Témoignages

 

Mali: Amadou Toumani Touré, «le soldat de la démocratie»

L'ancien président Amadou Toumani Touré lors de son retour au Mali après son exil au Sénégal, le 24 décembre 2017.
L'ancien président Amadou Toumani Touré lors de son retour au Mali après son exil au Sénégal, le 24 décembre 2017. MICHELE CATTANI / AFP
Texte par :Serge Daniel
8 mn

Officiers de l’armée, officiels, citoyens lambda, de véritables grappes humaines affluaient ce mardi au domicile privé de l’ancien président malien Amadou Toumani Touré, décédé dans la nuit en Turquie. Pure produit de l'armée malienne, homme d’État affable, ATT a dirigé à deux reprises le Mali. La première fois avec un costume de putschiste. La seconde, avec celui d’un démocrate élu. Portrait.  

Deuxième quinzaine du mois d’octobre. Mabo, la fille d'Amadou Toumani Touré, a pris fermement la décision. Son père, qui ne se sent pas bien, sera hospitalisé au centre hospitalier mère-enfant - le Luxembourg de Bamako. L’ancien président du Mali (1991-1992) et (2002-2012) accepte. On prend moult précautions pour le transporter. Il y a de quoi. Le médecin soupçonne un pépin au cœur.

« ATT », comme le surnomment ses compatriotes, arrive de nuit au centre de cathétérisme cardiaque de ce centre hospitalier moderne, qu’il a fait bâtir avec l’aide de son épouse Lobo, connue pour sa gentillesse. La décision est rapidement prise : une intervention est obligatoire, car l'une des artères de son cœur est bouchée. L’ancien président malien a seulement environ six heures de vie si rien n’est fait, évalue une source médicale qui s’est confiée à RFI. L’opération va durer environ deux heures. Tout se passe bien. Amadou Toumani Touré quittera la nuit même l’hôpital, en marchant pour rentrer lui-même dans son véhicule.

Le 4 novembre, il fête discrètement son 72e anniversaire avec ses proches. La décision est prise : il doit, dans trois jours, faire un contrôle à l’étranger. Paris ? La pandémie de Covid-19 ne l’incite pas à prendre cette destination, les hôpitaux français sont débordés. Alors ce sera Istanbul, en Turquie. Les autorités maliennes sont prévenues. L’avion présidentiel était-il ou non disponible ? En tout cas, c’est par un vol régulier de Turkish Airlines qu’il voyage. Dans la nuit de lundi à mardi, il rend l’âme.

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Un « produit » de l'armée malienne

Amadou Toumani Touré est d’abord un « produit » de l’armée malienne. Parachutiste, béret rouge vissé sur la tête, il prend le pouvoir en mars 1991 pour parachever un soulèvement populaire qui a balayé le régime de l’ancien président Moussa Traoré. Après une transition un peu cahoteuse, un peu comme une « patate chaude », il rend le pouvoir au civil un an après. Le président démocratiquement élu, Alpha Oumar Konaré, sera réélu et restera au total pendant dix ans au pouvoir. Pendant cette période, Amadou Toumani Touré opine, tout en se faisant oublier. Il étoffe son carnet d’adresses en travaillant pour l’ONU dans des missions de paix. En 2002, il est candidat à la présidentielle. Il coiffe tous les autres candidats au poteau. Mais, il faut reconnaître que le président sortant lui fait plutôt une passe millimétrée. Pour la première fois au Mali, un président démocratiquement élu succède à un autre démocratiquement élu.

Gros travailleur, il ouvre de nombreux chantiers : construction de logements sociaux qui porteront ses initiales, « les logements ATT », construction de ponts d’ouvrages à travers le pays… Politiquement, il propose et réussit à mettre quasiment toute la classe politique locale autour de son projet politique, « le consensus à la malienne ». Avec une ruse de Sioux, il évitera plusieurs crises politiques et sociales. L’imam Mahmoud Dicko, grande figure du mouvement de contestation qui a contribué à la chute de l’ancien présidentIbrahim Boubacar Keïta, a récemment qualifié ATT de « grand homme ». Il raconte qu’à l’époque où Amadou Toumani Touré était au pouvoir, il est rentré dans son bureau en colère pour lui parler plutôt méchamment, mais que le président de l’époque a gardé son sang-froid, détendant même l’atmosphère.

