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Chemin de Croix 2021

« Les ombres d’un monde fermé »

Introduction

L’éclatement de « la pandémie de la Covid-19 a mis à nu nos fausses certitudes » en montrant une certaine « incapacité d’agir ensemble » (FT 7) et en oubliant que nous naviguons « dans le même bateau, où le mal de l’un porte préjudice à tout le monde » (FT 32).

Les stations de ce Chemin de Croix reprennent les réflexions de l’encyclique FRATELLI TUTTI. Le premier chapitre « Les ombres d’un monde fermé » dirige notre « attention sur certaines tendances du monde actuel qui entravent la promotion de la fraternité universelle » (FT 9).

Prions et méditons ensemble. Laissons-nous interpeller et guider par Jésus, le Nazaréen, l’ami et le frère, le serviteur souffrant, le crucifié, le Christ.

 

1re station : Jésus est condamné à mort

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« C’était un vendredi, la veille de la Pâque, vers midi. Pilate dit aux Juifs : “Voici votre roi.” Alors ils crièrent : “À mort ! À mort ! Crucifie-le !” Pilate leur dit : “Vais-je crucifier votre roi ?” Les chefs des prêtres répondirent : “Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur.” Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié, et ils se saisirent de lui. » Jn 19, 14-16

Commentaire

Jésus, le prophète de Nazareth, est devenu victime de conflits d’intérêts politiques et religieux, victime de la manipulation et du fanatisme religieux.

Et la foule s’est laissé entraîner, endoctriner et manipuler.


Réflexion

Il faut reconnaître que les fanatismes qui conduisent à détruire les autres sont également le fait de personnes religieuses, sans exclure les chrétiens, qui « peuvent faire partie des réseaux de violence verbale sur Internet et à travers les différents forums ou espaces d’échange digital. Même dans des milieux catholiques, on peut dépasser les limites, on a coutume de banaliser la diffamation et la calomnie ; toute éthique ainsi que tout respect de la renommée d’autrui semblent évacués ». Qu’apporte-t-on ainsi à la fraternité que le Père commun nous propose ? (FT 46).

Prions

O Jésus, éveille notre conscience et notre vigilance à l’égard de toutes les tendances idéologiques haineuses qui manipulent et qui cherchent à diviser et séparer les êtres humains.

 

 

2e station : Jésus est chargé de sa croix

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« Jésus, portant lui-même sa croix, sortit en direction du lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, en hébreu : Golgotha. » Jn 19, 17

Commentaire

Jésus courbé, plié et ployé, porte sa croix. Avec lui et sur lui, il porte aussi le fardeau et la souffrance de toutes les personnes marginalisées et exclues.


Réflexion

Certaines parties de l’humanité semblent mériter d’être sacrifiées par une sélection qui favorise une catégorie d’hommes jugés dignes de vivre sans restriction. Au fond, « les personnes ne sont plus perçues comme une valeur fondamentale à respecter et à protéger, surtout celles qui sont pauvres ou avec un handicap, si elles “ne servent pas encore” – comme les enfants à naître –, ou “ne servent plus” – comme les personnes âgées. Nous sommes devenus insensibles à toute forme de gaspillage, à commencer par le gaspillage alimentaire, qui est parmi les plus déplorables » (FT 18).

… « Ce ne sont pas seulement la nourriture ou les biens superflus qui sont objet de déchet, mais souvent les êtres humains eux-mêmes » (FT 19).

Prions

Ô Jésus, tant de personnes aujourd’hui sont écrasées par les fardeaux lourds de la vie quotidienne. Elles souffrent de l’exploitation, de l’exclusion et de la marginalisation. Rends-nous alertes aux signes d’exclusion et soutiens nos efforts en faveur de l’inclusion de toutes les personnes sans exception.

 

 

3e station : Jésus tombe pour la première fois

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« Ce sont nos souffrances qu'il a portées, ce sont nos douleurs qu'il a supportées » Is 53, 4

Commentaire                                              

La croix est lourde. Elle meurtrit Jésus qui tombe sous son poids. C’est aussi ce poids insupportable de la souffrance que subissent les esclaves du 21ème siècle et toutes les victimes de la traite des êtres humains.


Réflexion

Aujourd’hui comme hier, à la racine de l’esclavage, il y a une conception de la personne humaine qui admet la possibilité de la traiter comme un objet. […] La personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, par la force, par la tromperie ou encore par la contrainte physique ou psychologique, est privée de sa liberté, commercialisée, réduite à être la propriété de quelqu’un ; elle est traitée comme un moyen et non comme une fin »... L’aberration n’a pas de limites quand des femmes sont malmenées, puis forcées à avorter ; l’abomination va jusqu’à la séquestration en vue du trafic d’organes. Cela fait de la traite des personnes et des autres formes actuelles d’esclavage un problème mondial qui doit être pris au sérieux par l’humanité dans son ensemble car « comme les organisations criminelles utilisent des réseaux globaux pour atteindre leurs objectifs, de même l’engagement pour vaincre ce phénomène requiert un effort commun et tout autant global de la part des divers acteurs qui composent la société » (FT 24).

