Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Les super-riches plus riches que jamais

Un réseau d’économistes a publié mardi 7 décembre, à l’initiative de l’École d’économie de Paris, son deuxième rapport sur l’état des inégalités dans le monde. Il constate la persistance de fortes inégalités malgré la croissance des pays émergents. La fortune des plus riches n’a jamais été aussi élevée.

  • Alain Guillemoles, 

Lecture en 3 min.

 

Les super-riches plus riches que jamais
 
Manifestation devant le siège d’Amazon, à Londres. La fortune de son patron, Jeff Bezos, a fortement augmenté depuis le début de la pandémie. TOLGA AKMEN/AFP

L’essor de nouvelles classes moyennes dans les pays émergents – particulièrement dans la Chine de l’après-Deng Xiaoping, depuis 1978 – a réduit depuis trente ans les écarts de revenus dans le monde mais ne les a pas supprimés, loin de là. « Les inégalités mondiales contemporaines sont proches du niveau du début du XXe siècle, à l’apogée du colonialisme occidental », constate le rapport sur les inégalités mondiales publié mardi 7 décembre.

Le revenu annuel moyen d’un adulte : 16 700 €

Le revenu moyen par adulte dans le monde en 2021 (calculé en tenant compte des impôts et transferts sociaux) est de 16 700 € par an et le patrimoine moyen de 72 900 €. Les 10 % les mieux payés perçoivent en moyenne 87 000 € et les 50 % les plus pauvres 2 800 €. Le patrimoine moyen des 10 % les plus riches (calculé en prenant en compte les dettes) est de 550 900 € ; celui des 50 % les plus pauvres de 2 900 €...

 

Ce rapport est le deuxième réalisé par le Laboratoire des inégalités mondiales, un réseau mondial de chercheurs dont le siège se situe à l’École d’économie de Paris (PSE). Certains, comme Thomas Piketty, Emmanuel Saez ou Gabriel Zucman, sont connus pour leur participation active au débat public.

Leur premier rapport avait été publié en 2018. Il avait fourni une photographie détaillée de l’état des inégalités de revenus et de patrimoine. Ce deuxième rapport précise l’image et l’actualise, montrant que la pandémie a accru les écarts de richesse.

Les super-riches au sommet

Au sommet de la pyramide, les super-riches comme Elon Musk (Tesla) ou Jeff Bezos (Amazon). Ils ne sont pas les seuls. « Les 0,01 % les plus riches, qui ont un patrimoine supérieur à 15 millions d’euros, détenaient 7 % du patrimoine mondial en 1995. Ce chiffre est de 11 % aujourd’hui… C’est considérable », analyse Lucas Chancel, codirecteur du laboratoire sur les inégalités mondiales.

La distance entre la base et le sommet de la pyramide n’a fait que s’accroître depuis trente ans. Le rapport détaille : « Les multimillionnaires ont capté une part disproportionnée de la croissance de la richesse : les 1 % les plus riches ont capté 38 % des richesses supplémentaires accumulées depuis le milieu des années 1990, tandis que les 50 % les plus pauvres n’en ont reçu que 2 %. »

L’un des problèmes pointés par le rapport est l’importance des pratiques d’optimisation fiscale, qui fait que les plus riches sont proportionnellement moins taxés que la classe moyenne. Mais depuis la publication du premier rapport, un certain nombre de choses ont changé : l’actuel président américain Joe Biden affiche une volonté d’augmenter les impôts pour les plus riches. Les années Trump ont démontré la nécessité de soutenir davantage la classe moyenne. Toutefois, le Sénat américain résiste à ces projets.

L’Europe, continent le moins inégalitaire

Le rapport dresse la liste des régions les plus inégalitaires. En tête, le Moyen-Orient, suivi de l’Amérique latine, de l’Afrique subsaharienne, du Sud-Est asiatique. Dans ces régions, 10 % de la population capte plus de 55 % des revenus. Aux États-Unis, c’est 45 %, en Europe 36 %.

→ RELIRE. Taux de pauvreté en 2020 : une stabilité à nuancer

Avec son économie sociale de marché, l’Europe apparaît comme la région du monde la moins inégalitaire : « Elle a mieux résisté à la remontée des inégalités intervenue à partir des années 1980, même si elle risque un scénario à l’américaine si elle n’y prend pas garde », estime Lucas Chancel. Il relève que la course au moins-disant fiscal a entraîné un appauvrissement des États.