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Homme accessible, ayant le tutoiement facile, il connaissait de manière intime la classe politique locale. À l’étranger, il était très apprécié. L’ancien président français Jacques Chirac, décédé le 26 septembre 2019, l’affectionnait particulièrement. Dans un communiqué, l’ambassade de France à Bamako, qui a présenté ses condoléances, a rappelé d’ailleurs ses liens « d’amitié avec l’ancien président français Jacques Chirac, pour lequel il avait organisé les funérailles dogons en février dernier ».

ATT avait cependant un côté « tueur », « cynique » allié à l’humour. Il ne disait jamais non, mais manœuvrait dans l’ombre. Un jour, alors qu’il était au pouvoir, un homme très connu à Bamako, avec un œil au beurre noir, croise ATT.
« Président ATT, c’est un militaire qui m’accuse d’avoir des relations particulières avec sa femme qui m’a blessé à l’œil. »« Donne-moi son nom, je le radie de l’armée »lance le président de l’époque. Dès qu’il fait dos à son interlocuteur, il murmure devant un témoin : « Le militaire aurait dû lui mettre également un beurre noir au second œil ». On appelait aussi ATT « l’ami des enfants », tellement il défendait leur cause.

Dégradation sécuritaire

Cependant, il a commis des erreurs. En 2003, un an après son retour au pouvoir, il a accepté, un peu à la demande de pays occidentaux, que le nord du Mali devienne, en quelque sorte, un « entrepôt d’otages européens ». « Il est clair que cela a fragilisé le nord du Mali. Les pays européens comme la France, l’Espagne et l’Allemagne ont demandé à Amadou Toumani Touré de ne pas faire la guerre aux preneurs d’otages qui venaient généralement d’ailleurs avec des otages, mais de négocier avec les ravisseurs pour obtenir leur libération, souvent contre paiement de rançons. Il a accepté et cela a amené les ravisseurs à s’installer dans le nord du Mali avec les otages, mais ils en ont aussi profité pour installer des bases jihadistes sur le territoire malien », analyse l’un de ses conseillers spéciaux de l’époque, qui ne souhaite pas être nommément cité.

D’autres sources ajoutent que le Mali avait signé un accord non écrit avec les jihadistes qui se résume ainsi : « Vous restez sur le territoire malien, mais vous n’opérez ni rapt ni crime sur notre territoire. » Donc, les jihadistes ont, jusqu’à une époque, enlevé des otages dans les pays voisins et même lointains, avant de les transférer au Mali.

 

► À lire et écouter aussi : Mali: 60 années rythmées par les coups d’État

Sous le règne d'Amadou Toumani Touré, entre 2002 et 2012, la situation sécuritaire s’est dégradée dans le septentrion. Pour se justifier, il martelait que son pays seul ne pouvait pas lutter contre les jihadistes, le terrorisme, mais qu’il fallait l’union sacrée entre les pays du Sahel. Sur ce point, l’histoire lui a un peu donné raison. Après son renversement en 2012 par un coup d’État militaire, les chefs d’État de la sous-région ont lancé les bases de la création du G5 Sahel.
La gestion d'ATT du retour des Touaregs maliens incorporés au sein de l’armée de Kadhafi a été aussi critiquée.

C’est aussi la situation dans le nord du pays, marquée par une coalition de rebelles indépendantistes et de jihadistes contre l’armée malienne, qui a causé sa perte. Fin mars 2012, alors qu’il était à quelques semaines de la fin de son second et dernier mandat, Amadou Toumani Touré est renversé par un coup d’État militaire. Les auteurs du putsch, pour justifier leur acte, ont fait référence à la situation de l’armée dans le nord.