Prions

Ô Jésus, sois la force et le soutien de toutes les personnes victimes de la traite humaine. Montre-nous des chemins pour vivre la solidarité avec les victimes.


 

4e station : Jésus rencontre Marie sa mère

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Syméon dit à Marie sa mère : « Ton fils est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté… et toi-même, un glaive te transpercera l’âme. »  Lc 2,34-35

Commentaire

Dans la vie publique de Jésus, les femmes ont eu une place importante : des femmes ont été guéries de leur maladie ; elles ont écouté la parole de Jésus ; elles l’ont suivi comme disciples ; elles l’ont défié ; elles ont souffert avec lui ; elles ont témoigné de la Bonne Nouvelle.


Réflexion

De même, l’organisation des sociétés dans le monde entier est loin de refléter clairement le fait que les femmes ont exactement la même dignité et les mêmes droits que les hommes. On affirme une chose par la parole, mais les décisions et la réalité livrent à cor et à cri un autre message. C’est un fait, « doublement pauvres sont les femmes qui souffrent des situations d’exclusion, de maltraitance et de violence, parce que, souvent, elles se trouvent avec de plus faibles possibilités de défendre leurs droits » (FT 23).

Prions

O Jésus, sur le chemin de la croix, ta mère t’a accompagné. Son cœur était transpercé de chagrin. C’est ce même chagrin que vivent tant de femmes aujourd’hui qui souffrent de situations d’exclusion, de maltraitance et de violence. Trace-nous les chemins à parcourir pour la transformation et le développement intégral de tous et de toutes.

 

 

5e station : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix

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« Pendant qu’ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. » Lc 23, 26

Commentaire

Simon de Cyrène a aidé Jésus à porter la croix. Son exemple et son témoignage nous parlent et nous interpellent à soutenir ceux et celles qui souffrent des causes et des conséquences de la migration.


Réflexion

Les migrants ne sont pas jugés assez dignes pour participer à la vie sociale… On montre qu’ils sont considérés comme des personnes ayant moins de valeur, moins d’importance, dotées de moins d’humanité. Il est inacceptable que les chrétiens partagent cette mentalité et ces attitudes, faisant parfois prévaloir certaines préférences politiques sur les convictions profondes de leur foi : la dignité inaliénable de chaque personne humaine indépendamment de son origine, de sa couleur ou de sa religion, et la loi suprême de l’amour fraternel (FT 39).

« Les migrations constitueront un élément fondamental de l’avenir du monde ». Mais, de nos jours, elles doivent compter avec la « perte du ‘‘sens de la responsabilité fraternelle’’, sur lequel est basé toute société civile » (FT 40).    … c’est quand [les doutes et les craintes] conditionnent notre façon de penser et d’agir au point de nous rendre intolérants, fermés, et peut-être même – sans nous en rendre compte – racistes. Ainsi, la peur nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre » (FT 41).

Prions

Eveille, Seigneur, notre sensibilité et notre responsabilité à l’égard des migrants qui souffrent. Que l’exemple de Simon de Cyrène nous incite à mettre en pratique des moyens et des actions pour accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants.

 

6e station : Une femme essuie le visage de Jésus

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 « Il n'avait ni aspect, ni présence pour attirer nos regards. Méprisé et abandonné de tous, homme de douleurs, semblable au lépreux dont on se détourne. »

 Is 53, 2-3

Commentaire

Véronique ne reste pas à distance. Elle s’approche de Jésus. Elle cherche la rencontre face à face avec Jésus. Par un geste concret elle soulage sa souffrance. Avec un linge elle essuie la face de Jésus : Quelle douceur ! Quelle bonté !


Réflexion

Prisonniers de la virtualité, nous avons perdu le goût et la saveur du réel. La douleur, l’incertitude, la peur et la conscience des limites de chacun, que la pandémie a suscitées, appellent à repenser nos modes de vie, nos relations, l’organisation de nos sociétés et surtout le sens de notre existence (FT 33).

Des gestes physiques, des expressions du visage, des silences, le langage corporel, voire du parfum, le tremblement des mains, le rougissement, la transpiration sont nécessaires, car tout cela parle et fait partie de la communication humaine. Les relations virtuelles … ne construisent pas vraiment un ‘‘nous’’ mais d’ordinaire dissimulent et amplifient le même individualisme qui se manifeste dans la xénophobie et le mépris des faibles. La connexion numérique ne suffit pas pour construire des ponts, elle ne suffit pas pour unir l’humanité (FT43).

Prions

O Jésus, Véronique a essuyé ton visage, par amour et compassion. Que ce même amour et cette compassion nous rendent présents auprès des malades, des personnes isolées, attristées et abandonnées pour apporter la consolation et l’espérance.

