Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Ouagadougou /Insécurité : De plus en plus de cas d’agressions sur l’échangeur du Nord

Accueil > Actualités > Société • Lefaso.net • lundi 28 août 2023 à 16h13min 
 
Ouagadougou /Insécurité : De plus en plus de cas d’agressions sur l’échangeur du Nord

 

Inauguré officiellement le 15 novembre 2018, l’échangeur du Nord de Ouagadougou contribue à désengorger la circulation dans la capitale, Ouagadougou. Cependant, de plus en plus de cas d’agressions ont été signalés sur cet échangeur. Nous vous proposons les témoignages de quelques riverains que nous avons recueillis ce jeudi 24 août 2023.

 

Bertrand De Dieu

« A vrai dire, la construction de l’échangeur du Nord participe au développement du pays, mais le souci qui se pose pour nous riverains c’est le côté de la sécurité. De ce fait, L’avènement de l’échangeur du Nord a aussi favorisé au développement des maux sociaux tels que des braquages, des cas de vols, etc. »

Bertrand De Dieu témoigne que des fois, ils surprennent des jeunes en train d’arracher les grillages aux alentours de la voie et la dernière fois qu’il a fait appel à la police il a été menacé, nous confie-t-il. En ce qui concerne les passants, eux sont souvent victimes d’agressions. Il y a eu un moment où on avait placé une caméra de surveillance aux abords, on s’est dit que cette fois-ci l’Etat nous a écouté en plaçant ces caméras de surveillances pour assurer la sécurité en détectant ses malfaiteurs. Mais la question que nous nous posons réellement si seulement cette caméra de surveillance fonctionne à merveille car nous n’avons pas encore entendu qu’ils ont arrêtés des malfrats à travers la vidéo projection »

 

 

Bertrand De Dieu

BARRY Assita commerçante

Les enfants font des acrobaties sur l’échangeur. En plus de cela, la voie n’est pas praticable à certaines heures. Vers les 4h souvent 5h du matin il y a des agressions fréquentes. « Une femme faisant le jardinage dans les alentours a été victime d’un braquage récemment par des jeunes roulants sur des motos scooters. Les femmes sont souvent les victimes », a-t-elle affirmé. En vue de tout ça, le point essentiel c’est la présence des panneaux car il n’en existe plus de ce côté. Vous-même vous savez que souvent les panneaux sont là, mais les gens ne respectent pas. N’en parlons pas de leurs absences, tout ça je trouve que c’est à revoir.

 

 

BARRY Assita commerçante

 

Ouédraogo Omar

« Nous sommes ici à côté de l’échangeur menant notre petite activité. Mais à partir de 21h, 22h la sécurité ici c’est un véritable souci surtout à l’encontre des femmes. Souvent tu travailles et tu entends le cri d’une femme victime de braquage au niveau des tournants. Si les policiers peuvent y faire vraiment un tour sur l’échangeur vers les 21heures voire 22heures pour contrôler ça va peut-être réduire l’insécurité.

 

 

Ouédraogo Omar

 

Ablan Yovo

A l’échangeur ici, il y a beaucoup d’accidents, parce que le rond-point fait est large et arrondi plus que le goudron. Pour circuler, les gens ne font pas preuve de modération, c’est comme s’ils étaient pressés donc en tournant ils ne font pas attention et ça cause beaucoup d’accidents.

 

 

Ablan Yovo

« Je suis ici dans les abords en faisant mon commerce mais à vrai dire, l’échangeur nous est très bénéfique car il permet d’améliorer une circulation libre. Mais tout ce que nous recommandons c’est des feux tricolores pour encore plus nous faciliter la tâche » déclare madame Ouédraogo.

 

 

Madame Ouédraogo.

Lefaso.net
Yentemma A. Lankoandé, Urielle Lézogo (stagiaires)

Avec Naïma Huber-Yahi, la culture comme antidote au racisme

Faire connaître la production culturelle des artistes français issus de l’immigration, c’est le combat de la Franco-Algérienne Naïma Huber-Yahi, historienne, spécialiste de musique arabe et auteure de scénarios de films. Sa dernière création : le Festival Felfel. Rencontre.

