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BILLET MENSUEL Février 2014

Bien chers amis,

Depuis quelques mois nous sommes donc entrés dans « l’année interdiocésaine 2013-2014 », un cheminement qui nous invite à rejoindre les disciples d’Emmaüs et doit nous mener vers une Assemblée interdiocésaine en octobre prochain. La précédente remonte à 2004 et l’Eglise catholique d’Algérie a senti le besoin de se donner un temps d’arrêt pour mesurer le chemin parcouru et continuer sa marche. Et pour cela, besoin surtout de se laisser rejoindre par le Christ comme les deux disciples, pour le reconnaître à la lumière de l’Ecriture et du Pain partagé.

Une première rencontre de délégués des quatre diocèses vient de se tenir à Alger les 17 et 18 janvier. Elle avait été préparée sous l’impulsion d’un comité « ad hoc » par la rédaction personnelle de plus de 500 « récits » émanant de notre vécu et de celui de nos communautés chrétiennes. Ces récits témoignent de la diversité de nos modes de présence, de nos origines, de nos vocations, et ils nous permettent de partager nos peines, nos joies et nos espérances.

Cette étape regroupait une cinquantaine de membres venant de tous les diocèses. La composition de cette assemblée multicolore était bien le reflet de l’Eglise catholique de l’Algérie d’aujourd’hui. Ayant participé à l’Assemblée de 2004, j’ai pu constater combien son visage a changé. Il s’est rajeuni, il s’est diversifié, il s’est universalisé. Il s’est aussi enraciné dans le pays. Quel chemin parcouru ! Je crois que cela était inimaginable il y a dix ans. Certes, nous nous orientions alors vers quelque « divine surprise » pour reprendre un terme alors retenu, mais la surprise venue n’a pas été celle que nous attendions ! L’Assemblée de 2004 était majoritairement composée de l’ancienne génération (celle des… dinosaures !), avec, il est vrai, quelques nouvelles énergies arrivées depuis la fin de la douloureuse décennie 90. Mais rien de comparable, dix ans après !

Ce qui, dans cette assemblée de janvier, m’a sauté aux yeux, c’est la diversité de sa composition : étudiantes, étudiants, migrantes et migrants subsahariens, nouveaux membres de communautés religieuses, prêtres plus jeunes, expatriés travaillant pour des sociétés étrangères, nouveaux disciples issus du pays, nouveaux évêques aussi… Bref, le reflet d’une Eglise plurielle et unie dans un beau moment de fraternité. L’Eglise a pris un « coup de jeune » (c’est trop rare de pouvoir le dire !) et s’est universalisée, elle est devenue moins cléricale, même si un long chemin est encore à faire sur la place des laïcs.

Suite à cette première assemblée, aux différentes interventions le plus souvent à partir des récits, je me permets de vous livrer, de ma petite fenêtre, quelques réflexions pour la suite de notre cheminement. Ce qui nous incombe aujourd’hui, c’est « à la lumière des Ecritures » et du nouveau visage de notre Eglise de donner du sens à l’étape que nous vivons ! Et, parce que nous sommes des « esprits lents à croire », notre regard sur Jésus vivant au milieu de nous en sera renouvelé.

Cette Eglise, jusqu’ici plutôt soucieuse d’être un lieu à partir duquel on va vers les autres - en particulier nos partenaires musulmans ? est devenue, ceci dit en toute humilité, peut-être plus encore un lieu vers lequel on vient, un lieu d’accueil de l’autre quel qu’il soit (chrétien ou non, étranger ou algérien) dans le plus grand respect de sa démarche. Et ceci nous amène à une double fidélité :

* Fidélité sans relâchement à une approche et une compréhension respectueuse de l’Islam et des musulmans,

* Fidélité à rendre compte de notre foi à ceux qui nous sollicitent dans la même approche respectueuse. Le monde dans lequel nous vivons subit de grands bouleversements ; l’Islam et le monde musulman sont eux aussi en pleine mutation. Nous ne pourrons pas faire l’impasse d’une réflexion renouvelée et approfondie sur notre façon de « faire Eglise », ici en Algérie, Le danger est toujours grand soit de nous replier sur nous-mêmes dans une sorte de bulle confortable et aseptisée, soit d’adopter une attitude conquérante qui nous situerait loin de l’esprit de l’Evangile. Soyons toujours l’humble Eglise du Christ, pèlerins en marche, au service de l’avènement du Royaume de Dieu. Il nous précède dans le cœur de l’autre.

