Témoignages

 

À Bouaké, Simone Gbagbo prêche le pardon entre Ivoiriens

L’ancienne première dame célébrait ce 30 avril la première « fête des libertés » de son nouveau parti, le Mouvement des générations capables (MGC). Un premier grand rassemblement qui a aussi permis de jauger sa nouvelle force de mobilisation sur la scène politique ivoirienne.

Par  - à Bouaké
Mis à jour le 1 mai 2023 à 16:17
 

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Simone Gbagbo (à g.), le 30 avril, lors du premier grand rassemblement de son parti, à Bouaké, en Côte d’Ivoire. © Aïssatou Diallo

 

 

C’est accompagnée d’une fanfare et de chants de ses militants que Simone Gbagbo a fait son entrée sur le terrain de N’Dakro, un quartier périphérique de Bouaké. Malgré une pluie abondante toute la matinée, des centaines de membres du Mouvement des générations capables (MGC) sont bien là pour scander des slogans à la gloire de l’ancienne première dame et agiter des petits drapeaux à son effigie. Beaucoup arborent des pagnes bleu et rose aux couleurs du parti.

« Simone », comme la surnomme ses partisans, esquisse quelques pas de danse puis s’installe à la tribune. Elle est entourée de cadres de MGC et de leaders d’autres partis qui ont répondu à son invitation. Les délégations du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la formation d’Alassane Ouattara, et du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), celle d’Henri Konan Bédié, conduite par le général Gaston Ouassénan Koné, sont très applaudies.

À chaque parti sa fête

« C’est Simone Gbagbo, on connaît », continuent à scander les militants qui ont convergé depuis la veille de plusieurs régions pour prendre part à cette première édition de la « fête des libertés » version MGC.

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Instituée en 1990 par le Front populaire ivoirien (FPI), dont elle a été l’une des fondatrices avec Laurent Gbagbo, la fête de la liberté commémore chaque 30 avril le combat du parti pour l’avènement du multipartisme en Côte d’Ivoire.

 

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Des militants de MGC à Bouaké le 30 avril 2023. © Aïssatou Diallo

 

 

Cette année, il y en aura trois du genre, soulignant la division de la gauche ivoirienne. Les 31 mars et 1er avril, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo a célébré la « fête de la renaissance », marquant le deuxième anniversaire de son acquittement définitif par la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accusait de crimes contre l’humanité pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Les 5 et 6 mai, ce sera au tour du FPI de Pascal Affi N’Guessan d’organiser à son tour sa « fête de la liberté » à Man, dans l’ouest du pays.

Bouaké comme symbole

Pour Simone Gbagbo, qui a refusé de rejoindre le PPA-CI de son ex-mari et qui a lancé son propre parti le 20 août 2022, cette « fête des libertés » était l’une des premières grandes occasions de compter ses soutiens et de jauger sa force de mobilisation. Plusieurs anciens cadres du FPI l’ont rejointe et constituent désormais son équipe.

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Ce dimanche, son discours était donc très attendu. « Aujourd’hui, comme avant 1990, je demande qu’on libère à nouveau la parole en Côte d’Ivoire. Qu’on libère à nouveau les médias et la démocratie », lance l’ancienne première dame.

Quant à Bouaké, elle explique avoir fait ce choix, car c’est de cette ville qu’a démarré en 2002 la rébellion : « C’est d’ici que l’âme de la Côte d’Ivoire l’a quittée. C’est donc d’ici qu’elle doit la réintégrer. […] Je suis venue à Bouaké avec le MGC pour adresser un message de paix à toutes les populations qui y vivent. Il nous faut partir d’ici pour rebâtir le vivre ensemble et pour redémarrer l’œuvre de reconstruction de la nation ivoirienne. »

Amnistie générale et réconciliation nationale

Pendant près d’une heure, Simone Gbagbo disserte sur la nécessaire redistribution des richesses au-delà des indicateurs macro-économiques positifs du régime Ouattara, ou prône, en évangélique convaincue, « la crainte de Dieu, l’intégrité et le patriotisme ».

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L’ancienne première dame s’est aussi longuement exprimée sur la réconciliation nationale, thème dont elle s’est faite l’ambassadrice depuis son amnistie par Alassane Ouattara et sa sortie de prison, en 2018. « Pendant dix ans, mon ex-parti, le FPI, a dirigé la Côte d’Ivoire. Nous avions donc la responsabilité de la sécurité, de la paix et de la cohésion des Ivoiriens. De ce point de vue, nous avons notre part de responsabilité dans la crise que notre pays a traversé, reconnaît-elle. En ma double qualité de haut responsable du FPI et de première dame au moment des faits, je tiens encore une fois à demander pardon à toute la nation […]. Mais je voudrais aussi dire que j’accorde mon pardon à tous ceux qui ont causé du tort à la nation ivoirienne, à ma personne, à mes proches et à ma famille politique. »

Puis, celle qui a passé plusieurs années en détention, d’«‍ exhorte[r] tous les responsables politiques de la Côte d’Ivoire à [la] suivre dans cet exercice […] dans l’intérêt supérieur de la nation ivoirienne ». Encore une fois, la meneuse du MGC a plaidé pour une amnistie générale et la libération des prisonniers civils et militaires de la crise post-électorale de 2010-2011, ainsi que pour le retour des exilés. Simone Gbagbo a également plaidé pour le retour au pays de Guillaume Soro, l’ancien président de l’Assemblée nationale, en exil depuis 2019 et qui fait l’objet de plusieurs condamnations par la justice ivoirienne dans différentes affaires.

