Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Calendrier interreligieux: février 2020

Dim. 2  Chandeleur

Fête catholique de la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem et de la purification de la Vierge.

À l’époque de Jésus, la tradition juive voulait que le premier-né soit symboliquement offert à Dieu par sa mère, quarante jours après l’accouchement. Cet événement, au cours duquel le sage Siméon reconnaît Jésus comme lumière du monde, est rapporté dans l’Évangile de Luc. Progressivement, la fête de la présentation de Jésus a pris une dimension mariale, la mère de Jésus étant reconnue comme la porte-lumière par excellence. Au Moyen Âge, sa célébration a vu se répandre des processions, où les fidèles portaient des flambeaux et des cierges bénis à cette occasion, comme c’est encore le cas aujourd’hui. Cette fête aux chandelles (bougies) a donné son nom à la Chandeleur: une fête de la lumière, annonçant la sortie de l’hiver, que la tradition populaire a enrichi du partage des crêpes, rondes et dorées comme le soleil renaissant.

Présentation au Temple (2 février: cal. grégorien; 15 février: cal. julien)

Fête orthodoxe de la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem.


Sam. 8 Yuanxiao / Shangyuan

Fête des lanternes. Placée sous le signe du Ciel (=1re partie de l’année chinoise), elle marque la fin des festivités du Nouvel An.


Dim. 9  Magha Puja *

Fête du courant theravada célébrant les enseignements du Bouddha; les communautés se rassemblent et offrent des cadeaux aux moines. * Date variable selon les pays.


Ven. 14  Saint-Valentin

Fête des amoureux qui s’échangent des fleurs et des attentions.

Son origine n’est pas claire. [Saint Valentin à été canonisé et sa fête instaurée par le pape africain Gélase, originaire d’Afrique du Nord, NDLR] Sont parfois évoquées les célébrations de la fertilité en cette même période de l’année dans les civilisations grecque et romaine. Quant à l’histoire de tel ou tel saint Valentin, martyr dans les premiers siècles du christianisme, elle hésite toujours entre légende et réalité.
À la fin du Moyen-Âge, notamment en Angleterre, la Saint-Valentin prend sa connotation amoureuse; on s’échange ce jour-là des billets doux sur lesquels on dessine des cœurs. Aujourd’hui, la fête des amoureux est très pratiquée, moment privilégié du couple pour les uns, opération commerciale pour les autres.

Sam. 15  Parinirvana * – Commémoration mahayana de la mort du Bouddha et de sa libération ultime à l’âge de 80 ans. La journée est consacrée à méditer sur le caractère éphémère et illusoire du monde. * Parfois célébrée le 8 février.


Sam. 22  Mahashivaratri

Nuit du Grand Shiva: sa danse cosmique crée, maintient et détruit l’univers de manière cyclique.


Lun. 24  Nouvel An tibétain – Losar

Premier jour de l’an 2147 du calendrier vajrayana qui débute en -127, date de l’intronisation du premier roi tibétain. Le Nouvel An est suivi de quinze jours de festivités, d’offrandes et de prières pour la paix dans le monde.


Mar. 25  Mardi Gras

Dernier jour où, traditionnellement, l’on consommait de la viande avant le temps du Carême. C’est à cette période que se déroulent les carnavals.


Mer. 26  Mercredi des Cendres

Après Mardi Gras, ce jour marque pour les catholiques le début du Carême qui prend fin le Samedi saint (11 avril).

