Burkina: un an après le massacre de Yirgou, la justice se fait toujours attendre

Des Burkinabè manifestent devant le palais de justice à Ouagadougou pour réclamer la vérité et la justice dans l'affaire du massacre de Yirgou, le 22 juin 2019.
© OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Le comité contre la stigmatisation des communautés réclame justice pour Yirgou. Un an après le massacre, les familles de victimes attendent toujours la manifestation de la vérité.

Le 1er janvier 2019, après l'assassinat du chef du village de Yirgou, situé dans la province du Sanmatenga, des Peuls ont été ciblés par des membres de groupe d’auto-défense aidé par d’autres personnes.

Officiellement, une soixantaine de personnes sont portées disparues, mais selon les membres du collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés, il y aurait plus de 200 tués. Le procureur a délivré une centaine de mandats mais seulement une douzaine de personnes ont été interpellées.

Pour les responsables du collectif contre l’impunité et la stigmatisation de communautés, la lenteur judiciaire dans le traitement du dossier est due à des pressions politiques et militaires.

Un an après l’ouverture de l’enquête, seulement 12 personnes ont été interpellées pour des faits de « présomption grave de crime de génocide, meurtre, destructions volontaires de biens, de coup et blessures volontaires et de dissimulation de cadavres » selon Daouda Diallo, secrétaire général du collectif. « Il y a des blocages militaro-politiques et nous l’avons fait savoir à l’autorité. Le chef Koglweogo qui a été arrêté, il y a des pressions énormes pour le faire libérer. »

Pour le secrétaire général adjoint du mouvement burkinabè des droits de l’homme et du peuple, les exactions, exécutions extra-judiciaires ou conflits intercommunautaires constituent des entraves à la lutte contre le terrorisme.

Christophe Bado appelle donc le gouvernement à un traitement diligent du dossier Yirgou. « En faisant la lumière sur ce dossier, ça permet aux communautés d’être en phase avec elles-mêmes et de pouvoir, ensemble, collaborer avec les autorités militaires pour que nous puissions avoir la paix. Une fois qu’une communauté ou bien des citoyens perdent confiance en la hiérarchie militaire, la question de la collaboration en prend un coup. »

Les membres du collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés prévoient une manifestation devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou, afin, disent-ils, d’apporter leur soutien à la justice.