Report des locales

Quant aux élections locales prévues en septembre, Simone Gbagbo a demandé leur report « de quelques mois » afin de permettre des discussions entre les partis d’opposition et le RHDP. Elle a notamment listé quelques attentes, dont « la mise en place d’une CEI [Commission électorale indépendante] vraiment indépendante, dans laquelle aucun parti politique ne sera présent », « une liste électorale fiable » ou encore « un découpage électoral juste établi sur des critères identiques pour tous ».

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Enfin, la fondatrice du MGC a donné rendez-vous aux participants pour la deuxième édition de sa fête des libertés, qui devrait se tenir en 2024 dans le district du Zanzan, dans le nord-est du pays.

Inna Modja : « La lutte contre la désertification est aussi un combat pour le droit des femmes »

La chanteuse franco-malienne aux multiples engagements nous livre sa vision d’un activisme qui mêle art, politique et technologie.

Mis à jour le 29 avril 2023 à 11:02
 

 

 

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Inna Modja© MONTAGE JA : Vincent Fournier/JA Inna Modja © MONTAGE JA : Vincent Fournier/JA

 

 

L’ACTU VUE PAR… – C’est une voix militante. Engagée depuis une vingtaine d’années dans la lutte contre les violences faites aux femmes et, plus récemment, pour le climatl’artiste franco-malienne Inna Modja est, depuis le 17 avril dernier, ambassadrice de bonne volonté de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Sa mission ? Inciter, grâce à son influence, public et décideurs à adopter des mesures et des actions politiques concrètes pour contrer l’avancée du désert. Son arme absolue ? L’art et les nouvelles technologies. Une tâche à la portée de celle qui tente de réinventer la philanthropie dans l’espace Web3 en se servant de sa plateforme Code Green, pour réunir, autour de différents projets NFT, artistes, codeurs et contributeurs prêts à agir pour la planète.

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Son envie de s’investir face aux températures qui grimpent et aux régions de son enfance qui s’assèchent, sa réponse cinglante à ceux qui la soupçonnent de faire de sa lutte contre l’excision un fonds de commerce, son renvoi dos à dos de Bamako et de Paris dans les querelles qui les opposent, celle qui, en 2015, invitait les femmes à se libérer des carcans religieux et sociétaux ne mâche toujours pas ses mots, mais ne désespère pas de faire revenir le rêve africain en Afrique, grâce à son combat en faveur du climat.

Jeune Afrique : Que signifie pour vous ce nouveau titre d’ambassadrice de bonne volonté des Nations unies ?

Inna Modja : Il représente beaucoup pour moi, dans la mesure où il m’offre l’opportunité de me faire davantage entendre, d’utiliser ma voix et ma plateforme digitale pour défendre les populations vivant dans les zones touchées par le changement climatique, d’éduquer les gens (notamment les plus jeunes), de les emmener à prendre conscience de l’impact du changement climatique sur le monde et sur nos sociétés, et de les pousser à l’action. Il est important de savoir, mais l’action reste primordiale. Et il est aussi essentiel que nous nous sentions tous concernés.

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Comment cette envie de vous battre pour la protection de la planète est-elle née ? Quel en a été l’élément déclencheur ?

Cela s’est fait de manière progressive. Gamine, vivant entre le Mali et le Ghana, j’ai été excisée à l’insu de mes parents, qui étaient tous les deux contre. Par la suite, installée en France, j’ai commencé à militer pour l’abandon de cette pratique, alors que j’avais tout juste 19 ans.

Au fur et à mesure, je me suis intéressée à d’autres formes de violences et d’injustices dirigées contre les femmes. J’ai alors réalisé que le dérèglement climatique était l’un des facteurs aggravants de la vulnérabilité des femmes et des filles, qui en sont les premières victimes.

Ayant grandi dans le Sahel, j’ai vu les choses se détériorer au fil des ans, les terres cultivables disparaître, les populations de moins en moins aptes à subvenir à leurs besoins élémentaires, les femmes et les filles astreintes à la corvée d’eau, tandis que leur accès à l’éducation se réduisait de façon alarmante, les migrations forcées… M’impliquer dans la lutte contre la désertification s’est donc imposé comme une évidence. C’est un combat pour le droit des femmes qui s’imbrique dans mes autres engagements, le changement climatique renforçant la vulnérabilité de la gent féminine.

