Islam de France : vers une structuration de l’AMIF, une dynamique collective à l’œuvre (SaphirNews)

 

C’est à l’Institut des cultures d’islam que Hakim El Karoui a choisi de rassembler, dimanche 25 novembre, quelque 80 personnalités de la société civile et cadres religieux musulmans venus de toute la France pour une réunion inaugurale de travail autour du projet de l’Association musulmane pour l’islam de France (AMIF). Saphirnews fait le point.

Islam de France : vers une structuration de l’AMIF, une dynamique collective à l’œuvre

[…] À l’issue de cette journée qui a rassemblé près de 80 imams, cadres religieux, responsables associatifs et personnalités de la société civile, dont une petite quinzaine de femmes, l’AMIF est demeurée en l’état de projet. Mais les participants sont sortis avec une vision plus claire des objectifs et des tâches à lancer pour mettre la machine en route.Hakim El Karoui le reconnaît lui-même : « Beaucoup de travail sur le court terme » est à réaliser à ce stade. « Il faut que le projet ait un début d’existence avant l‘expression politique » du gouvernement, dit-il. Une expression qui se fait attendre depuis des semaines, mais dont l’essayiste prédit qu’elle sera faite d’ici à la fin de l’année 2018. […]

En préambule, avant la tenue de commissions au nombre de quatre («Collecte et régulation»; «Travail théologique et formation des imams»; «Services aux mosquées»; «L’islam dans la cité et la cohésion nationale»), il insiste sur la nécessité d’«impliquer tous les Français de confession musulmane» dans le projet. Encore faut-il que le projet crée un capital confiance, notamment avec les fidèles.[…]

« L’intérêt des Français est aussi l’intérêt des musulmans »

« Avoir la confiance de l’État, ce n’est pas être soumis à l’État », précise-t-il, en prenant les exemples de l’Église catholique, de la Fédération du protestantisme et du Consistoire central israélite. « Aujourd’hui, l’État cherche des organisations musulmanes en qui il peut avoir confiance. […]
« Les musulmans ne sont pas à part dans la République mais ils sont partie prenante. La République et les Français non musulmans les regardent, attendent d’eux un certain nombre de choses, notamment un engagement contre l’extrémisme et le terrorisme. […]

Quant à « l’immense travail théologique » à faire, il faut permettre à des religieux comme à des laïcs de « fabriquer des idées, des contenus, mais aussi de les diffuser. La diffusion est aussi importante que la fabrication. Sinon, nous laissons le champ médiatique, celui qui va intéresser les jeunes, souvent à des ignorants qui peuvent être dangereux », affirme-t-il, en référence aux réseaux sociaux, « quasi capturés par une seule lecture, plutôt proche du salafisme ».

Une AMIF «au service d’une communauté spirituelle dans une communauté nationale»

À ce titre, le financement du travail théologique est une des pierres angulaires du projet. Un des participants dont on taira le nom appelle à «mener une véritable campagne idéologique contre les idéologies qui menacent le vivre-ensemble». Pour Tareq Oubrou, impliqué dès le départ dans le projet de l’AMIF, « il y a urgence » à créer cette instance «mais il ne faut pas que l’urgence se fasse aux dépens du fondamental».

« Si l’AMIF récolte suffisamment d’argent… »

[…]« Si l’AMIF récolte suffisamment d’argent, on pourra compléter les salaires des imams, leur apporter de l’aide pour leur formation », indique-t-on. Aider à la construction et à la rénovation des lieux de culte, financer l’action sociale musulmane…Mais tout est dans le « si », la difficulté majeure résidant à rendre opérationnelle l’AMIF, avec des acteurs économiques du hajj et du halal – absents de la réunion – des plus réticents à reverser une quelconque redevance, en l’état actuel de la situation.[ …]

Évoquant des discussions avec le gouvernement qui sont « prometteuses », « je ne vous cache pas que ce n’est pas gagné. Plus on sera unis, divers, nombreux, plus on saura créer une dynamique, et plus on a de chances d’y arriver », souligne, en conclusion de la journée, Hakim El Karoui, qui insiste sur l’importance de « créer un rapport de force en créant une dynamique ». Une dynamique dont on attend alors de voir les résultats.

Lire l’article complet : Islam de France : vers une structuration de l’AMIF, une dynamique collective à l’œuvre, Hanan Ben Rhouma, SaphirNews, 29/11/18.