Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Fait religieux et Covid-19 |La Croix Africa

[Retour sur l’actualité] : Le père Serge Martin Ainadou est prêtre du diocèse de Cotonou, en mission à l’École d’évangélisation « Jeunesse Lumière » en France. Chaque semaine, il propose une réflexion sur l’actualité.

La gestion de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 dans certains pays africains a révélé certaines tares sociologiques que quelques observateurs avertis soupçonnaient déjà, dès les débuts de la pandémie sur le continent. Ces tares se traduisent par une réelle difficulté de contextualisation de la gestion de cette crise et d’une affirmation souveraine de soi quant à l’équilibre à conserver entre le politique et le religieux.

En outre, le Covid-19 aura révélé la difficulté d’une acculturation de nos pays africains aux prises avec les limites d’une mondialisation qui tente d’évacuer le fait religieux de son espace d’expression. Le malaise, au regard de l’actualité et du traitement réservé au fait religieux dans certains pays du continent est profond. Lire la suite:  Fait religieux et Covid-19 – La Croix Africa, Serge Martin Ainadou, 20.05.20

 
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Ce que les textes sacrés nous enseignent de l’épidémie|The Conversation

Pour certains, le Covid-19, et les pandémies plus largement, signaleraient un tournant, un effondrement des modes de vie et de la planète telle que nous la connaissons. Mais les pandémies sont présentes depuis des millénaires et souvent les textes sacrés s’en emparaient pour relire les événements dans une autre perspective que celle terrestre.

Détail du tryptique « Le Jugement dernier » de Jérôme Bosch, Musée Groeninge, Bruges. PXhere, CC BY-SA

Alberto Ambrosio, Collège des Bernardins

Des trois évangiles dits synoptiques (Matthieu, Marc, Luc), Luc est le seul à recourir au terme épidémie ou mieux « peste » (Lc 21, 11).

C’est juste avant le début de la Passion du Christ, dans une section concernant les signes précurseurs de la fin des temps. Comme certains posaient la question à Jésus sur la fin du Temple de Jérusalem, la réponse ne se fit pas attendre :

« De ce que vous contemplez, viendront des jours où il ne restera pas pierre sur pierre : tout sera jeté bas. » (Lc 21, 6)

Vient une nouvelle demande, portant cette fois sur le moment où se produiront ces événements, et Jésus déclare :

« Prenez garde de vous laisser abuser, car il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront : “C’est moi !” et “Le temps est tout proche”. N’allez pas à leur suite. Lorsque vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne vous effrayez pas ; car il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas de sitôt la fin. » (Lc 21, 8-9)

Ce qui amène Jésus à annoncer les signes précurseurs de la fin du monde réside dans le crédit qu’on accorde à tel ou tel charlatan qui en annonce mensongèrement la venue. Et dans le même registre, l’évangile de Luc dresse une liste mise dans la bouche de Jésus, plus précise peut-être du fait que Luc est, selon la tradition, médecin :

« Alors il leur disait : “On se dressera nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, par endroits, des pestes (loimoi) et des famines (limoi) ; il y aura aussi des phénomènes terribles et, venant du ciel, de grands signes. » (Lc 21, 10-11)

Avec un jeu de mots grecs sur la proximité entre limos qui signifie la famine et loimos qui indique l’épidémie ou la peste, les deux mots étant ici au pluriel, l’évangile de Luc est le seul des trois synoptiques à préciser cet événement, la maladie généralisée comme l’un des signes précurseurs de la fin des temps. Et pourtant, la suite du texte de l’évangile précise qu’il ne s’agit pas encore des temps derniers (l’eschatologie proprement dite), mais avant tout de la persécution dont pâtiront ses disciples.

Un discours pour susciter la peur puis la culpabilité

Il est clair que pour Jésus, avant la fin de temps et le jugement dernier, il y a aussi un temps pour des signes très forts qui impliquent ce qu’on pourrait appeler des catastrophes. D’ailleurs le mot grec utilisé par l’évangile de Luc n’est pas non plus celui de catastrophe, même s’il s’en approche (akatastasiai).

Voilà donc que l’épidémie est liée, d’une certaine manière, à l’arrivée de la fin des temps qui prépare la venue du Messie (Lc 21, 25) Jésus-Christ le Sauveur. De ce point de vue, l’épidémie devient facilement un élément du discours énumérant les signes précurseurs à différentes époques, auquel s’ajoute deux intentions subsidiaires : s’intégrer dans un discours engendrant, d’abord, un état de peur, puis de culpabilité face au péché.

