Histoire

Afrique1914

Les archives d’ATD Quart Monde, précieuse mémoire de la grande pauvreté

Reportage 

L’Unesco, qui célèbre chaque 9 juin la Journée internationale des archives, vient d’inscrire dans son registre Mémoire du monde celles du Centre Joseph-Wresinski d’ATD Quart Monde. Depuis sa création en 1957, cette association consigne les traces du vécu de la grande pauvreté dans 32 pays.

  • Nathalie Birchem, 
 
Les archives d’ATD Quart Monde, précieuse mémoire de la grande pauvreté
 
L’Unesco a inscrit dans son registre Mémoire du monde les archives du Centre Joseph-Wresinski d’ATD Quart Monde. Photo : Joseph Wresinski (à gauche) à Noisy-le-Grand, en 1971.MIROSLAV MARIK / ATD QUART MONDE – CENTRE JOSEPH WRESINSKI

« Madame, si j’ai accepté de vous recevoir, c’est parce que je me suis promis qu’aussi loin que je pourrai aller, je ferai entendre la parole des plus démunis », nous dit Gérard Lecointe, 74 ans. Il a fait ce serment il y a de nombreuses années déjà, en allant toucher de la main la dalle posée en 1987 place du Trocadéro à Paris en l’honneur des victimes de la misère par le père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde.

Il a beaucoup à dire sur la grande pauvreté, Gérard. Enfant, il a grandi dans des baraquements que les voisins appelaient la cour des miracles. À l’école, on l’installait au fond de la classe avec les gamins qui ont toujours des lentes. À 10 ans, il a été placé, sans qu’on lui dise pourquoi. Puis, à sa majorité, il a été renvoyé chez ses parents. Il est alors allé vivre dans la forêt. « Vous savez, j’ai dû voler pour manger et pour m’habiller. Et quand on n’a nulle part pour se laver, on perd toute sa dignité », résume-t-il.

Cette page est tournée désormais. Aujourd’hui, Gérard a une santé fragile – il est sous oxygène et se déplace en fauteuil roulant – mais il a un toit au-dessus de la tête. Surtout, il a maintenant les mots pour raconter son histoire, dont il a fait un livre en 2009. Depuis sa vie dans la forêt, Gérard Lecointe a croisé la route d’ATD Quart Monde, une association créée en 1957 par le père Joseph Wresinski, qui vise l’éradication de la misère avec la participation des premiers concernés via l’émancipation par le savoir. Il s’est notamment beaucoup investi à l’université populaire d’ATD. « J’ai beaucoup souffert d’un manque d’éducation et ma Sorbonne à moi,ça a été ATD Quart Monde », explicite Gérard.

La trace des souffrances, des espérances et des résistances

Il y a cinq ans, il a versé son livre et toutes ses notes dans les archives du Centre de mémoire et de recherche Joseph-Wresinski, que l’Unesco vient de distinguer en les inscrivant le 18 mai dans son registre Mémoire du monde. « Le père Joseph Wresinski a lui-même grandi dans la misère et il savait que les pauvres ne sont pas crus quand ils parlent de leur vie, car leur récit est écrasé par celui des institutions, l’école, la police, la justice…, explique Bruno Tardieu, directeur aujourd’hui retraité du Centre Wresinski. Alors, dès son arrivée au camp d’urgence de Noisy-le-Grand en 1957, il a demandé aux volontaires qui accompagnent les familles de tout noter, pour garder la trace de leurs souffrances, mais aussi de leurs espérances, de leurs résistances et de leur façon de voir le monde. »

Photos de scènes de vie au camp de Noisy-le-Grand, lettre de désespoir de parents à qui on a retiré la garde d’un enfant, monographie d’une famille pauvre sur sept générations, enregistrements sonores du père Wresinski, témoignage sur « les mots qui blessent » ou sur la vie dans un bidonville d’Haïti, peinture par un habitant d’une cité de Créteil représentant la destruction de son quartier… Le fonds documentaire, qui démarre en 1957 et concerne 32 pays, est exceptionnellement vaste. Et il offre sur la pauvreté un regard très différent des rapports officiels car il part du point de vue de ceux qui la vivent.