À 19 ans, je n’étais pas suffisamment armée pour avoir une quelconque intuition de l’intersectionnalité. Je séparais violences faites aux femmes, droits des femmes et des filles… Avec les années, mon activisme est devenu plus intersectionnel : j’ai pris en compte l’origine, le genre, la classe sociale…

Cela vous laisse-t-il suffisamment de temps pour vos activités artistiques ?

Mon temps est équitablement réparti : 50 % consacré à mon art, 50 % à mon activisme. Les deux s’imbriquent aussi régulièrement parce que ma musique, engagée, reprend les thématiques qui me tiennent à cœur. Aujourd’hui, j’aurais du mal à séparer ma musique et mes films de mon activisme. Ils sont tous deux porteurs des idées que je défends.

Le projet de Grande muraille verte est à l’origine de votre film documentaire The Great Green Wall (La Grande Muraille verte). On vous y découvre en compagnie des populations vivant le long du tracé de ce futur mur d’arbres de 8 000 km sur toute la largeur du continent, du Sénégal à Djibouti. C’était important pour vous d’aller à leur  rencontre ?

La Grande muraille verte est une initiative que j’ai découverte il y a sept ans, alors que j’étais en tournée en Inde. C’est un projet ambitieux de l’Union africaine destiné à stopper l’avancée du désert, mais dont la réussite dépend essentiellement des populations. Dans certains pays, elles sont très impliquées, notamment au travers des femmes.

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Dans d’autres, les pouvoirs publics estiment avoir d’autres priorités que la lutte contre le changement climatique. C’est le cas du Mali, qui affronte défi sécuritaire et instabilité politique. Pourtant, il vise non seulement à restaurer les terres endommagées du Sahel, soit 100 millions d’hectares entre Djibouti et le Sénégal, mais aussi à aider les populations installées le long de ce mur à changer de mode de vie.

Il s’agit en réalité de modifier tout un écosystème, en aidant les communautés à le transformer en atout financier. Par exemple, la gomme arabique nécessaire à la fabrication des sodas est produite par les acacias plantés le long de la muraille. Elle pourrait devenir une source de revenus. Tout l’enjeu est de rendre la zone attrayante pour de potentiels opérateurs économiques. Restaurer les terres tout en donnant aux populations les moyens d’y vivre dignement, tel est l’enjeu.

Votre premier combat de militante aura donc été la lutte contre l’excision. Pensez-vous que ce fléau ait reculé ?

Il y a eu quelques avancées, grâce notamment à la chirurgie réparatrice et à une meilleure prise en compte de la parole des victimes. La maison des femmes de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, en banlieue parisienne, est un exemple à suivre. C’est un lieu d’échanges dans lequel les femmes victimes de toutes sortes de violences tentent de se reconstruire et de retrouver l’estime de soi en compagnie de médecins, de sage-femmes, de psychologues. Une vingtaine d’unités de ce type devraient bientôt voir le jour partout en France.

Mais, tant que l’excision ne sera pas universellement considérée comme un délit, ces avancées seront des succès en demi-teinte. Au Mali, il n’y a toujours pas de loi contre l’excision. C’est regrettable, même si j’admets que l’éducation et la prévention doivent être privilégiées.

Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de faire de l’excision votre fonds de commerce ?

Ce serait donc un fonds de commerce dont mon corps garde les cicatrices, porte les marques ! L’excision engendre des complications au moment de donner naissance à un enfant. Elle entrave également la vie sexuelle des femmes. Militer contre cette pratique ne peut pas être mon fonds de commerce : ça ne me rapporte rien du tout, à part des menaces de mort, des bousculades, des crachats, des insultes. J’ai été traitée de femme de petite vertu pour avoir juste demandé que l’intégrité physique des femmes soit préservée, et pour avoir hébergé chez moi des femmes qui souhaitaient se faire réparer, mais ne savaient pas où aller.

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Utiliser ma notoriété pour parler de l’excision n’aura pas été un exercice facile, pour moi qui n’aspirais qu’à être une chanteuse. J’ai décidé de me mettre à nu, alors que j’avais déjà subi une chirurgie réparatrice, pour deux raisons. La première, dire à celles qui avaient connu la même expérience que moi qu’elles n’étaient pas seules et qu’elles avaient le droit de se réapproprier ce qu’on leur avait enlevé. La seconde, éduquer les mamans et les exhorter à protéger leurs petites filles pour que ces dernières n’aient pas à subir cette violence extrême. Pour cette noble cause, j’ai donné plus que je n’ai reçu. Ma seule récompense, immense, aura été le bonheur des femmes qui se sont senties comprises, reconsidérées, parce que j’ai eu le courage de partager mon expérience.

Diriez-vous, comme certains, que les régressions les plus notables de ces dernières années en matière de droits de la femme sont intervenues plutôt en Occident ?