La France est, en Europe, l’un des pays les plus redistributifs au monde. La part des revenus des 10 % les plus aisés est de 25 %. En parallèle, les 50 % les moins aisés reçoivent 23 % du revenu national. C’est mieux qu’en Allemagne (où cette part représente 19 %), au Royaume-Uni (20 %) et en Espagne (21 %). En revanche, les écarts restent très forts, en France, en termes de patrimoine. Un dixième de la population détient 60 % du patrimoine total, tandis que les 50 % les moins riches n’en détiennent que 5 %.

 

Ce qu’il faut retenir pour l’Afrique du rapport mondial sur les inégalités 2022

Mis à jour le 7 décembre 2021 à 14:19
 

 

Des centaines de femmes lavent du linge dans une rivière près d’ Antananarivo. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

 

Le continent reste en moyenne une des zones les plus inégalitaires au monde. Dix pourcents de la population y captent plus de la moitié des revenus. Les femmes sont les principales perdantes de cette situation

Prévu en 2020, mais repoussé en raison de la pandémie de Covid, le second rapport mondial sur les inégalités, amorcé notamment par l’économiste Thomas Piketty, montre sans surprise une persistance de situations très contrastées sur le continent.

L’édition 2021, pilotée par Lucas Chancel, codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales, s’appuie comme en 2018 principalement sur les enquêtes réalisées auprès des ménages par les instituts nationaux de statistiques. Des données qui en Afrique sont parfois incomplètes ou datent de plusieurs années, et font l’objet d’imputations statistiques. Le cas de la Libye où elles sont totalement absentes reste exceptionnel.

LA RDC, LA CÔTE D’IVOIRE ET LE CAMEROUN SONT DES PAYS TRÈS INÉGALITAIRES

Dans les pays subsahariens, le revenu moyen ne représente que 31 % du revenu moyen mondial et les 10 % les plus riches (top 10) captent plus de la moitié (56 %) du montant agrégé sur cette zone. C’est plus qu’aux États-Unis, où cette frange s’octroie 45 % du total et beaucoup plus qu’en Europe, où sa part n’est que de 35 %.

Poids de la colonisation

L’Afrique du Sud détient dans ce domaine la palme. Dix pourcents de ses habitants y captent un peu plus des deux tiers des revenus (66,54 %). La part du top 10 a augmenté d’environ 20 points de la fin des années 1990 à 2015, quand celle de la moitié de la population la plus pauvre baissait fortement. Suivent parmi les pays les plus inégalitaires, la Centrafrique, le Mozambique, la Namibie, la Zambie, où le top 10 truste aussi plus de 60 % de l’ensemble des revenus.

Les grandes puissances économiques francophones subsahariennes comme la Côte d’Ivoire et le Cameroun sont elles également au-dessus de la barre des 50 %, les 10 % les mieux lotis s’y arrogeant respectivement 55 et 52 % de l’ensemble des revenus. Le Maroc fait à peine mieux dans ce domaine avec presque 50 %, ce qui n’est pas le cas du géant nigérian, première économie du continent, où leur part est de 43 %, à peine plus qu’au Mali (41 %).

L’Algérie est de ce point de vue le pays le plus égalitaire d’Afrique, le top 10 cumulant 37 % du revenu national. L’écart entre les mieux dotés et les plus pauvres, stable sur les dix dernières années, avait sensiblement baissé dans les années 1990. Néanmoins, le manque de disponibilité des données limite la portée de cette constatation.

Selon les chercheurs, la colonisation et son héritage pourraient encore aujourd’hui être à l’origine de cette grande concentration des revenus avec des écarts plus grands dans les pays où la présence des descendants des colons est la plus forte et où l’indépendance est la plus récente.

Le Maroc, mauvais élève face à l’Algérie

En Afrique du Nord, l’adoption après la colonisation de régimes d’obédience panarabiste orientés vers des objectifs plus sociaux aurait induit des inégalités moins importantes, selon les auteurs de l’étude. Au Maroc, qui a conservé un système monarchique, les revenus sont par exemple moins bien répartis qu’en Tunisie ou en Algérie.