 



7e station : Jésus tombe pour la deuxième fois

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 « Brutalisé, il s’humilie ; il n'ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l'abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent : elle est muette »  Is 53,7

Commentaire

Les Droits humains ne sont pas toujours respectés, la dignité humaine est souvent bafouée. Des personnes sont brutalisées, maltraitées, humiliées, ignorées sans défense, sans pouvoir recourir à leurs droits fondamentaux. Et le monde reste muet. 


Réflexion

On s’aperçoit bien des fois que, de fait, les droits humains ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Le respect de ces droits « est […] une condition préalable au développement même du pays, qu’il soit social ou économique. Quand la dignité de l’homme est respectée et que ses droits sont reconnus et garantis, fleurissent aussi la créativité et l’esprit d’initiative ; la personnalité humaine peut déployer ses multiples initiatives en faveur du bien commun » … De nombreuses formes d’injustice persistent aujourd’hui dans le monde, alimentées par des visions anthropologiques réductrices et par un modèle économique fondé sur le profit, qui n’hésite pas à exploiter, à exclure et même à tuer l’homme. Alors qu’une partie de l’humanité vit dans l’opulence, une autre partie voit sa dignité méconnue, méprisée ou piétinée et ses droits fondamentaux ignorés ou violés ». Qu’est-ce que cela signifie quant à l’égalité des droits fondée sur la même dignité humaine ? (FT 22).

Prions

O Jésus, tant de personnes subissent des injustices et ne savent pas comment se défendre. Nous prions pour celles-ci afin qu’elles puissent trouver les supports juridiques nécessaires grâce à des organismes locaux, nationaux et internationaux. 



 

8e station : Jésus console les femmes de Jérusalem

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« Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : “Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité ! » Lc 23, 27-29

Commentaire

Subissant des coups mortels, Jésus rencontre des femmes qui pleurent. Cette rencontre est pleine d’affection humaine. Personne ne reste indifférente. Elles vivent la souffrance. Elles sentent la douleur. Elles sont faites de la même chair humaine.


Réflexion

Dans le monde d’aujourd’hui, les sentiments d’appartenance à la même humanité s’affaiblissent et le rêve de construire ensemble la justice ainsi que la paix semble être une utopie d’un autre temps. Nous voyons comment règne une indifférence commode, froide et globalisée, née d’une profonde déception qui se cache derrière le leurre d’une illusion : croire que nous pouvons être tout-puissants et oublier que nous sommes tous dans le même bateau… L’isolement et le repli sur soi ou sur ses propres intérêts ne sont jamais la voie à suivre pour redonner l’espérance et opérer un renouvellement, mais c’est la proximité, c’est la culture de la rencontre. Isolement non, proximité oui. Culture de l’affrontement non, culture de la rencontre, oui » (FT 30).

Prions

O Jésus, garde la flamme d’humanité brûlante en nous, cette flamme de l'affection et de la bonté, de la compassion et de l’empathie, les uns pour les autres.



9e station : Jésus tombe pour la troisième fois

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Jésus nous a dit : « Celui qui aime sa vie la perd, et celui qui cesse de s'y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu'un veut me servir, qu'il se mette à ma suite, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. » Jn 12, 25-26

Commentaire

Jésus a franchi les barrières en rencontrant la femme Syro-phénicienne, la Samaritaine, les exclus de la société. Il a donné un témoignage en luttant contre la polarisation et la séparation basées sur les différences culturelles, ethniques, sociales et politiques.


Réflexion

De nouvelles barrières sont créées pour l’auto-préservation, de sorte que le monde cesse d’exister et que seul existe ‘‘mon’’ monde, au point que beaucoup de personnes cessent d’être considérées comme des êtres humains ayant une dignité inaliénable et deviennent seulement ‘‘eux’’. Réapparaît « la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le cœur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. Et quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque, en effet, l’altérité » (FT 27).

Prions

O Jésus, malgré le risque d’être mal compris et malmené par les leaders politiques et religieux, tu as eu le courage de détruire les multiples barrières qui séparent les êtres humains. Aide-nous à construire des ponts qui permettent les rencontres fraternelles.

 

10e station : Jésus est dépouillé de ses vêtements

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« Les soldats prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : “Ne la déchirons pas, tirons au sort celui qui l’aura.” Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : “Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement.” C’est bien ce que firent les soldats. » Jn 19, 23-24

Commentaire

Jésus est mis à nu. Il est dépouillé, complètement, comme un vrai pauvre qui ne possède plus rien. Tout est fait pour le déshumaniser, pour qu’il perde son estime, son respect, sa dignité, son âme. Ainsi, en est-il pour tant de personnes aujourd’hui dans le monde qui sont mise à nu, dépouillées de leur richesses culturelles et socio-économiques, et opprimées.


Réflexion

Certains pays économiquement prospères se présentent comme des modèles culturels pour ceux qui sont moins développés, au lieu d’œuvrer pour que chaque pays croisse à sa propre manière, afin de développer ses capacités à innover à partir des valeurs de sa culture (FT 51).