L’Ange de la Révélation, William Blake (1757–1827), livre de la Révélation. William Blake/Metropolitan Museum, CC BY

Un texte se prête encore plus à cette interprétation : on le trouve dans l’Apocalypse de Jean, où il est dit qu’un cheval verdâtre apparaît à l’ouverture du quatrième sceau par l’Ange de l’Apocalypse.

Au moment où le sceau est ouvert, le cheval monté par la Mort apporte sur un quart de la terre l’extermination par l’épée, la faim, la peste (limo) – pas toujours interprété et traduit par le mot peste d’ailleurs –, et par les fauves de la terre (Ap. 6, 8).

Albrecht Dürer, Les Cavaliers de l’Apocalypse, 1498, estampe, Cabinet des estampes de Veste Coburg, Lucas Cranach, Albrecht Dürer et Maître des Ronds de Coburg. Wikimedia

L’arrière-plan d’un tel texte peut être facilement retrouvé dans les pages de l’Ancien Testament, et en particulier du prophète Ézéchiel (14, 21) et en remontant encore aux premiers récits bibliques à la mortalité du bétail, la cinquième des dix plaies infligées aux Égyptiens dont le souverain, Pharaon, ne laissait pas sortir d’Égypte le peuple d’Israël (Ex 9, 1-7).

L’épidémie en histoire des religions

Les travaux de l’historien Jean Delumeau sont un repère de premier ordre afin d’appréhender toute la complexité d’une notion qui se met en place en Occident et qui fait des maladies un fléau de Dieu destiné à punir les péchés des hommes.

Ce même système de pensée se retrouve, plus récemment, dans le cas du virus HIV et lors chaque catastrophe naturelle qui se produit sur la planète.

Et ceci est certes dû à l’influence chrétienne, mais un certain discours musulman n’a à son tour aucun mal à s’en emparer pour stigmatiser la mauvaise conduite de l’homme.

La Chute de l’homme par Lucas Cranach, illustration du XVIᵉ siècle. Lucas Cranach l’Ancien/Wikimedia

Un discours sur la fin des temps appliqué à l’épidémie peut stigmatiser facilement le péché comme cause de ces catastrophes sanitaires. Et, à partir de là, en faire un des signes par excellence nourrissant tant l’imaginaire collectif que la peur qui lui est associée.

En islam, l’illicite suscite les épidémies

Pour ce qui est de l’islam qui, né dans des régions où la forte chaleur n’est pas un facteur favorable à la reproduction des virus, la pratique du pèlerinage à la Mecque favorise la propagation des maladies et donc des épidémies, comme l’a montré Sylvia Chiffoleau. En revanche, en islam, le lien entre peste et colère de Dieu a été souvent instauré par les théologiens, qui se sont fondés sur le verset du Coran II, 243.

Comme le théologien Ibn Abi Hadjala au XIVᵉ siècle l’écrit :

« La cause légitime de la peste est l’impudeur qui mène à la destruction de l’âge et le fait disparaître, ou de tout ce qui en sort ? Comme la consommation des boissons enivrantes, ou la pratique de tout ce qui est illicite. »

L’islam s’empare d’une certaine manière de l’élément de la peste, tiré à son tour du récit biblique, pour l’intégrer dans son discours moralisateur.

En se fondant sur ces éléments très succincts, on pourrait dire que les monothéismes maintiennent donc un rapport de surface, simple, avec ce qui relève d’épidémies et surtout de la peste, mais en réalité qui semble mêler le présent historique de l’épidémie ou de la peste avec l’eschatologie ou fin des temps en passant par la colère divine pour les péchés perpétrés par les hommes.

Les mécanismes qui fusionnent dans cet amalgame sont au nombre de trois : un présent marqué par la maladie généralisée, ingérable, un passé constitué de fautes qu’il faut se faire pardonner et envers lesquelles on nourrit une culpabilité, et enfin une projection dans la fin des temps de ces deux mêmes éléments.

Se préparer à la mort

Un autre niveau que l’on ne peut qu’effleurer ici est celui d’une « spiritualité » en temps de maladie, de crise, et qui prépare à la mort.