Des archives accessibles en ligne

Au Centre Wresinski, à Baillet-en-France (Val-d’Oise), où il est désormais centralisé, ce patrimoine est classé selon des méthodes professionnelles grâce à une équipe d’une vingtaine de personnes. Au sous-sol, il ne faut pas moins de 10 « magasins », qui sont en fait des pièces entières, pour conserver le tout. Dans le magasin « Alligator », où sont rangées, dans des immenses rayonnages accessibles en tournant une manivelle, des montagnes d’archives papier, une température de 18 °C est maintenue. Au magasin « Guépard », où sont rangées les bobines de films, très fragiles, elle ne doit pas dépasser 15 °C.

Patiemment numérisée au fur et à mesure, la partie publication de ce patrimoine est depuis 2022 accessible en ligne. Mais les archives les plus personnelles ne le sont que sur autorisation spéciale, suivant une charte éthique. Il arrive que des personnes viennent les consulter pour rechercher les traces de leur famille. Le centre attire aussi chercheurs et étudiants. L’historienne Axelle Brodiez-Dolino, qui a compulsé ces archives pendant plusieurs années, devrait d’ailleurs sortir d’ici à la fin de l’année un livre inédit sur l’histoire d’ATD Quart Monde.

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Le programme Mémoire du monde de l’Unesco

L’Unesco a lancé le programme Mémoire du monde (MoW) en 1992 pour prévenir la perte ou la destruction du patrimoine documentaire. Il est composé de documents au format papier, audiovisuel ou numérique. Le programme vise à la fois à sauvegarder ce patrimoine et à le rendre davantage accessible au grand public.

En 2023, 64 nouveaux éléments du patrimoine documentaire ont été inscrits au registre international Mémoire du monde. Le registre compte aujourd’hui 494 inscriptions.

Le Comité consultatif international (CCI) est chargé de conseiller l’Unesco sur la planification et la mise en œuvre du programme Mémoire du monde. Il est composé de quatorze membres nommés par le directeur général de l’Unesco et choisis pour leur autorité dans le domaine du patrimoine documentaire.

Il y a 60 ans naissait l'Organisation de l'unité africaine

L’OUA, l’Organisation de l’unité africaine - l’ancêtre de l’Union africaine - voyait le jour à Addis-Abeba en Ethiopie il y a 60 ans jour pour jour. Un moment marquant dans l’histoire de l’intégration africaine. Ce jour-là, 32 chefs d’État et de gouvernements parviennent enfin à se rassembler et à s’entendre autour d’un projet commun. Ils signent dans la nuit du 25 au 26 mai la charte de l’unité africaine.  

Ce texte prône l’égalité souveraine des États membres, la non-ingérence et le respect de l’intégrité territoriale. Objectif : favoriser l’unité, la solidarité de l’Afrique et combattre le colonialisme. Cette première organisation continentale est dotée d’un secrétariat général, de commissions, et d’institutions inter-gouvernementales. À la tribune, les dirigeants n’ont cessé durant deux jours d’appeler à l’unité du continent, à l’image de Kwame Nkrumah« Cette union, nous devons la réaliser, sans sacrifier nécessairement nos diverses souverainetés, grandes ou petitesexhorte le président ghanéen. Nous devons nous unir afin de réaliser la libération intégrale de notre continent ». 

 

Le 25 mai, Hubert Maga, le président béninois, salue officiellement la naissance de cette toute nouvelle OUA : « La Conférence au sommet des chefs d’États et de gouvernements africains indépendants, heureux de la réussite totale de cette conférence qui comble les espoirs d’unité si longtemps caressés par les peuples africains, exprime sa profonde gratitude à sa majesté impériale Haïlé Sélassié 1er au gouvernement et au peuple d’Éthiopie dont le rôle déterminant a contribué à la concrétisation de l’unité africaine par la naissance de l’Organisation de l’unité africaine ».  

Hubert Maga met là en avant le rôle joué par l’empereur éthiopien. Et pour cause : Hailé Sélassié œuvre depuis de longs mois en coulisses pour faire émerger un accord entre les tenants d’une Afrique fédéraliste, rassemblée dans le groupe dit de Casablanca, autour de Kwame Nkrumah et les partisans d’une Afrique des États, menée par le groupe dit de Monrovia, avec à sa tête le Libérien William Tubman. Un compromis est donc trouvé mais celui-ci est clairement à l’avantage des souverainistes.

