Témoignages

 

Kiye2019

L’hebdomadaire de la paroisse de Dyou, n°80 du dimanche 06 septembre 2020 XXIIe dimanche des Temps ordinaires (Année liturgique  A)

 

Bien-aimés dans le Seigneur, recevez nos salutations fraternelles depuis la paroisse de Dyou dans le diocèse de Sikasso au Mali.

« L’amour ne fait pas de mal au prochain ; l’amour est donc la parfaite réponse à la Loi. » (Rm 13,10)

Bien-aimés dans le Seigneur, qu’est-ce que l’amour pour le Seigneur en fasse le plus grand commandement ? la réponse à cette question est celle que saint Paul reprend à la fin de la deuxième lecture tirée de l'épître aux Romains, lorsqu’il dit que « L'amour ne fait pas de mal au prochain ; l'amour est donc la parfaite réponse à la Loi. »

Oui chers frères et sœurs en Christ, l’amour est cette force nécessaire qui pousse à agir bon et à vouloir le bien pour soi-même et pour l’autre. Il est au centre de toute action bonne. Voilà pourquoi, saint Paul nous dit « de ne rien devoir à personne, si ce n’est l’amour que vous vous devez entre vous » c’est cet amour qui fut au début de la création qui n’est rien d’autre que l’expression de l’amour de Dieu qui a voulu que l’homme soit son vis-à-vis. Après l’avoir créé, il le plaça dans le jardin d’Eden afin qu’il jouisse de tout l’univers créé en tant que lieutenant de Dieu. Il lui donnera aussi sa parole pour qu’il se souvienne de cette alliance que Dieu avait scellée avec lui. Mais l’homme trahira cet amour et cette alliance avec Dieu qu’il va rompre par la tromperie du serpent.  Il se retrouvera désormais en dehors du jardin dans la perdition totale. Ici encore, c’est l’amour de Dieu qui le sauvera. Dieu décidera de se faire homme en Jésus Christ pour sauver l’homme déchu. Jésus-Christ en effet, sera l’expression parfaite de cet amour Créateur, ce Fils d’Homme que le Père envoie comme une sentinelle pour la maison d’Israël (Ez 33, 7). C’est ce même son de cloche que nous retrouvons dans l’évangile tiré de Saint Matthieu lorsqu’il dit que : « Si ton frère a péché, va le reprendre toi seul avec lui. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. » (Mt 18,15). Jésus fera de toute sa vie un combat en faveur du relèvement de l’homme. C’est cet héritage qu’il va léguer à notre humanité afin que nous soyons nous aussi des sentinelles de nos frères et sœurs ; pour nous reprendre mutuellement et par là, avoir le salut. Où en sommes-nous ? 

Oui chers frères et sœurs en Christ, si nous avons voulu vous proposer cette méditation c’est afin que nous puissions évaluer le degré de notre correction fraternelle. Une tâche parfois difficile mais lorsque nous y arrivons, elle nous ouvre grandement les portes du Royaume. Mais quel courage aurez-vous de vous approcher d’un frère ou d’une sœur qui déjà vous répond sans froid que vous commettez vous aussi des erreurs comme lui! Oui, nul n’est parfait. Mais être sentinelle de notre prochain reste une tâche noble que seul Dieu couronne de mérite. Car nous lui apportons la lumière sur ses zones d’ombres qu’il ne perçoit peut-être pas lui-même. Cela ne veut pas dire que l’autre est nécessairement parfait. C’est une grâce. Mais bien souvent nous manquons le courage de reprendre nos frères et sœurs. Nous nous faisons complices du mal. Pour une raison ou une autre, nous voilons le visage devant le mal de nos frères et sœurs. Nous ne pouvons surtout pas reprendre ceux ou celles qui nous font des cadeaux, qui nous achètent une bouteille de bière ou qui nous donnent le transport etc. Cela nous aveugle pour ne plus voir leurs erreurs ou leurs péchés. Nous devenons fanatiques. Et c’est ce fanatisme qui tue notre monde actuel, faisant que  le mal ne fait que s’empirer par manque de prophète. On détourne les fonds alloués au développement de l’ensemble, d’une nation, d’un département ; personne n’ose le dénoncer. Le Seigneur nous dit aujourd’hui qu’il a établie chacun de nous sentinelle pour la maison d’Israël de sorte que dès que nous entendons une parole sortir de sa bouche, nous avertissions nos frères et sœurs de sa part… si nous ne le mettons pas en garde contre leur mauvaise conduite, les méchants mourront à cause de leur faute, mais le Seigneur nous demanderai compte de leur sang. » (Ez 33,8). Reprendre notre prochain est un bien et une preuve d’amour dont parle l'apôtre Paul. Ainsi donc, aimer et reprendre l’autre dans la correction fraternelle étant l’expression d’un amour vrai, l’on ne doit se fatiguer et il faut des stratégies pour y parvenir car c'est un exercice délicat qui nécessite également de la patience et de la méthode. Le monde n'a pas plus besoin de pain, il a plus faim et soif de l'amour et des hommes et des femmes courageux pour des corrections fraternelles, gages d’un nouveau départ.

