(sur Dakaractu)
L'Afrique de l'ouest se prépare à lancer le e-CFA

Le sous-continent ouest-africain se prépare à lancer une version numérique du franc CFA. Dénommé e-CFA et émise par la banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (BCEAO), la monnaie sera d'abord utilisée au Sénégal. Si l’expérience est concluante, l'utilisation de la nouvelle monnaie numérique sera étendue aux autres pays de la zone Uemoa.

 

L'Afrique de l'ouest se prépare à lancer le e-CFA
Après la Tunisie qui a lancé l'année passée le e-dinar, l'Afrique de l'ouest en bloc, se prépare à lancer le e-CFA, la version numérique du franc CFA. Émise par la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), il s'agira d'un billet en format numérique qui fonctionnera exactement comme le billet de banque normal. L'Afrique de l'ouest sera ainsi devenue la pionnière en la matière de la monnaie numérique au monde. « Il s'agit d'un billet numérique qui peut s'échanger comme un billet physique émis par une Banque centrale. Pour réaliser une transaction, vous pouvez débiter un compte bancaire et en créditer un autre, ou bien vous pouvez échanger physiquement un billet de 10 dollars ou 10 euros qui passera de votre main à la mienne. Nous avons créé une technologie qui permet cet échange de manière numérique », a expliqué Jonathan Dharmapalan, le fondateur de E-currency Mint Ltd, la start-up irlandaise qui a conçu le e-CFA. Selon lui, la différence entre les autres crypto-monnaies et le e-CFA est que cette dernière dépend d'une zone économique et est émise par une banque centrale. Or, le principe même des crypto-monnaies, tels que le Bitcoin, c'est de justement éviter tout passage par le système financier "traditionnel" dans l'objectif de réduire le coût des transactions.

Le Sénégal sera le premier pays en Afrique de l'ouest à expérimenter le e-CFA. Servant ainsi de point zéro, si l'expérience est concluante, la monnaie sera étendue dans toute l'Afrique de l'ouest. Serigne Diakhoumpa, directeur financier du Fonds souverain des investissements stratégiques du Sénégal estime qu'il s'agit d'une très bonne chose. Pour lui, la technologie sur la quelle se base cette "e-monnaie" est une révolution qui va aider à mieux maîtriser les transactions financières pour lutter contre la corruption.

« Je prends toujours l'exemple du Rwanda, où même la petite vendeuse du coin a un terminal électronique. Plus besoin aujourd'hui d'avoir des billets et des pièces dans votre poche, vous faites la transaction avec des machines, or les machines ne peuvent pas vous demander de payer des choses qui ne sont pas dues. Bien sûr, l'informatique peut se pirater, mais toutes les transactions sont quand même tracées », a-t-il indiqué.
Un point de vue que nuance Hélix, l'institut d'étude de la finance numérique.

Malgré tout la fraude est présente
Tout comme les billets physiques sont marqués d'un filigrane et d'un numéro de série unique, le e-CFA est protéger par des protocoles cryptographiques. Ce dispositif est-il suffisant pour sécuriser la monnaie ? L'institut d'étude de la finance numérique, Hélix, en doute. Selon son rapport d'étude sur la fraude dans le mobile money, la fraude s'adapte toujours au système financier. « Leur technologie à l'origine est assez sûre, mais dès qu'on ajoute des niveaux, des systèmes en plus, cela ouvre des vulnérabilités. Ces six derniers mois, on a vu deux bons exemples de monnaies numériques fiables qui ont été attaquées et ont perdu beaucoup. En août dernier, le bitcoin a perdu 75 millions de dollars et près de 20 % de sa valeur, et son concurrent, Ether, a perdu 50 millions de dollars, à cause d'une vulnérabilité dans leur code », a tenté d'expliquer Elizabeth Berthe, directrice adjointe du réseau Hélix.