« Le draft, ou le brouillon, qui sert de base à la rédaction de la charte, c’est un brouillon qui est proposé par le représentant éthiopien qui s’inspire beaucoup des propositions souverainistes sur l’organisation de l’unité africaine », décrypte Ayrton Aubry, doctorant au CERI, le Centre de recherches internationales de Sciences Po. En contrepartie, un comité de libération destiné à coordonner l’aide aux mouvements de libération est mis sur pied.  

Le travail de l'ombre des diplomates

Cette charte voit le jour grâce au travail mené dans l’ombre par de nombreux ministres et hauts-fonctionnaires. Des diplomates de second plan, formés en Europe ou aux États-Unis, qui sont depuis 1945 très présents dans les congrès panafricains organisés en Europe et sur le continent. Ces acteurs jouent un rôle central lors des négociations menées durant les jours qui précèdent l’arrivée des chefs d’État.

« Le sommet se tenant à Addis-Abeba, les fonctionnaires éthiopiens ont joué un rôle important, relate Ayrton Aubry. On a Ketema Yfru qui est le ministre des Affaires étrangères. C’est lui qui prononce le discours inaugural. Toujours au niveau éthiopien, Tesfaye Gebre-Egzy qui à l’issue du sommet est nommé secrétaire général provisoire de l’OUA ».

Très actif également, Oscar Kambona, le ministre tanzanien des Affaires étrangères ou encore Doudou Thiam. Le chef de la diplomatie sénégalaise décrit quelques années plus tard son rôle dans les tractations : « il fallait enterrer les groupes de Monrovia et de Casablanca et il fallait le faire dans des conditions telles que le nouveau départ à prendre fut favorable au Sénégal. C’était du moins ma mission » 

Certains de ces diplomates poursuivront ensuite leur action en faveur de l’intégration africaine. Ce sera notamment le cas du Guinéen Diallo Telli qui devient en août 1963 le secrétaire général de l’OUA. Ce sommet d’Addis-Abeba restera lui dans les annales comme un moment d’unité et de réconciliation entre certains chefs d’État. Avec comme temps fort, notamment, l’accolade entre le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Malien Modibo Keita,en froid depuis la chute de la fédération du Mali.

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Le ministre des Affaires étrangères sénégalais, Doudou Thiam ( à g.) avec le président algérien Ahmed Ben Bella (à dr.), le 6 août 1963, à Dakar. AFP - -

 

>> À lire aussi :De l’OUA à l’Union africaine : histoire et institutions

Le partage de l'Afrique

Explorations

L'expansion coloniale européenne de 1880 à 1913
 

Carte de l'Afrique, avec tous ses États, royaumes, républiques, régions, îles, etc., réalisée en 1794 par Solomon Bolton. Il s'est appuyé sur les travaux de Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville avec en plus la Côte de l'Or où sont distingués tous les forts et usines européens. Elle comporte aussi une description relative au commerce et aux produits naturels, aux manières et aux coutumes du continent africain et de ses îles. Elle rassemble les connaissances scientifiques de l'époque. Malgré tout elle comporte de nombreuses erreurs, comme l'indication d'une communauté de Juifs près de ce qui serait aujourd'hui le Mali ; bien qu'une très petite communauté de commerçants juifs ait vécu au Mali au 15e siècle, la plupart avaient été tués ou convertis à l'Islam au 16e siècle.

