Compte-rendu de la 3e journée mariale
islamo-chrétienne à Notre-Dame d’Afrique (5 mai ’18)

 

Alger: Journée mariale

En 2016 le jeune recteur de la Basilique Notre-Dame d’Afrique, le P. Anselme Tarpaga, du Burkina Faso, lance un projet osé et risqué: organiser une journée mariale islamo-chrétienne. Convaincu de l’importance de créer des espaces de convivialité et de réflexion, il veut vivre pleinement le charisme des Pères Blancs sans être ni dans l’attentisme ni dans la figuration : il veut avec tous ses confrères devenir un acteur engagé et d’autre à d’autres le goût du dialogue.

Et en 2018 cette initiative des Pères Blancs s’est déjà confirmée comme un rendez-vous amical et ouvert à tous ceux qui, en Algérie, souhaitent favoriser l’amitié entre chrétiens et musulmans. À Alger la Basilique de Notre-Dame d’Afrique, avec son cadre exceptionnel et sa renommée de lieu de paix et de spiritualité ouverte est le lieu idéal. Merci aux autorités civiles et religieuses qui se sont associées d’une manière ou d’une autre à la réussite de la journée.

Le «marché d’artisanat» prévu sur l’esplanade n’a pas eu lieu pour des raisons de calendrier, mais c’est peut être une chance car le fort vent et la pluie intermittente auraient dispersés les acheteurs… et même les produits !

L’information avait été diffusée par des affiches et dépliants, par les réseaux sociaux modernes, par nos listes d’amis et bienfaiteurs, par la presse locale (merci à nos amis ayant fait jouer leurs contacts et attiré l’attention des journalistes nationaux et étrangers ainsi que des diverses chaînes de télévision) : au total plus de 300 cartes d’accès avaient été sollicitées à travers notre site web. D’autres personnes sont arrivées avec l’espoir de trouver «une petite place vide» car le sujet du vivre ensemble les intéressait grandement.

Lorsque le P. Michael O’Sullivan, recteur de la Basilique, adresse le mot de bienvenue aux assistants, la nef de la basilique est pleine comme un œuf grâce à la présence des simples citoyens, des représentants des autorités civiles (wali-préfet, maire) des membres du corps diplomatique, du représentant du ministère des affaires religieuses et des waqf, des associations, des chercheurs, quelques « has been » et une bonne partie de la communauté catholique d’Alger dans sa diversité. L’archevêque d’Alger Mgr Paul Desfarges et l’imam Cheikh Hamdan Sahalli (de la mosquée « Al-Oumma » dans notre quartier) ont également pris la parole pour dire l’importance de la journée et du thème.

À 10h40 commençait la table ronde tant espérée. Voici, rapidement des intervenantes car toutes les prises de parole, sauf une, ont été assurées par des femmes :

  • Mme Malika LAFER (co-animatrice du programme « Connaître l’Islam » sur Alger chaîne 3) : Éduquer à travers la radio.
  • Mme Samira Mekhaldi (« mourchida » ou guide religieuse): Expérience féminine de transmission de la foi.
  • Mme Fazia Belaidi : La Revue Hayat (coéditée par le croissant Rouge d’Alger et Caritas Algérie): une expérience islamo-chrétienne en faveur des femmes.
  • Mme Felicia Volpicella (catéchiste de la communauté italophone) : Les adolescents et leur éducation dans un contexte de minorité religieuse et linguistique.
  • Dr Mustafa CHERIF (ancien ministre et ambassadeur algérien) : La Sainte Vierge Marie vénérée par les musulmans, conformément au Coran et à la Tradition prophétique.

Deux entractes musicaux, magistralement interprétés, par le maestro Djamel Ghazi ont permis à l’assistance de préparer les questions destinées aux intervenants lors de deux tours de questions.

Les assistants ont interpellés tel ou tel intervenant, en arabe ou en français, mais aussi les autorités responsables de la préservation du patrimoine et de la diversité culturelle et religieuse de l’Algérie. On sentait dans les questions du public, inhabitué aux grandes discussions philosophiques, un réel désir de vivre en paix et harmonie.

À 13h une longue et bruyante « procession » sortait de la basilique pour se diriger vers la cour paroissiale ou un généreux repas était servi. Mais il faut dire que pour beaucoup la déception fut grande de ne pas trouver le traditionnel « couscous marial » dont la recette intrigue tous ceux qui l’avaient  vu affiché dans le programme. Mais ce fut une occasion de multiplier les contacts, de se faire photographier, d’échanger les adresses, de parler de projets communs… le tout avant que la pluie menaçante commence à tomber doucement sur nous. Heureusement c’était l’heure de rouvrir la basilique pour accueillir tous ceux qui désiraient assister au concert de clôture à 15h.

Grâce à la sollicitude de l’ambassadeur d’Italie, le groupe de polyphonie à capella Prima Prattica Ensemble, composé de neuf membres, a pu délecter le public par la qualité de sa prestation. Un silence «religieux» accompagnait des chants, du XVème au XXème siècle, à la Vierge Marie. Un pur cadeau du ciel…

L’équipe de trois pères blancs (Michael qui est Irlandais, Benoît Mwana Nyembo, Congolais et moi, Espagnol), après avoir fermé les portes de la basilique et nous être assurés que tout avait été bien rangé, nous nous sommes laissé tomber dans le sofa de la maison en nous exclamant : « Une belle journée, nous devons remercier Dieu! Nous avons bien fait de l’organiser ! » Et, autour d’un apéritif, nous avons passé en revue les nombreuses anecdotes drôles de la journée, et même si personne ne le disait, nous avions une seule idée en tête : la 4ème journée mariale islamo-chrétienne en 2019 ! Qui veut nous aider à la rendre réalité ?

José María Cantal Rivas pb.