La remise en cause de l’interruption volontaire de grossesse aux États-Unis et dans quelques pays d’Europe le donne à penser. Je relève que la misogynie et le racisme s’y expriment aussi de manière de plus en plus décomplexée. C’est préoccupant et il est essentiel de ne pas baisser la garde. Mais l’Afrique aussi a ses insuffisances : aucune nation au monde ne peut prétendre être parvenue à l’égalité homme-femme. Même s’il y a de plus en plus de femmes autonomes ou qui accèdent à des métiers qui leur étaient jadis fermés.

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Je défends l’idée d’un combat global, dont aucun pays ne se tiendrait à l’écart au motif qu’il ne serait pas, ou si peu, concerné par telle ou telle autre revendication. Nous avons tous un devoir de vigilance.

Pensez-vous que la lutte contre la polygamie soit un combat féministe envisageable en Afrique, au regard des traditions et de la culture ?

La polygamie est parfois davantage liée à la religion qu’à la culture et aux traditions. Je m’abstiendrai de juger. Je ne suis pas qualifiée pour donner le moindre conseil à une femme, majeure, qui déciderait de son plein gré d’intégrer un foyer polygamique. C’est son choix.

Ma philosophie est la même en ce qui concerne le port du voile : je suis contre le port forcé du voile, pour, s’il est librement consenti. Je ne suis pas la police de la bienséance. En revanche je suis contre les violences faites aux femmes, contre les mariages précoces qui sont une véritable tragédie…

Que vous inspire l’état des relations entre vos deux pays, la France et le Mali ?

La relation est complexe. Je regarde toujours les choses d’un point de vue social. Ce qui me désole, c’est l’état du Mali. Ça fait plus de dix ans que le pays va mal. Donc, qu’importent le régime, la direction empruntée et les partenaires en place…

Il faut que les choses bougent, que les populations aient davantage d’opportunités d’emploi, d’éducation et de moyens financiers. J’ai l’impression qu’il faudrait remettre les compteurs à zéro et tout recommencer. C’est l’avis d’une simple citoyenne, pas celui d’une analyste politique.

Maria Ressa, Prix Nobel de la paix : « La bataille pour informer est aussi celle des citoyens »

Entretien 

Dans son dernier livre, la journaliste philippino-américaine et Prix Nobel de la paix Maria Ressa nous interpelle : les réseaux sociaux, instrumentalisés au profit du mensonge et de la haine, sont « une bombe atomique invisible ». Pour préserver l’écosystème de l’information, vital à nos démocraties, chacun a, selon elle, un rôle à jouer.

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  • Recueilli par Marine Lamoureux et Jean-Christophe Ploquin, 
 
 
Maria Ressa, Prix Nobel de la paix : « La bataille pour informer est aussi celle des citoyens »
 
Maria Ressa, journaliste et Prix Nobel de la paix 2021, à Paris, le 24 février 2023.MARIE ROUGE POUR LA CROIX L’HEBDO

LA CROIX L’HEBDO : En 2021, vous avez reçu le prix Nobel de la paix. Vous y avez vu une reconnaissance décisive : celle de la difficulté à être journaliste de nos jours. Quelle est la situation de la presse aujourd’hui ?

Maria Ressa : On peut parler de moment existentiel pour les journalistes. Nous vivons à la fois le meilleur et le pire. Le meilleur : notre mission n’a jamais été aussi importante, en raison de l’émergence de tous ces leaders « illibéraux », de régimes fascistes, que je décris dans mon livre. Qui, dans mon pays, les Philippines, aurait pu imaginer qu’un petit média en ligne comme Rappler aurait un tel impact ?

Mais du côté du pire… On peut, comme moi, risquer cent trois ans de prison, juste pour avoir fait son travail. Surtout, les plateformes technologiques, les réseaux sociaux ont complètement bouleversé l’écosystème médiatique. Lorsque j’ai commencé dans ce métier, il y a trente-sept ans, il y avait une confiance dans la presse, les gens voulaient être informés. Je trouvais d’ailleurs extraordinaire d’être payée pour poser des questions et vivre des aventures incroyables ! À CNN, on avait alors coutume de dire qu’il fallait capter l’attention du téléspectateur dans les dix secondes. Aujourd’hui, c’est dans les trois secondes. L’immense défi posé aux journalistes, c’est donc le combat de l’attention. Or ce combat se mène dans un écosystème numérique qui joue contre nous.

Que voulez-vous dire ?

M. R. : Dans cette lutte pour l’attention, ce n’est malheureusement pas la qualité du contenu qui prime. Le système de « distribution », via les réseaux sociaux, ne récompense pas la véracité ou la qualité de l’information mais le mensonge, la colère et la haine. Ce qui compte, c’est l’émotion. Ce système valorise notamment le mauvais journalisme, qui va faire du clic, au détriment du bon journalisme.

À Rappler, nous nous sommes fixé une règle : nous ne voulons pas que les journalistes regardent le nombre de « pages vues » de leurs papiers. Car notre métier n’est pas une course à la popularité – ce à quoi veulent pourtant nous pousser les plateformes. Résultat, certains jeunes qui se lancent dans la profession ne font plus la différence entre un influenceur et un journaliste. Alors qu’elle est majeure ! En même temps, ces attaques donnent une fierté à résister, à tenir bon, à continuer notre travail.

