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«Rentrée littéraire du Mali»: le prix du premier roman à Chab Touré

                                 Remise du prix Massan Mankan Diabateau laureat Ibrahim Lanceni Coulibaly (à dr.) lors de la «Rentrée littéraire au Mali», à Bamako, le 20 mars 2021.
                                                                     Remise du prix Massan Mankan Diabateau laureat Ibrahim Lanceni Coulibaly (à dr.)
                                                        lors de la «Rentrée littéraire au Mali», à Bamako, le 20 mars 2021.
 © RFI / Salif Traoré
Texte par :RFISuivre
3 mn

Malgré un secteur du livre et de l'édition moribond dans le pays, « la Rentrée littéraire du Mali » tente, chaque année, depuis treize ans, de dynamiser et de questionner l'industrie. Cafés littéraires, débats et conférences étaient au cœur des rencontres cette semaine. Une semaine d'échanges qui s'est terminée ce samedi 20 mars par une soirée de remise des prix.

Avec notre correspondant à Bamako,Kaourou Magassa

Pour la centaine de personnes présentes au Musée de la femme, ce samedi, c’est au son de la Kora que commence la soirée. Après quelques minutes et à la surprise générale, Chab Touré, galeriste, critique d’art et essayiste est appelé à monter sur scène. Il vient de remporter le prix du premier roman.

« Je suis content d’avoir écrit ce roman parce que j’ai toujours écrit autrement et là, j’ai écrit dans l’intime, déclare Chab Touré. Ce qui m’a le plus poussé à écrire, c’est le fait que j’étais dans une incompréhension totale. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait ni ce qui arrivait à ce qui était autour de moi… Les gens que j’aimais, les lieux que j’aimais, les choses que j’avais plaisir à faire. Tout était et tout semblait chamboulé. » Son roman, Le livre d’Élias tisse le portrait de la société malienne abasourdie par la crise que traverse le pays.

« Verre aux trois quarts vide »

Dans les autres catégories, Ibrahim Lanséni Coulibaly et le Sénégalais Kalil Diallo ont été récompensés par les prix Massan Makan Diabaté et Ahmed Baba.

Gaoussou Drabo, membre du jury, était satisfait de la qualité littéraire mais reconnaît que le chemin est encore long pour que le public s’imprègne de ces œuvres. « Le verre est aux trois quarts vide mais il y a un quart d’espérance dedans, confie Gaoussou Drabo. Il y a beaucoup de jeunes écrivains, donc j’espère que c’est un noyau critique qui va demeurer et qui va un beau jour peut-être faire prospérer une pratique plus étendue de la lecture. »

Un vœu partagé par les professionnels du secteur car en dépit du nombre croissant de maisons d’édition, les tirages pour une œuvre littéraire dépassent rarement les quelques milliers d’exemplaires.

À lire aussi : Dialogue d'écrivains à «La Rentrée littéraire du Mali»

Côte d’Ivoire : Dominique Ouattara et Henriette Bédié brisent la glace

| Par Jeune Afrique
Henriette Konan Bédié et Dominique Ouattara, le 13 septembre 2015.
Henriette Konan Bédié et Dominique Ouattara, le 13 septembre 2015. © Thierry Gouegnon/REUTERS

La Première dame de Côte d’Ivoire et l’épouse de l’ex-président devenu opposant Henri Konan Bédié, ont renoué le contact à l’occasion du décès du Premier ministre.

Selon nos informations, Henriette Bédié a pris l’initiative de téléphoner le 14 mars à Dominique Ouattaraà l’occasion du décès du Premier ministre Hamed Bakayoko. L’épouse d’Henri Konan Bédié (HKB) a été encouragée par ce dernier et plusieurs de ses proches à briser la glace.

Liées à Hamed Bakayoko

Les deux femmes ne se parlaient plus depuis leur déjeuner au Fouquet’s à Paris, en novembre 2018, lors duquel elles s’étaient promis de tout mettre en œuvre pour rapprocher leurs époux. À l’époque, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié étaient déjà en froid, et se sont davantage éloignés l’un de l’autre par la suite. Ils ont renoué le contact récemment sous l’impulsion de plusieurs intermédiaires.

Après avoir présenté ses condoléances à la Première dame, qu’Hamed Bayakoyo considérait comme une seconde mère, Henriette Bédié a pris des nouvelles du couple présidentiel. Dès le lendemain, le 15 mars, HKB a envisagé de se rendre, en compagnie de quelques membres de sa famille et de cadres du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) à la résidence d’Hamed Bakayoko afin de présenter ses hommages, mais ce rendez-vous a été reporté au 16 mars.

Henriette Bédié et Hamed Bakayoko entretenaient également de très bonnes relations. L’ancien ministre de la Défense est intervenu à plusieurs reprises en sa faveur, notamment au moment de l’arrestation jugée abusive en février 2019 de son aide de camp, Mamadou Dosso, par le général Apalo Touré, le commandant supérieur de la gendarmerie.

