Témoignages

 

Du star-system à la prison… La chute de Godwin Emefiele, gardien déchu du Trésor des Nigérians

En peu de temps, il est passé des sommets de l’État au déshonneur de la démission forcée. Le désormais ancien gouverneur de la Banque centrale paie sa proximité avec l’ancienne administration. Et son entêtement à refuser la dévaluation de la monnaie nationale.

Mis à jour le 13 juin 2023 à 16:00
 
 
godwin

 

 

Le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Godwin Emefiele, devant le comité de la Chambre des représentants à Abuja, le 31 janvier 2023. © OLUKAYODE JAIYEOLA/NurPhoto via AFP

 

Le 4 août 2021, Godwin Emefiele était sur le toit du monde. En ce jour de son 60e anniversaire, les PDG de banques, les capitaines d’industrie et les gouverneurs d’État ont publié des annonces dans des journaux importants pour le couvrir d’éloges.

Jusqu’au sommet de l’État, on lui a rendu hommage. Dans son discours, le président Muhammadu Buhari a déclaré : « En tant que gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, vous avez rendu un service désintéressé à votre pays à un moment particulièrement difficile de notre développement économique, et je salue votre engagement, votre passion et votre ténacité ». Pour couronner le tout, Godwin Emefiele a emmené sa famille et ses amis en jet privé à une fête exclusive à Montego Bay, en Jamaïque, une station balnéaire connue pour ses terrains de golf et ses superstars comme Jay-Z et Beyonce. Certains des plus riches hommes d’affaires du Nigeria ont assisté à la fête.

Le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (CBN) n’est jamais monté à bord d’un avion de ligne, préférant utiliser des jets privés de luxe afférents à sa fonction. En juin 2020, lorsque le gouvernement nigérian a imposé un lockdown et fermé l’espace aérien aux avions de passagers au plus fort de la pandémie de Covid-19, Emefiele a fait décoller sa femme et ses deux enfants pour Londres, ce qui a suscité l’ire de l’opinion publique.

Malgré ces controverses, le président Buhari a toujours soutenu son gouverneur, le décorant même de l’une des plus prestigieuses distinctions honorifiques du Nigeria – le titre de Commandeur de l’Ordre de la République fédérale (CFR) – à la veille de la fin de son mandat.

Changement de décor

Dans une vidéo récente devenue virale sur les réseaux sociaux, Godwin Emefiele est encore dans un jet privé mais cette fois-ci, il n’est pas accompagné de ses nombreux collaborateurs mais plutôt d’agents de sécurité armés agissant sur ordre du président nouvellement investi, Bola Tinubu. En effet, Godwin Emefiele a été arrêté et sera éventuellement poursuivi si l’enquête qui vient d’être ouverte le nécessite.

Contrairement à son prédécesseur né de sang royal, lui n’est pas venu au monde avec une cuillère d’argent dans la bouche. Dans une interview accordée au quotidien nigérian This Day en 2021, il racontait que ses parents avaient dû se battre pour qu’il puisse aller à l’école : « En grandissant, ils ont compris que le seul moyen d’améliorer mes chances d’avoir un meilleur avenir était de me donner une bonne éducation. J’ai été témoin de leurs difficultés à payer mes frais de scolarité, parfois grâce aux revenus d’une petite plantation d’huile de palme que nous cultivions dans notre ville natale. Je compatissais à leur incapacité à me soutenir suffisamment pendant ces périodes, malgré tout le luxe dont bénéficiaient certains de mes camarades. »

Lors de cet entretien, il évoquait son intention initiale de faire médecine, et son changement d’avis de dernière minute. Emefiele a finalement été admis à l’université du Nigeria, à Nsukka, où il a étudié la banque et la finance. Il a obtenu son diplôme en 1984 et une maîtrise en 1986, avant de devenir professeur d’université. Et de se lancer à plein temps dans la banque.

En 1990, Jim Ovia, un banquier de 39 ans, crée la Zenith Bank et recrute Emefiele au nom de leur lien de parenté. Se remémorant ces années lors de son message d’anniversaire, Ovia a souligné combien Emefiele était un homme dont la loyauté n’a jamais été mise en doute. Lui qui est aujourd’hui largement considéré comme le parrain de la banque nigériane, a poursuivi : « Lorsque j’ai entrepris de créer la Zenith Bank, Godwin Emefiele a été l’une des premières personnes que j’ai invitées à me rejoindre dans ce qui s’est avéré être un voyage incroyable. Il a été loyal envers moi en tant qu’ami et patron, ainsi qu’envers les idéaux de la banque ».

