Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

De quoi «communautarisme» est-il le nom ? |The Conversation

S’il est une évolution terminologique bienvenue, et sans aucun doute nécessaire depuis longtemps, c’est la remise en cause de la notion de « communautarisme » et l’avènement de celle de « séparatisme ». Utilisée pour désigner un ennemi supposé, la notion de communautarisme a pour effet de stigmatiser le plus souvent l’islam (mais parfois tout autre groupe visé au travers de ce terme, tels les LGBT, les juifs, les handicapés, les corses, les bretons) et la notion de communauté à laquelle elle emprunte sa racine. Elle n’a aucun fondement scientifique. Le terme de « séparation » (ou son cousin « séparatisme ») pointe bien mieux ce qui pose problème que celui de « communautarisme », et a l’avantage de ne pas stigmatiser la notion plus ancienne et positive de communauté.

 

Le problème, pour la communauté française, n’est pas l’existence de diverses communautés en son sein mais la tendance au séparatisme observée parmi certaines d’entre elles. connel/shutterstock

Alain Klarsfeld, TBS Business School

La fabrication de la notion de « communautarisme »

Selon les tenants de l’utilisation de la notion de communautarisme, être français impliquerait de n’être membre que d’une seule communauté : la communauté nationale. Toute autre communauté est réputée ne pas exister. Cette idée est battue en brèche par plus d’un siècle de sciences sociales, notamment la sociologie et l’histoire. Nous développons des liens tant avec notre « communauté » ou environnement relationnel et culturel proche (Durkheim, dès 1893, parle de solidarité mécanique) qu’avec la société plus englobante dans laquelle s’inscrit cet environnement relationnel (Durkheim parle de solidarité organique).

S’il est indispensable de construire une société française (que d’aucuns appellent communauté nationale) pour que notre espace national ne soit pas la juxtaposition de différentes communautés coupées les unes des autres, cette « communauté nationale » ne peut se faire en niant complètement les communautés qui la composent. Ainsi, contrairement à une idée reçue, les instituteurs sous la Troisième République respectaient les parlers et les traditions locaux, traditions dont ils étaient souvent eux-mêmes issus. Un terme traduisait même la reconnaissance de ces communautés : celui de « petite patrie ».

Au contraire des termes de « communauté » et de « communautaire » qui désignent des ensembles géographiques, administratifs ou culturels, et renvoient à la notion de partage, le terme de communautarisme, qui se développe à partir du milieu des années 1990, vise à proscrire, à fabriquer un ennemi menaçant, davantage qu’il ne revêt un sens précis.

La deuxième idée sous-jacente à l’emploi du terme de communautarisme, c’est donc la stigmatisation, le plus souvent de l’islam, et parfois d’autres groupes perçus comme menaçants dès lors qu’ils affirment leur existence de manière visible. Les musulmans (ou tel autre groupe visé par le terme de communautarisme, tels les juifs, les handicapés, les Bretons, les corses, les LGBT) formeraient une « communauté » dans la communauté et, ce faisant, se soustrairaient à la communauté nationale, supposé la seule légitime.

Or, le paragraphe qui précède rappelle ce principe de réalité : nous sommes tous simultanément membres d’une petite patrie et d’une grande patrie ; d’une communauté et de la nation qui englobe ces communautés. Plutôt que d’une communauté musulmane, on serait d’ailleurs davantage fondé à parler de communautés de musulmans au pluriel, tant celles-ci peuvent varier en fonction de leur origine géographique et de leur implantation territoriale.

La menace séparatiste

Le terme de « communautarisme » souffre par ailleurs d’un inconvénient majeur : il n’a pas de validité scientifique. Aucune discipline scientifique n’en a fait un concept opératoire. Personne ne peut le définir. Il n’existe pas en anglais, langue partagée par les scientifiques du monde entier. Il ne bénéficie même pas d’un article Wikipédia en anglais. Il sert surtout (en France) à stigmatiser un groupe minoritaire dès lors que celui-ci affirme son existence.

