Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Mali-Tchad : le deux poids, deux mesures de la communauté internationale

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Par  Yann Gwet

Essayiste camerounais. Diplômé de Sciences Po Paris, il vit et travaille au Rwanda.

Le président du Ghana et le président de la Cedeao, lors du sommet extraordinaire de la Cedeao sur la situation au Mali, à Accra, le 30 mai 2021.
Le président du Ghana et le président de la Cedeao, lors du sommet extraordinaire de la Cedeao sur la situation au Mali, à Accra,
le 30 mai 2021. © NIPAH DENNIS/AFP


Si le récent coup d’État au Mali a été unanimement condamné, au Tchad, la prise du pouvoir des militaires après le décès du président Idriss Déby Itno n’a pas suscité le même émoi. Un paradoxe embarrassant.

Deux coups d’État, deux réactions différentes. Incohérence de la communauté internationale, nous dit-on. Par la force des choses, la « communauté internationale », en Afrique francophone, c’est souvent la France. Et même portée par un président adepte du fameux « en même temps », sa réaction aux coups de force tchadien et malien était particulièrement illisible.

Discrimination française

S’agissant du Tchad en effet, tout en déplorant, après le décès d’Idriss Deby Itno, « la perte d’un ami courageux et d’un partenaire fiable qui a œuvré sans relâche pour la sécurité de son pays et la stabilité du Sahel », Paris a cependant exprimé son « ferme attachement à la stabilité et à l’intégrité territoriale du Tchad ». En clair, soutien à la junte. Pour ce qui est du Mali, il a « réitéré », à la fin de mai, après le deuxième coup de force de la junte, « sa ferme condamnation du coup d’État ayant abouti à la démission forcée du président Bah N’Daw et de son Premier ministre le 26 mai dernier ».

On imagine le colonel Assimi Goïta se demandant ce qu’il avait bien pu faire pour mériter pareille discrimination de la part d’une France qui s’est en outre empressée de saluer « la suspension [de son pays] des institutions de la Cedeao » et, au début de juin, d’interrompre, « à titre conservatoire et temporaire », sa coopération militaire bilatérale avec le Mali.

Quelques jours après cette suspension, le président Macron annonçait une redéfinition de l’opération Barkhane qui, même si elle répond à des enjeux structurels et de politique intérieure française, peut difficilement être interprétée comme un soutien de la France au Conseil national de la transition malienne.

Entre démocratie et stabilité

La question de fond est celle de l’arbitrage entre démocratie et stabilité. D’un côté, les classes urbaines et connectées d’Afrique francophone réclament le « respect des normes démocratiques », là où, au-delà des condamnations symboliques, des admonestations de principe et des formules rhétoriques, les institutions régionales et continentales, ainsi que les principaux partenaires internationaux de l’Afrique, prônent, la « stabilité ». D’ailleurs, Jeune Afrique ne s’y est pas trompé, qui, dans un article du 30 mai expliquant les enjeux de la réunion des chefs d’État de la Cedeao à Accra, après le deuxième putsch du colonel Assimi Goïta, indiquait que « si les termes [du communiqué final] peuvent paraître fermes, l’option choisie est clairement celle de la reconnaissance de l’état de fait ».

L’idée est assez simple : d’un côté, il faut éviter de donner l’impression d’une normalisation des putschs qui pourraient faire tache d’huile. En ce sens, brandir l’étendard de la « démocratie » est opportun. De l’autre, la perspective d’une instabilité politique prolongée, dans des pays et des régions considérablement fragilisés sur le plan sécuritaire, est une pilule amère pour la « communauté internationale ». Concilier ces deux impératifs consiste donc à promouvoir les « normes démocratiques » dans les mots, pour mieux s’en éloigner dans les faits.

Pouvoirs incompétents

Mais en réalité, arbitrer entre « démocratie » et « stabilité » est problématique. La « démocratie » est censée être supérieure aux autres modèles de gouvernement précisément parce qu’elle apporte, par sa nature même, la stabilité. Et, donc, loin d’être incompatibles, « démocratie » et « stabilité » sont supposées être indissociables dans la mesure où l’une résulterait de l’autre. Pourtant, un coup d’œil à la situation politique des pays les plus ostensiblement démocratiques suffit à nuancer très sérieusement cette idée.