L’histoire de la mort en Occident dépeinte par Philippe Ariès aide à la réflexion.

Appareccho alla morte, édition de 1800, Sant’Alfonso Maria de’Liguori. Wikimedia

Selon lui le christianisme catholique a développé une dimension d’« organe » pour la mort, d’appareil à la mort. Ainsi Saint Alphonse de Liguori (m. 1787) a intitulé son Apparecchio alla morte, 1758 – traduit en français par Préparation à la mort –, une sorte de guide didactique à usage de l’âme dévote pour bien se préparer à la mort.

Cet ouvrage et notamment les pages de réflexions spirituelles ont connu un vif succès, en faisant un best seller dans les siècles qui ont suivi.

Sainte Thérèse de Lisieux. Wikimedia

A la fin du XIXe siècle, la petite Thérèse de Lisieux (m. 1897) relate une terrible épidémie d’influenza, la grippe qui fit des ravages dans les années 1890 en France dans son Manuscrit A, le premier de trois manuscrits autobiographiques de Thérèse de Lisieux. Elle raconte à quel point elle se sent étonnamment forte dans une situation où ses sœurs carmélites meurent les unes après les autres.

Eschatologie laïque

Aujourd’hui, le monde entier cherche par tous les moyens possibles, des solutions à une pandémie affectant toutes les structures de la société. Dans ce contexte, il n’est pas vain de se demander si la pensée théologico-politique peut s’emparer de concepts qui furent avant tout religieux et qui renvoyaient à la colère de Dieu, ou au péché des hommes.

Certains discours, de tendance radicale tant au point de vue religieux (évangélisme) que politique (théories complotistes), peuvent intégrer des éléments de discours religieux parvenant, consciemment ou inconsciemment, à faire leurs des arguments d’ordre religieux qui ont marqué le passé.

Giorgio Agamben a montré, en se fondant sur les réflexions suscitées par Michel Foucault puis reprises par Roberto Esposito et la biopolitique dans son ouvrage Bìos, Biopolitica e filosofia, la généalogie d’une épidémie dont les conclusions sont l’état d’exception permanent. Ne tiendrait-on pas là une sorte d’eschatologie laïque ?

Alberto Ambrosio, Professeur de théologie et histoire des religions à la Luxembourg School of Religion & Society (LSRS), co-directeur de recherche au Collège des Bernardins., Collège des Bernardins

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

 
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Message de Mgr Harpigny à l’occasion de la fin de Ramadan

                                       Message de Mgr Guy Harpigny pour le Ramadan 2020 (vidéo)
                                                             Capture écran de la vidéo https://youtu.be/roKgZ0LZWQE

Mgr Harpigny s’adresse à nos amies et nos amis musulmans, qui vivent un mois de ramadan inédit. Après avoir traversé une Semaine sainte et des fêtes pascales confinées, les chrétiens se sentent en communion avec eux.
Par ailleurs, l’évêque de Tournai se réjouit de l’excellente collaboration qui règne entre tous les chefs de culte afin d’œuvrer avec les autorités au rétablissement futur des célébrations.

 
 
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Calendrier interreligieux: juin 2020

Lun. 1 : Lundi de Pentecôte (Jour férié ou chômé dans certains pays)

Mar. 2 : Fête nationale italienne (IT). Fête célébrant l’abolition de la monarchie et la proclamation de la République en 1946.

Ven. 5 . Sangyepa Düchen * . Dans le monde de rite tibétain, grande fête de l’éveil du Bouddha et de son parinirvana. Deuxième «grand moment» du calendrier vajrayana. * Sous réserve de confirmation officielle.

Sam. 6 . Poson * . Fête theravada de l’arrivée du bouddhisme au Sri Lanka. * Sous réserve de confirmation officielle.

Dim. 7 . Fête des Pères (7 juin: Suisse, sauf au Tessin où elle a lieu le 19 mars, jours de la Saint-Joseph; 14 juin: Belgique; 21 juin: Canada, France). Fête célébrée dans de nombreux pays en signe de reconnaissance de l’amour paternel. Fête créée au début du XXe siècle aux États-Unis en signe de reconnaissance de l’amour paternel. Ce jour-là, les enfants offrent un cadeau à leur père, le plus souvent confectionné à l’école. Moins populaire que la fête des Mères, cette fête est présente en Suisse depuis 2007 seulement.
Dans la tradition chrétienne, dès le Moyen Âge, les pères ont été célébrés le jour de la Saint-Joseph, père nourricier de Jésus et saint patron des pères de famille. C’est toujours le cas en Suisse dans le canton du Tessin ainsi que dans certains pays catholiques (Italie, Espagne et Portugal notamment).
En tant que complément à la fête des Mères, l’événement sous sa forme non religieuse apparaît quant à lui au début du XXe siècle aux États-Unis (Father’s Day). Il est célébré de nos jours dans divers pays, à des dates variables.