Mis à jour le 27 août 2023 à 10:32
 
 
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L’historienne Naïma Huber-Yahi, à Paris, le 13 juin 2022. © Stéphane de Sakutin / AFP

 

Naïma Huber-Yahi vient à peine de clore le Festival Felfel qu’elle pense déjà à la suite. Née à Tourcoing (Nord de la France), cette historienne franco-algérienne est une référence en matière de mémoire des cultures de l’immigration. Et une hyperactive. Ses multiples actions au sein de l’association Pangée Network, qu’elle a fondée en 2007, en témoignent. Pour « créer des espaces de partage et de reconnaissance », elle n’a pas ménagé sa peine.

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Elle a ainsi organisé de nombreux événements culturels ; elle a co-écrit et co-réalisé, avec Samia Chala et Thierry Leclère, le film Les Marcheurs – Chronique des années beurs, qui ressort à l’occasion du quarantième anniversaire de la marche pour l’égalité et contre le racisme ; elle a participé à l’écriture de livres à plusieurs mains, dont La France arabo-orientale ; elle a été commissaire d’expositions, parmi lesquelles Douce France, avec Myriam Chopin, au Conservatoire national des arts et métiers ; elle a écrit Barbès Café et Ne me libérez pas, je m’en charge !, deux comédies musicales jouées au Cabaret Sauvage…

Karaoké géant

Le Festival Felfel, qui s’est déroulé du 12 au 14 juillet, est un concentré de son œuvre, qui vise à faire connaître les productions culturelles des artistes français issus de l’immigration : concerts, karaoké, rencontres littéraires, projections-débats autour de films. Pendant trois jours, les événements se sont succédés dans des salles pleines, à la Fondation Cartier et à l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris. Un succès dont elle nous raconte la genèse : « L’année dernière, j’ai organisé et animé un karaoké géant à l’IMA pour la Fête de la musique, devant 18 000 personnes. On m’a alors demandé de réfléchir à une collaboration, et j’ai proposé Felfel, un festival consacré à l’effervescence des cultures maghrébines. »

Son but : « Montrer qu’on peut être français tout en restant maghrébin, qu’on peut être d’origine algérienne et créer de la musique électro, d’origine marocaine et faire du hip-hop, d’origine tunisienne et écrire de la littérature française… Cette fusion culturelle donne un joyeux mélange, qui forme de nouvelles traditions populaires, qu’on doit célébrer et non craindre comme un grand remplacement. »

Le 14 juillet en dansant sur du raï

Fidèle à l’un de ses traits de caractère, cette « hyper-activiste » regarde devant elle et trace une ligne d’horizon pour ses actions futures : « Créer des espaces de reconnaissance, de dialogue, de rencontre dans des institutions mainstream, avec des temps forts communs, comme le bal du 14 juillet. Nous, Franco-Maghrébins de France, célébrons aussi la fête nationale, mais sur du raï. On est Français, avec notre histoire, nos parcours, et on invite tout le monde à danser avec nous. »

BENJAMIN STORA ÉTAIT MON IDOLE. À MA GRANDE SURPRISE, IL A ACCEPTÉ DE ME RECEVOIR

Si la passion de Naïma Huber-Yahi est contagieuse, elle n’a ni été spontanée ni évidente. La Franco-Algérienne se destinait d’abord au journalisme. Mais, après un bac+ 5 en histoire culturelle, elle a travaillé dans la banque. « J’ai arrêté mes études parce que je ne pouvais pas faire une thèse sans avoir de financement. Je devais gagner de l’argent. Je pensais rester dans la banque seulement quelques mois, mais ça a duré plusieurs années. »

