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Burkina / Pratique "anarchique" du graphisme : « Quand on est un professionnel, ces prestataires ne sont pas vraiment un danger », Adrien Tiendrébéogo

Accueil > Actualités > Multimédia • Lefaso.net • mercredi 16 août 2023 à 21h20min 
 
Burkina / Pratique

 

« Il faut faire une affiche ». Voici une phrase que l’on ne tarde pas à entendre lors de la préparation d’une quelconque activité. Les demandes sont nombreuses et les outils de conception eux aussi, croissent. Par des logiciels dit complexes aux plus faciles d’utilisation, il semble aujourd’hui très facile de concevoir des visuels soi-même ou avec l’aide d’une tierce personne. Combiner texte, image et couleur, avec pour ultime objectif que son interlocuteur réponde « oui » à la question « c’est joli ? ». Bien que faire du graphisme demande, à côté la maîtrise des différents logiciels, une bonne dose d’originalité et de créativité, il reste un métier à part entière avec ses exigences et ses particularités. Nous avons tendu notre micro à Adrien Tiendrébéogo, infographiste de profession et directeur général de l’Agence Visu’aile pour avoir son avis sur le graphisme et ses contours au Burkina Faso.

 

Lefaso.net : Comment définirez-vous le « graphisme », un « graphiste professionnel » ?

Adrien Tiendrébéogo : Je dirai que le graphisme est une discipline créative qui implique l’agencement d’éléments graphiques telles que les images (photo, dessin, peinture, illustration), la typographie, les couleurs, différentes formes dans une certaine harmonie pour communiquer ou transmettre une idée, un message. On le retrouve dans la publicité imprimée ou animée, dans les vidéos, sur les sites web, ou tout autre outil ou plateforme digitale.

Quant au graphiste professionnel, il est celui qui maîtrise les règles du métier. Il est une personne créative qui sait donner vie à des idées abstraites en utilisant des outils et des techniques tels que des logiciels de conception assistée par ordinateur (CAO), des illustrations à la main et des photographies. Le professionnel maîtrise la chaîne graphique et peut conduire un projet en respectant les exigences liées à la discipline ; et en étant présent depuis l’étape de la conception/création, à l’impression ou la diffusion des supports de communication.

Il y a-t-il une différence entre graphiste et infographiste ?

Un graphiste est une personne qui crée des éléments visuels pour tous les types de supports, qu’ils soient numériques c’est-à-dire publiées sur diverses plateformes sociales, sites web, etc. ou imprimés (brochures, plaquettes, affiches, banderoles, etc.). Un infographiste fait pareil, mais a des compétences plus axées sur les outils numériques, avec de l’habilité pour les outils digitaux.

Il faut dire que les frontières sont désormais floues entre les deux. L’un comme l’autre travaille sur la communication visuelle et servent souvent les mêmes besoins.

Quel est le parcours (formation) et quelles sont les atouts (qualités personnelles) pour être un bon graphiste ?

Je dirai qu’il y a deux types de graphistes ; les autodidactes et ceux qui suivent un parcours ou un cursus scolaire et académique. Les autodidactes sont les plus nombreux. Ils apprennent sur le tas. Mais, s’ils veulent se professionnaliser ils doivent se référer aux professionnels pour améliorer leurs connaissances sur le domaine.

C’est un métier qui a ses exigences et ses particularités. Beaucoup de personnes se trompent en pensant qu’il suffit de savoir manipuler un logiciel pour être graphiste. Non, les logiciels ne sont que des outils, comme la daba ou la pioche pour le cultivateur par exemple ; à côté de cela, il faut avoir beaucoup de connaissances relatives à la communication, à l’identité visuelle pour produire des supports professionnels de qualité, à même d’accrocher et de servir des objectifs précis.

Pour sortir professionnel, il faut suivre un cursus académique. Au Burkina Faso, on n’a pas de filière d’infographie au secondaire ou à l’université pour le moment. Il faut donc s’inscrire dans des pays étrangers, pour espérer devenir graphiste professionnel. Dans ces écoles, les offres de formation sont variées et allient parfaitement la théorie et la pratique sur divers domaines de la discipline comme le dessin 2D-3D, animation, graphisme, typographie, PAO, CAO etc. Vous y sortez avec un bagage impressionnant et le choix de vous orienter vers le domaine ou la spécialité que vous souhaitez.