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Contraint à l’exil, il séjournera sept ans au Sénégal, avant de revenir plus populaire que jamais. C’est vrai qu’à son retour, les jihadistes entre-temps avaient gagné du terrain, en prenant le contrôle d’une partie du centre du pays, et avaient commis des attentats dans la capitale malienne. En visite en 2019 à Mopti, à l’occasion du centenaire de cette ville, capitale du centre et surtout sa région natale, il a prononcé devant une foule nombreuse ces mots : « Je suis avant tout un soldat. Je m’investirai, je ferai tout ce qui est possible en me basant sur l’expérience que j’ai acquise. Pour la paix, la sécurité, la cohésion sociale et le vivre-ensemble, je ferai tout pour Mopti… » « Belle revanche », ont murmuré ses partisans.

La grâce

Thibault de Montaigu

 

La grace

 

 Plon , (août 2020)

L'avis de La Procure

C’est une des révélations de la rentrée littéraire avec le récit d’une conversion fulgurante dans une chapelle du monastère Sainte-Madeleine du Barroux
et une réflexion sur la grâce. Le livre est surtout une enquête sur les traces de l’oncle de l’auteur,
franciscain, un modèle de foi qu’il a peu connu mais qui incarne au sens plein le bouleversement radical d’un homme qui se met au service des plus pauvres.

Ce récit autobiographique ne manque justement pas de Grâce. Est-ce par pudeur que l’auteur ne fait qu’évoquer sa conversion fulgurante au monastère bénédictin du Barroux ? Il développe en revanche l’éblouissant chemin de résurrection de son oncle Christian (quel prénom !) qui des nuits parisiennes deviendra un frère franciscain dépouillé de tout et à la générosité édifiante. Et rappelle la vie du saint d’Assise qui est l’autre personnage extraordinaire de ce roman inattendu et très réussi.

RÉSUMÉ

Suite à une dépression, le narrateur, athée, relate comment il a été touché par la grâce, une nuit, dans la chapelle d'un monastère. Afin de comprendre cette révélation soudaine, il renoue avec Christian, son oncle et frère franciscain, qu'il connaît peu et qui décède après leurs retrouvailles. Il découvre que cet homme a connu le même parcours spirituel que lui à l'âge de 37 ans.

QUATRIÈME DE COUVERTURE

"Il y a quatre ans, j'ai sombré dans une vertigineuse dépression. Je ne trouvais plus aucun sens à l'existence. Jusqu'à cette nuit, dans la chapelle d'un monastère, où je fus touché par la grâce. Par la sensation inouïe d'un contact charnel avec Dieu. Pourquoi moi, qui ai toujours été athée ? Quel sens donner à cette extase ? Une seule personne pouvait me répondre : Christian. Cet oncle, frère franciscain, que je connaissais à peine, allait être emporté par la maladie au moment même où je renouai avec lui. Mais à sa mort, j'appris, stupéfait, qu'il avait été touché par la grâce à trente- sept ans. Comme moi. Et qu'il avait vécu jusqu'à cet âge une vie de fêtes et d'excès, en parfaite opposition avec la foi. Comme moi également. En enquêtant sur ce destin extraordinaire qui l'avait vu troquer le costume des soirées mondaines pour la robe de bure des frères mineurs, j'allais découvrir que « le combat spirituel est aussi brutal que la bataille des hommes »."

 

Exclusif – Après l’attentat de Nice, le témoignage poignant du curé de la basilique Notre-Dame

Quelques jours après l’attentat perpétré au cœur la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption, à Nice, le curé, le père Franklin Parmentier,
se livre au Pèlerin. Encore sous le choc, il partage avec force et émotion un message d’espérance.