Puisse Dieu nous accorder la grâce du courage, de la patience et de la clairvoyance pour reprendre nos frères et sœurs avec humanité et surtout sans complaisance.

Le Seigneur soit avec vous !

✍🏽 Père KIYE M. Vincent, Mafr

Paroisse de Dyou dans le diocèse de Sikasso au Mali

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Mamadou Dia, le musicien qui a fait danser la Côte d’Ivoire indépendante

| Par 
Mis à jour le 03 septembre 2020 à 15h48
Moses, l'un des fils de Mamadou Doumbia, dans son studio d'enregistrement, à Yopougon

Moses, l'un des fils de Mamadou Doumbia, dans son studio d'enregistrement, à Yopougon © Issam Zejly pour JA

Disparu il y a vingt ans, le fondateur de l’Orchestre de l’Entente, musicien phare des années 1960-1980, a découvert Alpha Blondy et comptait Houphouët-Boigny parmi ses fans.

Les souvenirs d’Amy sont confus. Les dates se mélangent, les noms et les lieux sont parfois approximatifs, mais elle est sûre d’une chose : ces années-là étaient heureuses et festives. Et c’est en souriant qu’elle raconte « ses » années 1960 passées à parcourir la Côte d’Ivoire du sud au nord et à écumer les scènes des pays voisins à la rencontre d’un public conquis d’avance qui dansait jusqu’au bout de la nuit.

Amy est la première femme de Mamadou Doumbia. Star ivoirienne de la chanson des années 1960 à 1980, ce dernier est considéré comme le père de la musique mandingue moderne avec son groupe Trio de l’Entente.

Il avait entraîné Amy dans cette aventure. Elle, la Ghanéenne qui n’avait jamais imaginé devenir musicienne. « Je jouais des maracas dans le groupe », dit-elle en mimant le geste, assise sur une chaise, dans la pénombre de son modeste salon de Yopougon Terminus-40 (surnom du quartier de Yopougon-Kouté), au cœur d’Abidjan.

Autodidacte et rebelle

C’est au Ghana, dans son pays natal, qu’Amy fait la connaissance de Mamadou Doumbia. Le jeune homme originaire d’Odienné (nord-ouest de la Côte d’Ivoire) gagne sa vie comme mécanicien. Il se passionne pour les arts plastiques et pour la musique, qu’il apprend en autodidacte. Son père, chef spirituel, voit d’un mauvais œil les talents de guitariste, de compositeur et d’interprète de son fils.

« Ça a été difficile ! Sa mère n’y était pas opposée, mais son père ne voulait pas qu’il soit musicien. Il estimait que la musique ce n’était pas pour eux. Il voulait mieux. C’était une question de caste », explique Didier Depry, journaliste culturel dans les années 1990-2000 et ami très proche du musicien, qui l’appelait « fils ». Peine perdue pour ses parents : Mamadou Doumbia embrassera la carrière d’artiste.

À son retour en Côte d’Ivoire, des cousins l’aident à acheter du matériel et des instruments. En 1962, il crée le Trio de l’Entente (renommé plus tard Orchestre de l’Entente) et, en 1963, écrit son premier titre en dioula, sa langue maternelle : « Le destin est comme une ardoise sur laquelle on écrit et qu’on ne peut effacer ». La même année, Mamadou Doumbia signe son premier tube, Super bébé, superbe berceuse, également chantée en dioula sur de doux rythmes afro-cubains, idéale pour endormir les enfants… et faire danser les parents.