Dans votre livre, vous parlez d’une « bombe atomique invisible ». Expliquez-nous les conséquences pour la démocratie.

M. R. : Savez-vous que, sur les réseaux sociaux, les mensonges se diffusent six fois plus vite que les faits ? Une étude menée en 2018 sur Twitter en avait fait la démonstration. La conséquence ? Si vous n’avez plus de « faits », vous n’avez plus de vérité ; si vous n’avez plus de vérité, vous n’avez plus de confiance. Sans ces trois éléments fondamentaux, nous n’avons plus de réalité partagée. Or une société ne peut pas fonctionner si les gens ne s’accordent pas sur les faits. (Elle montre la bouteille de Coca-Cola devant elle.) Voilà du Coca, mais imaginons une personne qui vienne et répète un million de fois : « Ceci est du whisky. »

Vous pouvez finir par croire que c’est du whisky, jusqu’à ce que vous goûtiez. Sauf que le plus souvent, sur Internet, on n’en arrive pas jusque-là. Et le mal est fait. Sans une réalité partagée, comment voulez-vous résoudre les problèmes ? Diriger un pays ? Il n’y a plus de démocratie possible… Voilà pourquoi c’est une bombe atomique, avec des conséquences en cascade.

Lesquelles ?

M. R. : Lorsqu’un système récompense le mensonge à grande échelle, tout se retrouve sens dessus dessous… Les gens élisent démocratiquement des autocrates, la démocratie recule, c’est comme tomber dans le terrier du lapin d’Alice au pays des merveilles. Les choses semblent vaguement familières, mais tout est à l’envers et rien ne va… L’enjeu est de remettre les choses à l’endroit. Ce qui avait au départ été conçu pour la publicité et le marketing est désormais utilisé par le pouvoir politique. Dès lors, les géants du numérique participent à cette corruption de l’information.

C’est ce que les partisans de la liberté d’expression oublient. Je suis la première à la défendre. Sauf que là, le système est pensé pour nous « hacker », pour nous manipuler. Il travaille sur nos émotions, afin de modifier notre manière de penser et donc d’agir. Il y a tellement d’exemples : le 6 janvier aux États-Unis (l’assaut du Capitole par les partisans de Donald Trump, en 2021, NDLR)le 8 janvier au Brésil (le saccage de lieux de pouvoir à Brasilia par les partisans de Jair Bolsonaro en 2023, NDLR), les violences en Inde, au Sri Lanka, etc.

Vous-même avez été victime de cyber-attaques très brutales, de ce qu’on appelle des « DDos », des attaques « par déni de service distribué ». Expliquez-nous.

M. R. : Oui, c’était une manière de me réduire au silence. Les DDos consistent à envoyer des millions de requêtes afin de saturer un site Internet et le faire tomber, le rendre inaccessible. Mais d’une certaine manière, on peut dire que l’on est aussi face à des DDos sur nos cerveaux ; on envoie tellement d’informations erronées qu’on finit par être écrasés par ces stratégies de désinformation. Avec un impact très concret sur la société : le sexisme, sur les réseaux, conduit à attaquer les femmes, chercheuses, journalistes, leaders, etc. Cela atteint parfois très directement des personnes réelles, qui sont traumatisées…

Comme récemment Amber Heard, l’ex-femme de Johnny Depp, violemment attaquée en ligne par les réseaux masculinistes…

M. R. : Oui, Amber Heard, par exemple. Tout ça, c’est le pire de l’humanité, la colère, la haine, le mensonge, pourtant promus par les plateformes de la tech…

Face à ces risques, l’Union européenne s’est dotée d’outils de régulation. Est-ce à la hauteur des enjeux ?

M. R. : Non. Mais l’Union européenne s’est au moins engagée sur le sujet, avec un plan d’action européen, le DSA, le « Digital Services Act », et le DMA, le « Digital Market Act ». L’UE est la plus rapide des tortues. C’est mieux que rien, mieux que ce qui se fait ailleurs en matière de régulation, mais c’est loin de suffire. Le problème, c’est qu’on se focalise sur la modération des contenus, alors que face au « big data » et à la force de frappe des algorithmes, il faudrait agir à la source.

Qu’est-ce que cela signifie ?

M. R. : J’utilise souvent cette image : notre écosystème informationnel est comme une rivière. Or que fait-on aujourd’hui ? On prélève un peu d’eau, on la dépollue, puis on la remet… Bref, on n’y est pas du tout ! Ma frustration est immense, je me sens comme un mélange de Cassandre et de Sisyphe. En réalité, il faudrait protéger les données en amont pour éviter qu’elles ne soient utilisées à des fins de manipulation. Ne l’oubliez pas : lorsque vous postez quelque chose sur Facebook, le machine learning construit un modèle de vous. Qui vous connaît mieux que vous-même, puisqu’il est fondé sur l’analyse prédictive.