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Elle n’abandonne pas pour autant la recherche et, parallèlement à son activité professionnelle, se lance dans l’écriture d’une thèse. Il lui faut prendre des détours pour parvenir à ses fins, jusqu’à ce qu’une rencontre se révèle décisive : « Plusieurs universités avaient refusé de soutenir mon projet. Un jour, j’ai joué le tout pour le tout en adressant un mail à Benjamin Stora. Jusque-là, je n’avais pas osé le contacter, parce que je le croyais inaccessible. C’était mon idole, non seulement pour son travail d’historien mais aussi pour son action militante dans des mouvements associatifs. À mon grand étonnement, il a accepté de me recevoir. »

Banquière ou docteure en histoire ?

Elle se souvient de ce rendez-vous : « Je suis venue en costume, je lui ai décrit mon parcours de banquier et je lui ai parlé de mon désir d’écrire une thèse sur l’histoire culturelle des artistes algériens en France, et, plus généralement, de raconter le récit manquant de l’histoire de l’immigration. Il s’est montré immédiatement enthousiaste tout en me prévenant que je n’aurais jamais de poste à l’université avec un tel sujet. »

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La jeune femme ne connaît que trop les préjugés auxquels un chercheur peut être confronté : « Lors de mon DEA, j’avais présenté cette idée à mon directeur de l’époque, et il m’avait répondu : “Une beurette qui travaille sur les beurs, ce n’est ni intéressant ni objectif.” J’avais été disqualifiée d’office. »

Banquier le jour, doctorante la nuit, Naïma Huber-Yahi est bientôt confrontée à un choix cornélien : « La banque m’a proposé une promotion. C’était tellement bien payé que, si j’avais accepté, j’aurais abdiqué toute volonté de poursuivre mes études. » Elle refuse le pont d’or, mais, avec sa thèse, gagne une richesse inestimable : « Ma mère sachant à peine lire et écrire, c’était la première fois qu’elle m’aidait à faire mes devoirs alors que, lorsque j’étais en CP, c’était impossible. Elle connaissait mieux la chanson arabe que mes directeurs de thèse et moi. Elle était dans une position inédite, celle d’un expert. » La doctorante découvre aussi une face cachée de son père : « On m’avait toujours dit qu’il était analphabète. Un jour, je le vois plongé dans le Coran et je m’en étonne. Il me répond qu’il sait lire l’arabe. »

DEPUIS PLUS DE VINGT ANS, JE RECOUDS CE TISSU DÉCHIRÉ ENTRE LES GÉNÉRATIONS

Ses parents sont à l’origine de sa passion pour la musique arabe : « C’est grâce à eux que j’en suis tombée amoureuse. » Ils sont aussi le moteur de sa détermination : « Cette injustice qui consiste à disqualifier nos parents, comme s’ils ne pouvaient rien nous apporter, j’ai dû la résoudre pour me regarder en face dans la glace. Et, ce que je fais depuis un peu plus de vingt ans, c’est recoudre ce tissu déchiré entre les générations. »

« Fables républicaines »

Aujourd’hui spécialiste de musique arabe, Naïma Huber-Yahi partait de zéro. « Quand j’étais enfant, je n’écoutais pas de musique arabe, cela m’énervait plutôt, confie-t-elle. Je suis née dans les années 1970, j’étais une enfant de mon époque, je préférais le funk, Michael Jackson, etc. Les chanteurs moustachus sur les pochettes des 45 tours et sur les cassettes, qui faisaient pleurer mes parents, ça ne m’intéressait pas. Je ne comprenais pas le romantisme de la douleur de l’exil. » Une incompréhension qui est le fruit d’un éloignement de sa culture d’origine : « J’étais “l’Arabe idéale” : première de la classe, citée comme un exemple de réussite. J’avais en plus “l’avantage” de ne pas être typée, donc de ne pas faire peur aux bourgeois. Je ne faisais pas de vagues, je parlais français bien comme il faut, je connaissais mes classiques, j’allais à l’Opéra… »