Détruire l’estime de soi chez quelqu’un est un moyen facile de le dominer. Derrière ces tendances visant à uniformiser le monde, émergent des intérêts de pouvoir qui profitent d’une faible estime de soi chez les personnes, tout en essayant de créer une nouvelle culture à travers les médias et les réseaux, au service des plus puissants (FT 52).

On oublie qu’« il n’y a pas pire aliénation que de faire l’expérience de ne pas avoir de racines, de n’appartenir à personne » (FT 53).

Prions

O Seigneur, l’humanité a été créée à ton image et à ta ressemblance. Dans la diversité des êtres humains, des ethnies, des sociétés et des cultures, nous voyons semée la vocation à former une famille humaine composée de frères et de sœurs. Aide-nous à vivre ensemble dans l’harmonie et dans la paix sans que nous ayons besoin d’être tous pareils !


 

11e station : Jésus est cloué sur la croix

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« Lorsqu’on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : “Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Lc 23, 33-34

Commentaire

Jésus a subi la violence. Les gens criaient sur lui, ils se moquaient de lui. Ses bras et ses pieds ont été percés et cloués sur le bois. Malgré sa souffrance, il continue à prêcher le pardon.


Réflexion

Les guerres, les violences, les persécutions pour des raisons raciales ou religieuses, et tant d’atteintes à la dignité humaine sont vues de différentes manières selon qu’elles conviennent ou non à certains intérêts, fondamentalement économiques… Ces situations de violence se multiplient « douloureusement en de nombreuses régions du monde, au point de prendre les traits de ce qu’on pourrait appeler une ‘‘troisième guerre mondiale par morceaux’’» (FT 25).

Prions

Seigneur Jésus, à l’heure de ta mort, tes bras sont grand ouverts pour nous accueillir et nous offrir ton pardon. Apprends-nous à pardonner comme tu nous pardonnes. Apprends-nous à nous réconcilier. Apprends-nous à casser la spirale de la violence !

 

 

12e station : Jésus meurt sur la croix

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« Il était déjà presque midi ; l’obscurité se fit dans tout le pays jusqu’à trois heures, car le soleil avait disparu. Le rideau du Temple se déchira par le milieu. Alors Jésus poussa un grand cri : “Père, entre tes mains je remets mon esprit.” Et après avoir dit cela, il expira. » Lc 23, 44-46

 

Invitation à s’incliner pour se recueillir. Moment de silence.




13e station : Jésus est descendu de la croix

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« Tous ses familiers se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée et qui regardaient. Alors survint un homme du nom de Joseph, membre du Conseil, homme bon et juste… Originaire d'Arimathée, ville juive, il attendait le Règne de Dieu. Cet homme alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus.  Il le descendit de la croix. » Lc 23, 49-53

Commentaire

Tout le monde est parti. Seuls Marie, Jean et quelques autres restent là.

Ils vivent la compassion, la charité, la solidarité jusqu’au bout !


Réflexion

La pandémie récente nous a permis de distinguer et de valoriser de nombreux hommes et femmes, compagnons de voyage, qui, dans la peur, ont réagi en offrant leur propre vie. Nous avons pu reconnaître comment nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires qui, sans aucun doute, ont écrit les événements décisifs de notre histoire commune : médecins, infirmiers et infirmières, pharmaciens, employés de supermarchés, agents d’entretien, assistants, transporteurs, hommes et femmes qui travaillent pour assurer des services essentiels et de sécurité, bénévoles, prêtres, personnes consacrées ... ont compris que personne ne se sauve seul (FT 54).

Prions

Ô Marie, tu as reçu au pied de la Croix cette maternité universelle. Tu es pleine de sollicitude, non seulement pour Jésus, mais aussi pour le « reste de tes enfants » (Ap 12, 17). Aide-nous à enfanter un monde nouveau où nous serons tous frères et sœurs, où il y aura de la place pour chacun des exclus de nos sociétés, où resplendiront la justice et la paix (FT 278).

Récitation du « Je vous salue Marie ».

 

 

14e station : Jésus est mis au tombeau

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« Joseph d’Arimathée prit le corps de Jésus, l’enveloppa dans un linceul neuf, et le déposa dans le tombeau qu’il venait de se faire tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla. » Mt 27, 59-60

Commentaire

Jésus a annoncé la Bonne Nouvelle : « Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte des fruits en abondance. » Jésus lui-même est devenu le grain de blé semé dans la terre. Patience, encore un peu de temps et nous verrons la moisson !