On y trouve vos données personnelles, vos relations, vos peurs… Une mine d’informations pour l’intelligence artificielle, qui en fait la matrice d’une base de données servant ensuite à des opérations ciblées, au profit d’entreprises, de pays ou d’individus. Autrement dit, ce système ouvre la porte à une manipulation extrêmement insidieuse.

Dans votre livre, vous êtes particulièrement sévère vis-à-vis de Facebook et de son fondateur, Mark Zuckerberg.

M. R. : Où sont les dictateurs aujourd’hui ? Certains sont chefs d’État. Mais le plus grand est peut-être Mark Zuckerberg. Comment un homme peut-il avoir autant de pouvoir dans le monde de l’information ? Il pourrait changer les choses, là, tout de suite, mais il ne le fait pas. Pour une raison simple : le système lui rapporte énormément d’argent.

Imaginez un instant que Facebook ne cherche pas le profit à tout prix, que cette entreprise mette ses algorithmes au service des personnes, par exemple de la création d’emplois ou de l’engagement civique. Je vous donne une illustration : une étude du sociologue américain Mark Granovetter a montré « la force des liens faibles ». Quand vous cherchez un emploi, par exemple, vous n’allez pas forcément vous appuyer sur votre cercle intime ou immédiat ; mais peut-être sur un ami d’ami. C’est ce que le chercheur appelle les « liens faibles », offrant de nouvelles opportunités.

Quel rapport avec Facebook ?

M. R. : Eh bien, Facebook aurait pu créer des algorithmes pour renforcer de tels liens. Il aurait pu promouvoir des « cascades informationnelles » favorisant l’inspiration plutôt que la haine… Et YouTube, pareil. Or c’est tout l’inverse. Aujourd’hui, on sait que la plateforme a joué un rôle clé dans l’émergence d’une figure d’extrême droite comme celle de Jair Bolsonaro, au Brésil.

Est-ce que cette force de frappe pourrait avoir les mêmes effets en France ?

M. R. : C’est déjà le cas ! Quand la candidate du Rassemblement national obtient plus de 40 % à la présidentielle… Et encore, Facebook, pour cette seule élection, a détruit des dizaines de milliers de comptes qui auraient sans doute perturbé le jeu électoral en distillant de fausses informations. Aux Philippines, nous avons montré que 26 faux comptes pouvaient influencer jusqu’à 3 millions d’autres ! Encore une fois : s’il n’y a pas d’intégrité des faits, il n’y a pas d’intégrité de l’élection. Ce qui est en jeu, c’est notre libre arbitre.

Dès lors, comment résister ?

M. R. : Les journalistes doivent se former, apprendre le langage de la technologie qui induit une façon tout à fait différente de travailler, de penser, d’analyser : au lieu de construire du sens, il automatise. Nous devons mieux le maîtriser. Il faut aussi une législation pour encadrer les réseaux sociaux. C’est capital. Les entreprises de la tech disent qu’elles veulent protéger la liberté d’expression ? C’est faux. Nous avons des normes strictes pour la construction de bâtiments, pourquoi n’en avons-nous pas pour des systèmes qui manipulent nos cœurs et nos esprits ? Certes, l’Europe avance à ce sujet, mais lentement, je l’ai dit.

Soyons clairs : les journalistes ne s’en sortiront pas seuls, il faut aussi un engagement civique, un puissant soutien des citoyens. Lors des dernières élections aux Philippines, nous avons ainsi créé un réseau pour lutter contre la désinformation. Il associait des médias, des institutions académiques, des juristes, des Églises, des organisations de défense des droits humains, de l’environnement… Nous partagions tout et avons pu, ensemble, nous protéger.

Dans votre livre, vous interpellez très directement le grand public…

M. R. : Bien sûr, car cette bataille est autant celle des journalistes que des citoyens. Les gens imaginent que la Troisième Guerre mondiale sera nucléaire. Moi, je pense qu’elle est déjà en cours, pas seulement en Ukraine. Chacun doit s’engager dans un combat pour les faits, la vérité, l’intégrité, en faisant un bon usage de son smartphone. C’est là que nos valeurs sont attaquées. Le courage est donc de l’utiliser à bon escient.

Voyez-vous des signaux encourageants aux États-Unis, où de nombreux responsables politiques appellent à légiférer ?

M. R. : Les compagnies de la tech fuient leurs responsabilités. Aux États-Unis, elles ne sont pas considérées comme responsables de ce qu’elles répandent. C’est comme si elles étaient de simples pipelines de l’information. Mais non ! Elles décident des contenus que vous recevez sur votre fil d’actualité, les algorithmes fonctionnent comme des éditeurs automatisés. Dès lors, elles doivent répondre de ces contenus, qui les font vivre.

Face aux cyberattaques qui vous ont directement visée, comment avez-vous tenu ?

M. R. : Pour en comprendre la violence, il faut l’avoir vécu. C’est l’homme contre la machine. Un univers dans lequel la nature humaine est mauvaise. Les réseaux sociaux sabotent nos perceptions. Vous êtes heureux ? Votre bonheur ne circulera pas. Vous ressentez de la colère ? Elle sera partagée.