 

Mis à jour le 2 novembre 2020 à 11:53

Publié le 31 octobre 2020 à 11:59

9 commentaires
 

Franklin Parmentier curé de la basilique Notre Dame de l’Assomption de Nice. © Laurent Carré pour Le Pèlerin
 

Nous rencontrons Franklin Parmentier, curé de la basilique Notre-Dame de l’Assomption, dans une salle paroissiale attenante à une église de Nice, le 31 octobre. L’endroit est encerclé par les forces de l’ordre. Plongé dans les préparatifs de la messe de réparation du 1er novembre, le prêtre de 44 ans ne sait plus où donner de la tête. Il est constamment sollicité par les paroissiens et d’autres prêtres. Les temps sont à la paranoïa : quelqu’un vient tout juste de tirer sur l’archiprêtre de l’Église orthodoxe grecque de Lyon. Un policier vient à la porte pour recommander de fermer les portes à clé, parce qu’un « individu suspect » aurait été repéré dans une rue proche. Le P. Parmentier parvient finalement à s’isoler quarante minutes pour nous parler, poser des mots sur ce qui mûrit en lui depuis plusieurs jours.


Le 1er novembre devait être le jour de votre messe d’installation en tant que nouveau curé de la basilique Notre-Dame de l’Assomption. Elle n’aura finalement pas lieu…

Franklin Parmentier : Oui. Nous ferons une messe de réparation à la place, à 18 heures (diffusée sur KTO, NDLR), suivie de la messe de la Toussaint. Elle a lieu lorsque l’on blesse gravement l’Église. Nous confierons cette réparation aux mains de Dieu et lui demanderons pardon pour qu’il nous aide à retrouver ce pourquoi l’église est faite. Qu’elle ait lieu un 1er novembre n’est pas un hasard, je pense. Dieu nous donne l’occasion de répondre à un acte de haine et de mort par un acte de communion et d’amour, par la restauration d’un lieu où Dieu donne la vie. J’y vois un signe très symbolique.

La basilique va donc vite rouvrir ?

Oui, dès lundi, lors de la prière aux défunts.

Quelques chrétiens effrayés appellent au contraire l’Église à fermer ses lieux de culte, pour ne prendre aucun risque dans ce contexte explosif. Pourquoi ne pas les fermer ?

Car les terroristes n’attendent que ça. Nous refusons de nous soumettre à la violence, à la peur, à la barbarie. Je ne les laisserai pas gagner. Nous, chrétiens, avons déjà fait l’expérience du Christ mort sur la croix, comme un agneau conduit à l’abattoir. « À cause de toi, nous risquons sans arrêt la mort. On nous traite comme des moutons de boucherie » (Romains 8, 36-39). Jésus a ouvert le tombeau, il ne l’a pas fermé. Les chrétiens ne fermeront donc pas les églises, qui sont des lieux de résurrection. Je sais que certains trouvent cela dangereux ou irresponsable. Mais si l’on pense que vivre, ce n’est pas prendre de risques, alors on ne vit pas. On subit.

Mère Teresa disait dans une très belle prière : « la vie est un combat, accepte-le. La vie est une tragédie, lutte avec elle. La vie est la vie, défends-là. La vie est bonheur, mérite-le ». Dans le Veni creator, nous demandons à l’Esprit saint de nous consoler. Ce n’est pas seulement une jolie chanson ; c’est dans ces moments-là, plus que jamais, que nous devons demander la force de l’Esprit saint.

Restera-t-il des traces physiques de l’attaque dans l’église ?

Les équipes de police et de l’antiterrorisme ont mis sous scellé tout ce qui était nécessaire pour leur enquête. La basilique a ensuite été plusieurs fois nettoyée. Je m’y suis rendu aujourd’hui. Tout était propre, les lieux sentaient bon. Mais cela ne lave pas l’émotion qui est en nous.

Connaissiez-vous bien Vincent Loquès, le sacristain assassiné de la basilique ?