L’étude met aussi en évidence, sans surprise, la très forte concentration de la richesse. Dans les pays subsahariens, les 1 % les plus riches ont capté 38 % du total, et c’est plus fort encore dans la zone Moyen-Orient–Afrique du Nord, où cette proportion atteint 44 %. L’objectif des chercheurs est d’approfondir leur travail en intégrant dans les prochaines éditions des données fiscales. Mais ils font face à la réticence d’un certain nombre d’États, explique Anne-Sophie Robilliard, coordinatrice de l’étude pour la zone Afrique.

Dans cette seconde édition du rapport mondial sur les inégalités, les économistes se sont également intéressés à la part des revenus du travail allant aux femmes. La parité dans ce domaine apparaît pour l’heure hors d’atteinte puisqu’elles ne captent à l’échelle de la planète que 35 % du total. Ce chiffre reflète à la fois la participation des femmes au marché du travail, mais aussi la différence de revenu entre les genres.

AU MAGHREB, LA PART DES REVENUS NATIONAUX ALLANT AUX FEMMES EST COMPRIS ENTRE 12 ET 20 %

Une fois encore l’Afrique reste parmi les zones les moins égalitaires. Dans les pays subsahariens, la part de revenu allant aux femmes est de 28 %. Si l’Afrique du Sud (36,3 %, en hausse de 10 points depuis 1990), la Namibie ou la Guinée Bissau se distinguent positivement avec des pourcentages supérieurs à 30 %, ces derniers sont compris entre 15 et 10 % au Niger, au Tchad ou en Somalie. Le constat est identique au Maghreb où la part des revenus nationaux allant aux Algériennes, aux Marocaines et aux Tunisiennes n’est respectivement que 12, 15 et 20 %.

Empreinte carbone

Dernière innovation du rapport 2021 : l’étude de l’empreinte carbone (production nationale et importations) des populations en fonction de leurs revenus. L’Afrique subsaharienne est de ce point de vue la région la moins polluante. Les dix pourcents des individus ayant les plus hauts revenus au sud du Sahara émettent moins de tonnes de CO2 (7,3 tonnes par an) que les Nord-Américains appartenant aux 50 % les moins bien dotés (9,7 tonnes).

Le rapport entre les plus hauts et les plus bas revenus marque en revanche une nouvelle fois une grande inégalité. Le top 10 subsaharien pollue 14,6 fois plus que la moitié de la population de la région. C’est aussi le cas dans la zone Moyen-Orient–Afrique du Nord, alors que cette même tranche de citoyens émet 9,6 fois plus en Amérique latine, 7,5 fois plus en Amérique du Nord et 5,7 plus en Europe.

À l’occasion de la publication du rapport, auquel a contribué une centaine de chercheurs, l’équipe qui gère la base de données sur les inégalités mondiale a mis en ligne un comparateur de patrimoine et un comparateur de revenus  permettant aux internautes de se situer par rapport à la population de leur région.

Paludisme: forte hausse des décès en raison de la pandémie, le vaccin en ligne de mire

 

Quelque 627 000 personnes sont mortes en 2020 à cause du paludisme. C’est la conclusion du Rapport sur le paludisme dans le monde de l’Organisation mondiale de la santé, l’OMS, publié ce lundi 6 décembre 2021. Cela représente 69 000 décès supplémentaires par rapport à l'année précédente dont les deux tiers sont la conséquence de la pandémie de Covid-19. 

Dans son scénario catastrophe, l'OMS prévoyait que le nombre de morts dû au paludisme pourrait être multiplié par deux après une année de crise sanitaire liée au Covid-19.

Et certes, la pandémie et les confinements successifs ont engendré des perturbations dans la prévention du paludisme avec des problèmes dans la distribution des moustiquaires imprégnées de répulsifs par exemple ou encore dans le dépistage et l'accès aux traitements. Mais les pays touchés et leurs partenaires ont su réagir, se félicite l'OMS.

Soulagement donc mais pas de triomphalisme. Car pour la première fois en 20 ans, les chiffres sont en nette hausse : 14 millions de cas de paludisme et 69 000 victimes supplémentaires ont été recensés par rapport à l'année précédente.

Environ 69 000 morts supplémentaires ont été recensées l’année dernière, dont 47 000 sont imputables aux perturbations dans les services de préventions et de soin, principalement à cause de la pandémie de Covid-19...