En février, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié avaient convenu de se revoir après les élections législatives du 6 mars.

[Chronique] Afrique–États-Unis : Joe Biden, ce va-t-en-paix

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Par  Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

« Nous n’allons pas tenter de renverser des régimes par la force », a promis Antony Blinken, le chef de la diplomatie de Joe Biden.

Dans son premier grand discours en tant que secrétaire d’État américain, Antony Blinken a fixé les limites de l’interventionnisme made in US. Même titillés, les chefs d’État africains pourront dormir tranquilles…

« Nous n’allons pas tenter de renverser des régimes par la force. » Est-il encore nécessaire qu’un secrétaire d’État américain précise que le dirigeant d’une nation souveraine n’est pas autorisé à renverser celui d’une autre nation souveraine ? Le premier grand discours de politique étrangère du frais émoulu Antony Blinken, chef de la diplomatie de Joe Biden, a le mérite d’être honnête…

Purs produits de la CIA

Si les précédentes administrations américaines noyaient le poisson des interventions « déboulonnantes » dans un fleuve de discours ambigus, les historiens savent que les États-Unis ont déchu le président haïtien Jean-Bertrand Aristide en 2004, après l’avoir installé, en 1994, au cours de l’opération Uphold Democracy. Sans parler de chutes de dictateurs indirectement induites de pressions militaires made in US – comme celle de l’Irakien Saddam Hussein –, les renversements du président panaméen Manuel Noriega, en 1989, ou du Premier ministre iranien Mohammad Mossadegh, en 1953, étaient des purs produits de la CIA…

Le discours programmatique d’Antony Blinken n’a tout de même pas versé dans la repentance, le secrétaire d’État ayant évoqué les « bonnes intentions » des « tactiques du passé ». Il reste à espérer que cette honnêteté inédite soit, a minima, le signe annonciateur d’une certaine transparence dans le compte-rendu des activités militaires américaines à travers le monde.

Car l’armée des États-Unis continuera d’intervenir ponctuellement, quand le régime Biden le jugera nécessaire, sur les théâtres d’action humanitaire ou de guerre contre le terrorisme, comme ces vingt dernières années en Irak, en Syrie, en Afghanistan, en Libye, en Somalie ou aux Philippines.

L’Afrique, peu concernée

Voilà donc une nouvelle administration radicalement différente de la précédente en ce qu’elle juge impérieuse la nécessité de réinvestir les institutions multilatérales mais quelque peu parente de celle de Trump dans sa conviction que les États-Unis n’ont pas vocation à être les gendarmes du monde.

Ceci dit, méprisée par le chef de l’État milliardaire ou respectée par l’ancien vice-président de Barack Obama, l’Afrique est censément peu concernée par les coups d’État à l’américaine. Là aussi, l’alternance démocratique n’a pas modifié la liste des États qui préoccupent prioritairement le Nouveau Monde. « Plusieurs pays représentent des défis importants pour nous, dont la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord », a déclaré Antony Blinken.

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LA CHINE, « PLUS GRAND DÉFI GÉOPOLITIQUE DU XXIE SIÈCLE »

Le secrétaire d’État a surtout insisté sur la compétition avec la Chine, qualifiée de « plus grand défi géopolitique du XXIe siècle ». Mais si l’Afrique est l’un des terrains de jeu de cette influence grandissante, il est illusoire de penser que l’oncle Sam se préoccupera outre-mesure du troisième mandat illégitime de tel ou tel autocrate, même si celui-ci bénéficie de la cécité de Pékin en matière de droits humains.

 
 

Mali: la cour d'assises de Bamako ordonne la fin sans verdict du procès d'Amadou Sanogo

L’ex-chef de la junte de 2012, Amadou Sanogo, au tribunal le 30 novembre 2016.
L’ex-chef de la junte de 2012, Amadou Sanogo, au tribunal le 30 novembre 2016. AFP
Texte par :RFISuivre
4 mn

La procédure contre Amadou Sanogo est donc déclarée « éteinte » au Mali. La cour d'assises de Bamako l'a annoncé ce lundi 15 mars au matin.Libération

Avec notre correspondant à BamakoSerge Daniel

Amadou Sanogo n'est plus poursuivi pour l'assassinat des 21 militaires bérets rouges retrouvés dans une fosse commune près de Bamako. Même chose pour ses coaccusés. Cela ne veut pas dire qu'ils sont déclarés innocents ou acquittés, mais qu'il n'y a plus de procès.

Peu après neuf heures du matin ce lundi, lorsque les accusés ont fait leur entrée dans la salle d’audience de la cour d’appel de Bamako, le général Amadou Sanogo était bien reconnaissable : costume et lunettes noires, il a souri, comme s’il s’attendait à la bonne nouvelle. Après les formalités d’usage, le président de la cour a donc pris la parole et a annoncé l’arrêt des poursuites.