Je l’ai connu il y a dix-neuf ans. Il était alors sacristain à sainte-Jeanne-d’Arc de Nice, où j’étais séminariste. Il avait son caractère. Mais c’était avant tout quelqu’un de généreux, avec beaucoup de talent. Il faisait de très belles crèches ; mardi, il me parlait des futures installations autour d’un déjeuner. Il accueillait très bien les gens. Il avait supprimé une partie des bancs pour que les fidèles aient plus de place pour prier dans la basilique. Quand vous avez des idées comme ça, c’est que vous aimez le lieu dont vous vous occupez.

La fonction de sacristain perdurera-t-elle à la basilique ?

(Silence) Il faut vivre le moment où Dieu nous demande de le vivre. Il y a un temps pour pleurer, faire mémoire, et ensuite penser au fonctionnement. A force d’être toujours dans la prévision, on ne vit plus le moment présent. Un moment, il faut savoir s’arrêter. Pour l’instant, nos pensées, ce sont Vincent, Nadine, Simone.

Vous rendez-vous souvent à la basilique ?

Deux fois par jour. Je suis curé de trois paroisses, dont celle-ci. Je m’y arrêtais presque tous les jours pour dire bonjour à Vincent, ramasser le courrier, voir l’économe diocésain. La veille de l’attaque, j’y disais la messe à 18 heures. Je devais le faire à la même heure, le 29 octobre.

Vous êtes-vous dit que vous auriez pu être dans la basilique lors de l’attentat ?

Oui. Mais on n’essaye de ne pas y penser. Ce qui me fait tenir, ce sont les témoignages d’affection, les prières des croyants, de la communauté, de ma famille. Autrement dit, la puissance de l’amour et de l’amitié, qui est l’expérience de ce qu’est le véritable Dieu. Hier, j’ai reçu un message des religieuses du Carmel de Lyon. Elles priaient pour nous. Ça m’a touché. Ce n’est pas négligeable, la communion de la prière.

     
© Laurent Carré pour Le Pèlerin

Croyez-vous qu’il y ait une signification au fait que cet acte ait eu lieu quelques jours avant votre messe d’installation ?

(Il garde longtemps le silence) C’est une question que je me pose depuis plusieurs jours. En 2015, des inondations avaient déjà tué 20 personnes sur ma paroisse, Saint Vincent de Lérins, autour de Mandelieu-la-Napoule. C’était très douloureux. L’an dernier, ça a recommencé, avec sept morts. Il y a deux ans, j’ai eu un terrible accident, qui m’a bien ralenti. Je ne pense pas porter la poisse. Mais on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi l’on vit ces expériences-là.

Or, « quand on cherche la réponse au pourquoi, on cherche un responsable, un coupable. Lorsqu’on cherche la réponse au comment, on se trouve des alliés ». Cette remarque de l’écrivaine Anne-Dauphine Julliand m’a profondément marqué. Je la porte depuis des années. Il faut vivre avec des alliés, pas des ennemis. Saint Paul disait : « Dieu ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ». Si Dieu souhaite que je sois là à ce moment-là, c’est peut-être parce qu’il me demande d’être un témoin. Notre foi nous oblige à prendre au sérieux ce qu’est la Résurrection, la violence, la question du mal, la puissance de l’Esprit saint. Ce ne sont pas juste des textes récités. Je crois en un Dieu qui a vaincu le mal. Celui qui veut être tout puissant par la violence, c’est le diable, la toute-puissance magique, qui ordonne à Jésus de se jeter du temple. Dieu ne veut rien faire par sadisme. L’amour de Dieu est plus grand que tous les pouvoirs.

Avez-vous ressenti, malgré tout, de la colère ?

Oui, j’ai eu beaucoup de colère. Mais il y a deux sortes de colères. Celle que l’on ressent lorsque le monde n’est pas tel que l’on voudrait qu’il soit. Et celle éprouvée lorsque la réalité du monde nous dépasse.

