIS ABUSIFS

Afin de s’aligner sur cette concurrence, Orange a décidé depuis le 1er juin de baisser ses frais de paiement de factures à 1 % et, pour compenser, de prélever à son tour un pourcentage sur les transactions entre particuliers, selon un principe de paliers calculé en fonction du montant envoyé (certaines transactions peuvent être ainsi taxées à hauteur de 10 %).

Cette baisse rapide et soudaine des prix ne passe pas à Dakar : « Les usagers se sentent insultés car ils pensent que pendant longtemps, Orange leur a imposé des frais abusifs », témoigne un entrepreneur dakarois.

Un litige qui va durer

Le litige entre Wave et Orange est désormais dans les mains du régulateur des télécoms. Cela ne veut pas dire que la question sera rapidement réglée : « En principe, cette affaire concerne un contrat commercial de distribution de gré à gré qui n’est pas régulé, [donc la démarche de Wave] est étonnante », confie à Jeune Afrique Fabrice André, directeur général adjoint de Sonatel.

Pour Sonatel, l’objectif est donc de miser sur l’absence de régulation du secteur du mobile money au Sénégal.

« L’ARTP pourrait bien se déclarer incompétente, car le marché qui est impacté par le comportement d’Orange GSM n’est pas le marché des télécommunications, mais celui du mobile money, confirme un spécialiste sénégalais de la régulation des télécoms, également dirigeant d’un opérateur panafricain. En soi, la discrimination n’est pas une pratique proscrite lorsqu’on arrive à démontrer que les deux entités discriminées n’appartiennent pas la même famille », poursuit-il.

Mais si le régulateur télécoms se déclarait incompétent, cette affaire complexe pourrait remonter au niveau de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ou encore retomber dans le droit commun au niveau de l’Autorité de la concurrence.

« La seule certitude que j’ai, c’est qu’Orange Money a été sérieusement bousculé par Wave et est en train de recevoir un coup de main de Orange GSM pour essayer de contenir la vague bleue [de l’identité commerciale de Wave] », estime notre expert de la régulation.

Même concurrence en Côte d’Ivoire ?

En Côte d’Ivoire, où Wave s’est lancé en avril 2021, le litige sénégalais est surveillé de près. « Chaque pays à son propre modèle de distribution. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, nous pratiquons le zonage via quatorze distributeurs exclusifs avec lesquels nous travaillons depuis près de quinze ans. Les contrats ont été renouvelés en octobre 2020 et Wave n’a pas soumissionné », indique Mamadou Bamba, directeur général d’Orange Côte d’Ivoire.

Service encore récent dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, Wave est en pleine opération de communication pour se faire connaître. Le 25 mai, l’application a organisé un panel à Abidjan autour du rôle des fintech dans l’inclusion financière.

Aux côtés de Daniel Ahouassa, cofondateur du groupe de media en ligne Weblogy, le cofondateur de Wave Drew Durbin ainsi que Coura Sène et Bruno Belinga, directeur des opérations de la fintech, en ont profité pour promouvoir leur modèle.

À Adetikope, le Togo s’imagine un futur industriel

| Par - Envoyé spécial à Lomé
Mis à jour le 07 juin 2021 à 20h44
Faure Gnassingbè lors de l’inauguration de  la plateforme industrielle d’Adetikope, le 6 juin 2021.
Faure Gnassingbè lors de l'inauguration de la plateforme industrielle d’Adetikope, le 6 juin 2021. © Emmanuel Pita/ROT

Forte de son emplacement stratégique sur l’axe Lomé-Ouagadougou, la plateforme sortie de terre en moins d’un an doit désormais convaincre une masse critique d’entrepreneurs et industriels.

Pour rejoindre le canton d’Adetikope (prononcer « adétikôpè »), où le président Faure Gnassingbè a inauguré le 6 juin la « première plateforme industrielle du Togo », il faut d’abord réussir à s’extirper de la capitale, de ses trapézistes de la route à moto et de ses feux tricolores à l’ivoirienne, c’est-à-dire optionnels.

Prendre ensuite la direction nord, sur la route nationale 1 dite Lomé-Cinkassé (près des frontières du Burkina et du Ghana), passer l’université nationale, puis l’ambassade des États-Unis et son drapeau bleu, blanc cassé et ocre, la retranchée délégation de l’Union européenne, enfin les austères enclos de l’État-major général des armées et continuer encore une bonne dizaine de kilomètres.