Jeu. 11 . Fête-Dieu / Corpus Christi . Fête catholique du sacrement du corps et du sang du Christ avec une procession. Traditionnellement célébrée un jeudi, elle a été instituée au XIIIe siècle pour honorer le sacrement de l’Eucharistie par lequel le pain sans levain (hostie) et le vin, consacrés durant la messe, deviennent «présence réelle» du Christ. La Fête-Dieu, selon sa dénomination la plus populaire, est ainsi appelée, dans la liturgie catholique, «fête du Saint-Sacrement du corps et du sang du Christ». Une messe solennelle est célébrée en ce jour. Cette fête se manifeste aussi par des processions publiques durant lesquelles les fidèles accompagnent, avec des chants et des prières, le Saint-Sacrement eucharistique (une hostie consacrée) en général porté par un prêtre, abrité sous un dais (petit baldaquin d’étoffe). Des enfants précèdent parfois le cortège en déposant des pétales de fleurs sur son chemin. À certaines étapes, et en fin de procession, l’ostensoir contenant le sacrement eucharistique est exposé à l’adoration des fidèles sur un autel fleuri (reposoir). Durant ce rituel, l’officiant encense alors le Saint-Sacrement et bénit l’assistance avec l’ostensoir tenu entre ses mains.

Dim. 14 : Toussaint orthodoxe (1er novembre: catholique)«Dimanche de tous les saints» en l’honneur des saints, des martyrs et des docteurs de l’Église orthodoxe.

Mar. 16 . Décès (jotijot) du 5e Guru Arjan . Commémoration du martyre de Guru Arjan, mort à Lahore en 1606 sous la torture.

Sam. 20 . Journée mondiale des réfugiés (instituée par l’ONU en 2001). Journée pour sensibiliser à la situation des réfugiés et promouvoir leur protection.

Mar. 23 . Ratha Yatra . Festival des chars, qui célèbre Krishna en tant que Jagannath ou «Seigneur de l’Univers» lors d’une grande procession.

Mar. 23 Fête nationale du Luxembourg (LU). Fête célébrant l’anniversaire du souverain en place (actuellement, le Grand-Duc Henri).

Mer. 24 . Fête nationale québécoise . Fête d’identité culturelle, qui a lieu le jour de la Saint-Jean-Baptiste.

Jeu. 25 . Duanwu . Fête (dite du Double Cinq) durant laquelle ont lieu les traditionnelles courses de bateaux décorés en forme de dragon.

 
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Prier tous ensemble, quel sens cela a-t-il ? |La Croix Africa

 

[…] Quelle peut bien être l’efficacité et le sens d’une telle prière interreligieuse mondiale ?

Pour le dominicain Thierry-Marie Courau, chercheur et enseignant sur la théologie des religions (1), le dialogue interreligieux est « une nécessité et une obligation ». Citant l’encyclique de Paul VI « Ecclesiam suam » (1964) sur l’Église, il rappelle que « l’histoire du salut est l’histoire d’un Dieu qui ne cesse de dialoguer avec l’humanité. Et que le dialogue « appartient à la vocation humaine et au projet de salut divin. »

Une initiative qui date de 1986

Inviter tous les croyants du monde entier à prier ensemble, comme cela s’était fait à Assise, le 27 octobre 1986, pour la première « Journée mondiale de prière pour la paix » voulue par Jean-Paul II, est donc « une activité essentielle pour que l’homme puisse être conduit à son bonheur, selon le projet divin, insiste le père Courau. Tout ce qui participe à faire advenir le dialogue rend l’homme collaborateur de l’œuvre de salut que Dieu veut pour l’humanité. » … Lire la suite: Prier tous ensemble, quel sens cela a-t-il ? – La Croix Africa, Claire Lesegretain, 15.05.20

 
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