Actualités

Le satisfecit d’Alassane Ouattara devant le Congrès ivoirien

Ce 25 avril à Abidjan, Alassane Ouattara a dressé le bilan de l’action gouvernementale, se félicitant des résultats obtenus. Cette année, il n’a pas fait d’annonces majeures.

Par  - à Abidjan
Mis à jour le 25 avril 2023 à 19:22
 
 ouattara

 

 

VLe président ivoirien Alassane Ouattara prononce son discours sur l’état de la Nation devant les membres du Parlement et du Sénat à Abidjan, le 25 avril 2023. © Issouf SANOGO / AFP

 

 

Pendant près d’une heure, Alassane Ouattara s’est adressé aux députés et sénateurs réunis en Congrès à l’hôtel Sofitel, ce 25 avril. La séance était présidée par Adama Bictogo, à la tête de l’Assemblée nationale.

À LIRECôte d’Ivoire : Tiémoko Meyliet Koné, la surprise du chef

Lors de ses deux précédentes adresses à la nation, le président ivoirien avait fait de grandes annonces. En 2020, il avait fait savoir qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle organisée la même année, s’engageant à transférer le pouvoir à une nouvelle génération. Quatre mois plus tard, la mort brutale d’Amadou Gon Coulibaly, dont il avait fait son dauphin, l’avait contraint à revenir sur sa décision.

Surprise générale

Deux ans plus tard, le 19 avril 2022, il avait officialisé la reconduction de Patrick Achi à la primature. À la surprise générale, il avait également annoncé la nomination de l’ancien gouverneur de la BCEAO, Tiémoko Meyliet Koné, à la vice-présidence de la République, poste resté vacant depuis la démission de Daniel Kablan Duncan, en juillet 2020. « Le vice-président Koné s’est bien intégré à l’équipe de l’exécutif, s’est-il réjoui cette année. Désormais, toutes les institutions de la République sont en place et fonctionnent harmonieusement. »

Devant le Congrès, le chef de l’État a dressé un bilan de l’action du gouvernement en matière de sécurité, d’éducation, de santé, d’infrastructures, de diplomatie ou encore d’agriculture. Il s’est réjoui des résultats enregistrés sur le plan du développement social et a félicité les ministres concernés.

« Un véritable plan Marshall »

Lors de son message à la nation le 31 décembre 2022, Alassane Ouattara avait déclaré 2023 « année de la jeunesse ». Il a donc énuméré les actions qui ont depuis été entreprises en sa faveur, notamment l’adoption du « programme jeunesse du gouvernement » pour la période 2023-2025. « La mise en œuvre de ce programme est évalué à plus de 1118 milliards de francs CFA. Il permettra de créer des opportunités et de toucher près d’1,5 millions de jeunes dans le cadre de programmes d’insertion professionnelle. C’est donc un véritable plan Marshall pour ceux qui sont l’avenir de ce pays », a déclaré le président.

Il s’est également félicité de perspectives économiques favorables, rappelant qu’en 2023 le taux de croissance du PIB devrait atteindre les 7,2 % quand l’inflation devrait baisser à 3,7 %. Le chef de l’État a également souligné les efforts consentis sur le plan sécuritaire pour l’équipement et la formation des forces de défense et de sécurité, afin de faire face au banditisme, au trafic de drogue et à la menace jihadiste dans les zones frontalières.

À LIREÀ Yamoussoukro, Ouattara, Bédié et Gbagbo se posent en hommes de paix

« Nos actions pour renforcer la cohésion sociale et décrisper la vie politique nationale se poursuivent à travers notamment la mise en œuvre des recommandations de la 5e phase du dialogue politique« , a ajouté Alassane Ouattara. Ces dernières semaines, les partis d’opposition ont pourtant regretté des lenteurs dans leur mise en œuvre. Le 8 février dernier à Yamoussoukro, à l’occasion de la remise du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, l’ancien président Henri Konan Bédié avait estimé que la Côte d’Ivoire « [peinait] encore à engager un dialogue franc et sincère ».

