Sur le site de l'ARCRE

 

Douze Musulmans parlent de Jésus (recension)

12 musulmans parlent de Jésus

Douze Musulmans parlent de Jésus

Sous la direction de Fawzia Zouari

Desclée de Brouwer 2017 – 150 pages – 16.70€

ISBN 978-2-220-08509-8

« Faire entendre une parole sur le Christ portée par des musulmans » voilà comment la coordinatrice du projet présente ce livre. Chacun « y évoque son Christ, celui qu’il a découvert, imaginé ou aimé, celui de ses souvenirs, de ses interrogations, de ses espoirs. » Il ne faut donc pas essayer de trouver dans ce livre un essai ou début de ce qu’on voudrait appeler une Christologie Musulmane.

Deux contributions de 23 pages chacune sont assez détaillées. D’une part celle de Salah Stétié qui cite avec justesse Tarif Khalidi qui a déjà publié il y a plus de 15 ans « Un Musulman nommé Jésus ». C’est ce même Stétié qui a cette remarque interpellante : « Chose surprenante, plus d’un millénaire avant sa proclamation par Rome en 1854, c’est l’Islam le premier qui affirme l’immaculée conception de la Vierge (p.47). D’autre part, le bien connu Ghaleb Bencheikh qui nous rappelle les deux titres de Jésus à la fois « serviteur de Dieu » et « Verbe de Dieu » (p.79). Et si on veut comparer Jésus et Muhammad, il souligne que le premier est le sceau de la sainteté soit le plus grand témoin par le cœur tandis que le second est bien le sceau des prophètes soit le plus grand témoin par la langue (p.94)

Le lecteur pourra être très sensible au témoignage de la Tunisienne Alia Tabaï très impressionnée par la charité de Jésus, solidaire des humiliés et des offensés. Et elle conclut : « Tous ceux qui font cela, ici, maintenant et partout dans le monde, qu’ils soient croyants ou non, sont tout simplement ses lumineuses incarnations. » (p.118). Elle est rejointe par l’Egyptien Khaled al-Khamissi qui écrit de son côté : « Ce que je sais désormais, c’est que le Christ n’est autre que le Bien en nous. » (p.141) Enfin, (p.55-60) le long poème du Franco-Algérien Jamel Eddine Bencheikh ne nous laisse pas indifférents puisque face à Jésus, il se fait l’écho de tous ceux et celles qui peinent et souffrent sur cette terre. Il lance cette interrogation :

Où retrouver la source féconde

D’où jaillirait la paix du monde

Quand le malheur entre les dents

Nous montons nos spectacles immondes ?

Ce livre n’a pas la rigueur scientifique de l’essai de Tarif Khalidi. Mais il est d’une lecture facile et peut nous aider à revisiter tous nos préjugés et ainsi « refonder la force du lien entre nos deux communautés à travers la figure de Jésus ». Aussi bien en Christianisme qu’en Islam, Jésus a ses caractéristiques spécifiques. Compris et vécu différemment, on peut cependant lui reconnaître une dimension universelle.