Chibok: quatre ans après,
encore une centaine de lycéennes prisonnières

Des filles de Chibok libérées par Boko Haram arrivent dans un centre de réhabilitation à Abuja, le 30 mai 2017.
© Sunday AGHAEZE / PGDBA & HND Mass Communication / AFP

Cela fait quatre ans que 276 lycéennes de Chibok, ville de l'extrême nord-est du pays, ont été enlevées par des membres de Boko Haram. Le pays commémore ce samedi 14 avril ce triste anniversaire, tandis que près d'une centaine de lycéennes sont encore retenues captives par le groupe islamiste. Le drame de Dapchi en février dernier est venu rappeler que la menace des enlèvements plane toujours sur les écoliers du Nord-Est.

C'était il y a quatre ans. Au beau milieu de la nuit, des membres de Boko Haram avaient pris d'assaut le dortoir du lycée de la localité Chibok, enlevant 276 jeunes filles.

Plus tard, 57 ont réussi à s'échapper, 107 ont été retrouvées, secourues ou échangées avec leurs ravisseurs. Mais 112 sont encore captives. Et leur sort reste un mystère.

Les familles accusent le gouvernement de passivité

La dernière preuve de vie remonte à début janvier. Plusieurs d'entre elles apparaissaient dans une vidéo diffusée par Boko Haram où elles affirmaient ne pas vouloir quitter le « califat ». Les autorités disent oeuvrer à leur libération.

Dans son discours de Pâques, le chef de l'Etat Muhammadu Buhari s'est dit « très optimiste ». Il a assuré que toutes les filles encore captives seraient bientôt « rendues sans condition à leurs familles ».

Pas de quoi convaincre Sesugh Akume, le porte-parole de l'organisation Bring Back Our Girls : « Le gouvernement n'a pas fait assez, c'est décevant, d'autant que les parents sont maintenus dans le flou. C'est le plus affligeant ! Nous n'attendons pas du gouvernement qu'il dise tout au public, mais il doit tenir les parents informés ainsi que leurs communautés, qu'ils sachent que le gouvernement travaille dessus, qu'ils sachent ce qu'il fait. »

Un anniversaire au goût amer

Les familles déplorent l'absence totale d'information sur l'avancée du dossier. Quatre ans après l'enlèvement de masse, les jeunes filles ne font plus la Une des journaux, ne suscitent plus de débats passionnés. L'enlèvement de 111 jeunes filles de Dapchi, mi-mars, puis leur libération un mois après, a pourtant prouvé que les écoliers demeuraient une cible majeure des islamistes.

Pour le mouvement, cet anniversaire a donc un goût amer. « Nous espérions que les filles de Chibock seraient de retour avant le quatrième anniversaire de leur enlèvement, mais on attend toujours ! La plupart d'entre elles manquent encore à l'appel. C'est un jour très triste. Notre message demeure : "ramenez-nous nos filles !" »

Afin de poursuivre le combat, le mouvement organise ce samedi, des débats et des marches dans les métropoles de Yola, Lagos et Abuja.

Selon un rapport de l'Unicef, plus de 1 000 enfants au total ont été enlevés, depuis 2013, par Boko Haram.