Burkina: des salariés de médias publics dénoncent leurs conditions de travail

Siège et studios de la Radio télévision du Burkina Faso à Ouagadougou.
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Au Burkina Faso, les travailleurs de médias publics ont décidé d’observer un sit-in ce jeudi 1er septembre, entre 8h et 14h, devant le ministère de la Communication. Ils estiment que leurs revendications pour améliorer leurs conditions de travail ne sont pas prises au sérieux par le gouvernement.

Les autorités ont certes proposé plusieurs rencontres de négociations, « mais à ce jour, ce qui a été arrêté, c'est le changement de statut de ces organes d'Etat, pour qu'ils deviennent des sociétés d'Etat », explique Sidiké Dramé, secrétaire général du syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture.

« Le gouvernement a trouvé que la constitution d'une société d'Etat pourrait permettre d'être mieux équipé et le travail devrait être mieux traité sur le plan salarial et indemnitaire », ajoute-t-il.

Pas de mise en oeuvre

Problème, depuis la transition, « il n'y a aucun début de mise en oeuvre », dénonce-t-il. D'où ce sit-in organisé devant le ministère de la Communication. En l'absence d'avancée, les manifestants promettent d'organiser une grève générale.

Face à ce mouvement de contestation, le gouvernement a proposé un délai de six mois. Une proposition rejetée par les manifestants qui espèrent faire pression sur les autorités pour que « des solutions plus concrètes » soient proposées et dans un délai assez court.

 

Burkina Faso: la loi sur les partis politiques suscite questions et inquiétude

Cérémonie d'investiture de la nouvelle assemblée burkinabè, VIIème législature (2015-2020)
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Au Burkina Faso, 42 partis politiques, soit quasiment un tiers des partis du pays, sont menacés de sanction s’ils ne se conforment pas à leurs propres textes. Dans un communiqué, le ministre de l’Administration du territoire dénonce l'absence de tenue de congrès ou d’assemblées générales par certains partis politiques pour le renouvellement de leurs organes dirigeants.Pour certains responsables de parti, la loi menace la liberté d'expression.

Le gouvernement a donné jusqu'au 31 août 2016 aux partis pour se mettre en règle avec la loi, autrement dit organiser un congrès ou une assemblée générale, ce que ces mouvements n'ont pas fait depuis au moins deux ans. C'est la loi, certes, mais certains partis concernés expliquent qu'ils n'ont pas les moyens d'organiser ces rendez-vous et que cette injonction du gouvernement est une menace pour la liberté d’association.

C'est le cas de l'Union des Forces centristes, parti fondé en mai 2011 par Issa Balima et qui n'a pas tenu de congrès depuis. Seloni Issa Balima, la décision du ministre de l’Administration du territoire va contre la constitution burkinabè. « Nous pensons que nous sommes dans un multipartisme intégral, ça c’est ce que la constitution burkinabè stipule », assure à RFI Issa Balima. Seuls les électeurs peuvent sanctionner un parti politique à travers les urnes. « C’est au parti d’exister, de travailler... Donc une injonction du ministère pour d’éventuelles sanctions, déjà viole certains aspects la constitution, parce que la vie d’un parti, c’est une question interne, c’est selon ces victoires ou ces défaites que le parti même survit ou meurt ». L'Union des Forces centristes devait tenir son congrès en mai 2016.

Ce cadre pose aussi la question du financement de la vie politique selon Issa Balima. « Sur, disons, ce qu’on nous présente comme la centaine de partis politiques, nous avons en gros six partis politiques qui bénéficient de financement hors campagne, de financement pour le fonctionnement du parti politique. Comprenez que même si les autres le veulent, ils ne peuvent pas produire le même résultat au même moment que ceux qui bénéficient du financement hors campagne. »

Thibault Nana pose aussi la question du financement des partis

Bien connu des Burkinabè pour avoir organisé les manifestations contre la vie chère en 2008, Thibault Nana, président du Rassemblement démocratique et populaire (RDP), dénonce également le communiqué du ministre de l’Administration du territoire. Selon lui, cette mesure vise tout simplement à éliminer les petits partis de la scène politique, alors même que ces petits ne bénéficient d’aucune subvention pour leurs activités quotidiennes.

Il a créé son parti en 2011 et depuis octobre 2013, celui-ci n’a tenu aucun congrès ni assemblée générale alors que selon les textes du parti, le congrès devait se tenir tous les deux ans. « Si eux ils disent que chacun doit avoir un siège pour son parti et que, on ne gagne pas de subventions, comment voulez-vous qu’on fasse ? Il y a deux poids deux mesures. Chez moi, ici, c’est un problème de siège : organiser un congrès, ça demande beaucoup de fonds, faut dégager des fonds. Mais si vous n’avez pas ces moyens, dans la mesure, quand il n’y a plus de financement des partis politiques même hors campagne, on ne nous donne plus [rien], donc c’est difficile. Cibler des partis pour éliminer, je ne suis pas d’accord ! Si [on] doit éliminer, éliminer tous ceux qui n’ont pas les moyens pour gérer leur parti. Ça je suis parfaitement d’accord. »

La crédibilité des partis politiques en question

Selon l’enseignant et politologue Abdoul Karim Saïdou, il est du devoir du ministère de l’Administration de demander aux partis politiques de respecter leurs propres textes. Cela les rendrait plus crédible aux yeux des populations.

Selon le politologue, la décision du gouvernement n'est pas une « menace » pour les partis mais est plutôt dans leur intérêt, « parce qu’il se pose aujourd’hui un problème au Burkina, un problème de crédibilité de certains partis politiques, et donc si les partis politiques travaillent à respecter leur propre statut, à respecter la législation, je pense que ça peut aider à améliorer leur participation à la vie démocratique en mieux et à améliorer aussi la crédibilité au niveau des citoyens ».

La prolifération des partis politiques n’est pas nécessairement le signe de la vitalité démocratique d'un pays, selon le chercheur. Aussi faut-il réfléchir aux réformes à engager « pour véritablement limiter le nombre de partis politiques, avoir un nombre restreint de partis politiques mais vraiment des partis fonctionnels, capables de prendre en charge les préoccupations des populations. »