Prison : « Il est plus facile de réprimer que d’éduquer », regrette le pape

Les faits

Recevant vendredi 8 novembre des responsables de la pastorale pénitentiaire venus de nombreux pays, le pape a regretté que la société « cherche dans l’isolement et dans la détention de celui qui agit contre les normes sociales la solution ultime aux problèmes de la vie de communauté ».

  • Nicolas Senèze, à Rome,

Le pape François s’est dit préoccupé, vendredi 8 novembre, par des politiques pénales qui n’ont pour objectif qu’une mise à l’écart des détenus au détriment du développement des personnes et de leur réinsertion.

Recevant au Vatican une cinquantaine de responsables de la pastorale pénitentiaire du monde entier venus à Rome pour un atelier du Dicastère pour le développement humain intégral, le pape est revenu sur cette « culture du déchet » qu’il ne cesse de dénoncer dans la société et dont il voit un nouvel aspect dans les prisons.

Il a notamment mis en cause les « décisions légalistes et inhumaines, justifiées par une prétendue recherche du bien et de la sécurité » par lesquelles la société « cherche dans l’isolement et dans la détention de celui qui agit contre les normes sociales la solution ultime aux problèmes de la vie de communauté ».

De « véritables lieux de dépersonnalisation »

« Il est plus facile de réprimer que d’éduquer », a regretté le pape pour qui les prisons se limitent trop souvent à des lieux où ceux qui transgressent la loi sont « enfermés dans l’oubli », devenant de « véritables lieux de dépersonnalisation ».

 

« Partout dans le monde, on constate une tendance à utiliser la prison pour mettre à l’écart les plus pauvres », relève ainsi Jean Caël, responsable du département prison-justice au Secours catholique pour qui « tout l’argent mis dans la construction de prisons est autant qui ne va pas dans la réinsertion qui, elle, favoriserait la baisse de la récidive ».

Au cours de cet atelier voulu par le Dicastère pour le développement humain intégral, cette question de l’accompagnement des personnes et de leur « développement intégral » a d’ailleurs été particulièrement soulignée.

« Ministère d’espérance »

Dans son discours, le pape François s’est aussi soucié du sort des détenus à leur sortie de prison, déplorant le fait qu’ils soient souvent stigmatisés « comme pas digne de confiance », et exclus de « possibilité de travailler pour obtenir un gagne-pain digne ».

« Si ces frères et sœurs ont déjà purgé leur peine pour le mal commis, pourquoi met-on sur leurs épaules un nouveau châtiment social, avec le rejet et l’indifférence ? », s’est-il interrogé, mettant en garde contre cette « aversion sociale » qui risque de les faire « retomber dans les mêmes erreurs ».

En conclusion, il a encouragé les aumôniers de prison à « rendre présente la miséricorde du Père » auprès des détenus et à continuer leur « ministère d’espérance » auprès d’eux, critiquant une nouvelle fois la prison à perpétuité qui est, selon lui, « discutable » car privant le détenu de tout horizon.