Il n’en va pas de même à l’étranger, où nombre de pays arrivent à conjuguer allégeance forte à un socle de valeurs partagées et respect de communautés affirmant explicitement leur droit d’exister, dès lors qu’une telle affirmation ne porte pas atteinte à ce socle. Ces politiques, parfois qualifiées de multiculturalistes, se retrouvent dans des pays qui atteignent les niveaux les plus élevés de développement économique et humain : Australie, Canada, Finlande, Norvège, Nouvelle-Zélande, Suède.

Or, comme le souligne l’utilisation du terme plus rigoureux de séparation, employé depuis plusieurs décennies dans les recherches scientifiques sur les processus d’acculturation, le problème n’est pas dans l’existence de différentes communautés au sein de la nation française, mais dans l’existence de stratégies identitaires visant à mettre à l’écart et à se mettre à l’écart, à se séparer d’un autre groupe (réel ou fantasmé) perçu comme l’incarnation du mal.

Ainsi, il y a bien une stratégie identitaire nationaliste visant à constituer un bloc « français de (supposée) souche », séparé d’un bloc supposément homogène, les « musulmans visibles », bloc censé être « inassimilable ». Et, comme son miroir inversé, il y a bien une stratégie identitaire chez les mouvements fondamentalistes islamistes visant à constituer un bloc de (supposés) « vrais musulmans », séparé d’un bloc supposé « mécréant », par définition « infidèle », incluant tant les non-musulmans que les très nombreux musulmans ne se reconnaissant pas dans cette construction.

Mais ni la notion de « français de souche », ni celle de « vrai musulman » ne correspondent à des communautés réelles au sens sociologique du terme. Il s’agit en revanche de constructions séparatistes visant à stigmatiser une identité supposée ennemie.

De telles stratégies ont été observées non seulement en France, mais aussi au Canada et dans la plupart des pays dans lesquels vivent des personnes issues de plusieurs cultures, c’est-à-dire dans la plupart des nations actuelles. Aucun système politique ne met complètement à l’abri de stratégies de séparation. Ces stratégies séparatistes qui menacent la cohésion de la société doivent être prévenues par des politiques inclusives. Elles doivent également être sanctionnées là où les politiques inclusives s’avèrent inopérantes. Mais pas les communautés qui existent de fait dans l’espace de notre nation, et qui en font la richesse, pour autant qu’on leur laisse le droit d’exister à l’air libre.

Alain Klarsfeld, Professeur de gestion des ressources humaines, TBS Business School

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Au Mali, tensions après la convocation de l’imam Dicko chez le procureur | La Croix Africa

Après son discours, samedi 29 février, dans lequel il apportait son soutien aux enseignants en grève et critiquait durement la mauvaise gouvernance, l’imam Mahmoud Dicko, une personnalité influente du Mali, ancien président du Haut conseil islamique et parrain d’une Coordination de sympathisants (Cmas) a été convoqué, mardi 3 mars, chez le procureur de la République.

À la date indiquée, des milliers manifestants sont descendus dans les rues. La convocation a finalement été annulée.

Pour éviter des débordements, le procureur de la République du Mali a dû annuler la convocation de l’imam Mahmoud Dicko, mardi 3 mars. Et pour cause, des milliers de partisans de cette personnalité influente du Mali, ancien président du Haut conseil islamique et parrain d’une Coordination de sympathisants (Cmas) s’étaient massés dans les rues autour du tribunal de la commune 5 de Bamako où le religieux avait été convoqué.

Selon RFI, un membre du gouvernement malien se serait même présenté au domicile du dignitaire musulman pour présenter des excuses et annoncer l’annulation de la convocation.

Tout a commencé samedi 29 février à Bamako, lors d’une rencontre pendant laquelle l’ancien président du Haut conseil islamique du Mali a soutenu les enseignants en grève, vivement critiqué la mauvaise gouvernance au Mali et annoncé une marche vendredi 6 mars.