Soutenu par Houphouët

Parmi ses fans de la première heure, Félix Houphouët-Boigny, dont l’un des titres préférés, composé un peu plus tard, était Ne Mousso Masse. « Le président Houphouët-Boigny était un mécène, il a beaucoup aidé les artistes », rappelle Didier Depry.

Pendant plus de vingt ans, ce soutien permettra de voir fleurir les formations musicales, comme le Yapi-Jazz, de Yapi René, ou l’Ivoiry Band, d’Anoman Brouh Félix, et à l’Orchestre de l’Entente, de Mamadou Doumbia, d’aller enregistrer un album à New York, dans les années 1980. « À l’époque, il vivait dans le centre d’Abid­jan, à Adjamé, et tout le quartier était sorti pour lui souhaiter bon voyage », se souvient l’un de ses fils, lui-même nommé Mamadou Doumbia.

Le nom de l’orchestre fait-il référence au Conseil de l’Entente, créé en 1959, la doyenne des institutions régionales ouest-africaine, devant laquelle l’orchestre joua, lors de l’un des sommets du Conseil, à l’invitation de Félix Houphouët-Boigny ? Amy explique que le nom a été trouvé par un cousin du musicien.

« Mamadou Doumbia était panafricaniste, très rassembleur, et il n’y avait pas que des Ivoiriens dans son orchestre. Personnellement, je pense donc que son nom vient de cette vision-là », estime Didier Depry.

 

Un artiste rassembleur

Bazo se souvient d’un homme « très gentil, qui aimait tout le monde ». Lui aussi cherche à rassembler les morceaux de cette vie passée aux côtés de la star, dont il a été le choriste pendant de longues années. Depuis la mort du « Vieux », Bazo vit avec sa famille à Yopougon, chez Amy.

« Tout le monde aimait sa musique. Quand il arrivait dans une ville, tous les habitants s’appelaient pour se prévenir les uns les autres et accouraient pour le rencontrer », renchérit Tantie Céline, la seconde épouse de l’artiste, qu’elle a rencontré au milieu des années 1970 lors d’un concert à Man, grande ville de l’Ouest ivoirien.

Un rectangle en Plexiglas est incrusté dans le mur du salon familial. « Ici, c’était le studio d’enregistrement et, là-bas derrière, c’était la salle de répétition », sourit Tantie Céline.

« Tiken Jah Fakoly a enregistré sa première maquette dans ce studio », intervient un autre fils de l’artiste, Moses Doumbia, qui, depuis 2002, possède lui aussi son propre studio, une modeste pièce décorée de photos de son père. Des tirages sépia où l’on voit Mamadou Doumbia tout sourire, posant seul ou en compagnie de ses musiciens, toujours très chic et coiffé de son incontournable chapeau.

« Il aimait être entouré d’autres artistes. Tout le monde se retrouvait à la maison. Et il aidait les jeunes à se lancer dans la musique. Alpha Blondy a pris le micro pour la première fois avec lui », se souvient Moses.

Bientôt un festival ?

« Malheureusement, la jeune génération l’a oublié. À sa mort, en 2000 [il est décédé au CHU de Yopougon de complications liées à un diabète], le zouglou était en vogue, et les jeunes ne se reconnaissaient plus dans sa musique », regrette Didier Depry.

Le journaliste aurait aimé un hommage national. « Je regrette que l’État ivoirien n’ait rien organisé. Ça me fait mal. Quelqu’un qui a été aussi important pour la vie du pays aurait dû avoir des obsèques à la hauteur de ce qu’il a apporté et représenté. »

De grands artistes continuent cependant de s’inspirer de sa musique et reprennent ses titres, comme ses compatriotes Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, ou comme le compositeur, tromboniste et chanteur béninois Michel Pinheiro, avec son African Salsa Orchestra.

Plusieurs proches et membres de sa famille travaillent à la création d’un festival autour de l’héritage musical de Mamadou Doumbia, pour que jamais ne meure la bande-son de « toute une époque », laquelle, tous l’assurent, fut très belle.

Philippe Lançon : « Le courage, c’est se reconnaître fragile »

Près de six ans après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, quatorze suspects sont jugés jusqu’au 10 novembre
par une cour d’assises spéciale à Paris.
Philippe Lançon, rescapé du massacre à l’hebdomadaire satirique, se tient à l’écart du vacarme médiatique.
Il a accepté de confier au Pèlerin la façon dont le drame l’a transformé.