La stabilité ne procède donc pas nécessairement de la démocratie. Pour autant, ce constat n’invalide pas la demande de démocratie qui, en Afrique francophone, traduit surtout une profonde aspiration à ce qu’il est convenu d’appeler « la bonne gouvernance » : des services publics qui fonctionnent, l’absence de corruption, une justice équitable, des opportunités économiques, le respect de toutes les composantes de la population.

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TÔT OU TARD, UN ORDRE ALTERNATIF PROSPÈRE SUR LE TERREAU DU NIHILISME.

L’on ne compte plus les rapports qui établissent un lien de causalité entre mauvaise gouvernance et expansion du terrorisme, en particulier dans les zones rurales de nos pays. Dans ces zones où l’État est absent, défaillant, incompétent, la misère se répand, le désespoir s’installe, les conflits se développent. Tôt ou tard, un ordre alternatif prospère sur le terreau du nihilisme.

Les promoteurs de la « stabilité » n’ont pas nécessairement tort. Sans elle, rien n’est possible. Le problème est que, trop souvent, elle n’a aucun ancrage démocratique. Elle manque de légitimité. Dès lors, les pouvoirs qui en sont issus n’ont parfois d’autre choix que d’asseoir leur légitimité par la violence – violence d’autant plus incontournable que ces pouvoirs prétendument stabilisateurs sont souvent incompétents.

Or, si les processus démocratiques sont parfois porteurs d’instabilité, l’aspiration des peuples à la maîtrise de leur destin ne peut être ignorée, et, au moins sur le papier, la « légitimité démocratique » est l’un des meilleurs remparts contre l’instabilité politique.

Ces anciens dirigeants africains qui font face à la justice

Yahya Jammeh lors de son départ de Gambie le 21 janvier 2017.
Yahya Jammeh lors de son départ de Gambie le 21 janvier 2017. REUTERS/Thierry Gouegnon


L’ex-président mauritanien Mohmamed Ould Abdel Aziz a été arrêté mardi soir et placé en détention à Nouakchott. Il a été inculpé le 12 mars dernier
pour corruption, détournement de biens publics et blanchiment d’argent, lors de sa présidence entre 2008 et 2019. Il n’est pas le seul ancien dirigeant
africain à faire face à la justice.

Tour d’horizon.

Ce qui amène aujourd’hui Mohmamed Ould Abdel Aziz en détention, ce sont des accusations de délits économiques, contenues dans le rapport
d’une commission parlementaire rendue en juillet 2020, et notamment des faits de corruption.

La corruption, c’est ce qui a conduit à la première condamnation de l’ancien président soudanais Omar el-Béchir, le 14 décembre 2019,
huit mois après sa chute. Une condamnation à deux ans de prison après qu’il a reconnu avoir touché quelque 90 millions de dollars de la part de
l’Arabie saoudite, tout en niant s’être enrichi avec cet argent.

L’agenda judicaire de l’ex-maître de Khartoum est néanmoins bien rempli, puisque trois autres procédures sont en cours : concernant son coup
d’État de 1989 (procès ouvert en juillet 2020), des crimes commis au Darfour, et le meurtre de manifestants lors de la révolte ayant conduit
à sa chute. Sans oublier les deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale pour « crimes de guerre », « crimes contre l'humanité » 
et « génocide » au Darfour, mais que la transition soudanaise refuse pour le moment d’exécuter.

Le tunnel judiciaire de Jacob Zuma

À l’autre bout du continent, un ancien dirigeant est lui aussi dans un tunnel judiciaire : le Sud-Africain Jacob Zuma, associé à une très longue liste
de scandales financiers, fait l’objet de procédures dans trois volets : le « state capture », l’« arms deal » et le « Nkandlagate ».