Un des aspects importants, c’est que vous en sortez avec un diplôme, qui est de plus en plus demandé lors des recrutements ou dans les dossiers appels d’offres.
Tout compte fait, que l’on soit autodidacte ou diplômé, il vous faut être créatif, curieux, cultivé, savoir manier les logiciels de création, maîtriser la chaîne graphique, les procédés de fabrication, le sens de la communication pour se démarquer en temps qu’infographiste ou graphiste.

Avec des visuels à 2 000 FCFA et des logos à 5 000 FCFA, des prestataires qui envahissent le marché, comment se porte la profession ?

Pour ma part, ces prestataires sont des gens qui manquent de vision. Ce sont probablement des jeunes qui n’ont pas beaucoup de charges. Ils se rendront vite compte que le temps c’est de l’argent qu’il faut utiliser à bon escient. C’est bien difficile de réfléchir, penser à une image percutante, un message impactant et ceux parfois pendant plusieurs jours, pour les vendre à ce prix, qui est relativement très bas. Quand on est un professionnel, ces prestataires ne sont pas vraiment un danger parce que nos projets sont d’un autre niveau.

Les professionnels sont souvent confrontés à un manque de temps, donc ils prennent les projets qui ont des budgets conséquents, nécessaires pour réaliser des conceptions dignes de ce nom. Ils travaillent pour des entreprises qui veulent des supports de qualité et qui misent ce qu’il faut. En plus, être un professionnel, c’est aussi savoir défendre son travail et savoir se vendre. Par contre, il faut reconnaître que ces prestataires ont quelques peu dégradé l’image du métier avec leur prix bas.

Des logiciels comme Canva ont actuellement le vent en poupe, et permettent au commun des mortels de créer des visuels à partir de templates, qui sont des visuels préconçus disponibilisés sur la plateforme. Le sujet n’a plus qu’à remplacer le texte par le message de son choix et raccorder les couleurs à celles de son logo ou de ses activités. Comment les graphistes professionnels s’adaptent-ils ? Le graphisme nourrit-il encore son homme ?

Au début je considérais que ces applications pourraient être une menace au métier de graphiste. Mais, avec du recul et quelques analyses, je me rends compte que cela permet aux professionnels de se concentrer sur les vrais projets. En réalité, ces applications sont plus utilisées par les jeunes entrepreneurs qui veulent optimiser leur budget de communication. Par exemple, j’ai des amis qui ont lancé leurs entreprises et qui voulaient que je leur offre des visuels pour leur communication digitale. Quand j’analyse le temps que je passe sur leurs visuels, surtout avec les interminables corrections et le budget alloué, ce n’est pas du tout rentable. Alors je leur conseille d’utiliser eux même Canva pour aller vite et économiser.

Aujourd’hui, beaucoup de jeunes se lancent dans l’entrepreneuriat et se retrouvent confrontés au budget élevé dans la communication. Ils font plus de la communication digitale qui peut coûter moins cher et surtout quand ils font eux même leur visuel. En ce sens, les logiciels de ce genre rendent vraiment service et permettent à ceux qui ont un budget serré, de pouvoir réaliser leurs activités de communication. Mais, en tant qu’infographiste, nous ne sommes pas inquiets, parce que nous savons que plus ils grandiront, moins ils auront de temps à consacrer à la conception de visuels et seront donc obligés de faire appel aux professionnels.

En plus, ces applications ne peuvent pas encore gérer une bonne campagne de communication professionnelle. Un apprenti graphiste me disait un jour : ‘’J’utilisais Canva jusqu’au jour où on m’a demandé de faire une campagne d’affichage’’. Ces applications sont limitées dans le domaine. Elles donnent l’essentiel pour créer, mais il en faut plus pour placer la barre haut. On ne peut pas utiliser Canva et être « original ».

Quels sont les défis du graphiste à l’heure du digital ?