Réflexion

L’espérance nous parle d’une soif, d’une aspiration, d’un désir de plénitude, de vie réussie, d’une volonté de toucher ce qui est grand, ce qui remplit le cœur et élève l’esprit vers les grandes choses, comme la vérité, la bonté et la beauté, la justice et l’amour. […] L’espérance est audace, elle sait regarder au-delà du confort personnel, des petites sécurités et des compensations qui rétrécissent l’horizon, pour s’ouvrir à de grands idéaux qui rendent la vie plus belle et plus digne ». Marchons dans l’espérance ! (FT 55)

Prions :

Récitation du Notre Père

 

BÉNÉDICTION FINALE

 

Invitation à venir l’un après l’autre devant la Croix du chœur, à s’incliner et à faire lentement le signe de la croix, et puis à sortir en silence.Informations concernant ce chemin de croix :

Veuillez svp compléter ce chemin de croix en incluant des chants et des prières qui vous sont connus !

 

Les textes de réflexion sont tirés de l’encyclique FRATELLI TUTTI, publiée en octobre 2020.

Les représentations artistiques du Chemin de croix sont réalisées par le Père Pierre du Suau de la Croix, M.Afr (V 2019).

Elles se trouvent dans la paroisse de Kasamba du diocèse de Mansa en Zambie.

Les photographies sont prises par Hans Schering, M.Afr, Munich.

Ce chemin de croix est préparé par la Coordination JPIC-RD des Missionnaires d’Afrique à Rome.

Rome, 29 janvier 2021

Niger: les derniers préparatifs en veille

Des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Niger chargeant des urnes et du matériel électoral dans un camion le 26 décembre 2020, à Niamey, à la veille des élections présidentielles et législatives du pays.
Des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Niger chargeant des urnes et du matériel électoral dans un camion le 26 décembre 2020, à Niamey, à la veille des élections présidentielles et législatives du pays. AFP - ISSOUF SANOGO
Texte par :RFISuivre
3 mn

Les Nigériens sont appelés à voter, dimanche 21 février, pour le second tour de la présidentielle. L’actuel chef de l’État, Mahamadou Issoufou, arrivé au terme de ses deux mandats, ne se représente pas. Les 7,5 millions d’électeurs vont ainsi choisir leur futur dirigeant entre le candidat du PNDS au pouvoir, Mohamed Bazoum, et celui du RDR, Tchanji Mahamane Ousmane. En cette veille de scrutin, la commission électorale et les observateurs finissent les derniers préparatifs.

Avec notre envoyée à Niamey, Magali Lagrange

La Céni affirme être prête pour la tenue du scrutin de demain, dimanche. Son président, Issaka Souna, explique que tout le dispositif a été passé en revue et que les scrutins passés (élections locales, premier tour de la présidentielle et législatives) ont permis d’identifier ses forces et faiblesses.

« Nous avons décidé d’apporter les corrections sur la formation des membres de bureaux de vote ainsi que sur les explications utiles pour une meilleure réorganisation de ces bureaux de vote. Nous avons également, par rapport aux questions sécuritaires, discuté avec notre état-major particulier mixte. Les conclusions sont claires: Il faut renforcer les mesures de sécurité dans les zones identifiées comme rouges ».

Comme pour le premier tour, des observateurs internationaux sont arrivés à Niamey, des missions envoyées par exemple par la Cédéao ou la Cen-Sad. Seront également déployés des observateurs nationaux comme l’OPELE qui regroupe plusieurs organisations dont Tournons la Page Niger. Son coordinateur national, Maikoul Zodi, indique qu’ils sont déjà sur le terrain.

« Nous sommes en train de voir, d’abord, la mise en place du matériel de la Céni, le recrutement du personnel électoral ainsi que la formation et la prestation de serment de ce personnel électoral. Nos deux numéros sont en train de fonctionner. Les citoyens ont commencé à nous appeler. Nous continuons donc la sensibilisation. » 

Maikoul Zodi explique ne pas avoir constaté d’anomalies pour le moment. Pour ce second tour, l’observatoire du processus électoral sera attentif à la transparence et à ce que règne un climat apaisé autour des bureaux, pour que les citoyens puissent exercer librement leur droit de vote.

À lire aussi: Présidentielle au Niger: Mohammed Bazoum et Mahamane Ousmane qualifiés pour le 2e tour

1,55 milliard de dollars en 2022-2024 :
les priorités du Togolais Gilbert Houngbo au Fida

| Par - à Lomé
Mis à jour le 19 février 2021 à 12h01
Gilbert Houngbo dans les locaux du Fida, à Rome, le 30 octobre 2018.

Gilbert Houngbo dans les locaux du Fida, à Rome, le 30 octobre 2018. © TIZIANA FABI/AFP

L’ex-Premier ministre togolais a été reconduit pour quatre ans à la fête du Fonds international de développement agricole (FIDA). Parmi ses objectifs, enrayer l’exode rural et combattre le changement climatique.

Le conseil des gouverneurs  a reconduit, le 17 février, le Togolais Gilbert Houngbo à la présidence du Fida pour les quatre prochaines années. Seul en lice, l’ancien Premier ministre du Togo de 2008 à 2012 – qui s’était distingué parmi sept candidats en 2017 – place son prochain mandat sous le signe du renforcement des interventions du Fonds et de la lutte contre la pauvreté et la faim.