Financement du Sénat

Parmi les annonces d’Alassane Ouattara, on peut noter la future prise en compte du Sénat dans le financement des partis politiques. « J’ai instruit le ministre de l’Intérieur et celui des Finances de proposer une modification de la loi afin de permettre aux groupes parlementaires au Sénat de bénéficier de ces financements », a-t-il expliqué.

Enfin, il a proposé l’examen de la modification de deux articles de la Constitution, relatifs aux parlementaires. La première vise l’instauration de deux sessions ordinaires du Parlement, de janvier à juin et d’octobre à décembre, marquant ainsi un retour à l’ancien fonctionnement d’avant 2016.  Les vacances des parlementaires devraient ainsi coïncider avec celles du gouvernement, en août.

La deuxième modification permettrait le tenue de l’élection des députés et des sénateurs au cours du dernier trimestre, après la présidentielle.

Journée mondiale de lutte contre le paludisme : le fragile espoir du vaccin

Explication 

La journée mondiale de lutte contre le paludisme a lieu ce mardi 25 avril. Le Ghana a récemment donné son feu vert pour le lancement d’un nouveau vaccin prometteur contre cette maladie responsable sur la planète de 619 000 morts en 2021. Le changement climatique pourrait cependant enrayer les avancées dans ce domaine.

  • Mathys Vallée, 
Journée mondiale de lutte contre le paludisme : le fragile espoir du vaccin
 
Un enfant se fait vacciner contre le paludisme à Gisambai, au Kenya, le 7 mars 2023. Le Ghana a donné son feu vert pour le lancement d’un nouveau vaccin prometteur contre cette maladie.YASUYOSHI CHIBA/AFP

 

En 2021, 619 000 personnes sont décédées du paludisme. L’Afrique est le continent le plus touché, représentant cette année-là 96 % des 247 millions de nouveaux cas.

Introduit par le géant pharmaceutique britannique GSK en 2019, le vaccin RTS, S, était jusqu’ici l’un des remparts les plus efficaces contre la malaria (autre nom du paludisme). Jusqu’à ce que l’université d’Oxford mette au point récemment un nouveau vaccin, le R21/Matrix-M (R21), plus efficace et moins cher, qui suscite de l’espoir dans de nombreux pays africains, dont le Ghana.

► Le très prometteur vaccin R21 est-il opérationnel ?

Le Ghana a donné son feu vert pour l’utilisation du vaccin britannique R21 pour les enfants de 5 à 36 mois, tranche d’âge la plus exposée aux décès liés au paludisme : le 13 avril 2023, il est devenu le premier pays à autoriser le médicament, avant même la publication des résultats finaux des essais.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, qui concentre 31 % des décès dus au paludisme, a accordé quelques jours plus tard une autorisation provisoire du R21, attendant la conclusion des expérimentations pour l’adopter définitivement. Le médicament est aujourd’hui en phase 3 d’essai clinique, la dernière habituellement avant une autorisation de mise sur le marché par les autorités sanitaires, sous réserve que les résultats soient concluants. Cette phase permet d’évaluer l’intérêt thérapeutique du médicament sur un nombre important de patients, pour le R21 : 4 800 participants répartis sur quatre pays.

D’autres nations, comme le Burkina Faso, le Kenya, le Mali et la Tanzanie attendent avec espoir le rapport d’essais, et l’approbation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour enfin autoriser le vaccin. Les résultats devraient tomber au courant de l’année 2023.

► Qui pourra bénéficier du vaccin ?

Le vaccin RTS, S est, à l’heure actuelle, toujours recommandé par l’OMS, et fait l’objet de campagnes de vaccinations au Kenya et au Malawi. Au prix de 9 dollars l’unité, son efficacité est de 39 %, tandis que son successeur désigné coûte deux fois moins cher pour 80 % d’efficacité.

L’université d’Oxford s’est associée au leader mondial de la production de vaccins, Serum Institute of India, afin de produire 200 millions de doses de R21 chaque année. Le géant indien est en pourparlers avec le Ghana afin de délocaliser dans le pays africain l’étape du « fill-finishing » (finition et remplissage). Cette phase finale de fabrication en Afrique pourrait faciliter l’utilisation du R21 sur le continent.