Le premier, la « capture des moyens de l’État », dit aussi « Guptagate », est au coeur d’une commission d’enquête chargée depuis trois ans
de découvrir l’ampleur des détournements et malversations que le pays a connu lors de sa présidence, principalement au profit de la famille
d’affairistes indiens Gupta. Un travail si vaste que le président de cette commission, Raymond Zondo, vient de demander une nouvelle extension
de trois mois, alors que ses travaux devaient se terminer fin juin. Dans le second volet, Jacob Zuma est accusé d’avoir touché quelque 
235 000 euros de commissions entre 1995 et 2004, avant son accession à la présidence, pour aider la compagnie française Thalès
à obtenir un contrat d’armes. La procédure s’étire car l’ex-président s’emploie à utiliser tous les moyens procéduraux à sa disposition,
une stratégie qu’il appelle la « défense de Stalingrad ». Enfin, pour ce qui est des travaux réalisés avec l’argent du contribuable
(20 millions d’euros), dans sa résidence privée de Nkandla, il a été condamné en 2016 par la Cour constitutionnelle
à en rembourser 420 000 euros.

Aux Comores, l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi est en résidence surveillée depuis plus de trois ans désormais. Il est accusé
de détournements de fonds publics dans un scandale de vente de près de 50 000 passeports qui a aussi éclaboussé son successeur Ikililou Dhoinine.
Selon le rapport officiel, le manque à gagner pour l’État était de 784 millions d’euros. Mais aucun procès n’a encore été organisé.

Charles Taylor terminera vraisemblablement sa vie en détention

D’autres dirigeants font l’objet de condamnations ou de poursuites pour des violations des droits humains. 
Si Laurent Gbagbo vient de rentrer en Côte d’Ivoire libre et acquitté, son ancien voisin, le Libérien Charles Taylor, terminera vraisemblablement
sa vie en détention, dans le nord de l’Angleterre. En 2012, il fut condamné à une peine de cinquante ans de prison pour crimes de guerre et crimes
contre l’humanité par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, pour son implication dans la guerre civile qui ravagea ce pays dans les années 1990.
Il fut le premier ancien chef d’État condamné par la justice internationale pour ce type de crimes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Et le seul jusqu’au 30 mai 2016.
Ce jour-là, en effet, marque une étape importante pour la justice en Afrique, celle de la condamnation
en première instance d’Hissène Habré par les  Chambres africaines extraordinaires, juridiction ad hoc créée par le Sénégal et l’Union africaine
pour juger l’ancien président tchadien. Sa condamnation à perpétuité pour crimes contre l’humanité a été confirmée en appel l’année suivante,
assortie de 125 millions d’euros de dommages aux victimes.
Il purge actuellement sa peine au Sénégal malgré les demandes de sa famille de remise en liberté pour raisons de santé.

Ce tribunal mixte pourrait dans l’avenir inspirer d’autres pays. La Gambie notamment, dont la Commission vérité, réconciliation et réparations,
vient de clore deux années d’auditions, et devrait dans son rapport attendu prochainement, demander des poursuites contre l’ex-président 
Yahya Jammeh, parti en exil en Guinée équatoriale après sa défaite à la présidentielle de décembre 2016.

Autre cas, celui de Blaise Compaoré. L’ex-président burkinabè vit en Côte d’Ivoire depuis son renversement, un pays dont il a la nationalité.
Il est sous le coup de deux procédures : l’une pour la répression des manifestations de 2014 devant la Haute Cour de justice de Ouagadougou, 
l’autre pour son rôle présumé dans l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987, qui lui vaut des accusations
« d’atteinte à la sureté de l’État », « complicité d’assassinat » ou encore de « recel de cadavre ». L’enquête bouclée, un procès doit se tenir
devant un tribunal militaire.Le ministre burkinabè de la Réconciliation Zéphirin Diabré l’a d’ailleurs rencontré récemment pour tenter
de le convaincre de rentrer assister à ce procès.

Si au Mali l’ancien putschiste Amadou Sanogo a été relâché mi-mars par la justice après des années de résidence surveillée,
au bénéficie d’une « Loi d’entente nationale » qui met fin aux poursuites contre lui dans l’affaire des meurtres de 21 bérets rouges en 2012,
les proches des victimes du massacre du 28 septembre 2009 en Guinée espèrent, eux, encore voir la justice passer.
Les militaires
avaient ouvert le feu sur un meeting d’opposants, faisant 157 morts. Un procès est toujours attendu,
notamment contre le chef de la junte de l’époque, 

Moussa Dadis Camara, renvoyé devant la justice avec dix autres personnes, et qui vit en exil au Burkina Faso.  