« Alors que la pandémie dévaste toujours les zones rurales et qu’on anticipe une augmentation de la pauvreté et de la faim, il est plus urgent que jamais que le Fida passe à la vitesse supérieure, a-t-il déclaré quelques heures après sa reconduction. Nous devons nous préparer. Aucune femme ou aucun homme vivant dans les zones rurales ne devrait jamais se retrouver contraint de vendre ses maigres avoirs – ou d’émigrer – pour simplement survivre. »

Au cours de ce nouveau mandat, qui débute officiellement le 1er avril, le Fida mettra l’accent sur l’adaptation au changement climatique et l’inversion du recul de la biodiversité.

Un portefeuille de  7,5 milliards de dollars

Gilbert Houngbo a aussi prévu de s’atteler à la recherche de solutions technologiques pour une agriculture durable, à la conclusion de nouveaux partenariats avec le secteur privé et surtout à la lutte contre la faim et la pauvreté. « L’objectif est de faire en sorte que chaque année 40 millions de personnes voient leurs revenus augmenter d’au moins 20 % d’ici à 2030, ce qui représente le double des résultats obtenus par le Fida jusque-là », précise le Fonds dans un communiqué.

En 2019, le Fida détenait un portefeuille de 7,5 milliards de dollars, dont 5,8 milliards de contributions nationales, pour financer 203 projets dans le monde. L’agriculture et la gestion des ressources naturelles occupent 33 % du portefeuille de financement, suivies des marchés et infrastructures connexes (18 %), des services financiers ruraux (13 %) et de l’appui aux micro-entreprises (9 %).

Au Rwanda, le projet d’amélioration des revenus ruraux grâce aux exportations a par exemple permis à des petits agriculteurs de tirer profit de marchés d’exportation grâce à un meilleur accès à la formation, au crédit et à la technologie. Les planteurs de café ont vu leurs revenus augmenter de 32 % et 8 449 personnes ont eu accès au crédit au cours de l’année 2019.

Dons et prêts à faible taux d’intérêt

En Afrique de l’Ouest, la même année, 38 projets ont été exécutés dans 20 pays pour un montant de 1,6 milliard de dollars. Au Nigeria, un projet financé sur la base du partenariat public-privé – exécuté par Olam International, le gouvernement et les producteurs – a ainsi permis  d’augmenter à 450 000 tonnes la production du riz et à 665 000 tonnes celle du manioc. 79 % des bénéficiaires de ce programme ont vu leurs revenus augmenter.

Depuis 1978, le fonds a octroyé 23,2 milliards de dollars sous forme de dons et de prêts à faible taux d’intérêt, en faveur de projets dont ont bénéficié quelque 518 millions de personnes.

La douzième reconstitution des ressources du FIDA (FIDA12), qui couvrira la période 2022-2024 est toujours en cours avec pour objectif d’obtenir des contributions des pays donateurs d’un montant de 1,55 milliard de dollars.

Si vous avez des difficultés pour visualiser ce message, cliquez ici

VENDREDI 19 FÉVRIER 2021

 Dominique Greiner,
 rédacteur en chef de Croire-La Croix

ÉDITO

Le Carême, provocateur d'espérance

 

C’est parti pour 40 jours de Carême. Un temps de mémoire et de conversion. Un temps placé sous le signe de la prière, du jeûne et de l’aumône. Un temps pour croire, espérer et aimer. Un temps qui est un condensé de toute vie chrétienne.

En entrant dans le Carême qui conduit à Pâques, nous mettons nos pas dans ceux du Christ dans sa montrée vers Jérusalem qui révèle le sens ultime de sa mission de salut. Jésus, qui a prié, jeûné, manifesté par toute sa vie une charité active, est à la fois le guide et le chemin. Il nous invite à le suivre, à faire comme lui, à être les témoins du monde nouveau qu’il est lui-même venu inaugurer en manifestant la victoire de la vie sur la mort. Un monde où le pardon l’emporte sur le péché, la réconciliation sur la haine, la paix sur la guerre, la justice sur l’iniquité, le partage sur l’égoïsme, l’espérance sur l’angoisse…

« Dans le contexte d’inquiétude que nous vivons, où tout apparaît fragile et incertain, parler d’espérance pourra sembler provocateur », écrit le pape François dans son message pour le Carême. Mais c’est l’espérance du Christ qui donne sa vie sur la croix et que Dieu ressuscite le troisième jour, qu’il s’agit de recevoir pour en rendre compte. Profitons donc de ce Carême pour méditer sur l’espérance de celui qui est notre Espérance et qui ouvre les portes de l’avenir.

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EN SAVOIR PLUS

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« La cité, une expérience pour les jeunes retraités »

Durant le Carême, en écho au livre de l’Exode, nous donnons la parole à des témoins ayant vécu un déplacement extérieur… et intérieur. Entretien avec Isabelle et Pierre Chazerans, retraités à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), qui ont vécu en mission dans des cités de banlieue.