L’appel de la politique

En 2010, la CBN a mis en place une politique stipulant qu’aucun directeur général de banque ne devait rester en poste plus de 10 ans.  Jim Ovia, qui a occupé le poste de directeur général pendant 20 ans, décide alors de se retirer et nomme Emefiele pour lui succéder. Dans la foulée de cette nomination, la banque devient une des plus grandes institutions financières d’Afrique, avec plus de 24 milliards de dollars d’actifs et des fonds d’actionnaires de plus de 3 milliards de dollars.

À LIRENigeria : l’héritage économique de Buhari en douze graphiques

En 2014, après l’éviction controversée du gouverneur de la CBN, Sanusi Lamido, le président en poste Goodluck Jonathan s’est mis à la recherche d’un gouverneur de banque centrale au tempérament froid. Il aurait proposé le poste à Ovia qui, à son tour, aurait recommandé son protégé. Lequel a ensuite été nommé après avoir exposé sa vision de la banque centrale en déclarant qu’il était opposé à la dévaluation du naira, mais qu’il promettait de maintenir le taux de change stable. Ce sera la pierre angulaire de ses neuf années de mandat.

À peine un an après le début de son mandat, Muhammadu Buhari est élu. Bien qu’il ne soit pas un politicien, Emefiele a réussi à se frayer un chemin dans le cœur du président et de la petite clique qui l’entoure et qui prend les décisions sensibles de l’État.

À LIRENigeria : une Banque centrale à l’orthodoxie discutable

Sa proximité lui permet d’obtenir un second mandat, qui avait échappé à presque tous ses prédécesseurs. Et qui la également protégé des arrestations et des enquêtes. Sa proximité avec le clan de Buhari a toutefois sapé l’autonomie de la banque centrale, car son mandat a été marqué par des scandales de recrutements illégaux à la banque, ainsi que par des méthodes de prêt non autorisées, entre autres.

Une crise de neuf ans

La crise du taux de change a marqué les neuf années de mandat d’Emefiele. Malgré les conseils des institutions financières de dévaluer la monnaie du pays, mise à mal par la chute des prix mondiaux du pétrole brut et la réduction de la production locale, le gouverneur resta inflexible.

Il a lancé près de 11 initiatives, qui visaient toutes à maintenir la stabilité du naira et à garantir la liquidité du marché des changes. Toutes ont échoué. Sous sa direction, le naira a chuté sur le marché parallèle de 171 nairas pour 1 dollars à 750 nairas pour 1 dollar le jour où il a quitté ses fonctions. Sur le marché officiel, le naira a également été malmené, passant de 164 à 461 nairas pour 1 dollar. Cependant, la plupart des hommes d’affaires n’avaient pas accès aux devises au taux officiel. L’écart entre le taux officiel et le taux du marché parallèle s’est donc creusé.

À LIREDinar, cédi, dirham, naira, franc CFA… Top et flop des monnaies africaines

Cette disparité entre le taux officiel et le taux du marché parallèle a effrayé les investisseurs, provoquant une chute de plus de 200 % des investissements directs étrangers. Les compagnies aériennes internationales ont affirmé que plus de 840 millions de dollars étaient bloqués dans le système, ce qui a contraint certaines d’entre elles, dont Emirates, à quitter le pays. Pire encore, seuls les amis d’Emefiele auraient obtenu des devises au taux officiel, nombre d’entre eux étant devenus millionnaires du jour au lendemain grâce à l’arbitrage.

Toutefois, les partisans d’Emefiele affirment que son mandat n’a pas été entièrement sombre. En tant que gouverneur de la banque centrale, Emefiele, conformément à la politique agricole de Buhari, a introduit le programme « Anchor Borrowers ». M. Emefiele a déclaré que grâce à ce programme, un total de 1,09 milliard de nairas (2,3 milliards de dollars) a été versé à 4,6 millions de petits exploitants agricoles qui cultivent ou élèvent 21 produits agricoles. Le gouverneur de la banque centrale a affirmé que grâce à cette intervention, le Nigeria avait cessé d’importer du riz et était devenu le plus grand producteur de cette denrée sur le continent.

Goutte d’eau

Avant le scrutin présidentiel de 2023, une campagne massive a été menée pour qu’Emefiele participe aux primaires de l’All Progressives Congress face à Bola Tinubu. Les agriculteurs qui avaient bénéficié de son intervention auraient versé pour lui quelque 100 millions d’euros.