Quel avenir pour CDC Group, premier investisseur bilatéral en Afrique ?

| Par 
Mis à jour le 25 juin 2021 à 19h00
À la fin de 2019, CDC Group comptait des investissements dans 1 228 entreprises, dont 690 en Afrique et 377 en Asie du Sud.

À la fin de 2019, CDC Group comptait des investissements dans 1 228 entreprises, dont 690 en Afrique
et 377 en Asie du Sud. © www.cdcgroup.com


L’institution britannique, qui engage en moyenne plus de 1 milliard de dollars par an
sur le continent, est sous la tutelle d’un nouveau ministère créé exprès.
Cela changera-t-il son focus africain ?

Branle-bas de combat au 123 Victoria Street, au siège de CDC Group, l’institution de financement du développement du Royaume-Uni.
À quelques jours de leur assemblée annuelle qui doit se tenir en ligne le 6 juillet, les hautes instances du bailleur de fonds britannique sont sur le pont.
Pour celui qui investit en Afrique et en Asie depuis sept décennies, et doit mettre en place son prochain plan quadriennal (Strategic framework 2021-2025),
ces derniers douze mois ont été particulièrement mouvementés.

CDC Group a absorbé coup sur coup : le Brexit, la fusion « surprise » entre le DfID (Département du développement international)
– son ex-ministère de tutelle – et le Foreign and Commonwealth Office (le bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth)
annoncée par le Premier ministre Boris Johnson en juin 2020, et la crise du Covid-19. L’institution qui est l’un des principaux investisseurs
institutionnels en Afrique s’attèle au difficile exercice de la prospective… en période de vent contraire. La perspective de la prochaine conférence mondiale
sur le climat, la COP26 de Glasgow, ajoute un peu de piment au défi.

En effet, tous les projecteurs seront braqués sur le Royaume-Uni au cours de la première quinzaine de novembre, emportant un devoir d’exemplarité
et d’audace de l’ensemble des organes publics du pays, dont son principal outil de politique étrangère. « En tant que banque de développement, CDC Group
devrait être au cœur des annonces du gouvernement britannique lors de la COP26, comme l’AFD l’a été pour la France, lors de la COP21
organisée à Paris en 2015 », souligne un proche de l’institution britannique. D’ailleurs ce n’est pas anodin si l’institution britannique a détaché
l’une de ses cadres dirigeantes, Amal-Lee Amin, chargée de la Stratégie climat à CDC, en tant que Senior advisor pour la COP26…

 

 
Songas est une entreprise du portefeuille de Globeleq, spécialiste de l’énergie soutenu par CDC. © https://www.cdcgroup.com/

 

Finance climat et question du genre

Dans ce contexte, les grandes priorités qui sont attendues du bailleur public – dont plus de la moitié des nouveaux investissements vont vers l’Afrique
(52% en 2019) – se résument en deux points : la finance-climat ainsi que la question du genre. Cette dernière s’est notamment matérialisée mi-juin par
l’engagement de CDC Group aux côtés de nombreux autres bailleurs de fonds dans le « 2X Challenge ». Il vise à mobiliser 15 milliards de dollars pour
l’égalité femme-homme d’ici fin 2022 en Afrique.
S’agissant de la finance climat, entendre financer plus vert, l’enjeu consiste à remettre à plat
la politique d’investissement de l’institution au regard de la transition énergétique.

Sortir du charbon, ne plus financer le pétrole et autres énergies fossiles, mais de quelle manière et dans quels délais ? Un sujet d’autant plus délicat
pour CDC que son champ d’action, notamment en Afrique, est encore un grand terrain de jeu pour les acteurs des énergies fossiles.
Comment tirer parti de l’immense potentiel pétro-gazier du littoral sénégalais, par exemple, quand la tendance est de ne plus financer les projets en lien
avec cette ressource ?

Cela dit pour le DFI dirigé par Nick O’Donohoe depuis 2017, et qui a prorogé la date de fin de son mandat d’une année en raison de la pandémie,
la finance climat semble être une conviction durable. En témoigne, et ce n’est qu’un exemple, l’implication de CDC via l’opérateur britannique
de centrales électriques Globeleq, dont il est le principal actionnaire, et qui revendique la place de premier producteur indépendant d’électricité (IPP)
exclusivement actif en Afrique.