Pedro Alonso, directeur du Programme mondial de lutte contre le paludisme de l'OMS

Et depuis plusieurs années, les progrès stagnent. Et l'objectif de diminuer la mortalité de 90 % d'ici à 2030 s'éloigne. 

 

L'OMS appelle donc à redoubler d'effort. Avec un espoir : le premier vaccin antipaludéen vient d'être officiellement recommandé. Un nouvel outil, certes imparfait avec seulement 30 % d'efficacité, mais qui permettrait de sauver plusieurs dizaines de milliers de vies chaque année. Pedro Alonso, directeur du Programme mondial de lutte contre le paludisme de l'OMS mise beaucoup sur ce vaccin. Selon lui, on met souvent en avant le fait qu'il n’est efficace qu’à 30 %, que cela est trop faible. Mais entre 40 000 et 80 000 enfants africains pourraient être sauvés chaque année. 

La demande potentielle pourrait atteindre 80 ou 100 millions de doses de vaccin chaque année. Or les capacités de production actuelle ne dépassent pas 15 millions de doses par an. C’est un exemple parfait de ce que pourraient changer les mécanismes internationaux : financer l’augmentation rapide des capacités de production et le déploiement en urgence du vaccin.

Pedro Alonso, directeur du Programme mondial de lutte contre le paludisme de l'OMS

L'OMS a changé cette année de méthode pour évaluer le nombre de morts du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans. Résultat : la maladie a fait beaucoup plus de victimes que ce qu'on pensait en vingt ans, même si sur cette période, la mortalité a tout de même baissé de moitié.

► À lire aussi le rapport de l'OMS

 

Les pays du Sahel s’unissent pour l’accès universel à un enseignement de qualité

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 5 décembre 2021 à 12:47
 


Une école du village de Dori, au Burkina Faso, le 20 octobre 2020. © Sam Mednick/AP/SIPA

 

Réunis dimanche 5 décembre à Nouakchott, les dirigeants sahéliens, accompagnés de la Banque mondiale, promettent « une action concertée et courageuse » sur le front de l’éducation.

Par Mohamed Ould Ghazouani, président de la République islamique de Mauritanie, Roch Marc Christian Kaboré, président de la République du Burkina Faso, Mohamed Bazoum, président de la République du Niger, et Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.

Conformément à la règle et à l’esprit de chacun de nos pays sahéliens, et convaincus que la prospérité des nations tout comme l’inclusion sociale dans nos environnements fragiles en dépendent, l’éducation pour tous a toujours été au centre de nos stratégies de développement.

Ces 15 dernières années, grâce à des politiques volontaristes, nous avons enregistré des avancées significatives, qui fondent notre espoir que, aujourd’hui, tout enfant né au Sahel peut et doit avoir accès à l’école. Ce faisant il accomplira son rêve pour un avenir meilleur. Il deviendra un citoyen modèle et contribuera à la prospérité de la nation.

Entre 2005 et 2018, le nombre d’enfants scolarisés dans le Sahel a quasiment doublé dans l’enseignement primaire passant de 5,9 à 10,8 millions d’enfants. Dans le secondaire, les effectifs ont plus que triplé, passant de 1,4 à 4,6 millions.

Ce sont sur les frêles épaules de ces enfants et de ces jeunes sahéliens qui ont fini leur scolarité ou leur apprentissage que repose l’avenir de notre espace commun. Il est important de relever, pour s’en féliciter, que ce groupe comprend un nombre croissant de jeunes filles et de femmes, qui non seulement sont moins exposées aux mariages précoces et aux violences sexuelles, mais qui deviennent également des actrices du développement au sein de leurs communautés.

Contexte de pression démographique

Ces progrès dans la scolarisation de nos enfants ont bien sûr des coûts budgétaires importants, mais ils sont nécessaires. Ils ont malheureusement induit une baisse de la qualité des apprentissages. Cela nous interpelle, et nous sommes mobilisés pour la redresser.

Répondre à la demande de scolarisation dans un contexte de pression démographique requiert des investissements continus dans la construction des infrastructures, dans le recrutement et la formation de davantage d’enseignants et dans l’acquisition d’équipements et d’instruments pédagogiques. Dans la région du Sahel, avec près d’un million de nouveaux enfants à scolariser chaque année, la course contre la montre est permanente.