Le défi principal est de se mettre à jour sur les nouvelles technologies en matière de création, les nouvelles tendances, porter un regard sur l’intelligence artificielle. Tout évolue à une vitesse fulgurante. On ne peut donc pas prétendre être définitivement bon ; des remises à niveau s’imposent. Il faut également redoubler d’effort en termes de créativité et de rigueur dans le travail pour espérer se tailler une part de marché de considérable. L’ère du digital est une opportunité en or pour les créatifs, et les professionnels.

C.D
Lefaso.net

Au Mali, Salif Keïta griot en chef d’Assimi Goïta ?

Le chanteur, qui venait de démissionner du Conseil national de transition, a rebondi. Il a été nommé « conseiller spécial » du numéro un de la junte malienne, le 14 août, confirmant ainsi son soutien aux militaires au pouvoir.

Mis à jour le 16 août 2023 à 17:01
 
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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

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© Glez

Au Mali, une nomination surprise fait écho à une démission inattendue. À compter du 31 juillet, c’est pour d’énigmatiques « raisons purement personnelles » que Salif Keïta avait démissionné du Conseil national de transition (CNT), l’assemblée qui fait office d’organe législatif depuis le coup d’État de 2020. Voulait-il consacrer tout son temps à la musique ? Le mot « purement », qu’il avait employé pour annoncer sa démission, n’avait pas empêché les rumeurs, certains supputant que le chanteur prenait ses distances avec la mouvance d’Assimi Goïta.

À LIRESalif Keïta, la star en guerre contre les « ennemis » du Mali

Réponse aux chuchoteurs, ou dernière étape d’une trajectoire planifiée ? C’est comme « conseiller spécial » du même Assimi Goïta que la star refait – déjà ! – son entrée dans le sérail. Le 14 août, Salif Keïta a été nommé par décret, au milieu d’une liste de cinq personnes. Son rôle de conseiller devrait porter sur les questions culturelles, qui, dans une situation de crise, représentent à la fois un secteur sinistré et un vecteur supplémentaire de propagande. Peut-être l’artiste élargira-t-il ses « conseils » aux questions sociales qui lui ont toujours tenu à cœur, comme le sort des albinos et des personnes marginalisées.

Du « goïtisme » avant Goïta…

Si la nomination du musicien en a surpris plus d’un, Salif Keïta n’a jamais mesuré son soutien aux militaires au pouvoir à Bamako et à leur discours souverainiste, réclamant le départ de la mission de la Minusma. Avant même le double coup d’État du colonel Goïta, il avait dénoncé des « atteintes internationales » à l’indépendance de son pays. En 2019, dans une vidéo devenue virale, le septuagénaire s’était adressé au président, Ibrahim Boubacar Keïta, lui reprochant sa complaisance envers le régime du « gamin comme ça » Emmanuel Macron. Il accusait alors la France de « payer des gens pour tuer les Maliens […], pour ensuite faire courir des rumeurs disant qu’il s’agit de jihadistes ». Du « goïtisme » avant Goïta, en quelque sorte…

À LIREMali – Salif Keita : « Si la France voulait que la guerre s’arrête, ce serait fini demain »

« Je resterai toujours l’ami incontesté des militaires de mon pays », avait annoncé l’interprète de Folon dans sa lettre de démission du CNT… Parmi les autres personnalités promues au rang de conseillers figurent d’anciens ministres, comme Diéminatou Sangaré, Sidibé Dedeou Ousmane et Assétou Founé Samaké. Chacun apportera son expérience politique et son expertise en matière d’éducation, en matière juridique, etc. Pendant ce temps, la junte continue d’alimenter le feuilleton de la transition et on attend toujours l’annonce d’un calendrier électoral précis.

 

Togo: la Conférence des évêques préconise la levée des sanctions de la Cédéao contre «le peuple frère» du Niger

Après avoir demandé trois jours de prières en signe de solidarité envers « le peuple frère du Niger », les évêques du Togo appellent les décideurs politiques de la sous-région à revoir leur copie en levant les sanctions imposées par la Cédéao. Selon eux, cela faciliterait la rencontre de tous les protagonistes autour d'une table de négociation.