En pleine réflexion sur le rééquilibrage de son mix énergétique (alors qu’encore près des deux tiers de l’électricité produite provient de centrales à gaz),
Globeleq multiplie les investissements dans l’éolien et le solaire. Notamment au Mozambique, avec le projet solaire et de stockage
de 19 MWp et 7 MWh à Cuamba, dont Globeleq vient tout juste de poser la première pierre. Ce projet de 32 millions de dollars est présenté
comme l’une des premières centrales de stockage à l’échelle du réseau IPP en Afrique subsaharienne.

Investir dans la transformation du continent

Autre conviction durable : ses secteurs prioritaires d’intervention, pour lesquels CDC Group agit majoritairement par l’intermédiaire
d’investissements indirects (comme avec Globeleq) ou en partenariat avec d’autres institutionnels ou investisseurs privés.
« Proparco et CDC Group partagent un grand nombre de priorités et de secteurs d’intervention : le soutien à l’entrepreneuriat,
à l’égalité femme-homme les infrastructures, l’énergie, etc. », indique Myriam Brigui, directrice du département Pilotage du réseau de
Proparco.

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CDC EST AUSSI UN INVESTISSEUR DIRECT DANS LES START-UP TECHNOLOGIQUES AFRICAINES

Elle poursuit : « notre statut commun de DFIs européennes et de DFIs de pays membres du G7 nous permet de coordonner notre action
au sein de l’association EDFI [association des institutions européennes de financement du développement, ndlr] et de prendre des engagements
communs.
Ce mois-ci par exemple, nous nous sommes engagés avec d’autres DFIs à investir plus de 80 milliards de dollars dans le secteur privé africain
au cours des cinq prochaines années. »

Par ailleurs, par son empreinte en Afrique, au travers le financement de plusieurs dizaines de fonds d’investissements et des participations
dans plus de 700 entreprises de la région, CDC Group est perçu comme ayant réussi à anticiper la montée en puissance des technologies
et du rôle du capital-risque dans la transformation du continent.

« CDC n’investit pas uniquement dans les fonds mais c’est aussi un investisseur direct dans les start-up technologiques africaines.
Cela fait d’eux des co-investisseurs potentiels lorsque nous syndiquons un tour de financement pour soutenir les entrepreneurs locaux »,
analyse Maurizio Caio, fondateur et managing partner de TLcom, le fonds de capital-risque derrière notamment Kobo360,
qui a attiré par deux fois l’institution britannique à son tour de table pour son fonds Tide Africa.

Même ligne qu’avant 2020


Nick O’Donohoe, PDG de CDC Group. © CDC Group

 

Tablant donc sur ses réalisations et en attendant l’édiction de sa future feuille de route,

le Commonwealth Development Corporation – de son nom entièrement énuméré -, veut rassurer sur son engagement.

Plus de 1 milliard de dollars d’investissement sur 2021 sont bel et bien promis pour l’Afrique. De même, CDC Group a exposé son dessein d’élargir
son portefeuille africain en réalisant de nouveaux investissements dans ses marchés clés tels que l’Égypte, l’Éthiopie, le Kenya et le Nigeria, 
lors du premier sommet Royaume-Uni – Afrique qui s’est tenu à Londres le 20 janvier dernier. Et les annonces en ce sens se sont succédé depuis.

On a ainsi retrouvé en février CDC Group et un engagement de 30 millions de dollars dans Phatisa Food Fund 2, un fonds d’investissement panafricain
dédié à l’agriculture. Un nouvel investissement dans un fonds, Adjuvant Capital, qui œuvre dans le développement d’innovations médicales et a
notammen  investi dans le nigérian 54gene.
Récemment, le britannique a suivi le second fonds dédié à l’Afrique de l’Est d’Ascent Capital Africa, Ascent Rift Valley Fund II.

À noter toutefois que la demi-douzaine d’annonces depuis le début de l’année, ne sort pas de la ligne adoptée jusqu’alors. En 2020, déjà, CDC Group
avait engagé 1 milliard de dollars pour le continent, orientant fortement son action sur la reprise économique post-Covid-19.
Mais celui qui se définit comme le premier investisseur bilatéral en Afrique le clame, CDC Group a investi plus de 2,7 milliards de livres sterling
(3,1 milliards d’euros) dans des entreprises africaines au cours des trois dernières années et compte bien continuer.
Plus que jamais, l’expression chère aux Anglo-Saxons, « break a leg », prend tout son sens.