Une de mes amies m’a décrite comme « stoïque », je tiens sans doute grâce à cette propension. Elle remonte loin, à l’époque où ma famille a déménagé des Philippines aux États-Unis. Quand on est une enfant immigrée, il faut s’adapter, la langue est différente, la culture est différente, vous n’avez plus vos repères. Alors, vous apprenez. Plus tard, j’ai cultivé cette attitude dans mes reportages. Lorsqu’il faut couvrir des événements difficiles, on développe une sorte de flegme. J’ai marché sur un volcan en éruption, tout le monde tentait de fuir mais moi, ma mission, c’était d’y aller ! Dans ces cas-là, on planifie, on prévoit l’arrivée, le départ, on envisage les pires possibilités, et on avance.

Vous avez eu un parcours scolaire et académique brillant. Qu’avez-vous retenu de cette période d’apprentissage ?

M. R. : À l’école primaire, une enseignante m’a dit : « Lorsque tu dois faire un choix, fais toujours celui d’apprendre. » Ce conseil est ma boussole. J’ai aussi appris, dès l’enfance, à embrasser ma peur, plutôt que de la fuir. À l’école, je ne voulais pas être ma pire ennemie en restant prisonnière de mes peurs, je voulais aller bien… J’ai compris qu’il valait mieux y faire face. Et quand vous y parvenez, plus rien ne vous arrête. Très jeune, je me suis dressée contre toute forme d’intimidation. Même chose à CNN. Parfois le contexte des interviews pouvait être très tendu, la confrontation directe… Mais je posais toujours les questions, si dures soient-elles, avec le sourire. C’est ainsi que je suis.

Vous vivez aux Philippines alors que vous y êtes menacée. Plusieurs procédures judiciaires à votre encontre, déclenchées au temps de l’ancien président Rodrigo Duterte, courent encore. Avez-vous songé à fuir ?

M. R. : Non. Cela aurait été une trahison pour mes collaborateurs de Rappler et aurait affaibli notre projet. On aurait, en outre, pu penser que j’avais effectivement commis des délits. Les années Duterte ont été extrêmement difficiles, la peur traversait la société philippine. Si j’étais partie, j’aurais été comme un rat quittant le navire.

Bien sûr, ce n’est pas toujours simple, je vis des moments durs mais je suis entourée. J’ai été arrêtée sans mandat d’arrêt, mais des ami(e) s ont toujours été à mes côtés. Au début de l’année, j’ai été à deux doigts d’être emprisonnée pour fraude fiscale (le 18 janvier, Rappler et Maria Ressa ont finalement été acquittés de ces chefs d’accusation, NDLR)… Je peux vivre avec cette incertitude.

De fait, vous êtes désormais un symbole de la lutte pour la démocratie…

M. R. : Je sais que je joue un rôle important aux Philippines et au-delà. Je n’abandonnerai pas mes valeurs. Face aux pouvoirs qui veulent vous intimider, l’apaisement, cela ne marche pas. Le fait que je résiste a été un point de bascule dans la bonne direction pour toute la société. En outre, je peux compter sur d’importants soutiens. Mais imaginez tous ces gens, ces jeunes, dans la rue, confrontés à l’impunité et sans aucun recours.

Qu’est-ce que le prix Nobel a changé ? Vous sentez-vous plus en sécurité ?

M. R. : En 2018, j’ai été désignée « personnalité de l’année » par le magazine Time. Avec une conséquence paradoxale : j’ai senti que le gouvernement risquait de s’en prendre davantage à moi mais aussi que cette distinction pouvait agir comme un bouclier. Le prix Nobel a provoqué le même effet. C’est comme les montagnes russes.

Le monde est secoué par des crises multiples. Gardez-vous espoir, malgré tout ?

M. R. : Je crois au Bien, j’y crois vraiment. Je l’ai vu à l’œuvre dans les pires événements. Les typhons, les conflits armés, les violations des droits humains, toutes les actualités tragiques que j’ai couvertes en Asie du Sud-Est, durant des années… Regardez, même avec l’arme nucléaire, l’humanité ne s’est pas autodétruite ! Nous devons inlassablement affronter les risques, les obstacles. Et faire en sorte que la bonté l’emporte.

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Ses dates

1963. Naissance à Manille.

1972. Sa mère l’emmène aux États-Unis.

1988. Cheffe du bureau de CNN à Manille.

2004. Dirige la division presse du principal groupe de médias philippin, ABS-CBN.

2012. Cofonde le site d’information en ligne Rappler.

2016. Élection de Rodrigo Duterte à la présidence des Philippines pour un mandat de six ans.

2018. Début des poursuites judiciaires contre Maria Ressa. Incluse dans la liste des 100 personnalités les plus influentes dans le monde du magazine Time.