Mgr Benoît Messan Alowonou, président de la Conférence des évêques du Togo (CET), s'est exprimé au micro de notre correspondant à Lomé, Peter Sassou Dogbé.

« Ce n'est un secret pour personne que la situation économique de nos pays est très fragile. Nos populations ne sont pas encore sorties de la crise sanitaire. Alors que nous vivons encore dans cette crise, la guerre de l'Ukraine, qui se déroule à des milliers de kilomètres, a elle aussi des conséquences sur la vie déjà précaire des habitants de nos pays, et ceci sur tous les plans. Voilà que, nous-mêmes, chez nous, nous proposons des solutions de crise qui amèneront la violence et la guerre. »

« La conférence des évêques du Togo, dans sa déclaration sur la situation qui prévaut au Niger, suggère la levée des sanctions imposées par la Cédéao. Les victimes de ces sanctions ne sont pas seulement les cibles visées, mais plutôt toute la population de notre région. »

Déclaration de la Conférence des évêques du Togo (CET) sur la situation qui prévaut au Niger

🟠À vous tous, frères et sœurs dans le Seigneur, Hommes et femmes de bonne volonté, Acteurs et décideurs politiques, Considérant notre appel pour un Triduum de prières et d'adoration sur toutes les paroisses de notre pays le Togo, les 8, 9 et 10 août 2023 en faveur du pays frère le Niger, en réponse à l’invitation à la solidarité et à la prière du Président des Conférences Episcopales Réunies de l’Afrique de l’Ouest (CERAO/RECOWA),

🟠Considérant l’exhortation à la retenue, au discernement et au bon sens dans la gestion de la situation socio-politique au Niger, des Cardinaux, Archevêques et Evêques des CERAO/RECOWA aux autorités politiques, en date du 04 août 2023, Considérant la réelle interdépendance entre nos populations des pays de l’Afrique de l’Ouest, sur le plan sociale, économique et sécuritaire, Vu les conditions de vie déjà précaires de la population nigérienne et de celles de nos pays, exposées et menacées par le terrorisme et l’extrémisme violent,

🟠Vu que les violences et les guerres sont toujours source de fragilisation et de paupérisation des populations, Nous, Archevêque et Evêques du Togo, réaffirmons au nom de l’Église Famille de Dieu au Togo, notre solidarité avec le peuple du Niger et en appelons à la conscience et au sens de responsabilité des décideurs politiques et les invitons à privilégier coûte que coûte la voie diplomatique de négociation, de dialogue et de médiation dans la recherche de solution à la crise qui prévaut au Niger, en écoutant les cris de détresse du peuple nigérien.

🟠Dans le but de converger les protagonistes de la crise vers une table de négociation, nous suggérons la levée des sanctions imposées par la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont les premières victimes sont les populations civiles, notamment les femmes et les enfants.

🟠Nous saluons la courageuse, sage et prudente position des dirigeants de beaucoup de pays dont le Togo, des leaders politiques et de la société civile de notre sous-région, qui privilégient la voie du dialogue dans le discernement et la responsabilité devant l’histoire.

🟠Nous remercions tous ceux qui ont prié dans notre pays durant les trois jours susmentionnés, et qui continuent de porter la situation du Niger dans leurs prières au quotidien. En réitérant notre proximité aux Evêques et au peuple frère du Niger ainsi que notre attachement à la valeur de la paix sociale, nous continuons d’implorer du Seigneur la grâce d’un retour rapide au calme et à la compréhension mutuelle, pour le bien de tous.

►Fait à Lomé, ce 14 août 2023,

+ Mgr Benoît ALOWONOU ,Evêque de Kpalimé, Président de la CET.

(source : page Facebook de la CET)

 

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En Guinée, le Hafia, gloire de Sékou Touré et de la Révolution

Sous Sékou Touré, le Hafia Football Club a été sacré trois fois champion d’Afrique. Ses victoires étaient celles de la Révolution et favorisaient l’apaisement… autant que ses défaites pouvaient conduire en prison.