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Les femmes de saint Paul

Les lettres de saint Paul révèlent le visage des femmes qui ont collaboré à la diffusion de l’Évangile. Paul leur confie des responsabilités égales à celles des hommes. Elles bénéficient d’une liberté inconnue dans le milieu juif et la société gréco-romaine.

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Les tentations de Jésus au désert

Ce 1er dimanche de Carême, nous voyons Jésus partir au désert. Le peintre James Tissot illustre l'épisode à sa façon, avec un diable bien singulier...

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L'ÉVANGILE COMMENTÉ

Dimanche 21 février 2021

1er dimanche de Carême

Partageons la Parole de Dieu avec une sœur de la communauté des Sœurs apostoliques
de Saint-Jean à Brest.

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Qu'est-ce que la tentation ?

Par Odile Flichy, bibliste, enseignante au Centre Sèvres (Paris).

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2021, un Carême sans fin ?

Enquête 

Face aux restrictions sanitaires qu’impose cette année la pandémie, le Carême peut apparaître comme une ascèse de plus. Pourtant, les quarante jours qui nous séparent de Pâques peuvent permettre de donner du sens aux derniers mois difficiles, faits de privations et d’efforts.

  • Youna Rivallain, avec Christophe Henning, 

Lecture en 5 min.

                               2021, un Carême sans fin ?
 
                          Et si ces quarante jours pouvaient nous aider à donner du sens à cette douloureuse expérience commune ?MARK CRISTINO/EPA

Interne en médecine, Armelle, parisienne, a débarqué à Lyon en septembre 2020… juste avant le deuxième confinement. Depuis son arrivée, elle passe ses journées entre son petit appartement du 3e arrondissement et l’hôpital de la Croix-Rousse, sans avoir eu la chance de créer des liens sur place. Cette année, la montée vers Pâques aura donc un goût étrange : « Je n’arrive pas à réaliser que le Carême commence », confie-t-elle. D’autant plus qu’avec le couvre-feu, elle ne pourra pas assister à la messe des Cendres.

→ À LIRE. Carême : un mercredi des Cendres sous le signe des gestes barrières

Jeûne, aumône et prière contre masque, couvre-feu et distanciation : comment vivre le Carême lorsque le quotidien paraît déjà une forme d’ascèse permanente ? L’an dernier, le confinement était intervenu en plein cœur du Carême, créant un effet de surprise. Mais après un an de restrictions, un certain découragement a succédé à la sidération.

« Inutile d’ajouter des privations »

« Les privations sont déjà là, inutile d’en ajouter ! s’exclame Sandrine Caneri, théologienne orthodoxe. En revanche, comment vais-je transformer la privation que m’impose l’État en offrande de Carême ? » Karine Michel, étudiante à la faculté protestante de théologie de Montpellier partage ce même sentiment : elle ne s’astreindra pas à un effort particulier. « Je vais plutôt essayer de retrouver une régularité dans ma vie spirituelle », témoigne-t-elle.

→ À LIRE. Carême 2021 : le pape François invite les catholiques à un temps d’espérance

Abandonner ses habitudes, trouver de nouveaux moyens de se rapprocher de Dieu, vivre différemment les restrictions imposées. « Ce que nous vivons en ce moment n’est pas un Carême, ces restrictions ne sont pas un choix ! insiste le père Charles-Henri Bodin, prêtre à Mornant (Rhône) près de Lyon, et grand sportif. « Pour moi, le Carême, c’est Jésus qui, comme un coach à la mi-temps d’un match de rugby, se rappelle à nous pour nous encourager, nous dire que la partie n’est pas finie ! » D’autant plus en cette période de restrictions, où le « match » est particulièrement long et pénible.

Donner du sens à une expérience douloureuse

Et si ces quarante jours pouvaient nous aider à donner du sens à cette douloureuse expérience commune ? Le psychanalyste et essayiste Jean-Guilhem Xerri met l’accent sur la sobriété vécue pendant le Carême : « Ces quarante jours ne sont pas une privation forcée : c’est l’occasion d’une dépollution. » Il invite chacun à faire le point sur les aspects positifs et négatifs de notre mode de vie bouleversé. Certes, la pandémie et son climat anxiogène nous ont rendus plus angoissés. Mais les confinements et le couvre-feu nous ont appris à nous recentrer sur l’essentiel, à être moins dispersés : « Notre effort pourrait être de décider de développer les côtés positifs, me demander ce dont j’ai envie après l’année que je viens de vivre, » poursuit Jean-Guilhem Xerri.

