Larme Naba PierreLe chrétien Tchadien et Africae Munus

   « L’Afrique pauvre dans un monde prospère ». C’est ainsi qu’on pourrait résumer les propos de Paul Valadier, religieux jésuite, à propos de la situation de l’Afrique dans un article qu’il a publié et qui a été approuvé par le G8 en 2005. En effet, dans cet article, Valadier rendait hommage à la société actuelle par rapport à son évolution croissante grâce à la science et à la haute technologie dans leur gigantesque réalisation en faveur du bien-être de l’homme. Son constat est honorable, car on ne peut pas demeurer indifférent devant les progrès scientifiques : le niveau d’habitat confortable, l’augmentation de l’espérance de vie suite au progrès de la médecine et de la chirurgie, bref, grâce à la science et à la technologie,  le monde est au beau fixe. Cependant une analyse objective de la situation de la plupart des pays africains laisse croire que le continent noir est en marge du monde. La réalité en Afrique semble autre que ce que dit Paul Valadier.

                Au lieu de rayonner comme les autres pays du monde, la situation de la plupart des pays africains est lamentable. Cette situation qu’on peut qualifier de désastreuse,

les évêques d’Afrique, réunis en synode à Rome en 1994, l’ont mentionnée en évoquant les divers maux dont souffre le continent noir : pauvreté extrême, gaspillage tragique des ressources naturelles disponible, l’instabilité sociopolitique et économique (endettement croissant), sida, pratique de l’esclavage dans certains pays, intolérance religieuse, tribalisme et conflits ethniques etc.

                Dans cette lancée, le Tchad, faisant partie des pays africains, n’est pas épargné. La situation qui y prévaut semble pire encore. En effet, non seulement il est gangrené par les maux mentionnés par les évêques ci-dessus, mais il est aussi saturée d’autres problèmes : une misère épouvantable, une mauvaise administration des rares ressources disponibles, une instabilité politique, une désorientation sociale, une certaine haine entre le Nord et le Sud, une intolérance religieuse suite à un extrémisme qui tente de s’y installer, un manque de justice véritable et une hypocrisie criante, quant aux efforts de réconciliation pour la restauration de la paix durable.

                Dans ce contexte où règnent la misère, la méfiance, la mésentente et où le désespoir envahit tout, comment faire pour que renaissent l’optimisme, l’espoir et l’espérance ? Comment faire pour que le témoignage chrétien aide à un changement de mentalité des Tchadiens ? Comment faire pour transformer les haines en amour, les différences en complémentarité, les vengeances en pardon et les divisions en unité ? Que faut-il changer dans le vécu des Tchadiens pour que la justice triomphe de l’injustice ? Que doit faire le chrétien concrètement pour promouvoir la réconciliation entre Tchadiens en vue de la restauration de la paix et de la stabilité définitive dans notre pays ?Il n’y a pas, à notre avis, une recette magique qu’il faut appliquer pour que la réponse à ces interrogations soit une réalité. Néanmoins, les conclusions du synode des évêques d’Afrique de 1994 repris par le pape Jean Paul II dans son encyclique « Ecclesia in Africa » et les exhortations du Pape Benoît XVI dans son Encyclique « Africae Munus » (une suite logique de « Ecclesia in Africa »), à l’Église famille de Dieu, comme source de la Réconciliation, de la Justice et de la Paix peuvent être d’un apport considérable. C’est dans cette optique que nous avons orienté notre réflexion. Nous l’avons axée autour de trois parties essentielles.

 La première partie ressort les conclusions du synode des évêques d’Afrique de 1994 contenues dans « Ecclesia in Africa » qui à été repris dans « Africae Munus » pour exhorter l’Eglise famille de Dieu en Afrique à jouer pleinement son rôle dans le processus de réconciliation, dans la recherche de la justice et dans l’instauration de la paix. La deuxième partie de notre réflexion présente le Tchad et évoque les grands défis pour le chrétien. La troisième partie, enfin,  est un appel lancé au chrétien tchadien pour qu’il prenne conscience de la situation et qu’il s’engage résolument dans le processus de réconciliation, de justice et de paix au Tchad.

LARME NABA Pierre

 

 

La vie communautaire à la Maison Lavigerie

« Ces gens, nous a-t-on dit, sont d’horizons différents et certainement de cultures différentes ! Comment se fait-il qu’ils puissent vivre ensemble comme les fils d’un seul homme ? C’est là, l’œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux ».

                Bien chers lecteurs, tel est le témoignage que nous nous attachons à offrir depuis le 17 Septembre 2012, jour de notre rentrée académique. Depuis ce jour, notre communauté est dans la contemplation des merveilles du Seigneur. En effet, elle est composée de quarante (40) étudiants : un Tchadien, trois Togolais, quatre Maliens, sept Ivoiriens et vingt-cinq Burkinabè. Nous sommes encadrés par quatre formateurs dont un Espagnol, un Français, un Polonais et un Burkinabè, le recteur. Pour répondre aux exigences de la préparation à la vie missionnaire à travers une formation holistique assumant les dimensions spirituelle, intellectuelle et humaine, notre famille s’est donnée pour référence, cette parole, inspirée de l’année de la foi et du charisme missionnaire que nous a fortement recommandé notre fondateur, le Cardinal Lavigerie : « Enracinés dans la foi en Christ, soyons tout à tous. » C’est un projet de vie qui prend racines dans notre cadre communautaire, et qui le dépasse pour se répandre dans notre contact avec l’extérieur, par l’apostolat dans les zones de fractures telles que l’hôpital, les centres d’insertion sociale pour enfants de rue et pour enfants handicapés moteurs et mentaux, ainsi que les lieux de rencontre avec des personnes marginalisées. Conscients de la part importante de travail qui nous incombe dans notre formation, nous y contribuons par de nombreuses activités, dont le jardinage, l’élevage, la reliure et bien d’autres encore. Notons que ces activités formatrices n’empiètent guère sur l’aspect intellectuel de notre formation. En effet, notre maison offre une formation philosophique, spirituelle, biblique et humaine dont nous bénéficions au même titre que les étudiants de plus de huit autres congrégations qui se joignent à nous. Communément dénommée ‘‘Maison Lavigerie’’, notre centre de formation est maintenant revêtu du titre d’Institut Supérieur Privé de Philosophie (ISPP), reconnaissance dont nous venons de bénéficier de la part du gouvernement burkinabè, suite aux multiples démarches de nos formateurs. En dehors des cours magistraux, notre programme d’études comporte aussi un certain nombre de sessions réparties au cours de toute l’année académique. Il s’agit notamment de la Connaissance de soi (CCTI), de la prévention et de la gestion des conflits, de la pastorale sanitaire, de l’anthropologie culturelle, de l’affectivité, du dialogue interreligieux et de l’initiation à la comptabilité. Tout cela concourt à la compréhension de soi et à celle des autres en vue d’une vie communautaire réussie telle que le Cardinal Charles Lavigerie l’avait toujours souhaité. A ce sujet, nous n’avons que louanges et reconnaissances à la bouche, à l’égard du Seigneur ; nous n’entendons pas faire omission des difficultés rencontrées, mais nous voudrions plutôt signifier combien la bonne volonté, soutenue par la grâce de Dieu, s’est toujours montrée plus forte. Aussi, pouvons-nous oser dire que opter pour la vie communautaire, comme il en est le cas chez les Missionnaires d’Afrique, en vaut la peine, car Dieu s’y révèle toujours comme la source intarissable, à laquelle nous sommes invités d’aller en cruches vides pour nous laisser emplir par lui.

Parfait Balma