Un constat optimiste tempéré par Peter Sands, le directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ce dernier explique que les vaccins ne sont pas une « solution magique », en raison de leurs coûts et de la difficulté du déploiement à grande échelle.

► Vers la victoire contre le paludisme ?

L’OMS espère, d’ici à 2030, réduire d’au moins 90 % la mortalité relative à la malaria. Mais les catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes viennent questionner ces projections. Durant l’été 2022, le Pakistan a subi l’une des pires inondations de son histoire, ravageant 10 % de son territoire. Les infections au paludisme ont été multipliées par quatre après la catastrophe, atteignant 1,6 million de cas.

Même impact pour le cyclone Freddy, qui a frappé l’Océan indien et le canal du Mozambique, en février-mars derniers, et provoqué une hausse des cas du paludisme au Malawi, indique Peter Sands à l’AFP. « Suite à ces événements météorologiques extrêmes, (…) beaucoup d’eau stagne sur place », favorisant le développement des moustiques, vecteurs du paludisme chez l’humain.

Ainsi, si le nombre de décès dus à la malaria est passé de 625 000 en 2020 à 619 000 en 2021, le total de cas recensés sur la planète a augmenté sur la même période, passant de 245 millions à 247 millions.

Brian Browne, l’Américain qui murmure à l’oreille de Bola Tinubu

Depuis près de dix ans, ce diplomate américain à la retraite est le chef de cabinet de facto du futur président nigérian, qui doit être investi le 29 mai. Portrait d’un homme dont les conseils pourraient déterminer le destin de plus de 200 millions de personnes.

 
Par  - pour The Africa Report
Mis à jour le 23 avril 2023 à 10:05
 
 Tinubu1

 

 

Bola Tinubu, au centre, accompagné de sa femme, Oluremi Tinubu, à droite, à Abuja, au Nigeria, le 1er mars 2023. © Ben Curtis/AP/SIPA

 

Avec son costume-cravate et ses lunettes à verres rectangulaires, Brian Browne passerait presque inaperçu. Quel que soit l’événement, il se fond particulièrement bien dans la foule réunie autour de Bola Tinubu. Les proches de celui que l’on surnomme « le parrain de Lagos » savent pourtant à quel point cet homme, chargé de l’emploi du temps et de la constitution de l’équipe du futur président, est influent auprès de leur mentor.

À LIREPrésidentielle au Nigeria : Bola Tinubu, le parrain de Lagos, candidat du parti au pouvoir

Connaissance approfondie

« Brian Browne occupe toutes les fonctions d’un chef de cabinet : il vérifie les discours, formule les politiques et contrôle les personnes qui travaillent en étroite collaboration avec Tinubu. Il vit dans la maison de celui-ci et dispose d’un bureau dans ses manoirs de Lagos et d’Abuja », explique un collaborateur du futur chef de l’État.

À LIREBola Tinubu, le faiseur de rois couronné

Bien qu’américain, Brian Browne a une connaissance approfondie de la politique et de l’économie nigérianes. D’abord en poste à l’ambassade des États-Unis à l’époque de la dictature militaire de la fin des années 1980, il y revient dans les années 1990. Ce diplomate de carrière a également été le responsable du Liberia au Département d’État américain.

En 2004, il est nommé consul général à l’ambassade des États-Unis à Lagos. Ce qui fait de lui le troisième plus haut fonctionnaire américain dans le pays, et lui fournit un point d’observation unique des 17 États du sud du Nigeria. Pendant ce mandat, Brian Browne a noué de nombreux contacts avec les dirigeants du gouvernement de l’État de Lagos, dont que Bola Tinubu était alors le gouverneur.

Confiance réciproque

Ce n’est qu’en septembre 2011, lorsque WikiLeaks publie quelque 251 000 câbles confidentiels américains, que le public découvre l’étendue des discussions entre Browne et Tinubu : les documents qui ont fuité dépeignent une certaine intimité entre les deux hommes, qui se vouent une confiance réciproque. Dans un câble diplomatique classifié daté du 14 septembre 2005, Tinubu fait part à Browne de son projet de devenir colistier du vice-président de l’époque, Atiku Abubakar, pour l’élection présidentielle de 2007.