En collectionnant les bons points, la jeune femme court après une ombre : « J’ai cru aux fables républicaines : il n’y a pas de différences entre les individus ; il n’y a qu’une seule race, la race humaine ; la République est colorblind. » Pourtant, lorsqu’il lui a fallu choisir entre la banque et la thèse, elle s’est sentie tiraillée : « J’étais arrivée quelque part, et ce quelque part ne me convenait pas. Je ressentais un malaise culturel. On me demandait de choisir entre la reconnaissance à la République et mon héritage familial (identité, culture, langue). On m’imposait l’allégeance à un modèle qui était un mensonge et, quand on rejetait ma part d’algérianité, on ne m’acceptait pas, moi, dans mon ensemble. »

Le choix de ne pas choisir

Refusant l’assignation à l’assimilation, elle affirme son identité. Entre son pays et son patrimoine culturel, elle choisit… de ne pas choisir : « Je suis fière de connaître mes classiques et, aussi, d’être riche de la culture de mes parents. En recollant ces morceaux, je me suis réparée symboliquement. » De son parcours individuel naît une mission collective : « Je veux insuffler de la fierté, du patrimoine, et, surtout, le partager avec le plus grand nombre pour “réparer” les héritiers de l’immigration en leur rappelant qu’ils sont dépositaires de langues, d’imaginaires, d’œuvres… Il n’est pas nécessaire de s’en débarrasser pour embrasser le modèle républicain, qui consacre la culture classique, prétendument supérieure à la culture de nos parents. »

L’historienne, qui souhaite replacer « la silhouette de [ses] aïeux sur la photo de famille française », est une femme pressée : « J’ai commencé ma carrière universitaire à près de 30 ans. C’est très tard, compte tenu de la charge politique et patrimoniale que je porte déjà. D’où cette urgence que je ressens, car nous sommes engagés dans une course contre-la-montre contre les racistes, et je veux la gagner. »

Elle prend toutefois son temps lorsqu’on lui demande quelle a été sa plus belle réalisation jusque-là et elle avoue, un voile d’émotion dans la voix : « La comédie musicale Barbès Café, parce que j’ai vu des larmes dans les yeux de mes parents lors de la représentation. » La fille de ses parents a déjà remporté la bataille du cœur.

Burkina/Lutte contre le mariage d’enfants : Eulalie Yerbanga Ouédraogo, ambassadrice nationale pour 2023-2024

Accueil > Actualités > Société • LEFASO.NET • jeudi 24 août 2023 à 22h25min 
 
Burkina/Lutte contre le mariage d’enfants : Eulalie Yerbanga Ouédraogo, ambassadrice nationale pour 2023-2024

 

Le ministère de la Solidarité, de l’action humanitaire, de la réconciliation nationale, du genre et de la famille a organisé la première session ordinaire de l’année 2023 de la plateforme multisectorielle de prévention et d’élimination du mariage d’enfants au Burkina Faso. Cette rencontre a eu lieu ce jeudi 24 août 2023, à Ouagadougou.

Elle a été l’occasion de dévoiler le nom de la championne nationale de lutte contre le mariage d’enfants pour la période 2023-2024. Il s’agit de la coordonnatrice de la Coalition nationale contre le mariage d’enfants au Burkina (CONAMEB), Eulalie Yerbanga/ Ouédraogo. Sur 33 candidatures proposées, elle a été choisie à l’unanimité par le comité de sélection composé de 11 membres. Ce comité s’est basé sur sa personnalité et son engagement.

Fonctionnaire à la retraite, cette amazone a fait de cette lutte, son cheval de bataille depuis 2013. Elle est entrée dans la fonction publique en « catégorie C » avant de gravir les échelons en occupant plusieurs postes de responsabilités tels que : cheffe de service, directrice de service, directrice régionale de la promotion de la femme du Centre, conseillère technique de ministre, etc.