Mis à jour le 3 septembre 2020 à 2:02

Publié le 2 septembre 2020 à 11:20

 
Grièvement blessé lors de la tuerie à Charlie Hebdo, Philippe Lançon a raconté, dans Le lambeau, sa difficile reconstruction. L’ouvrage s’est vendu à quelque 350 000 exemplaires.
Grièvement blessé lors de la tuerie à Charlie Hebdo, Philippe Lançon a raconté, dans Le lambeau, sa difficile reconstruction.
L’ouvrage s’est vendu à quelque 350 000 exemplaires. © Mollona/Opale/Leemage via AFP DP

Comment allez-vous ?

Ma vie a changé. Même si je continue d’écrire pour Libération et Charlie Hebdo, je suis en arrêt de travail complet. De toute façon, il me serait impossible de reprendre ma vie d’avant, d’aller au bureau avec les contraintes que cela implique. Cela me fatiguerait énormément. Ce que les autres considèrent comme des moments de détente, aller au restaurant, boire un verre…, pour moi, c’est une contrainte. Parler, manger, ce sont des moments où la bouche travaille. Ce qui me repose aujourd’hui, c’est lire ou voir un bon film.

La Covid-19 rend la période particulière. Je me suis isolé plus de cinq mois à la campagne, quasiment sans voir personne. En ce qui concerne ma santé, après la vingtaine d’opérations chirurgicales dont j’ai bénéficié, je continue mes soins, je pratique mes exercices de rééducation de façon quotidienne. Je revois bientôt ma chirurgienne, Chloé Bertolus, pour envisager de nouvelles interventions, en particulier sur la lèvre.

Dans Le lambeau, vous relatez la sidération après l’attentat, la souffrance et votre lente reconstruction à l’hôpital. n’est-ce pas d’abord un livre sur la solitude d’être vivant ?


Oui, mais cette solitude ne me pèse pas, aujourd’hui. J’ai voulu écrire une œuvre à la fois intime et publique, celle d’un événement qui a bouleversé le pays et, dans une certaine mesure, le monde car c’est la première fois qu’un tel carnage a lieu dans une rédaction. Une sorte de « massacre à domicile ». J’ai aussi souhaité montrer comment cet événement collectif a modifié la vie de l’une des victimes, moi en l’occurrence, dans toutes ses dimensions. En filigrane, c’est un livre sur l’état du souvenir. Je ne peux pas dire : « Cela s’est passé exactement comme cela. » Je dis simplement : « Je me souviens que cela s’est passé ainsi. »

Mais compte tenu des réactions dans le service de la Salpêtrière et chez tous les protagonistes, je pense m’être approché le mieux possible de la réalité.

Votre livre est porté par une précision minutieuse. Cette justesse, vous la deviez à ceux qui vous ont aidé ?

Cela allait de soi. Je devais cette précision à la vérité, pour employer un terme un brin pompeux. Je n’allais pas me mettre à raconter des bobards ou me montrer paresseux à l’égard de cette expérience qui m’a si profondément modifié. Elle a requis une telle énergie de ma part et de celle de la communauté des soignants qui m’a aidé à remonter la pente… Beaucoup de gens autour de moi ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour que je puisse aller mieux, chacun selon ses moyens : l’un me massant les pieds, l’autre veillant sur moi, la nuit, dans ma chambre.

Vous avez choisi de ne pas assister à ce procès qui vient de débuter. Est-ce une marque de désintérêt ?

Non. Ce sont les responsables de cette tuerie qui ne m’intéressent pas, en particulier les frères K. comme je les appelle dans le livre. C’étaient des exécutants avec pas grand-chose dans la tête, des agents d’une idéologie meurtrière qui souhaite liquider des valeurs sur lesquelles repose notre société démocratique, parmi les-quelles la liberté d’expression. Quant au procès, je suis, certes, partie civile, mais je ne me sens ni la force ni l’envie d’y assister. Si vraiment la justice m’enjoint d’aller témoigner, j’irai.

En quoi ce procès est-il un moment important pour notre pays ?