Dans un premier temps, le gouverneur de CBN a rejeté l’idée, car la loi nigériane lui interdit de s’engager dans d’ « autres activités ». Cependant, il s’est secrètement adressé à un tribunal pour obtenir une ordonnance qui lui permettrait de se présenter à la présidence sans démissionner. Malgré cette controverse, le président Buhari a ignoré les appels à le démettre de ses fonctions. Après avoir perdu en justice, Emefiele s’est tenu à l’écart de la politique.

Pour Tinubu et ses alliés, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été la décision d’Emefiele d’introduire une politique controversée de redéfinition du naira pendant la saison électorale. L’objectif principal de cette politique était de lutter contre la contrefaçon, de réduire le blanchiment d’argent et l’achat de votes. Même si les nouveaux billets n’étaient pas largement disponibles, il a insisté sur le fait que leur cours légal serait suspendu à partir du 31 janvier.

À LIREAu Nigeria, pénurie de billets et vague de violences à deux semaines de la présidentielle

Cette pénurie d’argent a aggravé la faim et déclenché des émeutes dans de nombreuses régions du pays : des banques ont été incendiées et des distributeurs automatiques de billets ont été vandalisés par des clients frustrés. Craignant que cela n’affecte les chances du parti au pouvoir lors des élections, Tinubu et certains gouverneurs de l’APC ont demandé à Emefiele et Buhari de suspendre cette politique. Le duo a refusé de reculer.

Après la victoire de Bola Tinubu, il devenait évident qu’Emefiele serait traité comme une persona non grata par la nouvelle administration. Le discours inaugural de Tinubu, dans lequel il a dénigré la politique de refonte du naira et le régime de taux de change d’Emefiele, était déjà un signal de ce qui allait se passer.

Le 9 juin 2023, Emefiele a finalement été suspendu de ses fonctions, puis arrêté par la police secrète pour sabotage économique, financement du terrorisme et abus de pouvoir.

Halte à la pratique de l’excision au Burkina Faso : Une sage-femme révoltée témoigne

Accueil > Actualités > Société • Photo d’illustration • vendredi 9 juin 2023 à 23h45min 
 
Halte à la pratique de l’excision au Burkina Faso : Une sage-femme révoltée témoigne

 

Dans ce témoignage qu’elle livre à Lefaso.net, une jeune dame qui se fait appeler Néry témoigne des affres de l’excision auxquels elle est confrontée dans sa pratique quotidienne d’agent de santé. Elle interpelle les autorités à intensifier la lutte contre ce fléau, qui ne touche pas que les jeunes filles, mais aussi des femmes mariées forcées à se faire exciser au nom des coutumes.

« Je me nomme NERY, je suis sage-femme de profession.
Tout d’abord, je voudrais remercier toute l’équipe de Lefaso.net qui m’a donné cette immense opportunité de livrer mon témoignage sur l’excision.

Mon témoignage se veut la dénonciation de l’excision qui sévit actuellement dans nos contrées, cette horrible calamité qui porte atteinte à la gente féminine. Avant d’aller dans le vif de mon témoignage, je m’autorise à vous donner ici la définition de l’excision démontrée par les experts.

 

Selon les experts, les mutilations génitales féminines ‘’Excision’’ désignent toutes les interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme pour des raisons coutumières, culturelles ou d’autres et non des raisons thérapeutiques.

Mon vécu quotidien

Les mutilations génitales sont le plus souvent pratiquées sur les enfants et adolescentes de 4 à 14 ans, ainsi que les femmes adultes après le mariage. Une pratique rituelle assumée en connaissance de cause. Dans cette partie du Burkina Faso où je sers, on enregistre une moyenne de 15 cas d’excision par mois.

Ma fille et moi avons été victimes de harcèlements par ma belle-famille concernant cette pratique ignoble. A la naissance de ma fille, sa grand-mère paternelle m’a approchée dans le but de faire exciser le nourrisson, parce que disait-elle, c’était le moment propice.

Je me suis opposée catégoriquement et cela a entraîné un conflit entre moi, mon mari et sa famille. Mon mari a décidé de prendre une autre femme. Signant ainsi notre séparation qui m’a causé une affliction extrême.