2020. Condamnation pour cyberdiffamation, la justice ayant appliqué rétroactivement une loi. Elle fait appel.

2021. Lauréate du prix Nobel de la paix, conjointement avec Dmitri Mouratov, rédacteur en chef du journal russe Novaïa Gazeta.

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Un poème

La Seconde Venue, de William Butler Yeats

« Tournant, tournant dans le gyre toujours plus large

Le faucon ne peut plus entendre
le fauconnier.

Tout se disloque. Le centre ne peut tenir.

L’anarchie se déchaîne sur le monde

Comme une mer noircie de sang : partout

on noie les saints élans de l’innocence (…) »

« Ce poème n’avait cessé de tourner dans ma tête lorsque je couvrais les émeutes en Indonésie, à la fin des années 1990. Il m’imprègne à nouveau, dans un monde où les mensonges circulent plus vite que les faits. »

Une chanson

« If We Have Each Other », d’Alec Benjamin

« Dans ce morceau, Alec Benjamin évoque différents amours, celui d’une future mère pour son bébé, d’un couple de nonagénaires, d’un jeune pour sa sœur. J’y trouve une espérance, lorsqu’il chante : « If we have each other then we’ll both be fine » (« Si nous sommes là l’un pour l’autre, nous nous en sortirons tous les deux »). »

Une équipe

Les « manangs »

« Nous avons deux mots aux Philippines pour désigner avec respect les aînés : manong au masculin, manang au féminin. Le média en ligne Rappler a été cofondé par quatre manangs – on pourrait traduire par “grandes sœurs” –, dont moi-même. Nous sommes restées soudées par notre engagement pour le journalisme de qualité, la vérité et la justice. »

kiye2022
Méditation pour le lundi 24 avril 2023: les rivalités,  les jalousies pour satisfaire ses besoins egoistes, voilà la nourriture qui passe (Une réflexion du Père Vincent KIYE,  Mfr)

 

Textes du jour:
1ère lecture : Ac 6, 8-15
Évangile : Jn 6, 22-29

 

« Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle » lJn 6, 22-29)

 

Bien-aimés dans le Seigneur,  le contexte de cet Évangile d'aujourd'hui qui débouche sur des leçons morales très riches pour notre vie quotidienne nous paraît simple à comprendre. L'evangeliste commence par nous decrire ledit contexte precisant que Jésus avait rassasié cinq mille hommes,
et ses disciples l’avaient vu marcher sur la mer. Ce sont là les besoins quotidiens de tout homme : le manger et kes aspects plausibles de la vie. Mieux, le sensationnel.  C'est ça qui rythme notre vie. Et lorsque l'on n'y  prend garde, on y reste là. Jésus nous révèle par ses propos que tout cela est bon mais ne garantie pas la vie éternelle. Car lorsque l'on s'y accroche, ils exposent à la jalousie, à la haine, à des vaines rivalités, bref aux querelles qui nous font rater le Royaume des Cieux.  On sombre dans des frustrations qui nous détruisent et nous exposent à des crimes odieux.

C'est ce qui arriva à ces gens de la synagogue dite des Affranchis, ainsi que des Cyrénéens et des Alexandrins, et aussi des gens originaires de Cilicie et de la province d’Asie comme nous le lisons dans la première lecture de ce jour. Étienne, rempli de la grâce et de la puissance de Dieu, accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants,cela epoustoufla ses detracteurs. Ne pouvant tenir tête à la sagesse d'Étienne, ils soudoyèrent des hommes pour qu’ils accusent faussement Étienne devantle grandconseil en ces termes:« Nous l’avons entendu prononcer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. » voilà là où le complexe et la jalousie nous emmènent si l'on n'y prend garde.

Lorsque vous vous erigez contre quelqu'un pour la grâce qu'il a reçue de Dieu, vous vous erigez contre Dieu lui même et vous ne vous en sortira jamais vainqueur. Se munir de la haine et de la jalousie en ce monde, c'est travailler pour la nourriture qui passe. Reconnaître et respecter chacun dans ce que le Seigneur lui a accordé comme dons de la grâce pour l'édification de son Église, c'est travailler pour la nourriture qui demeure pour la vie éternelle.

 

Le Seigneur soit avec vous!

✍🏾 Père KIYE M. Vincent, Missionnaire d’Afrique
Paroisse de Nioro du Sahel
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Côte d'Ivoire: Simone Gbagbo favorable à une amnistie de plusieurs leaders politiques

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En Côte d’Ivoire, l’opposante Simone Ehivet Gbagbo a publié  « du sous-sol de la République à la restauration », dans lequel elle livre son témoignage sur la crise post-électorale de 2011 et ses sept années d’incarcération. Amnistiée de sa condamnation à vingt ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État en 2018, Simone Ehivet Gbagbo s’est, depuis, lancée dans l’arène politique, avec un nouveau parti : le Mouvement des générations capables, créé le 20 août 2022. Elle sera en meeting le week-end prochain à Bouaké à l'occasion de la « fête des libertés ». L’ex-Première Dame est notre invitée. 

 
 

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)