À la fin du xviiie siècle, l'esprit du moment en Europen 11 est celui de la curiosité scientifique — qui justifie l’exploration — et celui de l'impérialisme culturel — qui pousse à évangéliser les populations tout en commerçant — ; c'est la « théorie dite des « trois C » […] [qui] consiste à associer les termes de civilisation, de commerce et de christianisme pour en faire les fondements de l’idéologie coloniale82,83. » À côté des sociétés abolitionnistes, des sociétés d'exploration (l'African Association par exemple, fondée en 1788 en Angleterre) et des sociétés missionnaires (ainsi la London Missionary Society, créée en 1795) apparaissent à ce moment. Dans les débuts du xixe siècle, l'intérieur de l'Afrique reste largement inexploré84,85 et les informations géographiques ou ethnographiques concernant le continent sont très anciennesn 12,87 ; lorsque René Caillié part à la découverte de Tombouctou, qu'il atteint en 1828, « les dernières informations concernant la ville dataient du xvie siècle et émanaient des récits de Léon l'Africain88. » Sous l'impulsion anglaise, la fin du xviiie siècle puis le xixe et le début du xxe siècle voient donc de grandes expéditions se monter, financées par les sociétés missionnaires, les sociétés d'exploration, les grands journaux et les Étatsn 13. Parallèlement, les missions chrétiennes s'implantent massivement dans tout le continent ; il en existait quelques-unes au début du xixe siècle, elles se comptent par dizaines à la fin du même siècle89.

Les explorations et les missions n'ont pas que des visées "désintéressées", scientifiques et évangélisatrices ; dans les faits, une exploration « précède souvent des prises de possession coloniales90. » Notable exemple du phénomène, à la fin du xixe siècle, Léopold II de Belgique commandite plusieurs expéditions, dont une menée par l'explorateur Henry Morton Stanley91,n 14, lequel crée l'État indépendant du Congo, en 1885, qui sera la propriété personnelle du roi92.

Le mouvement abolitionniste

Seconde période de colonisation

L'Afrique coloniale en 1913 : la partition d'un continent.
  • Allemagne
  • Belgique
  • Espagne
  • France
  • Grande-Bretagne
  • Italie
  • Portugal
  • États indépendants

La période coloniale en Afrique s'étend de la Conférence de Berlin (1884-1885) aux indépendances des années 1960 et constitue l'acte fondateur des frontières des actuels États africains : les puissances coloniales se partagent alors l'Afrique lors de la conférence de Berlin en 1884-1885.

 

 
 
.La bataille d'Adoua où les italiens sont défaits par les troupes du Negusse Negest Menelik II, en 1896, marque un tournant historique dans la colonisation de l'Afrique
 

En 1880, à l'aube de la colonisation massive, moins de 20 % du continent est aux mains des Européens. Il s’agit, à l'ouest, de zones côtières et fluvialesn 15, tandis que l'Afrique orientale est exempte de présence européenne. Seule l'Afrique australe est significativement occupée, 250 km à l'intérieur des terres93,n 16 ainsi que l'Algérie, conquise par les Français en 183094.

Entre 1880 et 1910, en un laps de temps très court du fait de la supériorité technologique des Européens95, la quasi-totalité de son territoire est conquise et occupée par les puissances impérialistes qui instaurent un système colonial. La période après 1910 est essentiellement celle de la consolidation du système94.

Ce déferlement entraîne des frictions entre les nations européennes ; c'est notamment le cas pour la zone du Congo où les intérêts belges, portugais et français se confrontent et pour l'Afrique australe, où se combattent Britanniques et Afrikaners96. Afin de traiter la situation, les États européens organisent, en l'absence de tout représentant africain, à la fin de 1884 et au début de 1885, la conférence de Berlin qui débouche sur un traité fixant les règles auxquelles les signataires acceptent de se soumettre dans le cadre de leur processus de colonisation, ainsi que la distribution des différentes terres du continent entre les puissances européennes. Cela a pour effet d'accélérer la colonisation97 et donc le déploiement des « 3 C » (commerce, christianisme, civilisation) au nom du « fardeau de l'homme blanc »98.

Deux pays échappent au partage de l'Afrique, le Liberia, créé par une société de colonisation américaine en 1822 et ayant proclamé son indépendance le 26 juillet 184799 et l'Éthiopie, État souverain depuis l'Antiquité, qui parvient à repousser la tentative de colonisation des Italiens auxquels elle inflige une défaite à la bataille d'Adoua, le 1er mars 1896. Il s'agit de la première victoire décisive d'un pays africain sur les colonialistes100,101.