La réponse de BADEA à la pandémie de COVID-19

La BADEA s’est jointe à de nombreuses autres institutions de financement au développement et parties prenantes pour aider
les pays bénéficiaires  à répondre non seulement à l’urgence sanitaire résultant de la pandémie, mais aussi pour envisager
une reprise économique dans l’après- COVID-19

© Signature d’un Accord de prêt avec le Gouvernement Tchadien dans le cadre de sa réponse au COVID-19 qui bénéficiera à 15,000 familles
et 500 groupes de production avec un volet micro-crédit pour les activités génératrices de revenu – Octobre 2020

Afrique du Sud-Saharienne

Comme toute autre région, l’Afrique subsaharienne n’a pas été à l’abri de l’impact de la pandémie mondiale de COVID-19 qui a fait près de 140,000 morts
et continue à exercer une pression excessive sur les systèmes de santé et perturbé les activités économiques. Les impacts économiques et sociaux
sont énormes, coûtant à la régionentre 37 et 79 milliards de dollars en pertes de production estimées en 2020,
ce qui réduit la productivité agricole, affaiblit les chaînes d’approvisionnement, augmente la volatilité du commerce, réduit les opportunités d’emploi
et augmente l’instabilité politique et organisationnelle. Compte tenu de ces énormes défis, la croissance
économique devrait passer de 2,4 % en 2019 à entre -2,1 % et -5,1 % en 2020.
Cela a déclenché la première récession de la région en 25 ans.

Allocations de la BADEA en réponse à la pandémie de COVID-19

En mars 2020, le Conseil d’administration de la Banque a approuvé l’allocation de 100millions de dollars
pour soutenir les efforts internationaux dans les pays bénéficiaires afin de limiter la propagation de la COVID-19 en Afrique subsaharienne.

Le Groupe de coordination arabe[1] (ACG) s’est engagé à mobiliser 10 milliards de dollars pour aider les pays bénéficiaires
à atténuer les effets déstabilisateurs de la pandémie, à contenir sa propagation et envisager une reprise économique.

En outre, la Banque a travaillé avec les Gouvernements pour réaffecter les soldes restants ou les montants non utilisés des projets achevés
et des opérations d’assistance technique à la réponse COVID-19.

Les allocations de la Banque pour la pandémie de COVID-19 selon le guichet de financement

Projets du secteur de la santé

Au cours de juin-août 2020, le Conseil d’administration a approuvé le financement d’opérations d’aide urgente d’un montant de 87,86 millions de dollars américains
en réponse à la COVID 19.

Projets de petites et moyennes entreprises – Soutenir la reprise économique après la pandémie de COVID-19

© La BADEA et la Société islamique internationale de financement du commerce (ITFC) ont signé accord pour faciliter l’acquisition
des équipements médicaux et des produits pharmaceutiques en réponse à la COVID-19 – Novembre 2020

Initiatives de la BADEA et partenaires en réponse au COVID-19

  1. rouLe Gpe de coordination arabe (ACG) :

Les institutions de l’ACG s’engagent à mobiliser 10 milliards de dollars pour traiter et atténuer les impacts négatifs du COVID 19 sur les pays en développement. Ce paquet  vise  la  réponse d’urgence sanitaire et la relance des  secteurs économique et social conformément à la stratégie des 3R (Répondre, Restaurer, Redémarrer). BADEA s’est engagé à verser 1 milliard de dollars sur ce paquet.

  1. Les actionnaires des institutions financières multilatérales stratégiques renforcent leur engagement envers la TDB avec plus de 0,5 milliard de DTS approuvés et des facilités record de partage des risques

La Banque africaine de développement (BAD), la BADEA et le Fonds de l’OPEP pour le développement international se sont associés à la Banque de commerce et de développement de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (TDB), par le biais de facilités de partage des risques record ainsi que de nouveaux financements, totalisant plus d’un demi-milliard usd.  Le TDB a conclu un mécanisme de partage des risques de 200 millions usd avec BADEA, l’un des actionnaires institutionnels du TDB depuis 2018, en s’appuyant sur un partenariat de plus de 6 ans axé sur l’augmentation des activités de financement de projets de commerce et de développement, et le développement des affaires axé sur l’impact entre les pays arabes et les États membres du TDB.