NEUF ÉLÈVES SUR DIX N’ONT PAS LE NIVEAU DE LECTURE ET D’ÉCRITURE REQUIS À LA FIN DU PRIMAIRE

Le livre blanc de la Banque mondiale sur l’éducation au Sahel publié aujourd’hui souligne qu’environ neuf élèves sur dix n’ont pas le niveau de lecture et d’écriture requis à la fin du primaire. Deux écoliers sahéliens sur cinq n’arrivent pas jusqu’au bout de leurs études primaires. Ceci pose le problème lancinant de la déperdition scolaire, facteur aggravant des inégalités dans un contexte où une majorité de nos concitoyens doit faire face à des situations de précarité extrême et pour qui scolariser les enfants induits des coûts à ne pas négliger même quand l’école est gratuite.

Le défi sécuritaire, les effets du changement climatique et l’impact de la pandémie de Covid-19 n’ont fait qu’amplifier les enjeux d’apprentissage et de développement d’un système scolaire de qualité, inclusif et équitable pour tous.

Redoubler d’efforts

Face à ce constat, nous, dirigeants sahéliens, nous réunissons le 5 décembre 2021 à Nouakchott, accompagnés de la Banque mondiale, afin de prendre les décisions nécessaires pour faire avancer les réformes éducatives au cours des cinq prochaines années.

La réponse que nous devons apporter doit être coordonnée et intégrée, depuis la petite enfance jusqu’à la formation continue des jeunes adultes. Certains succès au sein de nos pays nous rappellent que la réussite est à notre portée. Au Burkina Faso comme au Niger, des stratégies de scolarisation accélérée ont remis des milliers de jeunes en échec scolaire sur le chemin de l’école pour y acquérir des compétences fondamentales.

En Mauritanie, la mise en place des comités de gestion scolaire permet une implication plus forte des parents. Au Tchad, un mécanisme de paiement mobile a été lancé en 2018, avec l’accompagnement de la Banque mondiale, pour les maîtres communautaires qui représentent 60% du personnel enseignant du primaire. Cette innovation a non seulement permis d’améliorer la présence mais aussi l’implication des enseignants dans leur métier. Au Mali, le taux de scolarisation du secondaire a été multiplié par 2,5 depuis 2000, en s’appuyant sur un modèle dynamique de partenariat public-privé.

De tels dispositifs ont démontré leur efficacité. Nous devons donc redoubler d’efforts pour trouver des solutions pérennes sur la question de la qualité de l’enseignement. Nous devons également aller plus loin en matière d’équité et accorder une plus grande place aux femmes, encore faiblement représentées dans les postes de décision dans nos écoles.

Nos interventions d’urgence ne doivent pas occulter une vision de long-terme, avec une meilleure gouvernance du système éducatif pour renforcer durablement nos écoles.

Soutenir les enseignants

Le premier levier d’actions portera sur la qualité de l’enseignement. Pour ce faire, nous soutiendrons davantage nos enseignants, en les formant et en améliorant leur statut. Ils disposeront d’outils technologiques et pédagogiques et de programmes scolaires actualisés et adaptés. Nous accompagnerons également les éducateurs en perfectionnant le développement de la petite enfance, afin que les enfants arrivent à l’école primaire avec tous les prérequis.

Ces investissements ont pour but ultime d’améliorer l’apprentissage des élèves, permettant le suivi de tous les enfants sahéliens. Plus concrètement, le système d’évaluation des apprenants devra être capable de repérer en amont les potentiels cas de défaillance et de décrochage scolaire. Les équipes gouvernementales seront accompagnées pour qu’elles garantissent l’inclusivité et la sécurité des écoles. Un système d’inspection indépendant observera l’évolution des conditions scolaires.

LA REFONDATION DE L’ÉCOLE DOIT PASSER PAR UNE APPROCHE INTÉGRALE IMPLIQUANT TOUS LES ACTEURS

Le deuxième levier doit être budgétaire. Malgré une hausse des dépenses éducatives au cours des dernières années, il faut aller plus loin que les 3% de notre PIB qu’elles représentent, un chiffre encore trop faible comparé aux 4% de moyenne sur le continent ou au standard international de 6%.