La première colère, c’est de l’orgueil. On voudrait que le monde soit à notre image. Or, le monde est à l’image de Dieu. La seconde colère, c’est celle que j’ai ressentie, contre quelque chose qui nous dépasse infiniment. C’est une révolte contre le mal. Mais il ne faut pas réponde au mal par le mal. Cela voudrait dire que l’on laisse Satan gagner. Notre colère ne doit pas nous faire ressembler à Satan, mais à Dieu. Dieu est parfois en colère dans la Bible. Mais c’est une colère d’amour : il veut que nous vivions dans l’amour. Notre colère doit susciter en nous une force d’amour et non pas de destruction, de vengeance, de haine.

Comment y parvenir, dans ce monde qui souffre tant actuellement ?

C’est justement maintenant que commence notre foi. La réalité nous fait toucher du doigt ce que nous professons. La foi n’est pas qu’une croyance, une doctrine, un système, mais une relation à Dieu. La Parole de Dieu n’est pas faite que pour les hommes qui vivaient il y a 2000 ans, mais pour aujourd’hui. Voyez le texte de la liturgie quotidienne le jour de l’attaque : « Revêtez l’armure de Dieu pour être en état de tenir face aux manœuvres du diable. (…) Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi » (Ephésiens 6, 10-20).

Avez-vous peur ?

© Laurent Carré pour Le Pèlerin

Ce n’est pas une question de peur, plutôt de prendre la mesure de ce qu’il s’est passé. Quand on fait face à un tel abîme de violence… (Il s’interrompt, s’essuie les yeux) Vous savez, le temps s’est arrêté ce jour-là. Je suis arrivé à 9h39 à la basilique, entouré de sirènes, de policiers, d’hommes politiques. Beaucoup ont été admirables. Nous ne sommes pas seuls ; à l’extérieur, il y a des gens merveilleux, et à l’intérieur, il y a le cœur à cœur avec Dieu.

Blessé, le terroriste est actuellement soigné. Avez-vous pensé à lui ?

Quand le pape Jean-Paul II a été attaqué, le 13 mai 1981, son assaillant n’est pas mort. Beaucoup le souhaitaient. Mais quelque chose a transformé cet homme en prison. Benoît XVI disait qu’il fallait « espérer contre toute espérance ». J’espère que cet homme qui a attaqué la basilique trouvera un lieu où se convertir à la vie. Où il renoncera à la mort, la violence, ses faux dieux, pour le Dieu qui aime. J’ai cette espérance. Cela ne m’appartient pas, ni à Jean-Paul II lorsqu’il avait rencontré son agresseur. Ce n’est pas utopique. C’est parce que l’Église croit qu’un homme peut encore accomplir quelque chose de plus grand que ses actes qu’elle est contre la peine de mort.