+ Claude, votre frère évêque.

 


Nouvelles… Pour rester proches

* Le P. Alberto de Hassi Messaoud a été amené à repartir dans sa famille assez rapidement. Son frère Luigi vient de décéder d’une longue maladie. Il n’aura pas pu être là pour son inhumation, mais il aura pu être proche de sa famille en cette période douloureuse. Nous portons les fardeaux les uns des autres et l’accompagnons dans notre prière.

* Nous venons d’apprendre le décès subit à Alger de Sr Renée, de la Communauté de Grandchamp (Suisse). Arrivée en Algérie avant l’indépendance, et assez longtemps compagne de Sr Geneviève qui a dû quitter l’Algérie pour des raisons de santé, elle s’est beaucoup investie dans la promotion de la femme. Ayant largement dépassé l’âge de la retraite, elle avait demandé de rester à Alger où elle a tissé de nombreux liens.

La Communauté de Grandchamp est une communauté de sœurs née dans le Canton de Neuchâtel. Cette communauté de sœurs de diverses traditions protestantes vit selon une première version de la règle de Taizé. Elle a fait le choix d’une existence spécifiquement monastique, une vie commune, de prière et d’accueil.

Nous assurons la Communauté, qui vient aussi de perdre Sr Minke (l’une de leurs anciennes responsables) de notre fraternelle communion dans le Seigneur et de notre prière.

* Nous avons aussi appris le décès, survenu le 1er février en France, de Pte Sr Céline qui a longtemps vécu dans le Diocèse. Nous assurons les Petites Sœurs de notre profonde communion.

* Une équipe vient de se mettre au travail pour préparer la prochaine Assemblée Diocésaine qui aura lieu du 23 avril (soir) au 27 (matin). Nous restons dans la dynamique de l’Assemblée Interdiocésaine qui, elle aussi, se prépare et qui se tiendra à Alger les 23, 24 et 25 octobre, largement ouverte aux membres de l’Eglise Catholique d’Algérie.

* Le P. Vincent Feroldi continue son temps sabbatique de découverte du Diocèse. Nous le remercions des moments de partage que nous vivons avec lui car un regard extérieur et bienveillant ne peut qu’être un soutien précieux.

* Le P. Jean Forgeat, prêtre délégué par l’épiscopat de France, chargé des prêtres « Fidei Donum », vient de nous rendre visite dans le Diocèse, rencontrant notamment le P. Georges d’El Meniaa et le P. Philippe d’Adrar. Avec lui aussi le partage a été riche d’une belle expérience de l’Eglise universelle.

*Une journée diocésaine de partage d’expérience a rassemblé le 7 février une dizaine de personnes toutes impliquées dans l’aide à l’apprentissage du français, ou de l’anglais, pour un échange sur nos pratiques afin de mieux assurer ce service que ce soit auprès des enfants, des adolescents ou des adultes.

*Durant ce mois de février, les Petites Sœurs de Jésus ont toutes été visitées par une Sœur de leur Conseil Général. Notre évêque a pu à Touggourt rencontrer l’une d’entre elles, Sr Célinah, pour un échange fructueux et pour le présent et pour l’avenir des Fraternités dans le Diocèse. Toutes les Petites Sœurs vivent maintenant un temps de rencontre à Alger, rejointes par leur Responsable Générale. Que l’Esprit continue de les animer dans ce temps de rencontre et de discernement.