Sa décision est motivée par la loi d’entente nationale. Cette loi, votée en 2019 par l’Assemblée nationale et promulguée sous l’ancien régime, permet dans le cadre de la réconciliation nationale d’arrêter, dans certains cas, des poursuites contre des personnes accusées de crimes contre, notamment, le dédommagement des victimes ou de leurs parents.

 

Des questions sans réponse

Dans le cadre du procès contre le général Amadou Sanogo et ses coaccusés, plusieurs parents de victimes ont déjà été indemnisés. Leur avocat n’était même pas présent au tribunal ce lundi.

L’action contre les inculpés est donc éteinte, ils sont repartis libres. Reste que l’on n’est pas rentré dans le fond du dossier et que la justice malienne, pour le moment, n’a pas permis de savoir exactement comment les 21 militaires bérets rouges ont été assassinés en 2012 avant d’être retrouvés dans une fosse commune.

Le procureur de la République a trois jours pour introduire un pourvoi en cassation s’il est opposé à la décision du tribunal.


■ La colère des familles des victimes

Je suis vraiment choqué ce matin. J’aurais préféré qu’il y ait des condamnations. Comment des crimes barbares, odieux restent impunis?

Ismaila Fané est le porte-parole de l’Apembra, l'Association des parents et épouses des militaires bérets rouges assassinés

[Chronique] Prix Mo Ibrahim : Mahamadou Issoufou récompensé pour avoir respecté la loi

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Par  Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Glez

Récompensé pour son « leadership exceptionnel » et pour n’avoir pas brigué de troisième mandat, le président nigérien sortant est le premier lauréat du prix Mo Ibrahim depuis trois ans.

Ainsi peut-on être récompensé pour avoir fait ce qui va de soi et avoir eu la prévenance de ne pas violer sa Constitution. Lauréat du prix Mo Ibrahim 2020, Mahamadou Issoufou recevra un paiement initial de cinq millions de dollars versés sur dix ans, puis une allocation à vie annuelle de 200 000 dollars.

Son mérite ? Avoir respecté la loi en ne briguant pas un troisième mandat à la tête de l’État nigérien. Car la Constitution nigérienne interdit d’être à nouveau candidat, après deux mandats échus à la présidence. Clou dans le cercueil des ambitions de pouvoir à durée indéterminée, un protocole additionnel de la Communauté économique des États de l’Afrique d’Ouest (Cédéao) montrait du doigt, en 2015 à Accra, le principe des troisièmes mandats…

Rab de pouvoir

Les plus cyniques péroreront que les prix internationaux sont souvent des trompe-l’œil, certains membres du Comité Nobel s’interrogeant a posteriori sur l’opportunité de récompenser d’un prix de la « Paix » un Abiy Ahmed qui, s’il a décrispé les relations Éthiopie-Érythrée, adopte aujourd’hui des postures de chef de guerre au Tigré.

S’il est naturel, le départ du pouvoir de Mahamadou Issoufou n’en est pas pour autant anodin. L’Afrique de l’Ouest francophone a encore vu, ces dernières années, les présidents Alpha Condé et Alassane Ouattara débuter des mandats numéro trois, à défaut d’être les troisièmes mandats d’une même Constitution. Et l’appétit de rab de pouvoir de Blaise Compaoré a conduit le Burkina Faso sur le chemin de croix d’une insurrection populaire meurtrière et d’une transition chaotique. Issoufou est d’ailleurs le premier dirigeant de l’espace francophone à remporter ce prix d’excellence.

« Leadership exceptionnel »

Il n’est pas non plus anodin qu’un président nigérien élu succède pour la première fois à un président nigérien élu, dans un pays à l’histoire rythmée par des coups de force. Le président sortant a t-il été échaudé par l’expérience de Mamadou Tandja et son « tazarché » (la « continuité » en haoussa) qui conduisit l’armée à le renverser ? Qu’importe, tant que la stratégie de la carotte (prix Mo Ibrahim) et du bâton (putsch) donne des résultats républicains. Et le comité du Prix de décrire un « leadership exceptionnel du président Issoufou, à la tête d’un des pays les plus pauvres au monde, confronté à un cumul de défis apparemment insurmontables ».

Les faits de bonne gouvernance sont-ils si rares sur le continent qu’il faille en encourager les auteurs ? Réservé aux anciens dirigeants africains, le trophée du milliardaire anglo-soudanais n’avait pas été décerné depuis 2017 – remis alors à Ellen Johnson Sirleaf –, faute de candidat réunissant les qualités requises.

En novembre dernier, l’indice Ibrahim indiquait un ralentissement des progrès de gouvernance en Afrique. Seuls huit pays du continent avaient réussi à s’améliorer dans les quatre dimensions de gouvernance répertoriées.