La réforme de nos écoles passera nécessairement par un soutien accru aux familles, afin que l’éducation soit perçue comme un investissement et non plus comme une dépense. Il est aussi de notre devoir, en concertation avec les différents échelons territoriaux, de nous assurer que les filles comme les garçons scolarisés soient des enfants qui bénéficient d’une nutrition de qualité, d’un suivi scolaire personnalisé et d’infrastructures et d’outils pédagogiques adaptés.

Les jeunes Sahéliens passent aujourd’hui environ six années de leur vie à l’école, contre plus de huit ans pour un enfant en Afrique subsaharienne ou 13 en Europe. Ces six années de scolarisation se déroulent dans des conditions si difficiles qu’elles ne représentent que l’équivalent d’un peu plus de trois ans d’école dans un système éducatif de qualité. Ce chiffre doit augmenter significativement et rapidement.

C’EST EN ADDITIONNANT NOS FORCES QUE NOUS MULTIPLIERONS NOS RÉSULTATS

Enfin, la refondation de l’école doit passer par une approche intégrale impliquant tous les acteurs de l’administration, du secteur privé, des communautés, des parents et des enseignants, et examinant le système scolaire dans son ensemble.

Les financements viendront encourager les bonnes pratiques dans un cercle vertueux qui poussera chaque école à mettre en place les meilleures conditions éducatives possibles. C’est ce même sens de la communauté qui rassemble les gouvernements de nos cinq pays et nous incite à agir de manière coordonnée. Nos instituts d’enseignement technique ont beaucoup à apprendre les uns des autres, et c’est en additionnant nos forces que nous multiplierons nos résultats.

De nombreux pays émergents ont démontré que l’école était le premier lieu dans lequel investir pour préparer l’avenir. Une action concertée et courageuse de notre part, et en étroite collaboration avec les partenaires internationaux dans ce secteur, mènera à des effets positifs immédiats et de long terme : une jeunesse bien formée, qui a confiance en elle-même, est garante d’une prospérité partagée.

Mali : au moins 30 personnes tuées lors d’une attaque dans la région de Mopti

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 4 décembre 2021 à 17:54
 


Un soldat des forces armées maliennes à Tin Hama, une commune malienne située dans le cercle d’Ansongo et la région de Gao. Photo d’illustration. © Benoit Tessier/REUTERS

 

Trente et une personnes ont été tuées et 17 blessées vendredi 3 décembre dans l’attaque d’un véhicule de transport près de Bandiagara, dans la région de Mopti, dans le centre du Mali.

« Des bandits armés non identifiés ont attaqué et incendié le camion transportant des forains à mi-chemin entre le village de Songho et la route bitumée, a indiqué samedi un communiqué du gouvernement de transition signé par le ministre Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement. Le bilan établi fait état de 31 morts, 17 blessés. Des renforts sont actuellement déployés dans le secteur et mènent un large ratissage pour traquer les auteurs. »

Dans ce texte également diffusé par la télévision publique, le gouvernement malien assure que « toutes les mesures seront prises pour arrêter et punir les auteurs de cet acte ignoble et tragique ».

Deuil national de trois jours

Auparavant, des responsables locaux avaient annoncé à l’AFP qu’au moins 30 personnes ont perdu la vie dans cette attaque. « Au moins 30 civils maliens ont été tués par des terroristes près de Bandiagara vendredi. Les civils étaient dans un véhicule de transport. Les passagers ont été mitraillés et le véhicule a été brûlé. L’État a envoyé des forces de sécurité sur place », ont déclaré à l’AFP des autorités locales de Mopti sous couvert d’anonymat.

Un élu de la localité de Bandiagara a précisé qu’il y a « des enfants et des femmes » parmi les victimes, faisant également état de « disparus », sans donner davantage de précisions. Selon lui, les terroristes étaient au nombre de 30, certains étaient à moto.

« Attaque lâche »

Lprésident de la transition, le colonel Assimi Goïta, a décrété un deuil national de trois jours à compter de dimanche. À cette occasion, les drapeaux seront mis en berne sur tous les bâtiments et édifices publics.

L’attaque n’a été revendiquée par aucun des nombreux groupes armés qui sévissent dans le pays.

L’Association pour le développement de Bandiagara (ADB) a condamné « une attaque lâche et criminelle » et demandé aux autorités de prendre toutes les dispositions nécessaires pour protéger les populations et leurs biens.