Missionnaires d'Afrique

Noël Kindo,
R.D. Congo


L’Année de la foi et le synode africain
dans nos communautés et missions

Le synode pour l’Afrique qui s’est tenu à Rome du 4 au 25 octobre 2009 se voulait être un cercle de réflexion sur la mission de “l’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix”. Réconciliation, justice, paix, trois réalités qui évoquent au fond la souffrance et le stress actuel du vieux continent africain. Cette souffrance est le résultat de guerres politiques tribales, de certaines pratiques néfastes à connotations traditionnelles, de conflits d’intérêts économiques et surtout de la mauvaise gouvernance. Dans tous les cas, ce sont les civils, les pauvres, les maillons faibles de la société qui en paient les plus lourds tributs.

Aujourd’hui, sans être pessimistes ou fatalistes, on ne peut pas nier ce besoin vital de paix en Afrique ; il y a nécessité de réconciliation et de paix mais d’une paix juste et d’une réconciliation juste, conjuguées avec le don du pardon. À cette fin, pour le bonheur de l’Afrique, les Pères synodaux, à la fin du synode, ont proposé des solutions : le dialogue religieux avec l’islam, l’invitation aux chrétiens d’Afrique à prendre des responsabilités politiques, la condamnation des violences faites aux femmes et aux veuves, la recherche d’une approche beaucoup plus humaine sur la condition des migrants, la protection de la dignité de la personne humaine par le combat contre l’esclavage et le tourisme sexuel, etc.

C’est en s’affairant à vivre ces orientations pastorales du synode que la Société des Missionnaires d’Afrique, ainsi que l’Afrique entière, a accueilli l’Année de la foi du 11 octobre 2012 au 24 novembre 2013.


Statue du Centre Amani de Bukavu submergée par les intentions de prière.

L’Afrique est un continent de grande foi. La foi est une réponse de l’homme à Dieu, l’homme qui cherche Dieu dans son intimité et Dieu qui donne son amour intime à l’homme et ce, en toute fidélité. Cette foi est source de grâce pour l’homme, elle est source de vie et de force pour la personne humaine : “Si vous ne croyez pas, vous ne tiendrez pas” (Is 7,7). Seul celui qui se laisse guider par l’Esprit de Dieu peut tenir jusqu’au bout. Croire signifie qu’à l’opposé de l’homme moderne, qui cherche une vie où Dieu n’aura rien à dire, l’homme de foi s’évertue à construire sa vie sur le Christ, source de vie et d’amour vrai.

Occasion de redécouverte de sa réelle identité
L’Année de la foi a été l’occasion pour les chrétiens de redécouvrir leur réelle identité d’enfants bien aimés de Dieu et de redire leur conviction quant à la nécessité de s’engager à partager ce bonheur avec les autres. Ainsi, l’Année de la foi a rappelé au croyant qu’il se devait d’être fier de sa foi et d’en apprécier la valeur. Cette attitude s’avère fondamentale aujourd’hui car la foi traverse un moment de crise sans précédent, avec des contrevaleurs et des visions morales douteuses tendant à s’imposer. Pour être efficaces, aussi bien le laïc que le missionnaire consacré éviteront la peur et le doute pouvant entraîner l’inefficacité de leur engagement. Le chrétien est invité à approfondir sa relation personnelle avec Dieu, à avoir une confiance totale en lui et une conversion constante en son fils Jésus le vrai Seigneur et Sauveur.

La pastorale principale de nos communautés Pères Blancs d’Afrique s’est conformée aux visions de notre charisme comme Missionnaires d’Afrique tout en intégrant, selon les réalités des Églises locales, les directives du synode africain et de l’Année de la foi.

Initiatives prises durant l’Année de la foi
Dans le diocèse de Goma, au Nord Kivu, pour marquer l’Année de la foi, les paroisses ont été invitées à faire réciter le Credo pendant les messes quotidiennes en vue d’aider les fidèles chrétiens à mieux méditer les mystères de notre foi, de renouveler sans cesse leur foi au Dieu Père, Fils et Esprit Saint. On a aussi organisé des conférences sur l’histoire de l’évangélisation du diocèse pour se souvenir du parcours de ceux qui ont apporté cette foi. Dans le diocèse de Kasongo, au Manièma, des sessions de formation et d’approfondissement de la foi ont été organisées par les confrères Missionnaires d’Afrique de Kipaka pour les mamans et les catéchistes : deux entités incontournables dans la propagation de la foi. Un grand pèlerinage a été organisé à Kamporia, lieu de dévotion mariale. Aussi, par des quêtes spéciales, de l’argent et des biens matériels ont été amassés en faveur des malades et des prisonniers. Le secteur de Bunia a, quant à lui, procédé à l’éducation à la foi par des projections cinématographiques et des sessions de formation en faveur des fidèles chrétiens.

Au Rwanda, les confrères de la paroisse St-Pierre Cyahafi, à Kigali, ont organisé des conférences sur le thème de la foi, en plus de la prière spéciale pour l’approfondissement de la foi que l’on récitait chaque jour à la fin de la messe. À cela se sont ajoutés des partages dans les CEVB ainsi que des colloques sur “le défis de la foi pour les jeunes de ce temps” pour marquer cet intérêt spécial pour la jeunesse.

Le synode pour l’Afrique et l’Année de la foi ont approfondi la foi et consolidé l’engagement des différentes communautés pastorales où oeuvrent les Missionnaires d’Afrique de la Province d’Afrique Centrale (PAC) au service de la vie. Ceci s’est manifesté à travers les structures de justice et paix et de l’intégrité de la création, l’engagement au dialogue avec l’islam et les autres religions, l’attention réservée à la religion traditionnelle africaine, l’accompagnement humain et spirituel des personnes vulnérables ainsi que des migrants.

On pourrait affirmer sans ambages que l’activité pastorale des Missionnaires d’Afrique suit pleinement non seulement le charisme propre de la Société, mais aussi les sollicitations du synode africain. C’est une source de joie de voir la qualité de notre pastorale et son caractère toujours prophétique. Pour l’avenir, la qualité de notre mission résultera de notre capacité à toujours lire les signes du temps à temps.

Noël Kindo,
Paroisse Sainte Félicité, Kisenso, Kinshasa, RD Congo

Tiré du Petit Echo N° 1051 2014/5