Mais sa nouvelle épouse n’arrivait pas à concevoir au bout de deux ans. Et sa famille en a déduit, pour des raisons archaïques, que c’était à cause de moi. Elle a même décidé, curieusement, que sa première épouse que j’ai été devait être excisée pour lui permettre d’avoir des enfants avec la nouvelle. Et de succéder au trône de la chefferie familiale.

J’ai catégoriquement refusé de céder à leur demande, devenant ainsi une personne impropre devant leurs coutumes et indésirable dans leur famille. Cela m’a même valu des menaces de mort. Ma motivation à lutter contre cette pratique ignoble est que dans l’exercice de mes fonctions actuelles, je reçois souvent des patientes jeunes, âgées de 16-17 ans, qui présentent des douleurs lors des rapports sexuels et parfois montrent des déchirures, lésions, au niveau vaginal. Lors des soins prénatals beaucoup de jeunes filles ont des difficultés au toucher vaginal parce que le vagin s’est rétréci, ont des douleurs et le col de l’utérus est difficilement appréciable.

Au cours de l’accouchement les femmes victimes ont des difficultés à expulser et chez certaines, il faut impérativement pratiquer une épisiotomie (déchirure du vagin) pour permettre une ouverture plus large et les aider à donner naissance.

 

En allant plus loin dans mon interrogatoire avec ces jeunes femmes et femmes mariées, je me suis rendue compte que certaines ont été excisées à la naissance et d’autres après le mariage, pour des raisons rituelles liées à des croyances rétrogrades liées à la sexualité et à la procréation.

Je suis profondément triste que ces pratiques barbares qui n’appartiennent pas qu’au passé, existent présentement sur le sol du Burkina Faso. Les femmes qui ont été soumises à des mutilations génitales pour sauver leur mariage n’osent pas briser le silence pour ne pas entrer en conflit avec leur belle-famille et risquer de se faire répudier.

Je souhaite que des politiques rigoureuses contre les mutilations génitales féminines soient mises en œuvre et que la prévention, la protection, le soutien, la formation et la coordination interdisciplinaire soient renforcées afin que le Burkina Faso lutte efficacement contre ce phénomène et se conforme à ses obligations internationales ».

NERY
Photo d’illustration

L'Afrique est le continent avec la «tendance d'urbanisation la plus rapide au monde»

Cette semaine a lieu à Nairobi, au Kenya, la deuxième session de l’Assemblée d’ONU Habitat, le programme des Nations unies pour les établissements humains. Le rendez-vous a lieu tous les 4 ans, le dernier a pris place en 2019. Depuis lundi et jusqu’à vendredi 9 juin, plus de 5 000 participants, des représentants des États-membres de l’ONU, de ses agences spécialisées, des collectivités locales et de la société civile discutent ensemble. Entretien avec Oumar Sylla, directeur Afrique d’ONU-Habitat.

 bidonville

RFI : L'objectif de cette rencontre internationale est de parvenir à un plan stratégique pour 2024-2027. Et répondre aux défis d’une population grandissante. Un enjeu particulièrement important pour le continent africain.

Oumar Sylla, directeur Afrique d’ONU-Habitat : L’Afrique aujourd’hui est le continent qui est en tendance d’urbanisation la plus rapide au monde. En 2030, on aura atteint ce qu’on appelle la transition urbaine en Afrique, avec plus de personnes vivant en milieu urbain qu’en milieu rural. Où est-ce qu’on va les mettre ? De quelle eau ils vont se doter ? Et de quelles infrastructures ils vont se doter ? Ce sont des défis majeurs. Il faut anticiper et l’anticipation passe par la planification spatiale.

Aujourd’hui, quels sont les principaux freins en termes d’accès au logement pour les populations sur le continent africain ?

On voit des taux d’intérêt très élevés dans plusieurs pays, donc pour avoir accès à ce qu’on appelle mortgage, ou crédit logement, c’est très cher. Et c’est là où il y a le problème parce qu’aujourd’hui, on parle en Afrique de 80% d’informalité. Comment est-ce que ces gens peuvent accéder au logement ? À la base de tout ça aussi, c’est le foncier, l’accès au foncier, qui aujourd’hui constitue un problème majeur en Afrique. Plus le foncier est cher, plus le logement est cher. C’est pour ça que le rôle de l’État en termes de subventions est important pour diminuer un tant soit peu les prix du logement, ça peut être jouer sur les prix des matériaux de construction, mais aussi jouer sur les prix d’accès à la terre, et ça, c’est important.