Dès le IVe siècle, le dimanche correspondant au quarantième jour (en latin quadragesima dies, origine du mot Carême) avant le Vendredi saint marque le début d’une période pénitentielle de jeûne préparant la Semaine sainte. Ce chiffre fait référence aux quarante années de l’Exode (de la sortie d’Égypte du peuple Hébreu à son installation en «Terre promise») et, surtout, aux quarante jours de jeûne dans le désert qui marquent le début du ministère de Jésus (Luc 4,1-2). L’usage voulait cependant que l’on ne jeûne pas les dimanches. Dès lors, pour que la pénitence corresponde bien à quarante jours effectifs, on en est venu à avancer le début du Carême au mercredi précédent, appelé Mercredi des Cendres. Le nom de cette fête vient d’une coutume, instaurée au Xe siècle, qui veut que les prêtres marquent de cendres le front ou la tête des fidèles en disant: «Tu es poussière et tu retourneras à la poussière» ou «Convertissez-vous et croyez à l’Évangile». Les cendres sont un symbole, déjà chez les Hébreux, de la misère physique et morale: allusion à la condition de pécheurs et de mortels des fidèles qui cherchent le pardon de Dieu.
Cette période de jeûne, qui consiste à «faire maigre», c’est-à-dire à renoncer à la viande et aux graisses, est suivie essentiellement par les Églises orthodoxes et catholiques, avec des prescriptions et des coutumes différentes. Les protestants, considérant que le jeûne n’est pas nécessaire pour obtenir le salut (la foi seule y conduit), ou que la pénitence du cœur suffit, ne pratiquent pas le jeûne du Carême, période qu’ils dénomment «temps de la Passion».
Par ailleurs, certains ont choisi d’actualiser le Carême en en faisant un temps de solidarité avec les plus démuni-e-s et en organisant, souvent sur le plan œcuménique, diverses actions et manifestations (sous l’égide de l’Action de Carême pour les catholiques et de Pain pour le Prochain pour les protestants).

© Éditions Agora | impressum et droits d’auteur

Cette semaine se tient du 18 au 25 janvier 2020

POur plus de détails, aller sur le site du Vatican :

http://www.peresblancs.org/semaine_oecumenique_de_prieres_2020.pdf

Luther face à l’islam|Saphir News

 

Comment le père de la Réforme protestante percevait l’islam

Martin Luther (1483-1546) est considéré comme l’un des pères du protestantisme. Ce moine devenu théologien est l’auteur de « 95 thèses » (1517) à l’origine de la Réforme protestante, dans lequel il critique ouvertement le commerce des indulgences instauré par le Vatican, qui consiste à verser de l’argent contre la rémission partielle ou totale de ses péchés. L’homme, qui fut ordonné prêtre en 1507, finit par être excommunié par le pape Léon X en 1521 mais ses idées ont su se développer à travers l’Europe, avec l’aide de protecteurs, grâce à l’imprimerie. Martin Luther n’a eu de cesse de critiquer très durement le pape et ses partisans. Mais que disait-il de l’islam et de ses fidèles alors ? Réponses avec Malik Bezouh.

Table:

  • Le mahométisme, cette « abomination »
  • Ce que les pères du protestantisme reprochent à l’islam
  • Aucun soutien pour autant à la croisade contre l’islam
  • La lutte contre le « papisme » avant tout
  • Ce que disent les catholiques des protestantsDepuis Luther, un rapport infiniment plus apaisé des églises protestantes à l’islam

Lire : Luther face à l’islam, Malik Bezouh, SaphirNews, 17.12.19.

Au delà du dialogue – le film |Focolari

 

Le 6 janvier 2020, sur KTOTV, a eu lieu la diffusion du film documentaire Au delà du dialogue, présentant l’expérience étonnante du mouvement chrétien des Focolari, implanté en Algérie, et dont la majorité de ses membres sont musulmans. Revoir l’émission sur KTO 

Fabio habite à Lyon, et fait partie du mouvement des Focolari depuis 40 ans. Sa rencontre avec Rassim, un jeune algérien, musulman, engagé aussi dans ce mouvement, fait naître le désir de se rendre en Algérie pour voir de près l’étonnante expérience que chrétiens et musulmans vivent dans ce pays, partageant la même spiritualité de communion aux sources profondément chrétiennes.

C’est le départ d’un film documentaire qui, dans un voyage à travers l’Algérie, nous fait rencontrer des communautés où des chrétiens et des musulmans partagent une expérience spirituelle commune, et s’engagent pour construire une culture de fraternité autour d’eux.

La « Mariapolis » est le rendez-vous le plus important de l’année. Pendant les vacances d’été, on y converge des 4 coins du pays. Les membres du mouvement s’y retrouvent et invitent aussi des amis, des parents, des collègues : pendant quelques jours, au fil des jeux, des ateliers, des conférences et des échanges, on oublie petit à petit qui est chrétien, qui est musulman, qui doute et qui ne croit pas, pour se reconnaître amis, frères en humanité.