Kiye2019
L’hebdomadaire de la paroisse de Dyou n°84 du lundi 02 novembre 2020: Rendez-vous avec les amis de Dieu
Bien-aimés dans le seigneur,
Recevez nos salutations fraternelles depuis la paroisse de Dyou/Kadiolo au Mali
 « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et plus aucun tourment ne peut les atteindre. Aux yeux des insensés ils sont bien morts, et leur départ apparaît comme une défaite. Ils nous ont quittés : il semble qu’il n’est rien resté d’eux. En réalité, ils sont entrés dans la paix. » (Sg 3, 1-9)
 Un jour après avoir célébré la toussaint, nous voici célébrer la commémoration de tous les fidèles défunts. Quel lien pouvons-nous établir entre les deux célébrations ? Qui sont ces justes dont nous parle le livre de la sagesse et en quoi le sont-ils? Curieusement, loin de penser à des êtres surnaturels, la tradition de l’Eglise nous enseigne que ce sont ceux qui vient de la parole de Dieu et qui, durant leur vie, avaient choisi de vivre les béatitudes et ainsi, laver et de faire blanchir leurs vêtements dans le sang de l’Agneau. C’est là le secret du juste, voilà le chemin de la sainteté.
Bien-aimés dans le Seigneur, le dimanche 1er novembre, dans la première lecture tirée de l’Apocalypse de Saint, dans une suite de visions, l’évangéliste nous dira qu’aussitôt après, il avait vu une foule immense que personne ne pourrait compter, qui appartenait à toutes les nations, à tous les peuples et tous les clans, à toutes les langues, et se tenait face au trône et à l’Agneau, vêtus de blanc,…  venant de la grande épreuve, ils avaient lavé leurs vêtements et les avaient blanchis dans le sang de l’Agneau. » (Ap 7, 2-4.9-14). Deux points avaient retenu notre attention. De qui Saint Jean parle-t-il ? Et de quelle épreuve s’agit-il ?
       Oui chers frères et sœurs en Christ, par cette description de Saint Jean nous osons croire que les justes, mieux les Saints que nous célébrons le 1er Novembre de chaque année ne sont pas le fruit d’une imagination ou d’une élaboration théologique. La reconnaissance des mérites des hommes et des femmes qui, à travers les âges, ont fait preuve de la fidélité aux exigences de la vie chrétienne. Ils ont bel et bien foulé cette terre des hommes et sont passés par la grande épreuve de notre histoire humaine, marquée par des fragilités, des hauts et des bas. Mais face à tout cela, du milieu de cette épreuve, ils savaient sur qui compter, vers qui crier, vers qui aller car il a les paroles de la vie. Pour eux, leur seul recours pour mener ce combat jusqu’au bout et remporter la couronne, était l’Agneau. D’où le sens de cette tournure parabolique de Saint Jean avoir lavé puis blanchis leurs vêtements dans le sang de l’Agneau. Pour dire, qu’ils avaient calqué leur vie sur le modèle de l’enseignement du Christ, l’Agneau de Dieu vivant déjà dès ici-bas, les béatitudes dont nous parle Saint Matthieu dans l’évangile de ce jour. Le paroxysme d’une telle vie est la gloire des saints. Ainsi donc, célébrer la mémoire de tous les fidèles défunts c’est célébrer mutatis mutandis la gloire des Saints qui résulte au terme d’un notre parcours terrestre vécu dans la foi et dans l’espérance. C’est pourquoi, dans la première lecture de ce lundi 02 novembre à l’occasion de la commémoration des fidèles défunts, le livre de la sagesse nous exhorte à mener une vie exemplaire dès ici-bas pour jouir nous aussi un jour de la gloire des Saints. Car dit-il : « les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et plus aucun tourment ne peut les atteindre. Aux yeux des insensés ils sont bien morts, et leur départ apparaît comme une défaite. Ils nous ont quittés : il semble qu’il n’est rien resté d’eux. En réalité, ils sont entrés dans la paix. » (Sg 3, 1-3)
       Ainsi, force est de comprendre désormais qu’en face de la mort, au moment du total et définitif détachement de la vie présente, celui ou celle qui a mené une vie pleinement humain éprouve le devoir de célébrer le don, le bonheur, la beauté de la destinée de cette existence. Une existence pleinement vécue se moque de cet instant dit la mort qui ouvre ainsi à l’espérance incommensurable à la vie éternelle. La sainteté et la mort sont les deux faces d’une même réalité : l’appartenance au Christ. Car la mort a été engloutie  dans la victoire pascale du Christ. Et si la loi de la mort nous afflige encore, la promesse de l’immortalité nous apporte la consolation. 
Saint Jean rend plus compréhensible à nos yeux, le secret de la vie de ceux que nous célébrons le 1er novembre de chaque année. S’ils sont Saints c’est parce qu’ils ont vécu pleinement dans le Christ, parce que venant de la grande épreuve de ce monde, ils ont su choisir l’Agneau  comme voie sure pour leur purification et leur sanctification. A ce prix, la loi de la mort n’a plus aucun pouvoir sinon servir de réel passage pour la vie éternelle: leurs âmes « sont dans la main de Dieu, et plus aucun tourment ne peut les atteindre. Aux yeux des insensés ils sont bien morts, et leur départ apparaît comme une défaite... En réalité, ils sont entrés dans la paix.» ainsi donc, bien-aimés dans le Seigneur, vivons non pas pour mourir mais pour entrer dans la paix. Pour ce faire, vivons du Christ, dans le Christ et par le Christ.
Le seigneur soit avec vous !
✍🏾 Père KIYE M. Vincent,  Missionnaire d’Afrique
Paroisse de Dyou/Diocèse de Sikasso-Mali
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Whatsapp : (+223) 72 65 74 82

