Burkina Faso: les autorités prennent les devants face à un déficit céréalier

Le Burkina Faso s'organise face à un important déficit céréalier (photo d'illustration).
© FAO/Alessandra Benedetti
 

Le Burkina Faso s'apprête à faire face à une grave crise alimentaire en raison d'un déficit céréalier. Les autorités ont pris les devants et ont prévu l’acquisition de plus de 95 000 tonnes de céréales. La société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire a multiplié le nombre des points de vente des céréales aux personnes les plus vulnérables.

Pour venir à bout de ce déficit céréalier, le gouvernement burkinabè a décidé d'approvisionner les boutiques témoins. L'opération a déjà commencé dans la capitale, ainsi que dans les autres localités du pays. La Société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire a multiplié le nombre des points de vente de céréales, à prix social.

Durant toute l'année, plus deux cents boutiques seront approvisionnées. Chaque boutique recevra 30 tonnes de céréales par mois. Une quantité qui passera à 40 tonnes à la période de soudure, entre juin et septembre, selon le ministère de l'Agriculture. Pour l'ensemble de l'année 2018, le gouvernement a annoncé un apport de plus de 25 milliards de francs CFA pour l'acquisition d'environ 95 000 tonnes de céréales.

Sur le plan agricole, le ministère a également prévu une distribution de semences améliorées aux personnes vulnérables ainsi que la remise d'intrants et d'équipements agricoles aux producteurs, pour la culture de saison sèche.

Un déficit céréalier aux causes multiples

Selon les Nations unies, le déficit céréalier est très important. En cause, une saison pluvieuse plus courte que d'habitude et entrecoupée de périodes de sécheresses mais ce n'est pas là la seule raison.

Joint par RFI, Aristide Ongone Obame, représentant de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), au Burkina Faso, explique que le pays, comme la plupart des pays africains, s’est vu confronté, cette année, à une invasion de chenilles légionnaires.

« C’est une chenille qui se déplace très rapidement, attaque toutes les céréales et qui, en quelques mois, a envahi tout le Burkiana », précise-t-il avant d’évoquer une autre raison, celle d’une « invasion d’oiseaux carnivores » que le pays connaît depuis environ trois ans.

Le représentant de la FAO au Burkina Faso préconise des mesures pour faire face à cette année qui s’annonce très difficile sur le plan alimentaire.

« Il faut pouvoir trouver des aliments et les mettre à la disposition des populations vulnérables qui n’ont plus rien à manger. Il faudrait également recréer et renforcer à nouveau les moyens de production que les populations ont perdu. On peut aussi renforcer les capacités des populations par ce que l’on appelle le transfert monétaire, c’est-à-dire mettre à la disposition de ces populations du cash pour leur permettre d’acheter ce dont ils ne disposent pas. Si vous faites, en effet, du relèvement en distribuant les intrants, sans apporter du cash ou des aliments, les populations auront tendance – tellement le besoin est important – à consommer directement les semences et on ne règle pas le problème », a souligné Aristide Ongone Obame.