Vincent KiyeLa délicatesse, ce secret pour une vie affective équilibrée

Notre monde en perpétuelle mutation tend à influencer l’agir humain dans tous ses aspects que l’homme moderne veut à tout prix calquer son mode de vie sur le modèle de l’évolution rapide du monde moderne. La foi en l’évolution technologique et scientifique tend à secouer tous les fondements éthiques et anthropologiques qui donnaient force et sens à l’existence humaine. Le caractère toujours changeant de notre monde actuel fait croire à l’homme moderne que la notion de fidélité, de chasteté, d’endurance, de continence, de persévérance, du respect de la dignité et de l’intégrité physique, morale et spirituelle sont révolues. Progressivement et au nom de certaines idéologies partisanes nous tendons vers l’avènement d’un monde ni haut ni bas qui commence à chavirer détruisant tous les repères existentiels. Comme conséquence, les principes de base de notre vie de foi semblent progressivement être bousculés et dépréciés au nom de ces idéologies. L’approche du changement radical est devenue la norme. S’adapter aux exigences du monde actuel est une chose et calquer sa vie sur le modèle que nous présentent les appâts de ce monde en est une autre qui est parfois dangereuse. Car dit-on, « tout ce qui sonne bien au-delà des Pyrénées n’est pas toujours transportable partout ailleurs ».

A cet effet, nous osons croire quant à nous que si les réalités du monde peuvent changer, ce qui est jugé comme une valeur en soi, c’est-à-dire le bien, ne change pas puisque faisant partie de l’essence même de Dieu, le Bien par excellence. La délicatesse qui fait l’objet de notre analyse sous ces lignes s’inscrit dans cette optique. Qu’en est-il alors de cette délicatesse pour que nous en parlions ici ?

Partant de l’enseignement dont j’ai été bénéficiaire lors notre retraite du week-end du 28 au 30 novembre, je voudrais ici vous exposer combien cet enseignement a résonné en moi comme de la flûte qu’on jouerait pour guider un homme perdu dans la forêt. Le prédicateur de cette retraite avait fait un excellent développement de la notion de la délicatesse dans nos rapports en société, attitudes, faits et gestes qui sans que nous nous en rendions compte nous exposent à des déviations multiples qui par la suite, deviennent des portes ouvertes à toutes formes de légèreté. Mon approfondissement de cette exhortation sur la délicatesse que je conçois ici comme le secret d’une vie affective équilibrée me légitime de vous faire cette confidence pour quiconque veut vivre son engagement religieux et/ou matrimonial dans les simples limites de la raison.

Je voulais dans cette analyse, m’appesantir sur l’importance de la délicatesse dans nos rapports mutuels surtout à l’endroit des personnes de sexe opposé. Car souvent nous mettons notre humanité à l’épreuve. Aujourd’hui, il n’est pas rare de trouver des hommes ou des femmes qui croient se fier à leur seule conscience devant certaines situations susceptibles d’entraîner l’homme à la chute.

En effet, a souligné le Père Hippolyte Mel, citant le pape François, « Il ne suffit pas seulement de compter sur sa propre conscience » mais il y a un minimum de précaution à prendre pour ne pas succomber à la tentation. Abordant la question des rapports entre homme et femme, je dirai que l’exigence de la délicatesse c’est-à-dire le tact et habileté dans les relations avec autrui » est la règle d’or si l’on veut vivre dans le respect mutuel et respecter ses engagements quels qu’ils soient. « L’esprit en nous est généreux mais notre chair est faible. »

 

         Devant la présence féminine ou masculine, quelle que soit la résistance, la sensation dépasse la raison et se moque de la conscience droite pour dire qu’on ne résiste jamais jusqu’au bout. C’est la loi de la nature qu’il ne faut pas nier et qui transcende toutes les prescriptions morales et religieuses. Ce qu’il faut, osons-nous le dire, c’est de prendre des précautions. Eviter des attentions préférentielles qui se matérialisent par des expressions du type « bisous mon bébé, mon chouchou » à tout bout de champ, « un coucou » etc qui se répètent chaque fois et tous les jours. Ces attentions préférentielles étouffent la liberté de cœur de sorte que vous ne pouvez plus dire non à une quelconque sollicitation. Une autre chose sur laquelle il est faut veiller ce sont des relations trop sensibles, une familiarité démesurée, une légèreté dans le langage envers les personnes de sexe opposé, des proximités exagérées, la préférence des rendez-vous surtout en des lieux privés, les fréquences dans les conversations, le fait de s’ériger en service public pour distribuer ses contacts téléphoniques etc à tout le monde. Même les grands patrons veillent à donner les références de bureau plutôt que les leurs personnelles.

Ce partage tient lieu de fruit d’une enquête menée auprès d’un échantillon de 20 filles rencontrées. Sur cet échantillon 19 d’entre elles se sont retrouvées dans des situations auxquelles elles ne s’attendaient. Pris dans le piège de la loi de la nature qui fait que lorsqu’un homme est en contact permanent avec une femme et vice versa, une certaine affinité s’installe dans les limites de la raison et élit domicile dans le subconscient de deux partenaires si bien que l’attirance devient évidente. Aucun homme et aucune femme qui veut se respecter et rester fidèle dans ses engagements, ne doit négliger cette réalité et par surcroît ces conseils évoqués ci-haut. Si cette exhortation tient lieu pour les prêtres, religieux et religieux, il en va de-même pour tous les fidèles laïcs qui veulent vivre leur vie de foi dans l’esprit du Christ. Nous n’avons aucun intérêt à désacraliser nos corps en en faisant un « lieu public », en faire un objet de plaisir pour les autres.

        Faisons de la délicatesse la règle d’or de notre vie pour réduire au maximum possible les dérapages. Le minimum possible de précaution nous épargne beaucoup d’erreurs. Nul n’est vacciné devant les séductions de la chair. Soyons les plus prudents possible pour résister à la tentation comme dira l’un des plus grands philosophes que l’humanité n’ait jamais connu jusqu’ici, Jésus-Christ : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.» (Lc 4, 12)

                                                    Vincent Kiye