À LIRELe discret séjour en France de Bola Tinubu, président élu du Nigeria

« Lors d’une réunion détendue avec le consul général, le 27 août au soir, le gouverneur de l’État de Lagos, Bola Tinubu, a fait part de son analyse de la topographie électorale actuelle, en particulier au sein du parti rival, le Parti démocratique populaire. Bien qu’ils appartiennent aujourd’hui à des formations politiques différentes, le gouverneur Tinubu et le vice-président Atiku entretiennent une relation étroite qui remonte au début des années 1990. Leur amitié défie les lignes de partis et, peut-être, la logique politique… Par le passé, Tinubu nous avait parlé avec verve de cette option [un ticket commun avec Atiku]. Lors de cette dernière réunion, cependant, il s’est montré plus prudent. Tinubu était nettement moins optimiste quant aux chances d’Atiku à la présidence », indique ce document.

La naissance de l’APC

Dans ce câble, Brian Browne indique que Bola Tinubu a aussi discuté avec lui de la possibilité de se présenter comme colistier du général Muhammadu Buhari lors de l’élection présidentielle de 2007. « À la lumière de l’échec d’Atiku, Tinubu a commencé à se protéger en discutant avec Muhammadu Buhari du All Nigeria Peoples’ Party [ANPP] au sujet du poste de vice-président sur le ticket de Buhari. Buhari a terminé deuxième derrière Obasanjo lors des élections très controversées de 2003… L’inconvénient de faire équipe avec Atiku ou Buhari est que cela produirait un ticket présidentiel entièrement musulman », écrit Browne.

Tinubu unit finalement ses forces à celles de Buhari et d’Atiku pour former le Congrès des progressistes (APC), en 2013. Muhammadu Buhari en devient le candidat à la présidence, mais il refuse de choisir Bola Tinubu comme colistier, car ils sont tous deux musulmans.

Accusé de relation sexuelle inappropriée

Peu avant sa nomination au Nigeria en 2004, Brian Browne obtient un master en stratégie de sécurité nationale au National War College de Washington. Il conteste le fait de n’avoir reçu aucune mention, qu’il l’explique par ses origines africaines-américaines, mais aussi par ses opinions, différentes de celles de sa hiérarchie.

Le 14 juillet 2007, il accuse le département d’État de racisme systémique dans une plainte relative à l’égalité des chances en matière d’emploi (EEO). Une enquête est alors ouverte par le chef de mission adjoint de l’ambassade des États-Unis au Nigeria. Des employés de l’ambassade y accusent Browne d’avoir eu une relation sexuelle inappropriée avec une de ses subordonnées. Après s’être vu présenté les preuves de cette relation sexuelle, Browne est informé qu’il représente un environnement de travail hostile pour les officiers placés sous sa supervision.

Il nie ces accusations mais, malgré son insistance, le chef de cabinet et conseiller principal (africain-américain) du bureau des affaires africaines du ministère à Washington lui notifie qu’il est démis de ses fonctions à Lagos deux mois plus tôt que prévu. « Le plaignant a été réaffecté au poste de directeur adjoint du bureau des affaires d’Afrique centrale à Washington. Cependant, il a démissionné du Département d’État avant d’occuper ce poste », indique un rapport de la Commission pour l’égalité des chances en matière d’emploi daté du 6 mars 2009.

 Tinubu2

 

 

Brian Browne (à gauche) et Bola Tinubu (à droite). © DR

 

Après sa démission, Brian Browne poursuit le département d’État en justice et quitte le Nigeria. Il y revient peu après pour diriger quelques groupes de réflexion nigérians avant de devenir conseiller de Bola Tinubu. L’ancien diplomate devient également chroniqueur à The Nation, un journal appartenant à Tinubu. Il coécrit avec lui le livre Le Financiarisme : de l’eau d’un puits vide, avec Wole Soyinka, lauréat du prix Nobel de littérature, et le révérend Jesse Jackson, militant des droits civiques, qui en ont tous deux rédigé les avant-propos.

