NOTICES BIOGRAPHIQUES
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Père Maurice Cadilhac

1934 - - 2019

...Maurice est né à Montpellier le 5 juin 1934, aîné d'une famille de 7 enfants. Dès 1935, son papa s'installa comme médecin à Brioude qui sera le port d'attache de Maurice qui aimait y retrouver sa famille, celle-ci tenant une grande place dans sa vie.

Son parcours scolaire fut le suivant : le primaire chez les Frères des Ecoles Chrétiennes, le secondaire à l'institution St Joseph et au collège St Lazare à Autun. Il passe le bac. Math-élém en 1951. Il a fait partie du monde scout durant toutes ses études.

Maurice nous a laissé des notes relatives à la genèse de sa vocation missionnaire. Il savait que ses parents, discrètement, souhaitaient avoir un fils prêtre. De fait, très tôt, Maurice le voulut. Désir qui disparut avec l'adolescence. Après le bac, il s'inscrivit dans une école supérieure.

Comme les élèves de Terminale avaient l'habitude de faire une retraite, il se retrouve à l'abbaye de la Pierre qui vire. Là, un moine lui demande s'il songe au sacerdoce. Spontanément, Maurice s'entend répondre : " Prêtre, oui, mais prêtre missionnaire ". Plus tard, relisant sa vie, il reconnut dans cet évènement l'action du St Esprit. De lui-même, il n'avait plus pensé à cette orientation de sa vie. Cela ne sera pas la seule fois où, dans sa vie, Maurice répondit généreusement aux inspirations du St Esprit.

Il fit part de sa décision à ses parents, heureux de ce qui correspondait à leur attente, tout en ayant préféré que Maurice devienne prêtre diocésain comme trois de ses oncles. Il s'entretint de cette décision avec son directeur spirituel qui l'orienta vers les Pères Blancs ;

Il se retrouva ainsi en octobre 1951 à Kerlois sans avoir jamais rencontré un Père Blanc, sans connaître les caractéristiques de notre société. Maurice écrit : " Je continuais à me laisser guider par l'Esprit Saint".
Il suivit alors la " filière " classique : Kerlois pour la philosophie, Alger pour le noviciat, Thibar et Carthage pour la théologie. Avec une longue interruption de 30 mois due au service militaire. Il prononce son serment missionnaire en 1959 ; il est ordonné prêtre à Brioude le 30 janvier 1960.

Maurice pense alors rejoindre rapidement la préfecture apostolique de Gao, au Mali, où il est nommé. Mais, Mgr René Landru, le responsable, voit en Maurice l'homme qu'il recherchait pour le dialogue avec les musulmans. Il envoie Maurice pour une période de deux ans à la Manouba, à Tunis. Il y étudiera l'Islam et sa culture. Années passionnantes, nous dira Maurice.

Ce fut enfin Diré, fin 1962. Il se met à l'étude de la langue, le Songhaï qu'il parlera très correctement. Commence alors une période de plusieurs décennies à Diré et à Gao où Maurice, avec ses confrères, s'immerge dans le milieu africain. Visitant les petites communautés chrétiennes, le long du fleuve Niger, dialoguant avec les musulmans, partageant avec tous réjouissances et épreuves. Maurice y fut heureux. " Notre communauté de trois confrères étaient aux yeux de tous signe de l'amour du Père pour tous les hommes ".

Mais, au bout de quelques temps, à la suite d'une réflexion communautaire sur la meilleure manière d'être au service de la population, Maurice s'engage comme professeur de math. Il fait dès lors partie de la fonction publique malienne. Ce fut l'occasion de nouvelles rencontres avec le monde enseignant, avec les parents d'élèves. Ce dévouement auprès des jeunes, ces amitiés étaient vécues par toute la communauté.
En 1973, Maurice est envoyé chez les Dogons. Nouvelle langue, nouvelle culture. Nommé à Bandiagara, très vite, il aura à partager son temps entre l'enseignement des mathématiques, la responsabilité d'un internat… et la catéchèse.

Est-ce cette polyvalence qui amena le nouvel évêque africain à nommer Maurice à Gao ? Il y resta huit années, tout à la fois curé, vicaire, économe, tout en visitant les populations musulmanes des environs ? Là encore, Maurice nous dira à plusieurs reprises sa joie de mettre en œuvre ses divers talents.
En 1995, les Pères Blancs " héritent " de la Mauritanie et en 2008 Mgr Happe a besoin d'un
" socius ", d'un économe diocésain. Il connaît Maurice, l'estime. Maurice accepte cette nouvelle nomination avec les changements importants qu'elle comportait. Il travaillera en Mauritanie de 2008 à 2016.

En juin 2016, à la suite d'un examen médical, c'est le retour définitif en France. Il reçoit les premiers soins à l'hôpital St Joseph, à Paris. Il se rendra ensuite à Billère. Hospitalisé en début 2019, il nous quittera le dimanche 11 mars pour rejoindre le Seigneur.

Maurice nous laisse le souvenir d'un confrère avec qui il faisait bon vivre : sa riche personnalité lui permettait d'apporter une importante contribution à la vie communautaire.

Sa forte personnalité ne blessait personne, mais permettait à chacun de développer ses talents, notamment dans le domaine apostolique où toutes les compétences sont les bienvenues. Il refusait le titre d'intellectuel qu'on lui décernait facilement au vu de sa bibliothèque et de ses visites à la médiathèque de Billère ? Mais il a mis tout son cœur à servir les Africains à l'aide de son intelligence aussi bien vive que pratique.
Sa vie spirituelle était profonde. Son union au Seigneur lui a permis d'avoir des connaissances dans le domaine de la prière dont ont bénéficié les personnes qu'il accompagnait.

Vie spirituelle qui lui a donné de vivre intensément ses dernières semaines comme le Seigneur l'a permis. L'alternance de rémission et de recrudescence de la souffrance lui a demandé beaucoup de générosité, aidé en cela par l'Association Cancer Espérance. C'est ainsi qu'il a pu dire, 48 heures avant de rejoindre le Seigneur, d'une voix faible mais bien décidée : " Oui, je suis prêt à partir, je suis prêt pour le dernier pas ".

Jean-Marie Vasseur