 


Les participants vont faire des propositions pour renforcer la lutte
contre le mariage forcé des enfants

Durant la révolution, elle a été dans l’Union des femmes du Burkina(UFB), puis dans le milieu politique pour défendre les droits des femmes. De 2007 à 2012, elle a été élue député de la province du Kadiogo, mandat au cours duquel elle a été membre du parlement de la CEDEAO. Elle a été en outre, membre du bureau du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires, section du Burkina. Elle est membre de l’ONG Voix de femme. Eulalie Yerbanga/ Ouédraogo a également été la chargée du projet de renforcement des capacités des organisations de la société civile pour l’abandon du mariage d’enfants (PRECOSC -AME) dans la région de la Boucle du Mouhoun de 2018 à 2021.

 



Eulalie Yerbanga/ Ouédraogo a confié qu’il est indispensable
de ramener l’âge du mariage de la jeune fille à 18 ans

Un plaidoyer pour ramener l’âge légal du mariage des filles à 18 ans

Durant les deux ans de sa mandature (sous le signe du bénévolat), Eulalie Yerbanga/ Ouédraogo va être une ambassadrice de cette cause qui tient à cœur le ministère, en menant des plaidoyers auprès des autorités, des partenaires techniques et financiers et des populations. Déjà, elle a profité de la présence de la ministre de la solidarité, de l’action humanitaire, de la réconciliation nationale, du genre et de la famille, Nandy Somé/Diallo pour interpeller les autorités sur la nécessité de faire réviser le Code des personnes et de la famille (CPF). En effet, ce code autorise le mariage à une fille de 17 ans tandis que pour les hommes, il est de 20 ans. « Le juge peut même autoriser le mariage de la fille à 15 ans et celui du garçon à 18 ans. C’est un texte qui autorise le mariage d’enfants. Pour obtenir un consensus, cela met du temps. A notre niveau, nous avons obtenu dans la correction de cette disposition d’élever l’âge du mariage légal de la fille à 18 ans. Mais, il y a d’autres éléments qui font que si on adopte rapidement le code, nous allons être confrontés à un problème au niveau social. Nous pensons que le bout du tunnel est proche. Tous les acteurs ont eu chacun leur compte. Maintenant, vous savez que le pays a une priorité qui est la paix. Il s’agit de la priorité principale. Avec les autres éléments, il faut aller doucement sans pour autant les occulter. C’est pour cela que j’attire l’attention du gouvernement » a rapporté Eulalie Yerbanga/ Ouédraogo. Elle a signifié que ce prix est le fruit d’un travail collectif.

 



Nandy Somé/Diallo a notifié que le mariage précoce et forcé des filles
ralentit le développement d’un pays

Faire le point

Il faut rappeler que cette première session de la Plateforme a été le lieu de faire le bilan à mi-parcours pour la période de janvier à juin du Plan de travail annuel (PTA) 2023 de la stratégie nationale de prévention et d’élimination du mariage d’enfants. « Il était important de tirer des enseignements afin de définir les perspectives parce que le pays a adopté une stratégie nationale de lutte contre le mariage d’enfants. Malgré ce dispositif, la problématique persiste toujours dans notre pays. Il est important qu’on puisse toujours s’entretenir pour voir les goulots d’étranglement et prendre des initiatives afin que cette pratique ne perdure pas dans notre pays. C’est dans ce cadre qu’on a innové en distinguant une championne de la lutte qui va porter le combat au regard de ses valeurs morales et intrinsèques afin qu’on puisse venir à bout du mariage d’enfants » a souligné Nandy Somé/Diallo.

 



Les acteurs ont promis de ne ménager aucun effort
pour atteindre les objectifs en la matière

 

La plateforme multisectorielle de prévention et d’élimination du mariage d’enfants est l’instance nationale de pilotage de toutes les actions en matière de promotion de l’abandon du mariage d’enfants.