Mis à jour le 12 août 2023 à 16:13
 
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Les joueurs du Hafia FC, en août 2022. © Montage JA

 

En 1960, sitôt l’indépendance acquise, la Guinée dissout tous les clubs et associations sportives. Le football guinéen devient alors une affaire politique et l’apanage du Parti démocratique de Guinée (PDG), à travers sa section Jeunesse de la révolution démocratique africaine (JRDA), qui étend ses tentacules de Conakry au dernier village du pays. Il est créé une coupe dite « PDG », émulation sportive entre équipes compétitrices, mais aussi politique pour les différentes fédérations du parti, qui disposent chacune de leur formation.

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Les résultats sur la pelouse entrent alors dans les critères d’appréciation « de leur vitalité et de leur degré de militantisme », écrit Cheick Fantamady Condé dans son livre Sport et politique en Afrique, le Hafia football club de Guinée (2008, Harmattan Guinée).

Cette compétition syndicale a ensuite permis d’impulser une dynamique, d’ancrer le football dans le paysage guinéen et de donner à la Guinée ses premiers représentants en Coupe d’Afrique des clubs champions, avant que ceux-ci ne soient sélectionnés à partir de 1967 sur la base de leurs performances dans le championnat national. Parmi les précurseurs : le Hafia FC.

L’immortel Kwame Nkrumah

L’hégémonie du Hafia s’est construite de 1972 à 1978. Durant ce bref mais glorieux intervalle, le mythique club de Conakry II (l’actuelle commune de Dixinn) n’a jamais été aussi régulier en Coupe d’Afrique des clubs champions : cinq finales disputées, dont quatre d’affilée, et trois remportées (1972, 1975 et 1977). Au point de susciter les convoitises du monde politique. Le trophée ne s’appelait-il pas la Coupe Kwame-Nkrumah, du nom du Ghanéen que Sékou Touré avait décidé de faire, théoriquement, le coprésident de la Guinée après qu’il a été chassé du pouvoir par un putsch militaire en 1966 et s’était exilé à Conakry ?

En demi-finale en 1977, le capitaine de l’équipe, Papa Camara, avait même clarifié l’objectif : « Au seuil de la grande finale, faut-il le réitérer à notre peuple, notre engagement est de ramener définitivement la coupe du coprésident, l’immortel Kwame Nkrumah. »

Conduite par Siaka Touré, la délégation guinéenne arrive ensuite au Ghana pour le match aller de la finale avec pas moins de 108 membres, dont au moins trois ministres, preuve de l’intérêt politique caché derrière la compétition sportive. Tout ce beau monde est réparti dans les hôtels, sauf les joueurs, qui dormiront durant tout leur séjour dans les locaux de l’ambassade de Guinée, sur des matelas posés par terre.

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« Ce fut un des événements les plus importants de mon séjour au Ghana, confie l’ancien ambassadeur Chérif Diallo. On a vidé mon bureau, seuls les membres de la délégation et de l’ambassade y avaient accès. »

Un brin de mystique est même venu s’ajouter à l’histoire : alors qu’un devin, inconditionnel de l’Asante Kotoko de Kumasi, l’irréductible rival des Hearts of Oak, l’adversaire du jour du Hafia, prédisait la partialité de l’arbitre et un penalty accordé aux Ghanéens en finale, l’ambassadeur transmettait au ministre des Sports, Mamadou Tounkara, qui n’allait pas prendre les choses à la légère.

« Ils ont pris des dispositions occultes placées sous une brique déposée au bas de l’escalier qui mène à mon bureau. Des instructions fermes étaient données à tous ceux qui montaient ou descendaient de marcher dessus », confie l’ambassadeur.

Côté restauration, ce dernier faisait même ses courses à Lomé pour éviter une quelconque mauvaise surprise pour son équipe. Une énième superstition, à en croire l’ancien Premier ministre Kabiné Komara, qui se rappelle aussi avoir un jour été chargé – autre gri-gri – de ramener un caméléon de Fria à Conakry (environ 150 km), la veille d’un match du Hafia.