L’ouvrage est lancé en fanfare aux États-Unis et au Nigeria. Browne réussit notamment à attirer des démocrates notables comme Jesse Jackson et l’ancien ambassadeur des États-Unis au Nigeria, Howard Jeter, à l’événement. « Browne a mis Tinubu en contact avec d’éminents diplomates et responsables gouvernementaux aux États-Unis. Il reste son principal intermédiaire dans le pays », confie un membre du conseil de campagne de Tinubu.

Quelle place dans le futur dispositif présidentiel ?

Lors du lancement du livre à Lagos, les alliés de Bola Tinubu, notamment l’ancien président de la Commission des crimes économiques et financiers, Nuhu Ribadu, décrivent Brian Browne comme un « amoureux du Nigeria ». « J’ai travaillé avec [lui] lorsqu’il était à la tête de l’ambassade américaine. Je peux témoigner de ce qu’il a fait pour notre pays. C’est un Américain mais son cœur est ici, à Lagos, au Nigeria. Il travaillait pour son gouvernement à l’époque. Il y a des choses que je ne pourrais pas dire, mais il nous a sauvés à de nombreuses reprises », souligne Ribadu.

Objectif de cet ouvrage : montrer comment la pensée économique conventionnelle peut conduire à de mauvaises décisions politiques et au sous-développement, en s’appuyant sur des exemples des États-Unis et du Nigeria. Il contient également quelques idées économiques que Tinubu mettra probablement en œuvre en tant que président.

Alors que l’investiture de Bola Tinubu est prévue pour le 29 mai, Brian Browne ne bénéficiera d’aucune nomination officielle, car il n’est pas citoyen nigérian. Un membre de la police secrète nigériane, qui a souhaité garder l’anonymat, a toutefois déclaré que l’Américain conserverait officieusement sa place dans l’administration et a décrit cette évolution comme un risque possible pour la sécurité. « Browne pourrait être un agent double. Je comprends ses relations étroites avec Tinubu, mais tout cela devra cesser pour le bien de la sécurité nationale. Sa loyauté reste envers l’Amérique, à moins qu’il ne jure fidélité au Nigeria et ne prenne la nationalité nigériane », estime ce policier.

NDA1 1

NDA1 2

Rupture de jeûne collective à Bobo-Dioulasso : Des habitants du secteur 16 fraternisent autour d’un repas commun

Accueil > Actualités > Société • LEFASO.NET • lundi 17 avril 2023 à 20h30min 
 
Rupture de jeûne collective à Bobo-Dioulasso : Des habitants du secteur 16 fraternisent autour d’un repas commun

 

Des habitants du secteur 16 de Bobo-Dioulasso (Saint-Étienne) ont eu droit à un moment de convivialité et de partage qui s’est illustré par la rupture de jeûne collective le dimanche 16 avril 2023. Cette initiative avait pour objectif de permettre aux musulmans de communier avec leurs frères et sœurs d’autres religions, à l’occasion du mois de Ramadan.

Depuis le jeudi 23 mars 2023, les fidèles musulmans du Burkina Faso ont commencé le mois sacré du Ramadan consacré au jeûne, l’un des cinq piliers de l’Islam. Durant cette période, observer le jeûne est un impératif pour chaque musulman. Ainsi, du lever au coucher du soleil, les fidèles ne sont pas autorisés à manger ni à boire. Mais, à la tombée de la nuit, ils dégustent le repas préparé à l’avance qu’ils partagent en famille. Pour les fidèles, ce « mois sacré » est un moment de partage, de piété et de pardon.

Pour ainsi matérialiser cet élan de solidarité, des habitants du secteur 16 de Bobo-Dioulasso ont décidé d’organiser une rupture de jeûne collective. Cette rupture collective a eu lieu dans la cour de El Hadj Salia Oula Sanou, représentant de la chefferie coutumière de Dagasso. Cette initiative vise à raviver la solidarité entre les habitants du quartier, notamment les jeunes, à travers un repas commun.

 

Pour El Hadj Salia Oula Sanou, représentant de la chefferie coutumière de Dagasso,
cette initiative vise à raviver la solidarité entre les habitants du quartier

Il est déjà 18h lorsque nous arrivons au « Palais de la paix ». L’heure de la rupture quotidienne du jeûne est imminente et les femmes s’activent à préparer le nécessaire pour cette rupture. Pendant ce temps, des habitants du quartier, sans distinction de sexe, d’ethnie, ni de religion, convergent chez le représentant de la chefferie coutumière de Dagasso. Certains viennent les mains chargées.