  1. Afreximbank, ITFC et BADEA lancent COPREFA, une facilité de 1,5 milliard de dollars pour soutenir la résilience et la reprise de l’Afrique dans le contexte de la pandémie mondiale de COVID-19 :

BADEA   s’est associée à Afreximbank, à la Société islamique internationale de financement du commerce (ITFC) et à la branche de financement du commerce du Groupe de la Banque islamique de développement (BID), pour lancer une facilité de réponse collaborative à la pandémie de COVID-19 (« COPREFA ») de 1,5 milliard de dollars américains afin de soutenir les économies africaines avec une assistance financière rapide pour réduire l’impact de COVID-19. La contribution de la BADEA au COPREFA s’élève à plus de 500 millions de dollars.

COPREFA est accessible aux banques centrales, aux banques commerciales et aux entreprises éligibles pour financer l’importation de fournitures médicales, ainsi que d’équipements agricoles et d’engrais essentiels pour combler le déficit urgent de la production alimentaire.

  1. Financement des vaccins contre la COVID 19 en Afrique – L’équipe de travail sur l’acquisition de vaccins en Afrique contre la COVID-19 (AVATT)

En vertu d’un accord d’achat de vaccins contre la COVID-19 signé le 28 mars 2021, tous les États membres de l’Union Africaine, par l’intermédiaire de l’African
Vaccine Acquisition Trust (AVAT), auront accès à 220 millions de doses du vaccin mono-injection contre la COVID-19 de Johnson & Johnson, avec la possibilité
de commander 180 millions de doses supplémentaires. La BADEA a rejoint Afreximbank dans cette initiative qui permet la fourniture des garanties aux fabricants
de vaccins en co-garantissant en termes d’offre d’engagement de garantie aux fabricants de vaccins au nom de l’entité d’approvisionnement / SPV ou sur les pays
bénéficiaires.  Il fournit également un mécanisme de financement direct pour soutenir le programme de plan de paiement par acomptes provisionnels aux pays
pour l’achat du vaccin.

  1. Mécanisme d’atténuation des répercussions sur les échanges en cas de pandémie (PATIMFA)

BADEA a également rejoint un mécanisme d’atténuation de l’impact des échanges en cas de pandémie (PATIMFA) de 3 milliards de dollars américains, lancé
par Afreximbank pour aider les pays à s’adapter aux chocs financiers, économiques et sanitaires inhérents à la pandémie de COVID-19. 
La facilité est accessible par le biais de financements directs, de lignes de crédit, de garanties, de swaps de devises et d’autres instruments similaires.

Le plan d’avenir de BADEA

Le plan futur de BADEA est de se concentrer davantage sur :

[1] le Groupe de coordination arabe comprend dix institutions de développement arabes bilatérales et multilatérales, à savoir : le Fonds d’Abu Dhabi pour le développement ; la Banque arabe pour Développement économique en Afrique ; le Fonds arabe pour le développement économique et social ; le Programme du Golfe arabe pour le développement ; le Fonds monétaire arabe, le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe ; le Fonds de développement du Qatar; le Fonds saoudien pour le développement ; Le Fonds de l’OPEP pour le développement international et le Groupe de la Banque islamique de développement.

Mali : l’insoutenable légèreté de l’aide

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Par  Estelle Maussion

Journaliste à Jeune Afrique

Durant le #OnePlanetSummit, le 11 janvier 2021, la Banque mondiale a annoncé un engagement de 5 milliards de dollars pour améliorer les moyens de subsistance et restaurer la dégradation dans les régions du Sahel.
Durant le #OnePlanetSummit, le 11 janvier 2021, la Banque mondiale a annoncé un engagement de 5 milliards de dollars
pour améliorer les moyens de subsistance et restaurer la dégradation dans les régions du Sahel. © David Malpass/@DavidMalpassWBG/Twitter>

[Chronique] Soutenu à bout de bras par les bailleurs de fonds, le Mali semble pourtant un cas d’école de l’échec de l’aide internationale. À quand la fin de l’hypocrisie ?