 
L'hebdomadaire de la paroisse de Dyou n°85 du lundi 09 novembre 2020
Bien-aimés dans le Seigneur, recevez nos salutations fraternelles depuis la paroisse de Dyou dans le diocèse de Sikasso au Mali
« Enlevez cela d’ici.
Cessez de faire de la maison de mon Père
une maison de commerce. » (Jn 2, 13-22)
Bien-aimes dans le Seigneur aujourd'hui 09 novembre 2020, l'Eglise nous propose de célébrer la dédicace de Latran. La basilique du Latran est la cathédrale du Pape. Érigée vers 320 par l'empereur Constantin, elle est la première en date et en dignité de toutes  les églises d'Occident. La fête de sa dédicace nous rappelle que le ministère du Pape, successeur de Pierre, est de constituer pour le peuple de Dieu le principe et le fondement visible de son unité.
Cette unité se doit dans le respect et dans la pureté.
Au sens large, cette maison de Dieu qui doit méritée le respect et qui doit se garder pure est notre corps, comme le dit Saint Paul dans la première lecture: "Frères, vous êtes une maison que Dieu construit...Mais que chacun prenne garde
à la façon dont il contribue à la construction." (1 Co 3, 9c-11.16-17)
Comment contribuons-nous à la construction de cette maison qu'est notre corps ? Quel traitement influgeons-nous à nos corps? Maquillages, tatouages, coiffures, habillements, amitiés etc? 
Dans l'Evangile que nous venons d'entendre, Jésus s'en prend à certaines catégories de personnes qui désacralisaient le Temple de Dieu par toute sortes de comportements indignes de la maison de Dieu. Le texte dit qu'il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes :« Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père
une maison de commerce. »
Bien-aimés dans le Seigneur, en lisant cette méditation, écoute Jésus
s'en prendre à toi pour tout traitement que tu inflige à ton corps. Vois-le jeter par terre l'argent que tu gagnes de façon malhonnête, cet argent que tu gagnes par le commerce que tu fais avec ton corps. Vois Jésus détruire ces maisonnettes que tu as  construit dans le but d'admettre les jeunes dames et encourager la prostitution. Vois Jésus s'en prendre à toi pour toute relation amoureuse désordonnée et deshumanisante que tu entretiens, pour cette habitude que tu as prise de détruire les autres par la médisance, les critiques destructrices, les coups bas.
Oui Chers frères et sœurs en Christ, nous sommes tous et chacun  ces temples de Dieu dont parle Jésus, cette maison que Dieu construit dont Saint Paul dans la première lecture et que chacun de nous est invité à y apporter sans contribution à la construction. C'est ici l'occasion pour chacun de nous de voir de quelle manière il participe à cette construction.  Prenons conscience de cette réalité jour après jour afin de rationaliser nos actes, nos paroles, nos regards et nos attitudes de tous les jours. Aucune réalité existentielle n'est mauvaise en soi. Vivons-les dans la vérité et dans le respect tant de la dignité humaine que de la crainte de Dieu. C'est là pour nous, la façon la plus sûre de contribuer efficacement à la construction de cette maison que Dieu construit.
Le Seigneur soit avec vous!
✍🏽 Père KIYE M. Vincent, Missionnaire d'Afrique (Père Blanc)
Paroisse de Dyou dans le diocèse de Sikasso au Mali
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Whatsapp : (+223)72657482

Publié dans le Petit Echo n° 1114

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)