SB
Lefaso.net

Au Niger, Bazoum, Tiani et les milliards de la discorde

Le général Abdourahamane Tiani a renversé le 26 juillet le président Mohamed Bazoum. Le premier s’est autoproclamé chef de l’État, tandis que le second refusait toujours, au 22 août, de démissionner. Si l’épilogue de leur histoire n’est pas connu, celle-ci n’en est pas à son premier rebondissement.

Mis à jour le 22 août 2023 à 16:52
tiani

 

 

Le général Abdourahamane Tiani. © Montage JA ; AFP

 

 

LES SECRETS D’UN COUP D’ÉTAT (2/3) – Mohamed Bazoum a-t-il voulu limoger Abdourahamane Tiani ? Contacté par Jeune Afriquele chef de l’État renversé le 26 juillet assure qu’il n’en est rien et qu’il ne prévoyait aucunement de se séparer du chef de la garde présidentielle, nommé en 2011 par Mahamadou Issoufou. Mais les relations entre les deux hommes s’étaient dégradées depuis de longs mois. Si Mohamed Bazoum ne l’avait pas formalisé, le général se savait sur un siège éjectable. Avant lui, le chef d’état-major des armées, Salifou Mody, avait été remplacé. La Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure avait elle aussi changé de patron, avec l’arrivée à sa tête d’un proche du président, Rabiou Daddy Gaoh.

À LIRE[Série] Entre Bazoum, Issoufou et Tiani, les secrets d’un coup d’État

« Bazoum reprenait la main. Tiani était le dernier de la liste », confie un conseiller du chef de l’État. En 2021, alors qu’il venait d’être élu, Mohamed Bazoum avait d’ailleurs une première fois songé à remplacer le numéro un de sa garde présidentielle. Mais son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, l’en avait dissuadé, au nom de la stabilité au sein de l’armée. La relation entre Bazoum et Tiani s’était alors normalisée, en particulier à la faveur d’une tentative de coup d’État déjouée, fin mars 2021, en partie grâce à l’intervention du patron de la Garde. Mohamed Bazoum, qui prêtera serment le 2 avril, s’était alors accommodé de ce haut gradé taiseux.

Prochain sur la liste ?

En 2022, un épisode traduit cet état de fait. Après onze ans de service à la tête de la garde présidentielle, Tiani est appelé à effectuer une formation à l’étranger. La Chine est évoquée, puis le choix se porte sur le Nigeria et sur l’académie de Kaduna, capitale de l’État du même nom. Mais le général ne se résout pas à quitter le Niger. Fort du soutien de Mahamadou Issoufou, il fait part à Mohamed Bazoum de sa volonté de rester à Niamey, en particulier dans le contexte sécuritaire difficile du pays. Le chef de l’État, qui ne veut pas créer de remous, accepte. Le remplacement attendra.

À LIRECoup d’État au Niger : « Le général Tiani n’est pas Che Guevara ! »

Conscient qu’Abdourahamane Tiani est avant tout fidèle à Mahamadou Issoufou, le chef de l’État choisit alors de faire confiance à ce dernier, omniprésent à Niamey mais qu’il considère « comme [son] frère ». Les deux hommes ne se voyaient-ils pas chaque dimanche et ne disait-on pas dans leurs entourages qu’il n’y avait « pas l’épaisseur d’une feuille à cigarette » entre eux ? Quoi qu’il en soit, l’accord entre Mohamed Bazoum et Abdourahamane Tiani ne dure pas. Et, comme souvent, le conflit, qui semble aujourd’hui avoir été inévitable, va finir par éclater en coulisses pour des raisons financières.

« Quand Bazoum est arrivé, les choses ont changé »

Selon plusieurs sources proches de la présidence, le général Tiani avait en effet pris l’habitude de présenter d’importantes demandes de décaissement de fonds pour financer ou rembourser des déplacements ou la sécurisation de convois. Les montants se chiffraient alors régulièrement à plusieurs milliards de francs CFA. « Issoufou ne bronchait pas. Il décaissait et payait ce que Tiani lui demandait, affirme un proche de la présidence. Quand Bazoum est arrivé, les choses ont changé. » En particulier au cours de l’année 2023. Le président décide alors de demander des comptes.