« Le fort engagement des autorités en faveur des réformes et leur mise en œuvre résolue seront la clé du succès, et pourraient également contribuer à débloquer le soutien supplémentaire des bailleurs de fonds. » Sans les sous-titres, impossible de savoir si les équipes du Fonds monétaire international (FMI) croient réellement à cette « analyse » de la situation du Mali lorsqu’elles l’utilisent pour justifier le décaissement de 57 millions de dollars d’aide en mars dernier.

Cela intervient sept mois après le coup d’État contre Ibrahim Boubacar Keïta et moins de sept semaines avant « l’auto-putsch » de la junte contre Bah N’Daw.

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AVEC LE MALI, LES BAILLEURS DE FONDS NE SAVENT PAS SUR QUEL PIED DANSER.

D’une certaine façon – et là est le cœur du problème –, qu’ils aient cru ou non aux « réformes », que pouvaient bien écrire d’autre les représentants du FMI ? Avec le Mali, les bailleurs de fonds ne savent pas sur quel pied danser. Une réalité que les autorités au pouvoir à Bamako – en civil ou en armes – connaissent depuis bien longtemps et qui n’en finit pas d’exaspérer les spécialistes de l’aide au développement.

Officieusement, ils sont plusieurs à plaider pour des réponses plus musclées. « Ce rapport du FMI est un scandale. Le ton des équipes durant la revue était beaucoup plus critique sur l’évaluation fiscale et la question de l’évaporation de l’aide », explique un membre d’une institution de développement européenne à Bamako. Fort bien. Mais pourquoi ne pas porter ces critiques sur la place publique ? Ce n’est pas comme si les insuffisances de la gouvernance au Mali étaient un secret.



Christine Lagarde, alors directrice générale du Fonds monétaire international, en visite dans une école primaire
le 10 janvier 2014 à Bamako, au Mali. © IMF Photograph/Flickr/Licence CC

Résultats pas au rendez-vous

Depuis la crise de 2012, la communauté internationale ne cesse de répondre présent. Après un pic à 2,2 milliards de dollars en 2013, l’aide multilatérale se maintient depuis à environ 1 milliard de dollars chaque année. À titre de comparaison, le budget 2020 du Mali était d’environ 4,2 milliards de dollars.

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QUI PAIE, COMMANDE… SAUF À BAMAKO, SEMBLE-T-IL.

Sur la majorité des indicateurs socio-économiques, de l’amélioration des services de base à la lutte contre la corruption en passant par le redressement des sociétés publiques, les résultats ne sont pas au rendez-vous. « Les autorités redoublent d’efforts pour améliorer la gouvernance, la transparence et l’environnement des affaires », assure pourtant le rapport du FMI.

Mais les faits sont têtus : moins de un sixième des fonctionnaires censés effectuer une déclaration de patrimoine l’avaient fait à la fin de 2020, selon l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite. Cette insouciance manifeste vis-à-vis de ceux qui en théorie tiennent les cordons de la bourse montrent bien qu’ils ne tiennent pas grand-chose. Qui paie, commande… sauf à Bamako, semble-t-il.

Impuissance « voulue »

Ne pouvant suspendre leur mobilisation sous peine d’asphyxier le pays ni avoir la garantie de la bonne utilisation de leurs fonds, les bailleurs sont en outre sommés par les exécutifs depuis les capitales occidentales de poursuivre les décaissements au nom de la lutte contre le terrorisme… Quitte à fermer les yeux, voire à se boucher le nez.

Cette impuissance quasi « voulue » arrive peut-être à ses limites. La Banque mondiale a annoncé au début de juin « une pause temporaire » – « et non une suspension », a-t-elle insisté – de ses décaissements, la deuxième après celle intervenue en août 2020 : dans les deux cas en application des politiques de la banque face aux « gouvernements de facto ».

Surtout, la Commission européenne avait bloqué, en mai, 38 millions d’euros d’appui budgétaire prévus au titre de l’année 2020 pour non atteinte des objectifs conjointement fixés. Une autre incarnation de la non-regrettée « aide liée » ? Peut-être, mais les autres méthodes n’ont pas l’air de mieux fonctionner. Après tout, on ne peut se voiler la face qu’un certain temps seulement avant de « se prendre un mur », comme dit l’expression populaire.