Oxfam: le scandale s'étend au Soudan du Sud et au Liberia

L'enseigne d'un magasin de charité de l'ONG Oxfam dans la ville de Corsham, dans le Wiltshire, au Royaume-Uni.
© Geography Photos/UIG via Getty Images
 

Après Haïti et le Tchad, le scandale entourant l'ONG Oxfam s'est étendu avec de nouvelles accusations, de viol contre certains de ses employés au Soudan du Sud ou d'abus sexuels au Liberia.

Un ancien militaire converti dans l’humanitaire, le Belge Roland van Hauwermeiren est au cœur du scandale au Tchad et en Haïti. On apprend maintenant qu’il a également sévi pour l’ONG Merlin – aujourd’hui Save the children – au Liberia en 2004. Licencié par Oxfam en raison de son comportement, il avait été embauché par Action contre la faim

Comment cela est-il possible ? Une ancienne directrice de la prévention interne à Oxfam pointe le manque de moyens de contrôle. Elle a dénoncé sur Channel 4 l'existence d'une « culture d'abus sexuels au sein de certains bureaux », faisant état de viols ou de tentatives de viols au Soudan du Sud ou d'agressions sur des mineurs bénévoles dans des magasins de l'organisation caritative au Royaume-Uni.

Mardi soir, l'actrice et chanteuse britannique Minnie Driver, nommée aux Oscars, a annoncé sa démission de son rôle d'« ambassadrice » d'Oxfam, première célébrité à claquer la porte. Elle s'est déclarée « anéantie » en pensant « aux femmes utilisées par les gens envoyés pour les aider ».

Un environnement propice

Pour Mike Jennings, directeur des études sur le développement à l'Ecole des études orientales et africaines de Londres, les situations d'urgence constituent un environnement propice aux abus. « Vous avez des personnes extrêmement vulnérables, qui ont tout perdu bien souvent, et d'autres qui ont accès à beaucoup de ressources, ce qui leur donne du pouvoir », explique-t-il à l'Agence France-Presse.

Il estime que les ONG doivent concilier deux objectifs contradictoires, entre la nécessité de mettre en place de procédures internes de contrôle, et les attentes des donneurs. « Beaucoup de gens disent qu'elles dépensent trop d'argent pour l'administration, et pas assez sur le terrain, souligne-t-il. Mais pour éviter ce type de comportement, vous devez mettre en place des contrôles. Et ça coûte de l'argent. »

Megan Nobert, une jeune femme qui a été droguée et violée en 2015 par un de ses confrères lorsqu'elle travaillait pour un programme de l'ONU au Soudan du Sud, a mis en place une organisation, Report the abuse, pour lutter contre ce type de comportement. Elle dénonce elle aussi une culture du viol au sein de certaines ONG.