Lire la suite: Au Mali, tensions après la convocation de l’imam Dicko chez le procureur – La Croix Africa, Lucie Sarr avec RFI, 05.03.20

Au Sénégal, une confrérie s’agace devant les pratiques de certaines écoles coraniques
La Croix Africa

Abdourahmane Kounta, porte-parole du guide spirituel des Khadre – une confrérie musulmane du Sénégal – Cheikhna Cheikh Aya Aïdara, a élevé la voix contre les violences faites aux Talibè, les pensionnaires des écoles coraniques.

Le 28 février 2020, Abdourahmane Kounta, porte-parole du guide spirituel de Khadre, – une confrérie soufie du Sénégal qui représente 8 % des musulmans du pays – Cheikhna Cheikh Aya Aïdara a fustigé le fonctionnement de certaines écoles coraniques, « responsables » de la situation dramatique que vivent leurs pensionnaires, les Talibè.

Invité à la pose de la première pierre de la construction d’un « daara » – école coranique — moderne à Keur Karamoko, dans le département de Thiès, Abdourahmane Kounta s’est ému des maltraitances dont sont victimes de nombreux enfants confiés à des institutions coraniques. « Partout en ville, vous voyez des enfants errer dans les rues, les pieds nus. Ces conditions sont insoutenables », a-t-il martelé.

Lire la suite: Au Sénégal, une confrérie s’agace devant les pratiques de certaines écoles coraniques – La Croix Africa, Charles Senghor, 05.03.20

Sénégal: les religieux se mobilisent contre le coronavirus | La Croix Africa

Dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus dont quatre cas positifs ont été enregistrés au Sénégal, l’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, a invité les populations à suivre les recommandations des autorités sanitaires.

Pour leur part, les imams comptent intégrer dans leurs prêches de message de sensibilisation sur les comportements préventifs contre le virus mais maintiennent les rassemblements religieux.

Lire : Au Sénégal, les religieux se mobilisent contre le coronavirus – La Croix Africa, Charles Senghor, 06.03.20.

La vie interculturelle, signe d’espérance prophétique |UISG

 

[…] Le contact et les échanges entre cultures des parties les plus différentes du monde augmentent et s’imposent à nous de manière toujours plus accélérée. Grâce aux moyens de communication et de transport de notre époque mondialisée, il y a pratiquement peu de groupes qui restent aujourd’hui coupés du contact avec les autres. Les phénomènes des migrations et des déplacements massifs compulsifs ou forcés par la violence, le changement climatique, la persécution politique ou religieuse, la pauvreté, la xénophobie ou le manque d’opportunités, font que les personnes qui – tous les jours – se déplacent d’un côté du monde à l’autre se comptent par millions.

La multiculturalité et l’interculturalité sont devenues ces 20 dernières années un thème transversal que l’on traite dans des domaines aussi variés que l’éducation, la santé, la philosophie, et le monde de l’entreprise, entre autres. Au niveau théologique, nous avons travaillé pendant des années sur l’« inculturation » de la foi, de l’évangile, de la liturgie, des missionnaires, etc. L’inculturation répond à la question de savoir comment la foi, partagée par le ou la missionnaire qui vient du « dehors » ou « ad gentes », s’incarne dans la culture locale de telle manière que la foi transmise puisse en devenir partie intégrante et s’exprimer à travers la symbologie, les valeurs ou l’imaginaire de la culture locale. Cette question correspondait à un contexte ecclésial où la mission était majoritairement unidirectionnelle : depuis les pays “évangélisés” aux pays “non évangélisés”, les païens (comme on les appelait alors). De nos jours, la réalité est beaucoup plus complexe et multidirectionnelle, ce qui fait qu’en missiologie on a commencé à parler de la mission « inter-gentes » de l’Église (au lieu de ad-gentes) et de l’interculturation, qui, sans supprimer le défi toujours en vigueur de l’inculturation, y ajoute les défis et les opportunités du nouveau contexte multidirectionnel du monde et de l’Église d’aujourd’hui.[…]

Lire l’article: La vie interculturelle, signe d’espérance prophétique (Hna. Adriana Carla Milmanda) (docx), UISG, 08.05.19

Revoir aussi, présenté lors de la même session: L’appel au dialogue interreligieux (Prof. Donna Orsuto)