Massacre du 28-Septembre en Guinée:
on s’achemine vers un procès

La foule s'échappe du stade à Conakry, le 28 septembre 2009 (archive).
© Reuters/Reuters TV
 

Il a fallu une enquête d’un peu plus de sept ans pour clôturer la procédure ouvrant la voie un procès sur les massacres du 28 septembre 2009, à Conakry. C’est en tout cas ce que croient les victimes et les ONG de défense des droits de l'homme qui les soutiennent et qui se sont même constituées partie civile. Le procès reste néanmoins soumis à des contraintes financières qui risquent encore de retarder son aboutissement.

Il a fallu une enquête d’un peu plus de sept ans pour clôturer cette procédure, sept longues années pour les victimes qui ne cessent de réclamer justice.

« Effectivement, à partir du moment où le pôle des juges d’instruction a communiqué le dossier à monsieur le procureur de la République de Dixinn, on peut dire effectivement que l’instruction s’achève.  Avec l’accord des autorités,  je vais prendre un arrêté créant un comité de pilotage, qui va être composé de diverses personnes pour préparer l’aspect matériel de ce procès à venir »,   précise Maître Cheik Sako, ministre de la Justice.

 

Le tribunal de Dixinn est territorialement compétent pour juger cette affaire. La question qui se pose maintenant est de savoir comment va se dérouler ce procès.

« Ce procès ne se fera pas sans moyens, matériels et financiers et sans un appui politique du gouvernement qui est déjà acquis », ajoute le ministre de la Justice.

Ce comité de pilotage qui sera mis en place, sera chargé de trouver le lieu et la date de ce procès tant attendu par les Guinéens et les observateurs à l’étranger.

Reste tout de même un grand absent dans la procédure, le général Sékouba Konaté qui réside en France. Cet ancien ministre de la Défense et numéro 3 du régime en 2009, n'a ni été entendu ni été inculpé et ce, malgré la Commission rogatoire reçue par Paris, mi-octobre, et la plainte des victimes déposée en Guinée, jugée non recevable.

Une urgence pour les victimes

Lors de ce massacre, 150 opposants ont été tués et une centaine de femmes, violées. Jointe par RFI, Asmaou Diallo, présidente de l'Association des victimes, parents et amis du 28 septembre, rappelle que huit ans, c’est long, trop long. Prudemment optimiste sur la tenue rapide d'un procès, elle dit compter sur la promesse, faite par les autorités, de l'organiser en 2018 car c'est une urgence pour les victimes, insiste-t-elle.

« Nous voulons que le procès s’ouvre maintenant,  compte tenu de l’état d’âme des victimes et de leur situation de santé. Nous avons aussi enregistré assez de décès par rapport aux gens qui ont subi beaucoup de sévices, au niveau du stade, et ce qui nous fait encore plus mal c’est que depuis que ce président est mis en place, il n’a jamais voulu parler – pas même une seconde – des victimes du 28 septembre, pour au moins les encourager à tenir bon. En effet, normalement, ces victimes devraient être reconnues au niveau national et prises en charge par l’Etat guinéen mais cela n’a jamais été fait », déplore-t-elle.

« Les femmes qui ont été violées ont sérieusement besoin d’assistance. Il faut absolument qu’il y ait ce procès pour qu’il y ait, plus tard, des réparations, pour qu’on puisse les aider et pour qu’elles puissent être vraiment reconnues car ce sont des personnes qui sont véritablement marginalisées. Et ce ne sont pas seulement celles qui ont été victimes de viol. Il y a aussi des hommes qui sont aujourd’hui handicapés à vie, des personnes âgées qui ont tout perdu. Il faut absolument qu’on nous redonne notre dignité. Il faut que cette justice soit faite. Nous tenons vraiment à ce qu’il y ait un procès », insiste Asmaou Diallo, présidente de l'Association des victimes, parents et amis du 28 septembre.

 

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