Le Père Jean Paul GuibilaSur l’utilisation des
citations bibliques

 

Une mère de famille est poussée à bout par son fils : “Désormais, je ne te parlerai plus que par des citations de la Bible !” Le lendemain matin, le fils ne se lève pas. Voyant qu’il va être en retard, sa mère monte, ouvre la porte de sa chambre et lui crie : “Lève-toi et marche.” (Lc 8,54). En se retournant sous sa couverture, le fils lui répond : “Femme, mon heure n’est pas encore venue.” (Jn 2,4)

Au début du carême, j’ai été attiré par le fait que dans les récits de la tentation (Mc 1,12, Mt 4, 1-11, Lc 4, 1-13), le diable utilise incessamment les Écritures pour pousser Jésus à la faute. Un usage abusif, je dirais. Pour moi, la tentation qui pourrait nous guetter serait aussi d’user de la Parole de Dieu à mauvais escient. En effet, nos fameuses connaissances théologiques pourraient nous amener à vouloir justifier l’injustifiable en nous référant aux textes bibliques ou au Magistère.

Dans cette perspective, il est à noter que dans les récits de la tentation comme dans certains cas de figures (Lc 8, 28), le diable, tout en faisant référence à l’identité de Jésus, n’adhère pas à lui pour autant. C’est comme s’il (le diable) jouait avec la personne de Jésus pour atteindre des objectifs inavoués. Dans ce sens, je dirais qu’une chose est de connaître le Christ intellectuellement, une autre est de le suivre en l’imitant en actes et en paroles : en d’autres termes, il faut passer de l’amour captatif à l’amour oblatif avec le Seigneur.

Que de fois résumons-nous la connaissance de Jésus aux études, aux diplômes théologiques ! À Guadalajara, plusieurs fois j’ai écouté des personnes très remontées, voire détruites parce qu’un jour un prêtre leur a magistralement flanqué au visage une citation biblique, un commandement, une doctrine face à une situation qu’elles vivaient ; et cela, sans compassion.

Pour terminer, je vous laisse avec cette anecdote : “Constatant que les jeunes de sa paroisse profitaient de ses arbres fruitiers, M. le curé inscrivit une pancarte sur laquelle on pouvait lire : Le Seigneur voit tout !

Le soir même, les jeunes ont rajouté en dessous : " Mais il ne dénonce personne ! Il attend patiemment que nous renoncions à nos larcins !” (Marie Ange Pompignoli et Bernard Peyrous, Dieu est Humour, éditions de l’Emmanuel, 2007, Paris, Page 54)

Puisse ce temps de carême être pour nous une vraie période de renoncements qui mettent en pratique la Parole de Dieu.

Jean-Paul Windbarka Guibila, Guadalajara, Mexique