Côte d’Ivoire : ce que Alassane Ouattara propose à Laurent Gbagbo

| Par Jeune Afrique
Mis à jour le 11 septembre 2020 à 12h41
Laurent Gbagbo, à la Cour pénale internationale, en janvier 2019.

Laurent Gbagbo, à la Cour pénale internationale, en janvier 2019. © Peter Dejong/Pool via The New York Times

Officiellement, ils n’ont aucun contact. Mais en coulisses, un canal de discussions existe bien entre le président ivoirien, Alassane Ouattara, et son prédécesseur, Laurent Gbagbo. 

Selon nos informations, Alassane Ouattara (ADO) a sollicité ces dernières semaines son homologue nigérien Mahamadou Issoufou pour faire passer un message à son prédécesseur Laurent Gbagbo : en échange de sa neutralité jusqu’à la présidentielle du 31 octobre, le président ivoirien est prêt, une fois réélu, à le gracier de la peine de vingt ans de prison dont il a écopé dans l’affaire du casse de la BCEAO – l’intéressé se dit innocent – et à lui permettre de rentrer en Côte d’Ivoire.

Aucune réponse claire n’a pour l’instant été formulée par Laurent Gbagbo. Mais plusieurs sources dans son entourage indiquent qu’il n’a guère l’intention d’accepter un tel accord. L’ex-président, qui attend toujours à Bruxelles la fin de la procédure dont il fait l’objet devant la Cour pénale internationale (CPI), voulait rentrer à Abidjan avant la présidentielle, à laquelle il s’est déclaré candidat.

Conscient que sa candidature ne sera pas validée par le Conseil constitutionnel en raison de sa condamnation par la justice ivoirienne, il est désormais très impliqué dans son projet d’alliance avec Henri Konan Bédié.

Discrets émissaires

Mahamadou Issoufou, qui est l’un des rares à pouvoir parler aux deux hommes – Ouattara est son homologue et Gbagbo un de ses camarades de l’Internationale socialiste – tente de jouer l’apaisement pour éviter une nouvelle crise en Côte d’Ivoire. Le 6 septembre, à la veille du sommet de la Cedeao à Niamey, les chefs d’État nigérien et ivoirien ont ainsi encore évoqué le sujet. Issoufou est par ailleurs en contact avec plusieurs barons du Front populaire ivoirien (FPI) à Abidjan.

D’autres émissaires ont également approché Laurent Gbagbo au nom d’Alassane Ouattara ces derniers mois. Le Premier ministre Hamed Bakayoko a tenté un rapprochement en passant par Nady Bamba, la deuxième épouse de Gbagbo. Avant son décès le 8 juillet, l’ancien chef du gouvernement Amadou Gon Coulibaly avait quant à lui travaillé à un éventuel accord en vue de son retour.