« Le Carême a quelque chose d’un déconfinement », ose le père Charles-Henri Bodin. « C’est un temps qui me dit : “Lâche tes écrans, lève les yeux et regarde la nature, regarde ton frère, regarde la société. Lève les yeux et aime”. » Confiant malgré l’incertitude ambiante, le prêtre insiste sur le fait de s’abandonner à la situation au lieu de la subir : « Le monde d’après commence par l’acceptation de l’aujourd’hui. Et si j’acceptais ce qu’on me demande de vivre pour avancer ? »

Compagnons d’incertitude

Mais, pour beaucoup, le Carême 2021 s’annonce douloureusement solitaire. « Ma communauté paroissiale me manque, confirme Marie-Jeanne Labiale, paroissienne de Montpellier. C’est difficile de vivre le Carême toute seule. » « Qu’est-ce que je vais faire de cette solitude imposée ? interroge Sandrine Caneri (1). Ce temps incertain n’a plus la même consistance, je suis face à moi-même pour faire de cette solitude un temps profitable pour le salut du monde. »

« Nous sommes tous compagnons d’incertitudedans l’expectative, face à de gigantesques points d’interrogation : le variant, le vaccin, le retour à la vie «normale»… » rappelle le père Paul Legavre, responsable du centre spirituel de Manrèse à Clamart. Pour le jésuite, « la société vit actuellement le quotidien des grands malades ». Mais il s’interroge : « Comment ne pas se laisser gagner par ces attentes sans fin qui nous mettent dans l’inquiétude, dans l’insécurité ? »

Pour répondre à cette question, le père Legavre reprend l’antienne de l’office des laudes, chantée chaque matin du Carême : « Avec Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu. » Ainsi, exhorte le jésuite, « inscrivons cette réalité dans l’espérance que Dieu est au travail pour enfanter un monde nouveau : à Pâques, la résurrection l’emporte ».

Réinterroger notre rapport aux autres

Même en étant seul dans ces conditions difficiles, le Carême peut être vécu dans une large communion avec les autres chrétiens. Le père Bodin puise encore dans les comparaisons sportives. « En Carême et en temps de pandémie, c’est comme au rugby : il faut mettre la tête dans la mêlée et avancer. Si je veux marquer un essai, je ne le ferai pas tout seul. »

Cette année plus que jamais, le Carême est une invitation à sortir de soi. « Pâques ne se vivra pas sans les autres, » insiste le père Paul Legavre. Ces derniers mois ont été propices aux actes de solidarité. Le jésuite invite à se tourner vers ceux qui souffrent davantage. Confrontée, elle-même, au désespoir, Armelle murmure : « Peut-être que cette année, mon effort de Carême sera de prendre conscience que je ne suis pas la seule à souffrir, et vivre ce décentrement. »

Prier, jeûner, prendre soin : pour le CCFD-Terre Solidaire, le Carême est ainsi l’occasion de réinterroger notre rapport aux autres et à la Création. Comme chaque année, mais en 2021 avec plus d’intensité peut-être et d’attention à toute l’humanité frappée de pandémie. C’est d’ailleurs le titre de la campagne de Carême : « Nous habitons tous la même maison ». Présidente du CCFD-Terre solidaire, Sylvie Bukhari de Pontual insuffle une bouffée d’espérance : « Ce temps est un moment particulier pour articuler le message de Laudato Si et Fratelli Tutti : s’unir entre frères et sœurs pour vivre ensemble l’espérance de Pâques. Vivre la relation à soi, aux autres, à la nature et à Dieu sous forme de communion. »

D’autres, veulent profiter de ce Carême pour s’interroger sur le fameux « monde d’après », comme Benjamin Pouzin, cofondateur du groupe Glorious : « Après toute cette période, les gens vont avoir soif de communauté, de joie, d’amour. La question pour les chrétiens, c’est : est-ce que nos églises seront grandes ouvertes pour les accueillir ? » Ce Carême offre l’opportunité de préparer l’Église « post-Covid ». Et le père Legavre est catégorique : « Ne nous laissons pas voler la joie, l’espérance et la charité de Pâques auquel le Carême nous prépare. »

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Le message du pape pour un Carême d’espérance

Dans son message du 12 février, intitulé « Voici que nous montons à Jérusalem », le pape François a exhorté les catholiques à un Carême de proximité, compassion et tendresse.

François a notamment insisté sur le jeûne, pilier du Carême, qui « permet de libérer notre existence de tout ce qui l’encombre pour ouvrir la porte de notre cœur à celui qui vient jusqu’à nous. »

L’espérance, vertu théologale, sera le maître mot de ces quarante jours : « Espérer avec le Christ, c’est croire que l’histoire n’est pas fermée sur nos erreurs, nos violences, nos injustices et sur le péché qui crucifie l’amour. »

Le pape invite également à la conversion : « Que cet appel à vivre le Carême comme un chemin de conversion, de prière et de partage, nous aide à revisiter la foi qui vient du Christ vivant, l’espérance qui est dans le souffle de l’Esprit et l’amour dont la source inépuisable est le cœur miséricordieux du Père. »

(1) Auteure de Ce que dit la Bible de la solitude, Éditions Nouvelle Cité, 128 p, 14 €.