Pour préserver les écosystèmes marins, pêcheurs et ONG sur la même ligne

Les faits 

Écologie. Professionnels de la pêche et ONG environnementales, avec l’appui des scientifiques, cherchent à définir ensemble les critères d’une pêche plus durable.

  • Raphaël Baldos, correspondant régional à Rennes, 

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Pour préserver les écosystèmes marins, pêcheurs et ONG sur la même ligne

Grâce aux données scientifiques des chercheurs, les professionnels de la pêche et les ONG ont identifié, durant un an d’ateliers, 38 critères de durabilité.COLIN GILDAS/SIPA

Des pêcheurs, des représentants de la grande distribution, des chercheurs et des ONG, assis autour d’une même table pour réfléchir à une pêche durable… Cette image, longtemps improbable, est désormais une réa­li­té. Après plusieurs années de relations tendues, l’association France Filière pêche (FFP), fédération des professionnels de la filière, a souhaité renouer le dialogue avec les organisations environnementales, telles que le WWF, France nature environnement ou Oceana.

Des organismes de recherche nationaux (Institut Agro, Ifremer, IRD, universités de Nantes et Brest) ont apporté leur expertise pour aider les participants à définir des objectifs communs d’une pêche durable et des indicateurs environnementaux, économiques et sociaux.

« La politique européenne des pêches repose encore sur la notion dépassée de rendement maximum durable (RMD), destiné à calculer les volumes maximums de capture assurant le renouvellement des espèces », explique Didier Gascuel, professeur en écologie marine à l’Institut Agro de Rennes, et pilote de l’étude scientifique accompagnant la concertation. « Cette approche ne tient pas compte des interactions avec les captures de mammifères marins, les impacts des engins sur le fond, et toutes les dimensions économiques et sociales », souligne-t-il.

38 critères de durabilité

Grâce aux données scientifiques des chercheurs, les professionnels de la pêche et les ONG ont identifié, durant un an d’ateliers, 38 critères de durabilité. Impacts des chaluts sur les fonds marins, empreinte carbone, captures accidentelles de mammifères marins, vertus sociales de la pêche pour un territoire côtier… « Les critères retenus pour la dimension environnementale vont assez loin, et incluent une approche écosystémique », se réjouit Nicolas Fournier, de l’ONG internationale Oceana. Sollicitée par La Croix, la FFP n’a pas souhaité s’exprimer.

La prochaine étape, début 2021, visera à tester ces indicateurs en les appliquant à des flottilles de pêche tests. « On ne préjuge pas de ce que deviendra la démarche, on y va progressivement, tempère Didier Gascuel. Un nombre croissant de pêcheurs se rendent compte que la durabilité n’est pas une option mais une obligation vis-à-vis des attentes de la société. »

« Portée politique »

Nicolas Fournier, lui, mise désormais sur « la portée politique » de cette confrontation des points de vue : « Nous avons conditionné notre participation à la rédaction d’un livre blanc de recommandations, endossé par le gouvernement français. » Car l’enjeu, c’est aussi la redéfinition de la politique européenne des pêches à l’horizon de 2023.