* Accompagné du P. Jean-Paul Vesco, le P. Timothy Radcliffe a pu réaliser un grand rêve (et Dieu sait s’il en a dans son cœur !) : celui de voir enfin le Sahara. Faute de pouvoir venir à Ghardaïa, il a pu parcourir une partie des Hauts Plateaux et de l’Atlas Saharien. Malgré les aléas de la route, il a été chaleureusement accueilli par les Fraternités d’El Abiodh et d’Ain Sefra. Merci au P. Jean-Paul d’avoir été à la fois chauffeur expérimenté et guide de ces espaces qui ne lui sont pas étrangers !

* Comme vous pouvez le lire dans la presse, l’entendre sur les ondes et le voir sur les sites internet, les événements qui secouent la vallée du M’Zab n’ont pas encore trouvé d’issue durable. Nous portons cela dans notre prière quotidienne. Que le Seigneur suscite de plus en plus d’artisans de paix pour que de nouveau la concorde et le respect puissent faire de cette vallée un lieu de paix et de fraternité partagée.


Calendrier de Mgr Rault janvier 2013

Ouargla, Touggourt, Conseil Financier et "Conseil rapproché ",

Préparation de l’Assemblée Diocésaine d’Avril, réunions diverses sur Alger

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PTE SR CELINE NOUS A QUITTES

Pte sr Céline de Jésus a accompli l’offrande de sa vie en cette veille de la fête de la Présentation du Seigneur, le 1er février 2014, à 4 h 30 du matin.


Petite Sœur Céline aurait eu 90 ans le 14 octobre prochain. Elle est née à Frontenex, en Savoie, quatrième de 8 frères et sœurs.

Céline entre à la Fraternité à 28 ans, en août 1952, et l’été suivant, elle part au Nord Cameroun où l’on fonde une fraternité qui sera aussi noviciat. Pte sr Céline y prononce là ses premiers vœux, le 9 septembre 1954. Du Mayo Ouldémé, elle est envoyée en 1957 à Dakar, au Sénégal, où la fraternité se trouve depuis deux ans dans la banlieue (cf. le récit de ces deux fondations dans “Histoire de la Fraternité en Afrique”, pages 28-30 et 164-166).

Après une année de théologie à Toulouse et ses vœux perpétuels à Rome le 30 octobre 1960, pte sr Céline est ‘envoyée’ en Algérie où elle restera de nombreuses années : El Goléa et Alger (1960-1969), Oran (de 1987 à 1991) et principalement El Abiodh (1969-87 et 1991-2006). A cause de sa santé, elle quitte El Abiodh où elle aurait aimé rester jusqu’au bout pour continuer à accueillir, visiter, aimer avec toute la tendresse qu’elle savait donner, surtout aux plus marginalisés et aux moins aimés. Ils ne l’oublient pas et jusqu’à aujourd’hui demandent de ses nouvelles. Elle a aussi vécu de longues périodes sous la tente avec les nomades et les retrouvait avec joie.

En février 2006, pte sr Céline rentre en France, au Tubet, puis à Aubagne. Le 23 décembre 2008, elle arrive à l’Ile Verte, à Aix en Provence. C’est de là, en janvier 2012, qu’elle rejoint les petites sœurs qui sont à la maison de retraite à Lambesc. En septembre 2013, pte sr Céline fait une chute dans sa chambre et se casse le fémur. Depuis le 20 janvier, elle était aux soins palliatifs à St Thomas, à Aix. « Notre petite sœur a vécu tout ce temps d’attente de la Rencontre avec son Seigneur dans une grande paix, dans l’attention à chacun. Nous ne pouvons oublier son sourire, sa sérénité devant la souffrance et la mort. Quel cadeau d’avoir vécu ces moments de grande proximité avec pte sr Céline. Nous l’avons entendu prier : « Par Lui, avec Lui et en Lui. Tout est grâce. »

La messe d’A-Dieu sera au Tubet ce mercredi à 10 h 45 et pte sr Céline sera inhumée à la Pinède.

Les petites sœurs de Lambesc, d’Algérie

et du Secrétariat Général

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Pour plus :

http://amisdiocesesahara.free.fr/index.html