C’est un processus permettant de reconnaître qu’un crime a eu lieu et d’identifier le mieux possible les responsabilités et les effets sur les victimes. Le lieu compte aussi : le tribunal, avec toute sa rigueur, loin des opinions subjectives et fluctuantes de la société médiatique. Ce rituel peut conduire non pas à l’objectivité mais à une reconnaissance concrète de ce qui s’est passé. C’est aussi un spectacle, une mise en scène. Pour aller vers le vrai, on passe par le faux, au sens où toute mise en scène constitue un artifice. Que va-t-il permettre en l’espèce ? Je n’en sais rien car les assassins sont morts et les prévenus sont en majorité des « seconds couteaux ».

Vous parlez de rituels. À l’hôpital, vous avez aussi vécu les soins comme une forme de rite…

Oui, je m’y suis habitué et même attaché.
J’ai eu beaucoup de mal à le quitter.

En quoi l’attentat vous a-t-il transformé intérieurement ?

Je me suis beaucoup simplifié. En tout cas à l’hôpital. Car depuis, j’ai retrouvé des défauts qui étaient alors comme en suspension. J’ai vraiment été à mon meilleur à ce moment-là. Je m’étais débarrassé en grande partie de mon mauvais caractère, de ma mauvaise humeur, de choses liées à l’ego… Comme je l’écris dans Le lambeau, j’ai vécu une sorte de dédoublement dès les minutes qui ont suivi l’attentat. J’ai eu la sensation physique de n’être plus le même. Le Philippe Lançon d’avant qui subsiste malgré tout, c’est celui qui est capable d’écrire, c’est-à-dire de faire son métier. Simplement.

Pendant des mois, à cause de votre mâchoire et de votre bouche détruites, vous avez été privé de parole. Les mots prennent-ils alors une densité nouvelle ?

Cela permet, en tout cas, d’y réfléchir. Je faisais davantage attention à ce que je racontais, y compris en griffonnant avec mon feutre sur la tablette. Les mots étaient davantage environnés de silence, d’un silence intérieur. Le fait de ne pas pouvoir parler, surtout lorsqu’on est bavard comme moi, redistribue les cartes du langage. Aujourd’hui, je suis redevenu bavard. En revanche, mon écriture s’est simplifiée, clarifiée. Je pense que c’est un acquis, à mon corps défendant.

Vous écrivez que vous avez désormais une idée plus nette de ce qu’est l’enfer. Et le paradis ?

Je ne crois pas à un état conscient du bonheur. Lorsque nous y sommes, nous ne nous en rendons pas compte. Quant au paradis, je considère qu’il est là où je suis. À certains moments, par une conjonction presque miraculeuse de phénomènes affectifs, sensuels, intellectuels, il y a comme une nouvelle naissance. Mais dans l’instant même, je pense que l’on ne s’en rend pas compte. L’état amoureux, quand il est partagé, est sans doute ce qui s’en approche le plus. Il y a alors une sensation paradisiaque, fusionnelle, très vite accompagnée d’un chagrin ou d’une tristesse car on ne peut rester longtemps dans la fusion.

Votre livre parle aussi de prière. Un mot que vous rattachez à deux grands noms : Bach et… Kafka !

Je ne suis pas croyant. Pour autant, cela ne veut pas dire que je ne cherche pas un accès à la transcendance. Pour moi, ce médiateur, c’est Bach. Il a eu une vie bien difficile, avec tellement de morts dans sa famille, parmi ses enfants ! Outre le fait qu’il est un génie, c’est une sorte de héros. On a l’impression que tout son art a été gagné sur la vie, comme les polders où la terre est gagnée sur la mer. Ou plutôt sur la mort.

Qu’est-ce que le courage, selon vous ?

Aujourd’hui, pour moi, le courage consiste… (il cherche ses mots) à faire attention quotidiennement aux personnes que j’aime et à les soutenir. Et cela, de leur propre point de vue. C’est aussi renoncer à un certain nombre de choses qu’on aimerait faire, ou dont on croit qu’on aimerait les faire, pour choisir d’accompagner et d’aider ceux qui comptent pour nous. C’est de l’amour accompagné d’une forme d’abnégation. En mode combat.

Vous avez ce courage-là ?