Mais comment l’État peut-il financer ces subventions ? Le président kényan William Ruto l’a évoqué lors de l’ouverture de l’Assemblée ONU-Habitat lundi. Il a cité le manque de fonds comme obstacle principal au développement de logements.

Il faut trouver des mécanismes de financement mixtes qui travaillent avec le secteur privé, qui travaillent avec les communautés pour avoir un mécanisme qui permet de répondre aux besoins des populations, surtout celles qui sont à la base.

Je pense qu’aujourd’hui, toute la réflexion en Afrique, c'est comment financer le marché du logement. On s’est rendus compte que nos politiques du logement en Afrique ont échoué pendant des années. Beaucoup de pays n’ont pas réussi d’un point de vue public à délivrer le nombre de logements auxquels on s’attendait, parce qu’aussi l’État seul ne peut pas financer le logement.

Je pense qu’il y a aussi une nécessité d’avoir un nouveau paradigme des villes. Une ville n’est pas seulement un dortoir, c’est un espace de production et de productivité aussi. Cette population urbaine, c'est un marché de 800 millions d’habitants aujourd’hui. Et en 2030, ce sera un milliard de personnes. Ils auront besoin d’accès à l’énergie, au digital, aux véhicules, aux transports… Tout ça, ce sont des opportunités.

Kenya: un projet du gouvernement pour faire face à la crise du logement fait polémique

La question du logement est au cœur des débats politiques depuis plusieurs semaines. D’après des chiffres de la Banque mondiale, le pays est en déficit de 2 millions de logements. Alors que le Kenya connaît une urbanisation croissante, le président, William Ruto, s’est engagé à construire 200 000 logements par an pendant son mandat. Et il a annoncé vouloir mettre en place un Fonds logement, financé par une nouvelle taxe, payée par les Kényans. Dans un contexte de forte crise économique, le projet est très décrié, aussi bien au sein de l’opinion publique que de la classe politique.

Le projet d’un Fonds logement fait partie de la loi de Finances publiques présentée la semaine prochaine par le gouvernement. Si elle est approuvée telle quelle, les salariés kényans se verraient contraints de payer une taxe supplémentaire équivalente à 3% de leurs revenus. Même chose du côté de leurs employeurs. Ces deux contributions seraient toutefois plafonnées à 2 500 shillings kényans chacune, soit environ 17 euros.

À en croire le gouvernement, les revenus générés par cette taxe seront versés dans un fonds réservé à la construction de nouveaux logements à bas coût, destinés en priorité aux ménages les plus précaires.

Le projet a suscité de nombreuses réactions. Au sein de l’opinion publique, beaucoup s’inquiète de cette nouvelle taxe alors que le coût de la vie a déjà explosé au Kenya. Dans l’opposition, certains soulignent le poids inégal de cet impôt sur les revenus les plus bas. D’autres dénoncent un manque de clarté : Qui par exemple aura accès à ces nouveaux logements ? Quelles vont être les garanties pour une bonne utilisation de ce fonds ?

Le président Ruto estime que ce projet est nécessaire. 61% des Kényans vivant en zones urbaines habitent dans des bidonvilles. L’accès au logement est donc, selon lui, un défi majeur. Selon ses estimations, plus de la moitié de la population kényane vivra dans des villes d’ici à 2050.

Au Bénin, Patrice Talon nomme Shegun Bakari aux Affaires étrangères

L’arrivée de cet entrepreneur à succès à la tête de la diplomatie béninoise fait suite au limogeage d’Aurélien Agbénonci, qui était en poste depuis 2016.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 6 juin 2023 à 18:28
 

 Bakari

 

Shegun Bakari. © ATIF

 

Patrice Talon a finalement mis fin au suspense en nommant Shegun Bakari au poste de ministre des Affaires étrangères – une information confirmée ce mardi 6 juin par plusieurs sources à la présidence béninoise. Le 23 mai, Jeune Afrique avait eu confirmation de la mise à l’écart d’Aurélien Agbénonci, qui cheminait aux côtés du chef de l’État béninois depuis son arrivée au pouvoir, en 2016.

À LIREDe la finance à l’énergie… Shegun Bakari, spécialiste des transitions

Le nom de Paulette Marcelline Adjovi, l’actuelle ambassadrice du Bénin auprès du Nigeria, avait alors circulé avec insistance. Mais après avoir entretenu le doute, le chef de l’État lui a finalement préféré un profil radicalement opposé, celui d’un entrepreneur – comme lui. Selon une source proche de la présidence, une des raisons de sa nomination est sa proximité avec le Nigeria. Yoruba, le nouveau ministre des Affaires étrangères entretient en effet des liens forts avec le nouveau président nigérian Bola Tinubu.