Ainsi, faut-il déduire que cette innovation qui consiste à numériser la monnaie régionale ne protège pas de la fraude, mais plutôt contre la corruption. Le e-CFA même sachant cela, rendra un grand service à un espace continental, l'Afrique de l'ouest, gangrené par un taux de corruption effarant. Une grande révolution, tout compte fait. Encore faut-il convaincre les clients finaux de l'utiliser... 


afrique.latribune
 

E-CFA: l’Afrique de l’Ouest se dote d’une monnaie numérique (sur RFI)

Les e-CFA disposent eux d’un système de sécurité numérique, à travers un code cryptographique. Getty Images/Bloomberg/Will Boas


2017 sera l'année du e-CFA. Le Sénégal s'apprête à lancer une version numérique du franc CFA, la monnaie en vigueur dans toute l'Union économique et monétaire ouest-africaine. Cette devise numérique sera émise par la Banque régionale de marché (BRM), selon la règlementation sur la monnaie électronique édictée par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque centrale régionale. Si son succès se confirme, elle sera alors étendue à tous les pays de la zone UEMOA.

Jonathan Dharmapalan est le fondateur d’E-currency Mint Limited. Cette start-up installée en République d’Irlande a mis au point le e-CFA. Et n’allez pas comparer cette monnaie africaine au bitcoin, la devise pionnière du numérique. Le e-CFA dépend d’une zone économique et monétaire, il est émis par une Banque centrale et c’est là toute la différence.

« Il s’agit d’un billet numérique qui peut s’échanger comme un billet physique émis par une Banque centrale, explique Jonathan Dharmapalan. Pour réaliser une transaction, vous pouvez débiter un compte bancaire et en créditer un autre, ou bien vous pouvez échanger physiquement un billet de 10 dollars ou 10 euros qui passera de votre main à la mienne. Nous avons créé une technologie qui permet cet échange-là de manière numérique. »

 
Cryptogramme
 
Les billets physiques sont marqués d’un filigrane et d’un numéro de série afin d’éviter les faux. Les e-CFA disposent eux d’un système de sécurité numérique, à travers un code cryptographique.

« C’est une très bonne chose, se réjouit Serigne Diakhoumpa du Fonds souverain des investissements stratégiques du Sénégal. Cette technologie est une révolution contre la fraude. Aujourd’hui, la monnaie électronique va nous aider à mieux maîtriser les transactions financières pour lutter contre la corruption. Je prends toujours l’exemple du Rwanda, où même la petite vendeuse du coin a un terminal électronique. Plus besoin aujourd’hui d’avoir des billets et des pièces dans votre poche, vous faites la transaction avec des machines, or les machines ne peuvent pas vous demander de payer des choses qui ne sont pas dues. Bien sûr, l’informatique peut se pirater, mais toutes les transactions sont quand même tracées. »
 
Fraude
 
Des espoirs que modère l’institut d’étude de la finance numérique Helix qui vient de publier un rapport sur la fraude dans le mobile money, ce système de transfert d’argent par téléphone portable. La fraude s’adapte à chaque système financier, la dématérialisation n’y change rien, et les monnaies numériques n’y échappent pas, selon Elizabeth Berthe directrice adjointe du réseau Hélix.

« Leur technologie à l’origine est assez sûre, mais dès qu’on ajoute des niveaux, des systèmes en plus, ça ouvre des vulnérabilités. Ces six derniers mois, on a vu deux bons exemples de monnaies numériques fiables qui ont été attaquées et ont perdu beaucoup. En août dernier, le bitcoin a perdu 75 millions de dollars et près de 20 % de sa valeur, et son concurrent, Ether, a perdu 50 millions de dollars, à cause d’une vulnérabilité dans leur code », souligne Elizabeth Berthe.

La Tunisie a également lancé l’année dernière son e-dinar. Avec l’e-CFA le continent africain devient donc le plus précurseur au monde dans la monnaie numérique. Singapour, la Chine, la Suède envisagent aujourd’hui de se jeter dans le bain.