Ce que les francophones nomment « partage de l'Afrique », mettant ainsi l'accent sur les conséquences pour le continent, est appelé Scramble for Africa (« la ruée vers l'Afrique ») par les anglophones, qui mettent ainsi en exergue les causes. Ce terme est corrélé avec l'analyse économiste qui avance que cette colonisation est déclenchée par les besoins en matières premières des économies européennes, engagées dans la révolution industrielle et dans le commerce international102. Le terme fait aussi référence à la compétition économique que se livrent les nations sur le sol africain103. Pour l'acception économiste, inspirée par John Atkinson Hobson104, l'impérialisme et la colonisation sont les conséquences de l'exploitation économique pratiquée par les capitalistes et le résultat des rivalités entre les nations105.

La plupart des régimes coloniaux mettent fin, de jure, à l'esclavage dans leur zone d'influence — quoique la pratique perdura de facto pendant longtemps encore106 —, assumant ainsi un rôle de « mission civilisatrice »107,108. Cependant, la portée de cette abolition est à relativiser, car avec la fermeture progressive des marchés d'esclaves européens la traite avait périclité depuis longtemps déjà. C'est un second volet explicatif de la « ruée » : le sentiment de supériorité de l'Europe vis-à-vis de l'Afrique, conforté par les théories du darwinisme et de l'atavisme social, ainsi que par le racialisme109. La période de la traite négrière a aussi contribué à ce sentiment, laquelle avait vu la montée du sentiment raciste et l'idée de hiérarchie entre les races (courant de pensée dit racialiste, incarné par exemple par Gobineau, auteur d'un Essai sur l'inégalité des races humaines en 1855)110, tout cela justifiant d'apporter "la" civilisation et le christianisme aux peuples du « continent noir », via le « sabre et le goupillon »111.

Enfin, le sentiment nationaliste des pays européens joue aussi un rôle, la compétition pour la domination de l'Afrique en étant un des aspects112.

L'économie coloniale qui se met en place repose principalement sur deux secteurs : l'extraction minière et la traite de produits agricoles113. L'activité commerciale internationalisée (économie de traite114) est aux mains des Européens via leurs firmes pratiquant l'import-export, lesquelles disposent du capital nécessaire à l'investissement local115.

Plusieurs dispositifs structurent cette économie : l'impôt de capitation, qui contraint les Africains au travail salarié pour le compte des colons afin d’acquitter l'impôt116, les plantations obligatoires116, l'« abject » travail forcé117 et le travail migratoire, le déplacement des populations, la saisie des terres118, le code de l'indigénat sous ses diverses variantes qui excluent les colonisés du droit commun, l'indirect rule britannique. Cela déstabilise fortement les structures sociales en place119 ainsi que le système productif, ce qui conduit à la pauvreté, à la sous-alimentation, aux famines et aux épidémies120. Ces pratiques, déjà brutales par essence, s’aggravent de répressions sanglantes contre les soulèvements et les résistances121. La répression des héréros (1904-1907) est ainsi qualifiée de « premier génocide du xxe siècle »122,123. Les pertes humaines sont telles que la démographie du continent en est affectée : « les deux ou trois premières décennies de l’ère coloniale (1880-1910 environ) […] provoquèrent […] une forte diminution de la populationn 17. »

 Afrique ancienne

 

 

Les sources, tant orales, qu'écrites ne manquent pas pour écrire une histoire longue de l'Afrique. Les auteurs ont opté pour un découpage régional qui facilite la lecture d'un récit historique dense et complexe.

 

Les sources, tant orales, qu'écrites ne manquent pas pour écrire une histoire longue de l'Afrique. Les auteurs ont opté pour un découpage régional qui facilite la lecture d'un récit historique dense et complexe.


Trois grands espaces qui ont leurs logiques historiques propres ont été ainsi identifiés :
- un espace occidental, lié au nord de l'Afrique et qui a connu les premières installations européennes sur le golfe de Guinée ;
- un espace oriental, ouvert sur l'océan Indien et le monde asiatique ;
- un espace central et méridional enfin, aux cultures diversifiées.


Ces trois ensembles ont été étudiés du VIIIe au XVIe siècle - borne chronologiques qui correspondent à des ruptures majeures avec de fortes répercussions sur les histoires régionales.