MOHAMED BAZOUM A FERMÉ LES VANNES »

« Un jour, Tiani est venu pour demander au président de décaisser de l’argent. Il disait que c’était pour payer des armes de poing négociées en Europe de l’Est par Rafi Dermardirossian [courtier très actif en Afrique de l’Ouest]. On parlait de plusieurs milliards de francs CFA. Bazoum a demandé des justificatifs. Il a fini par décaisser une somme quatre fois inférieure à la demande », confie une source dans l’entourage du président. Cet épisode a-t-il entraîné une rupture définitive entre les deux hommes ? « Le président a considéré qu’il ne pouvait plus accéder aux demandes de Tiani sans broncher. Il a fermé les vannes », confirme un conseiller de Mohamed Bazoum. Signe du divorce consommé, Abdourahamane Tiani avait disparu de l’entourage du président ces derniers mois.

À LIREPourquoi les faux démocrates d’aujourd’hui sont les alliés des putschistes de demain, par Mathieu Olivier

De la bouche du chef de l’État, ce dernier ne voyait plus le militaire, qui ne lui parlait qu’au téléphone. Leurs résidences au sein du palais ne sont pourtant séparées que d’une centaine de mètres. Le général se faisait en outre le plus souvent représenté par son numéro deux, le colonel Ibroh Amadou Bacharou, aujourd’hui lui aussi membre du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Bazoum et Tiani se regardaient donc en chiens de faïence, sans que le premier imagine une telle trahison du second. A-t-il été trop naïf en s’appuyant trop sur la confiance en son « frère » et prédécesseur ? Contacté par Jeune Afrique le 17 août, celui-ci a affirmé ne pas entretenir de lien particulier avec celui qu’il a nommé patron de la garde présidentielle en 2011 et n’être jamais intervenu en faveur de ce dernier.

Retrouvez les deux autres épisodes de notre série :

Entre Bazoum et Issoufou, les masques sont-ils tombés ?

Coup d’État au Niger : et si le pétrole expliquait tout ?

Au Burkina Faso, un hélicoptère de ravitaillement humanitaire visé par des tirs

L’incident s’est déroulé le 10 août dernier mais l'agence des Nations unies ne l'a communiqué qu'en cette fin de semaine. Des tirs ont touché un appareil du Programme alimentaire mondial qui apportait de l’aide aux populations de la région du Sahel, sous blocus des groupes armés terroristes. 

Le 10 août, un hélicoptère décolle de Ouahigouya, dans la région du Nord, à destination des zones assiégées de la région du Sahel où l'accès à des milliers de familles est coupé depuis des mois. Mais quelques minutes plus tard, l’appareil est pris pour cible par des tirs. « L’hélicoptère transportait de l’aide alimentaire destinées aux femmes, hommes et enfants les plus vulnérables de la ville assiégée de Djibo », explique le PAM dans un communiqué.

Selon une source humanitaire, plusieurs impacts de balles sont constatés sur la carlingue de l’appareil, à son atterrissage à Djibo, au niveau de l’hélice, de la cabine,  et du réservoir. 

Pas de victime, ni de blessés. L'attaque n'a pas été revendiquée, précise la même source. Le PAM la condamne fermement. « De telles attaques compromettent le travail du PAM sur le terrain, perturbant l’assistance alimentaire vitale tout en augmentant nos couts opérationnels », souligne Elvira Pruscini, la directrice du PAM au Burkina Faso. Elle assure toutefois que cet incident ne freinera pas le travail du PAM en faveur des populations qui en ont cruellement besoin.  

L'organisation, la plus grande du monde concernant l'aide alimentaire, s'est engagé à soutenir 2,8 millions de personnes parmi les plus vulnérables, à travers son programme d’urgence et de résilience cette année au Burkina Faso.