Plus de 300 invités ont fait le déplacement pour cette rencontre – « un événement historique » selon la formule du ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale, Kodjo Adedze – qui s’est achevée sur un spectacle de drones aux couleurs du Togo.

Harouna Kaboré, le ministre burkinabè du Commerce représentant le président Roch Marc Christian Kaboré, Ade Ayeyemi, DG du groupe bancaire panafricain Ecobank, ou encore Thierry Déau, patron du fonds d’investissement Meridiam et partenaire de la branche terminaux portuaires d’Arise, étaient ainsi de la partie.

Un bref moment de gloire

Adetikope, village fondé au XIXe siècle par un chef local, Assimadi Wodenou, et dont un descendant (Togbi Assimadi Yawovi Wodenou II) était encore en décembre dernier chef du canton qui en tire son nom, apparaît dans les archives coloniales en 1951, lorsque les rapporteurs français notent avec dépit qu’un puits foré dans le secteur n’a fourni qu’une eau « très saumâtre ».

En termes d’industrie, le canton connaît un bref moment de gloire au début des années 1990 quand Cerekem Exotic Togo, filiale d’un groupe danois spécialiste des plantes aromatiques, y implante un complexe agro-industriel de 45 hectares employant 400 personnes.

Les prix aux producteurs (100 F CFA le kg de basilic, 380 F celui de ciboulette, 180 F pour l’aneth en 1999) suffisent un temps à encourager les paysans à se détourner des cultures maraîchères locales, mais l’aventure tourne court. En 2006, le repreneur français de ces activités, Darôme, propriétaire de la marque Daregal, jette l’éponge, pointant la faiblesse des rendements, le coût des intrants, la défaillance dans la chaîne de transport

Faire d’un bout de rêve une réalité

C’est là pourtant qu’en moins d’un an a été érigée la Plateforme industrielle d’Adetikope (PIA), au coût estimé entre 150 et 200 millions d’euros, sur un espace de 400 hectares, selon les promoteurs du projet : l’État du Togo (35 %) et Arise IIP (65 %), dirigé par Gagan Gupta.

Pour ce dernier, qui a fait ses armes au sein du géant singapourien de l’agro-industrie Olam, au Gabon notamment, avant de développer les « verticales » du groupe Arise (ports et logistiques, services aux infrastructures, plateformes industrielles intégrées -IIP), « peu de pays ont réussi à faire d’un bout de rêve, une réalité ».

Si PIA, le jour de son inauguration ne compte qu’une vingtaine de conteneurs épars et des centaines d’espaces de parking vides, pour ses promoteurs, il s’agit surtout d’un premier pas décisif sur un chemin des plus ambitieux, accompli qui plus est dans le difficile contexte de la crise du Covid-19.

Le site table une capacité d’accueil de 12 500 conteneurs, un parking de 700 camions, des entrepôts de stockage, ainsi qu’un guichet unique de formalités administratives et nombre de facilités accordées par l’État pour la réussite de la plateforme.

« Ces deux-trois derniers mois, ce sont près de 700 ouvriers, contre 200 auparavant, qui ont œuvré jour et nuit pour s’assurer que le site serait prêt à temps », explique un des promoteurs du projet.

Rompre un cycle vieux de plus d’un siècle

Sur cette plateforme à une vingtaine de kilomètres de Lomé, Arise IIP et le gouvernement du président Faure Gnassingbè entendent rompre un cycle vieux de plus d’un siècle : l’exportation à l’état brut des ressources naturelles du pays : coton, soja, noix de cajou, bois, calcaire (marbre).

Le pays exporte environ 60 000 tonnes de coton, pour 75 millions de dollars de revenus, a regretté Gagan Gupta qui, pour l’occasion a tenu à faire son discours en français. « J’espère que vous aimerez mon accent », a glissé l’entrepreneur d’origine indienne. Grâce à PIA, le Togo espère multiplier par 12 d’ici au milieu de la décennie la valeur des exportations de produits textiles du pays, à environ 1 milliard de dollars. Une performance « jamais observée en Afrique en aussi peu de temps ».


Gagan Gupta, directeur général d’Olam Gabon, lors de l’Africa CEO Forum 2016 à Abidjan. © Eric Larrayadieu/ACF/JA

Les promoteurs du projet ciblent également la construction d’une usine de transformation de soja d’une capacité de 500 tonnes par jour, ainsi que des sites de transformation de bois et de marbre.