Lire la suite : Au delà du dialogue – le film

« La Controverse. Dialogue sur l’islam», de Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne:

la raison, l’islam et le christianisme | Les cahiers de l’islam

L’intellectuel catholique et le philosophe se livrent à un débat théologique vivant et fécond.
Par Meryem Sebti, CNRS

« La Controverse. Dialogue sur l’islam », de Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne, entretiens menés par Michel Eltchaninoff, Stock/Philosophie Magazine Editeur, « Les essais », 192 p., 18 €.

L’initiative à l’origine de cet ouvrage vaut d’être saluée. Le philosophe Michel Eltchaninoff a mis en présence deux intellectuels dont les voix comptent sur la scène publique internationale, pour débattre des « questions qui fâchent » autour de l’islam.

D’un côté, Rémi Brague, qui se définit lui-même comme « intellectuel et catholique ». Grand érudit, éminent spécialiste de philosophie antique et médiévale – juive, arabe et latine –, qu’il a longtemps enseignée, c’est un penseur influent. Connu pour son regard très critique sur la religion musulmane, il définit les sources de l’Europe comme romaines et chrétiennes. Face à lui, ­Souleymane Bachir Diagne, philosophe, historien des sciences, enseignant à l’université Columbia (New York), auteur d’une œuvre riche et complexe, défend la possibilité d’un islam rationnel, dynamique, ­ancré dans une spiritualité authentique.

L’ouvrage s’intitule La Controverse et mérite ce titre au singulier. En apparence, les questions abordées sont très diverses – trop, car cette structure vivante, propre à la discussion, donne lieu à un florilège de réponses souvent bien courtes et contenant, dans la plupart des cas, des références savantes qui échapperont au lecteur non spécialiste.

Mais le débat, d’ordre théologique, touche en réalité à un point de dogme fondamental de l’islam. La conviction de Rémi Brague est que le Coran, considéré par les musulmans comme parole de Dieu, fixe un code légis­latif immuable, une « orthopraxie », que l’homme ne peut ni interroger ni modifier. Face à ce Dieu tout-puissant, l’homme n’aurait aucune liberté réelle. Il serait « soumis », dépouillé de ce qui constitue son essence même : sa capacité de penser et de participer par sa propre raison à l’ordre du monde voulu par Dieu. A l’inverse, le christianisme, en posant que Dieu est Verbe, serait une ­religion pleinement rationnelle, qui favoriserait chez l’homme l’élan de la raison. Rémi Brague met ainsi en avant sa « foi d’intellectuel » ancrée dans l’essence même du christianisme.
Face à cette ­conviction, qui se révèle implacable tout au long de l’échange, Souleymane Bachir Diagne déploie toutes les ressources de son érudition et de son expérience spirituelle personnelles pour étayer une autre représentation du dogme musulman : il rappelle la complexité des débats théologiques autour de la question de la liberté humaine et du dogme du Coran incréé, comme les multiples niveaux d’interprétation du Coran mis en œuvre au cours de l’histoire, ou la place privilégiée de l’homme – désigné dans le Texte révélé comme le lieutenant de Dieu sur Terre – au sein de la Création.
 
« La Controverse. Dialogue sur l’islam », de Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne : la raison, l’islam et le christianisme
 

La position de Rémi Brague en ce qui concerne l’irrationalité ­intrinsèque de l’islam a un redoutable corrélat. Etant fondamen­talement irrationnel, l’islam serait violent par essence. Cette conception a des racines lointaines et profondes en Europe. Elle apparaît en filigrane dans le discours de Ratisbonne du pape Benoît XVI (2006). Elle se révèle dévastatrice tant elle oppose une fin de non-recevoir à toute prétention intellectuelle ou spirituelle de l’islam. Si d’aventure un philo­sophe se révèle fécond, c’est qu’il s’est placé « hors de l’islam » pour penser.
C’est néanmoins avec raison que Rémi Brague fait référence dans sa postface à la disputatio, débat qui voyait notamment s’opposer chrétiens et juifs au sein des universités médiévales. Un espace de rencontre est ouvert avec cet ouvrage, et il ­convient de lui reconnaître ce mérite, qui n’est pas mince.

Source : « La Controverse. Dialogue sur l’islam », de Rémi Brague et Souleymane Bachir Diagne : la raison, l’islam et le christianisme, Meryem Sebti, Les cahiers de l’islam, 06.12.19.