Non, j’ai simplement conscience que c’est cette forme de courage que je devrais avoir. Dans La prisonnière du désert, l’un de mes films préférés, le personnage de John Wayne ne devient courageux qu’à partir du moment où il accepte de prendre avec lui cette jeune fille indianisée qu’il recherchait, plutôt que de la tuer. Au moment où il admet enfin qu’il est fragile et qu’il est sensible. Cette fragilité et cette sensibilité liquident le héros pétri de préjugés qu’il était jusqu’alors. Il passe d’un courage apparent à un courage beaucoup plus profond et intime. Et en fin de compte, beaucoup plus honorable.

 
 

Côte d’Ivoire: l’archevêque d’Abidjan appelle au dialogue avant les élections

Le cardinal Jean Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan lors d'une rencontre avec le président Alassane Ouattara. Le 14 juillet 2017 à Abidjan.

Le cardinal Jean Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan lors d'une rencontre avec le président Alassane Ouattara. Le 14 juillet 2017 à Abidjan.
 ISSOUF SANOGO / AFP
Texte par :RFISuivre
3 mn

En Côte d’Ivoire, alors que les tensions montent à mesure qu’approchent les élections du 31 octobre, le cardinal Jean Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan prend la parole. Dans une longue déclaration ce lundi 31 août, le prélat a appelé au respect de la Constitution, à l’apaisement et au dialogue comme préalable aux élections, et s’est prononcé contre la candidature d’Alassane Ouattara.

De notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto

« Je ne puis me taire plus longtemps, j’en appelle solennellement à la conscience individuelle et collective afin qu’un terme soit mis à la violence et que place soit faite au dialogue », déclare le cardinal Kutwa qui a décidé de prendre la parole après les évènements meurtriers de ces dernières semaines. « Je voudrais inviter les uns et les autres à aller au dialogue et à la concertation dans la recherche de solutions à cette crise qui n’augure pas des lendemains meilleurs quant à l’organisation paisible des élections. »

La candidature d’Alassane Ouattara « pas nécessaire »

Le prélat déplore que des lectures antagonistes de la Constitution soient faites par les différents camps politiques et appelle de ses vœux une exégèse scientifique et définitive de la loi fondamentale. « À quoi servirait une boussole qui indique un jour le Nord, et un autre jour le Sud. La loi fondamentale, qui peut être regardée comme une boussole, ne peut signifier, à la fois, une chose et son contraire. »

Enfin le cardinal Kutwa s’adresse à Alassane Ouattara. « Je ne peux pas ne pas me tourner avec respect vers le président de la République, chef de l’État dont la candidature à ces prochaines élections n’est pas nécessaire à mon humble avis. Son devoir régalien de garant de la Constitution et de l’unité nationale appelle son implication courageuse, en vue de ramener le calme dans le pays, de rassembler les Ivoiriens, de prendre le temps d’organiser les élections dans un environnement pacifié par la réconciliation. »

 

« Dura lex sed lex, la loi est dure mais c’est la loi », a encore professé le cardinal estimant que le respect de la loi, davantage que les élections, est une des routes vers la réconciliation.

Kiye 2020

L'hebdomadaire de la Paroisse de Dyou, n°79 du 31 août 2020 : toute souffrance vécue dans la foi devient opportunité et source de grâces.

Bien-aimés dans le Seigneur,

Recevez nos salutations fraternelles depuis la paroisse de Dyou/Kadiolo au Mali, dans Diocèse de Sikasso.

 « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16, 24)

« Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu. » (Rm 12,1-2)

Bien-aimés dans le Seigneur, que nous options de revenir sur les textes de ce 22ème dimanche des Temps ordinaires pour ce dernier numéro du mois d’août est une exigence de la raison éclairée par la lumière de foi afin de partager avec vous l’orientation que nous avons donnée à ces textes commentés en faveur des communautés minées par des problèmes de couple et de mariage qui tarde. Ceci dans le but de donner aux chrétiens de toujours croire  à un lendemain radieux malgré les situations douloureuses dans lesquelles ils se trouveraient quotidiennement. Que la grâce leur soit accordée de faire de leurs problèmes quotidiens, des croix qu’ils portent dans la foi à la suite du Christ.