Paintball et montée en gamme

« Avant même l’inauguration, sept contrats ont été conclus pour le développement d’installation de transformation de coton, de marbre, de noix de cajou ainsi que dans l’industrie pharmaceutique et la logistique », avance l’Américain Jesse Damsky, directeur général de PIA, sans toutefois indiquer les entreprises concernées. Selon nos informations, il s’agirait entre autres d’opérateurs indiens et togolais.

Le choix d’Adetikope pour l’implantation de la plateforme découle en partie de son positionnement clé sur l’axe Lomé-Ouagadougou (son marché est l’un des principaux centres d’approvisionnements au Togo en bovins venus des pays sahéliens) et prolonge l’expansion qu’a connue le canton ces dernières années.

La bourgade, bénéficiant de l’expansion de la ville de Lomé, a connu une croissance exponentielle, passant de moins de 15 000 habitants à environ 250 000, entre 2005 et 2015. À cause notamment de la spéculation, le prix du mètre carré y a triplé, passant de moins de 2 700 F CFA à plus de 8 300 F CFA entre 2010 et 2015, selon une étude d’Iléri Dandonougbo, de l’Université de Lomé.

Selon ce chercheur, le canton comptait plus de 30 magasins en 2015 (6 en 2000), pour 65 boutiques, contre 13 quinze ans plus tôt. L’ancien bourg paisible au nord de Lomé accueille même désormais l’Adrénaline Paintball Club Togo, où pour 3 500 F CFA par personne (40 000 F CFA pour un groupe de 8), les jeunes de Lomé sont invités à crapahuter en uniforme et à « dégommer [leurs] adversaires avec des billes de peinture »…

L’expérience gabonaise

D’ici quatre ans, les promoteurs de PIA tablent sur la création de 30 000 emplois directs à partir de PIA. « Évidemment, il y a déjà eu tellement d’éléphants blancs en Afrique, que le scepticisme existe face à de telles ambitions », reconnaît un spécialiste de la logistique industrielle.

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LA MISE EN ŒUVRE [DE CETTE AMBITION] PEUT ÊTRE DIFFICILE, CAR NOUS NE COPIONS PERSONNE

Pour autant, avance notre source, le groupe estime avoir déjà fait ses preuves, à Nkok notamment, près de Libreville. Selon ses estimations, aujourd’hui 40 % des recettes non-pétrolières du pays sont tirées de la Zone économique spéciale du Gabon (GSEZ).

Il est à noter qu’en dix ans d’exercice, la zone de Nkok revendique 16 000 emplois créés. « Il faut se rappeler qu’au démarrage de Nkok, près de 1 500 expatriés ont été mobilisés pour former les populations locales et qu’au bout de d’un à deux ans, il a été possible de remplacer les expats », rappelle un dirigeant impliqué dans le développement de la plateforme, pour qui l’expérience gabonaise peut permettre des avancées encore plus rapides au Togo.

Pour sa part, Victoire Tomegah Dogbé, Première ministre du Togo, a salué « l’expertise et la diligence » d’Arise, ainsi que le savoir-faire et l’approche « holistique » de la productivité industrielle du partenaire de Lomé dans ce projet.

La cheffe du gouvernement togolais a indiqué anticiper d’ici 2030, à Adetikope, une zone d’une superficie de 1 000 hectares, pour un investissement global supérieur à 1 milliard de dollars, et affirmer par ailleurs la « disponibilité du gouvernement à entretenir cette future collaboration ».

Un calendrier accéléré

Ces garanties suffiront-elles à attirer la masse critique d’investisseurs nécessaire pour la réussite à long terme de PIA ? Il va sans dire que la stratégie multiforme d’Arise, entre gestion de terminaux portuaires, plateformes industrielles et développement d’infrastructures (Arise IS participera à la modernisation de la voie Lomé-Cinkassé), en agace plus d’un et laisse perplexes plusieurs spécialistes de la logistique africaine.

Les ambitions affichées à PIA autant que le calendrier accéléré de son développement comme de son « inauguration », en amont du démarrage concret des sites industriels, ont engendré leur lot de sceptiques dans les milieux d’affaires subsahariens. À Lomé, les plus anciens se souviennent également des grandes ambitions du temps de Cerekm et de Daregal…

« Cette inauguration est le premier pas, des dizaines d’autres sont à venir », assure un responsable d’Arise IIP. Mais le promoteur se veut pragmatique. « La mise en œuvre [de cette ambition] peut être difficile, car nous ne copions personne. Et si nous faisons des erreurs, dites-le nous, afin que nous puissions les corriger », a affirmé Gagan Gupta, sur le site d’Adetikopè. Nul doute que sa requête sera entendue.