 

Au menu pour ce soir : des dattes, de la tisane (quinquéliba), de la bouillie, du jus, des beignets et des galettes. Doucement, aux environs de 18h30, la voix du muezzin s’élève, annonçant la fin d’une belle journée. L’appel à la prière marque ainsi la rupture du jeûne. Ainsi, les femmes se pressent pour servir le nécessaire à boire. Les jeûneurs et non jeûneurs se réunissent, les uns sur le tapis et les autres sur des chaises, pour la rupture du jeûne. La faim, la soif et la fatigue qui avaient émaillé la journée sont ainsi oubliées.

 

Après la prière, place à la séance de bénédictions et de conseils par El Hadj Salia Oula Sanou

Les visages radieux, les fidèles s’apprêtent à rejoindre les rangs pour la prière qui est dirigée par Salia Oula Sanou. Elle a été marquée par des séances de bénédictions pour le retour de la paix et de la sécurité au Burkina Faso. L’imam du soir a tenu à remercier tous les participants de toute culture et religion confondue pour avoir effectué le déplacement. Il se réjouit ainsi de la réussite de cette rupture collective avant d’inviter les habitants du quartier à la tolérance, au pardon et au respect mutuel pour une meilleure cohésion sociale et un vivre-ensemble harmonieux.

 

« Aujourd’hui est un grand jour pour nous car nous avons décidé d’organiser cette rupture collective pour marquer cette solidarité, cette cohésion sociale, qui existe au sein de notre quartier. Nous avons rompu le jeûne ensemble et nous avons aussi prié pour notre pays afin qu’il retrouve sa stabilité. Cette initiative des jeunes du quartier est un signe de paix et de bonne cohésion entre tous les frères de toutes les religions confondues. Cela montre qu’il n’y a pas de discrimination religieuse et ethnique », a fait savoir Salia Oula Sanou..


Selon Antoine Joseph Traoré, le but de cette rupture collective
est de respecter l’esprit de partage qui prévaut durant le mois de Ramadan

 

La solidarité ne fait jamais défaut durant le mois de Ramadan

Cette initiative est portée par un groupe de personnes issues du même quartier, réunies au sein d’une association dénommée « Hakilisso ». Cette association veut œuvrer pour le développer du quartier Saint-Etienne à travers plusieurs actions de développement. Selon son vice-président, Antoine Joseph Traoré, le but de cette rupture collective est de respecter l’esprit de partage qui prévaut durant le mois de Ramadan.

 

A l’en croire, cet élan de solidarité entre frères est le principal enseignement du mois saint. « Nous avons organisé cette rupture de jeûne pour marquer l’union, la fraternité et le vivre-ensemble qui existent à Saint-Etienne. Nous voulons montrer au monde entier qu’à Saint-Etienne le vivre-ensemble est une réalité. Aujourd’hui, notre pays, le Burkina Faso, traverse une crise sécuritaire et il est important que les populations s’unissent pour lutter contre l’ennemi », a-t-il indiqué.

 

Le catéchiste Noël Pouya a salué cette initiative qui, selon lui,
permet de renforcer la cohésion sociale au sein des habitants du quartier

 

Selon lui, il est plus que nécessaire que les fils et filles du pays prônent la paix et la cohésion sociale pour un mieux vivre-ensemble au Burkina Faso. Et cette rupture collective, dit-il, est une manière de prôner ces valeurs de cohésion et de paix. Symbolique, cette initiative a aussi marqué l’esprit fraternel qui unit les habitants de ce secteur. Présent à cette rupture collective, le catéchiste Noël Pouya, un des habitants du quartier, n’a pas manqué de rendre grâce à Dieu pour ce temps de jeûne dans la santé. Il a aussi salué cette initiative qui, selon lui, est très noble et permet de renforcer la cohésion sociale au sein des habitants du quartier. Lire la suite

Romuald Dofini
Lefaso.net