Oui chers frères et sœurs en Christ, dans l'évangile de ce dernier dimanche du mois d’août, Jésus nous annonce sa souffrance et nous invite à la croix. Nous y avons lu qu’ « à partir de ce moment Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il devait partir pour Jérusalem. Là-bas il aurait à souffrir beaucoup de la part des Anciens, des chefs des prêtres et des maîtres de la Loi. On allait le tuer, mais il devait ressusciter le troisième jour. » (Mt 16, 21) Quel sens cette annonce de sa passion et sa résurrection peut avoir pour notre vie de foi ?

Oui bien-aimés, il nous arrive de voir des chrétiens fidèles à la tradition de l’Eglise, fidèles à la messe souffrir. Parfois même nous nous demandons pourquoi cela ? Pourquoi Dieu ne leur viendrait pas en aide à temps réel ? Des jeunes dames d’une dévotion remarquable mais qui parfois ne trouvent pas d’âme sœur crédible avec qui fonder un foyer. Des hommes et des femmes d’une honnêteté incontestable mais qui croupissent dans la misère et ne trouvent pas d’emploi. Pourquoi ce paradoxe ? Quel sens cette souffrance du juste (Jésus) et du chrétien en général a-t-elle pour nous ? Est-ce la conséquence du péché ? Pourquoi Dieu n’empêcherait-il pas la souffrance de ses fidèles ?

La liturgie de ce dimanche nous révélait ainsi que la souffrance celle du chrétien aujourd’hui comme celle du Christ n’est jamais la conséquence d’une malédiction. Car lorsque nous la vivons dans la foi, sans murmurer contre Dieu, elle devient un livre ouvert à travers lequel les autres peuvent lire  les traces des doigts de Dieu dans notre histoire ; elle devient source de grâces, elle s’achève le troisième jour.

 C'est tout l'enjeu de la souffrance du Christ qui se remettait toujours à la volonté de Dieu : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe. Cependant, que ce ne soit pas ma volonté mais que la tienne qui soit faite » (Lc 22,42)  Parce qu’il savait que la souffrance de ce monde n'avait pas le dernier mot ; et que l’Auteur de la vie ne peut jamais accepter que l’œuvre de son amour soit vouée à l’échec. Ce que Pierre n'a pas compris. Il prend Jésus à part et commence à lui faire des vifs reproches : « Ne parle pas de malheur, cela ne t’arrivera pas, Seigneur ! » Parce que sa façon de penser n’était que celle des hommes.

Oui, certes, tu te plains toi aussi des vicissitudes de ta vie, de  ta situation présente, de ton chômage, de ton mari qui est devenu un poids pour toi, de ta femme que tu veux abandonner, parce qu’elle te casse la tête ; tu te plains de ta consœur ou de ton confrère que tu ne voudrais plus voir tellement qu’il t’énerve. Tout cela c’est parce que ta façon de penser est celle des hommes. Remets tout à la volonté de Dieu. Peut-être que c’est elle ta croix à porter dont parle Jésus. Pourquoi veux-tu t'en débarrasser ? Fais de ta situation présente, de ta consœur, de ton confrère, de ta femme ou de ton mari, de tes enfants, de tes collègues, de ton patron qui t’en veut, etc, ta croix à la suite du Christ qui nous dit que : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu'il me suive». (Mt 16, 24). Elle deviendra source de grâces pour la vie éternelle. Pour  ce faire, l’apôtre Paul nous exhorte  dans la deuxième lecture de ce dimanche à offrir à Dieu notre propre personne en sacrifice vivant, saint et, capable de lui plaire et de ne pas nous laisser modeler par le monde présent pour un renouveau intérieur afin de connaître ce qu’est la volonté de Dieu, ce qui est bien, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. (Rm 12, 1-2)

       Oui chers frères et sœurs en Christ, depuis que Jésus est entré dans notre histoire et a enduré la souffrance de ce monde, il a sanctifié celle-ci pour en faire chemin de perfection. N’ayons pas peur de la souffrance. Puisse la lecture de cet hebdomadaire nous donner la force d’endurer nos souffrances dans la foi et à les accepter comme des croix à la suite du Christ. Ainsi, lorsque le Fils de l’Homme viendra dans la gloire de son Père, entouré de ses anges pour rendre à chacun selon ce qu’il a fait, nous soyons de ces bienheureux qu’il trouvera en état de grâce. Amen

Le Seigneur soit avec vous !

✍🏽 Père KIYE M. Vincent, Mafr

Paroisse de Dyou dans le diocèse de Sikasso au Mali

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)