Né à Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville, de parents béninois, en partie formé en France, Shegun Bakari a débuté sa carrière dans la banque – dans une filiale de la Société générale – avant de rejoindre BMW France. Associé du fond d’investissement Atif, c’est aussi le directeur général de la start-up M Auto.

Ex-soutien de Bio-Tchané

Soutien du candidat Abdoulaye Bio-Tchané lors de la présidentielle de 2016 au Bénin, il avait par la suite conseillé le président togolais, Faure Essozimna Gnassingbé, et ce jusqu’en 2021 – il avait rang de ministre. En avril dernier, il avait ensuite été nommé ministre-conseiller aux investissements auprès de Patrice Talon.

La nouvelle du limogeage d’Aurélien Agbénonci avait fait l’effet d’une bombe, fin mai. Ces derniers mois, des tensions semblaient être apparues entre le chef de l’État et son ministre des Affaires étrangères. Début avril, Patrice Talon lui avait retiré à le volet coopération et diplomatie économique pour le confier à Romuald Wadagni, le ministre de l’Économie et des Finances.

La directrice générale d’Allianz Africa a reçu le 5 juin à Abidjan le prix « CEO of the year », qui lui a été remis dans le cadre de l’Africa CEO Forum.

Par  - Envoyée spéciale à Abidjan
Mis à jour le 6 juin 2023 à 14:18
 
 delphine

 

 

Delphine Traoré à la remise des prix de l’Africa CEO Forum à Abidjan, le 5 juin 2023. © ACF

 

Le 1er novembre 2021, elle a pris les rênes d’Allianz Africa. À ce titre, elle a finalisé, en mai 2022, un important projet de partenariat avec Sanlam, afin de combiner les activités africaines des deux poids lourds des assurances et créer ainsi la plus grande entreprise de services financiers non bancaires du continent, forte d’environ 2 milliards d’euros de revenus. Une entité qui sera présente dans 25 pays et ambitionne de figurer dans le top 3 de chacun d’eux.

À LIREFinance : dix choses à savoir sur Delphine Traoré, la Burkinabè qui monte chez le géant allemand Allianz

En octobre 2022, elle a aussi bouclé le dossier de la prise de contrôle par Allianz Africa de sa coentreprise avec le leader kényan en Afrique de l’Est, Jubilee Holdings. Lorsque la transaction avait été annoncée, deux ans plus tôt, Delphine Traoré n’était certes pas encore numéro 1, mais elle était déjà, depuis 2017, directrice des opérations (COO) de la branche Afrique de l’assureur allemand et à ce titre, participait aux décisions.

Égalité des genres

Autant d’accomplissements que le jury des Africa CEO Forum Awards, organisés par Jeune Afrique Media Group (JAMG) en partenariat avec Mazars, a choisi de récompenser en remettant à la dirigeante le trophée de « CEO of the year ».

Participaient à la décision, outre Amir Ben Yahmed, directeur général de JAMG, Olivier Buyoya, directeur régional de l’IFC, Hassanein Hiridjee, lauréat de l’édition 2022, Esther Chibesa, directrice générale de Citibank et Ibukun Awosika, membre du conseil consultatif de Binance Advisory Global Board.

À LIRE[Série] NSIA, Visa, Facebook Africa… L’heure des patronnes africaines

Diplômée de la Boston University, dans le Massachusetts, passée par le Canada où elle a rejoint Allianz en 2005, la Burkinabè est désormais basée à Abidjan où elle s’attache à faire de l’égalité des genres en milieu professionnel une priorité, assure-t-elle.

Arise IIP, lauréat de l’African Champion Award

Une thématique chère à l’organisation des Africa CEO Forum Awards, qui y consacrent chaque année un prix, le Gender Leader Award, remis cette année au capital-investisseur Janngo. L’African Champion Award, de son côté, a été remis à Arise Industrial Integrated Platforms (Arise IIP), pour sa « stratégie d’expansion régionale cohérente et conséquente qui contribue à l’intégration économique africaine ».

mPharma, la start-up ghanéenne fondée en 2013 par Gregory Rockson, a quant à lui remporté le prix de Disrupter of the year, tandis que le trophée du Local impact champion était remis à Africa Finance Corporation.

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)