TAMALE GHANA

CARDIS
‘Pour qu’ils aient la vie !’


Par Diarmuid Sheehan
M.Afr.

P. Diarmuid Sheehan
Notre organisme s’appelle CARDIS, CARe for the DISabled, « soins aux infirmes ». Notre but est de s’occuper des handicapés de Tamale. Dans cette grande ville de plus de 300 000 habitants on trouve peu de services sociaux s’occupant des aveugles, des blessés ou des invalides. Nous sommes quatre missionnaires : Sr. Joan des Sœurs de Saint-Gildas, et trois MAfr, un frère et deux pères : Trevor Robinson, Diarmuid Sheehan et Martin Balemans. Nous avons aussi deux employés à plein-temps. Cardis fonctionne depuis 10 ans déjà et il s’y passe beaucoup de choses.



Le frère Trevor Robinson s’occupe de l’atelier de voiturettes pour les handicapés. Il s’agit de tricycles que l’on fait rouler à la force des mains (photo page précédente). Ces voiturettes sont assemblées et soudées à partir de bouts de tuyaux et de pièces récupérées sur des vieux vélos. Quand il manque de pièces, il en achète aussi au Ghana ou en commande en Europe. Déjà 700 voiturettes ont été montées dans l’atelier de Trevor. Chaque handicapé contribue pour la somme de 10 dollars mais le prix réel est d’environ 250 dollars. Mais même 10 dollars, ce n’est pas facile à trouver pour un handicapé. Trevor a commencé ce service en donnant du travail aux enfants de la rue. À l’époque on montait 10 tricycles à la fois. Maintenant, on travaille sur 50 à la fois. Même quand notre frère a pris 6 mois ‘d’année sabbatique’, l’atelier est resté ouvert et à continuer à produire.

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À Tamale, le frère Trevor Robinson, du projet CARDIS, fournit aux infirmes des voiturettes
et... une nouvelle vie

Quand un handicapé réussit à se procurer une voiturette, c’est la Sainte Écriture qui s’accomplit pour lui. Il entre dans un ‘monde nouveau’. Jusque-là, à cause de ses infirmités, l’infirme n’avait pas vu plus loin que le voisinage de sa cour familiale. Il devait se traîner par terre et n’avait jamais dépassé les limites de sa rue. Le reste du monde n’existait pas pour lui. Une fois installé dans la voiturette, ses muscles se développent et il a la force de se propulser à toute vitesse là où il veut aller dans toute la ville. L’inactivité des handicapés, sans mouvement au niveau du sol, en condamnait plusieurs à une mort précoce, victimes de pneumonie ou d’autres maladies. Les voiturettes leur donnent un supplément de vie et ils deviennent plus forts que n’importe qui.

carte du GhanaSœur Joan s’occupe des enfants qui, après une chirurgie, peuvent encore apprendre à marcher. Elle est en charge aussi du secteur des prothèses pour remplacer des jambes paralysées ou amputées. Elle est soutenue financièrement par la Fondation Liliane qui adopte un enfant infirme jusqu’à l’âge de 22 ans, payant les soins médicaux, orthopédiques et thérapeutiques, et la scolarité. Ce suivi occasionne beaucoup de travail d’administration. Sœur Joan a dû engager un assistant à temps partiel qui visite les parents des enfants.

Diarmuid Sheehan revient d’un séjour de 4 ans en Irlande. Il vient d’être nommé pour aider le travail de Sœur Joan et de Martin Balemans. Martin est en charge de la section des aveugles, des infirmes et handicapés. Il les visite en ville et les reçoit au centre le mardi et le vendredi. Martin a un assistant à la mémoire phénoménale, Zacharie, qui reconnaît par leur nom tous ceux qui se présentent pour demander l’aide de Cardis.

Le problème des handicapés, c’est qu’ils n’ont pas de statut social. Un handicapé est compté pour rien. Au lieu de dire leur nom, on les appelle « infirme ». Parfois même la propre famille du handicapé lui fait sentir qu’il est de trop, qu’il n’apporte rien… Aussi Cardis se préoccupe de lancer les handicapés dans la vie en leur procurant un gagne-pain. Nous les aidons à commencer un petit commerce comme la vente de savon, de charbon, de bois pour la cuisine, de friperies. D’autres deviennent tailleurs ou font des nattes. Depuis 10 ans, plus de 600 personnes ont été aidées par Cardis.

Chaque année, une fête de Noël est organisée pour les aveugles et une autre pour les handicapés. C’est devenu un rendez-vous à ne pas manquer ! Il y a plus de 150 invités à chacune des deux fêtes qui offre un repas et un petit cadeau à chacun, un morceau de savon, une serviette, etc.

Les services sociaux du gouvernement dirigent en ville un orphelinat pour des bébés que les familles ne peuvent accueillir. Cardis apporte son appui à cet orphelinat. On y a fait installer l’eau courante, des toilettes, des douches. On y a remplacé les portes et les matelas.

Les services sociaux de la ville dirigent aussi une école avec internat pour jeunes handicapés qui veulent apprendre un métier. Ils sont accueillis pendant deux ou trois ans. Les besoins sont grands et l’école n’a souvent pas de ressources. Cardis leur permet de survivre. Là aussi on rénove les bâtiments et installe l’eau courante.

Sans cette école, beaucoup de jeunes seraient condamnés à rester cloîtrés dans leur famille, sans ouverture au monde. Ces infimes n’avaient pas de personnalité. Personne ne les appelait par leur nom. À l’école, ils ont un cuisinier, un vrai lit… Ils ont des enseignants et ils reçoivent une formation. C’est incroyable le changement qui s’opère en eux pendant les premiers six mois à l’internat. Ils entrent dans le monde des « êtres humains ». Ils retrouvent la dignité. Bienvenue sur la « Terre des hommes » !

Diarmuid Sheehan