« Défendre et honorer la Révolution »

Le Ghana qui l’a vu naître et la Guinée qui l’a adopté se disputaient ainsi la paternité de Kwame Nkrumah. Et comme l’avait prédit le devin, l’arbitre accorda un penalty au club hôte, tiré par Anas Seydou. Mais lorsque le gardien guinéen l’arrêta, le public ghanéen se convainquit que l’Osagyefo (surnom de l’ancien président ghanéen, qui signifie le rédempteur) « ne [voulait] pas que sa coupe vienne au Ghana. Et c’est pourquoi, dès la première minute, son auguste ombre est allée en renfort au portier guinéen », rapporte Cheick Fantamady Condé. Après le match, l’équipe guinéenne, victorieuse 0-1, est rentrée via Lomé, où le président Eyadéma a offert un banquet au club.

En prélude au match retour à Conakry, toutes les structures du PDG, le parti au pouvoir, se mobilisaient pour les préparatifs devant célébrer le sacre du Hafia. De même, lorsque le Hafia a défait l’ASEC d’Abidjan le 31 juin 1973, la victoire sportive avait été célébrée à Conakry comme celle de la Révolution sur les « forces du mal et leurs valets africains ».

« Chaque soir, les joueurs reçoivent la visite des dirigeants du parti-État. Ceux-ci se succèdent à leur chevet et sur des accents pathétiques et parfois poétiques les exhortent à défendre et honorer la Révolution », raconte Cheick Fantamady Condé.

Au terme d’un match âprement disputé, le 18 décembre 1977, le Hafia s’impose face aux Hearts of Oak 3-2 et s’adjuge le triplé tant espéré, après 1972 et 1975. Le père de la Révolution, Sékou Touré, à bord de sa limousine blanche, fait plusieurs fois le tour de la pelouse, ovationné par le public.

« À l’époque, Sékou jouait beaucoup sur les codes politiques. Pour lui, la coupe Kwame-Nkrumah ne pouvait être ailleurs qu’en Guinée. C’est un joueur de damier, il n’aimait jamais perdre », explique l’ancien diplomate Chérif Diallo.

La renaissance du Hafia

Au lendemain de la victoire, Sékou Touré prononce un long discours qui prônait l’apaisement dans le monde, notamment dans ses rapports avec ses voisins immédiats, en particulier le Sénégal et la Côte d’Ivoire. « Le lendemain même, les relations avec les deux pays ont commencé à se normaliser », se souvient Chérif Diallo.

Trois mois plus tard, le 18 mars 1978, Sékou Touré, Houphouët-Boigny et Léopold Sédar Senghor se réconcilient à Monrovia, sous les auspices du président libérien William Richard Tolbert. En interne, la victoire du Hafia occasionne en outre la libération de plusieurs prisonniers incarcérés au camp Boiro.

A contrario, les défaites sportives pouvaient conduire en prison. Ce fut le cas le 2 septembre 1973, lorsque le club s’inclina à Conakry 2-4 face au Léopard de Douala, emmené par le très célèbre Roger Milla, auteur d’un doublé. Le premier revers du Hafia FC en Coupe d’Afrique des clubs champions, essuyé devant son public et, pis, devant le chef suprême de la Révolution !

Dénoncé à la présidence, l’entraîneur, Nabi Camara, passera neuf mois au camp Boiro. La défaite du 18 décembre 1976 à Alger face au Mouloudia avait quant à elle été suivie cinq jours après d’une réunion pour tirer les leçons de l’échec.

Présidée par Sékou Touré, elle avait débouché sur le limogage du ministre de la Jeunesse et des Sports, la dissolution du bureau de la Fédération guinéenne de football et la suspension indéterminée de joueurs. Ce qui n’a pas empêché le destin tragique de s’accomplir : après son triplé en 1977, le Hafia a sombré. Avant de renaître plus de trois décennies plus tard.

En 2013, l’entrepreneur Kerfalla Person Camara, alias KPC, l’a repris, avec l’ambition de redevenir champion d’Afrique. Après avoir remporté la coupe nationale en 2017, le Hafia a été sacré champion de Guinée en 2023, mettant ainsi fin à l’hégémonie du Horoya.

kiye2022
Homélie du dimanche 13 Août 2023: Tes difficultés présentes peuvent être juste, ce temps que le Seigneur t'a accordé de le précéder sur l'autre rive ( Une réflexion du Père Vincent KIYE)
Textes du jour:
1ère lecture : 1 R 19, 9a. 11-13a
2ème lecture : Rm 9, 1-5
Evangile : Mt 14, 22-33 
 « Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules…. » (Mt 14, 22-33)
Bien-aimés dans le Seigneur, la plus grosse erreur de l’homme de notre temps est de lire la parole de Dieu comme une histoire qui se serait passée à une époque donnée ou à l’époque de Jésus et les douze ou quand il était avec ses disciples ; une histoire de l’Ancienne ou de la Nouvelle Alliance, sans connexion avec l'aujourd'hui de notre histoire. D'office, Dieu est accusé d'être absent de nos difficultés ou de nos souffrances quotidiennes. Une telle lecture des choses ne peut jamais nous transformer puisque n’ayant aucune connexion avec notre vécu. Par cette méditation, nous voulons nous inviter à comprendre que la parole de Dieu est toujours d’actualité. Elle se dit toujours au présent et interpelle le comportement de l’homme de notre temps, au quotidien. Et nos souffrances ou nos difficultés peuvent être ce temps que Dieu nous a donné de le précéder de l'autre rive de la vie;  rive du bonheur, de la paix intérieure, de la justice etc. Bref, d'une nouvelle humanité par rapport à cette ancienne vie que nous menions, condamnés par le regard des hommes, stigmatisés ou étiquetés injustement etc. Que retenir de la péricope de l’évangile de ce dimanche 13 août, 19ème semaine du Temps Ordinaire de l’année liturgique A?
 
En effet, l’évangile de ce dimanche nous décrit l’histoire de Jésus avec ses disciples qui en réalité est une histoire de Jésus avec chacun de nous. Car ces disciples de Jésus aujourd’hui, c’est chacun de nous. L’évangile nous dit qu’ « aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive… ». Pendant qu’ils ramaient, voilà qu’ils seront confrontés à des difficultés. La même barque que leur ordonna le Seigneur fut battue par les vagues, car le vent était contraire. C’est la réalité de notre vie. Chaque jour qui passe, notre vie est également confrontée à des vagues ou à des vents contraires. Pendant ces moments d’épreuves ou des difficultés, nous avons souvent l’impression que le Seigneur nous a abandonnés ou qu’il est absent. Ces difficultés peuvent être des réelles opportunités pour nous de capitaliser notre confiance en Dieu afin de bénéficier des grâces en surabondance. Les épreuves dans notre vie n’ont jamais le dernier mot. D’où, l’impérieuse place à accorder à la persévérance et à la confiance en Dieu qui nous rejoint toujours dans nos difficultés quelles qu’elles soient. 

Oui chers frères et sœurs en Christ, la liturgie de ce dimanche nous rassure que Dieu n’abandonne jamais ses disciples même lorsqu’ils sont confrontés à des difficultés. Ouvrons toujours les yeux de la foi pour le voir marcher dans l’eau à notre rencontre. C’est lorsque l’on manque de confiance qu’on ne le reconnaît pas venir à notre secours et on voit un fantôme.et pourtant, notre histoire, pareille à celle du peuple d’Israël est pétrie des traces de la présence du seigneur dans notre vie, pour nous aider à croire en lui en tout temps ! c’est dans cette optique que nous comprendrons cet étonnement de Saint Paul dans la deuxième lecture lorsqu’il n’arrive pas à comprendre comment un peuple à qui Dieu a tout donné, soit aussi incapable de s’attacher à lui à jamais. Il dit : Pour mes frères de race, je souhaiterais être anathème, séparé du Christ : Ils sont en effet Israélites, ils ont l’adoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches et, c’est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout… »

Et toi, qu’est-ce que Dieu n’a pas accompli dans ta vie pour lui faire confiance  en temps réel? Comme le prophète Elie sur le mont Horeb, soyons simplement attentif à la présence de Dieu dans notre vie pour nous tenir en sa présence, Amen.
Le Seigneur soit avec vous !
✍🏾 Père KIYE Mizumi Vincent, Missionnaire d'Afrique
Paroisse de Nioro du Sahel
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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)