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Burkina Faso : Pierre Zerbo, l’ex-patron de la Banque de l’habitat, relève la tête

| Par - à Ouagadougou
Vue du boulevard France-Afrique, à Ouagadougou, Burkina Faso.

Vue du boulevard France-Afrique, à Ouagadougou, Burkina Faso. © Nyaba Leon Ouedraogo pour Jeune Afrique

Accusé de malversations, le dirigeant burkinabè a été disculpé par la justice. Retour sur une saga qui a secoué la place financière de Ouaga.

Après six années de procédure judiciaire contre l’ancien directeur général de la Banque de l’habitat du Burkina Faso (BHBF) la Cour de Cassation vient de rejeter le pourvoi du procureur général, confirmant ainsi le non-lieu transmis par le juge d’instruction à la chambre de contrôle du TGI de Ouagadougou en 2018 et confirmé en appel en février 2020.

Pierre Zerbo avait été interpellé en 2015 avec sept autres cadres dans les locaux de la banque dans le cadre d’une enquête pour soupçons de détournements et de malversations portant sur plusieurs milliards de F CFA.


Pierre Zerbo, en 2013 © abidjan.net
Le dirigeant avait été dénoncé par des individus qui l’accusaient d’avoir octroyé des prêts à des clients – supposément importants – au mépris de la procédure bancaire, en se passant notamment du visa du conseil d’administration.

Dans un arrêt du 7 mai consulté par Jeune Afrique, la Chambre criminelle de la Cour de Cassation a totalement blanchi Pierre Zerbo, rejetant le pourvoi du ministère public.


Insuffisance de preuves

C’est l’épilogue d’une affaire qui aurait, selon une source au cœur du dossier, « ruiné la carrière » de Pierre Zerbo.

« En première instance, le juge avait rendu un non-lieu partiel portant sur l’affaire de corruption et de détournement de deniers publics. Puis, il a transmis à la Cour d’appel les pièces sur l’inculpation de mon client pour enrichissement illicite portant sur la somme de 2 milliards de F CFA [3 millions d’euros, ndlr].

La Cour d’appel à son tour a infirmé ces charges », explique à Jeune Afrique Me Guy Hervé Kam du cabinet d’avocats SCPA Kam & Somé.

Dans son arrêt de non-lieu, la Cour d’appel avait ordonné l’abandon pour insuffisance de preuves des chefs d’inculpation de détournement de deniers publics, de faux en écriture de banque, de trafic d’influence, de corruption et d’enrichissement illicite qui pesaient contre Pierre Zerbo. Elle avait également ordonné le déblocage des comptes du banquier, crédités d’un montant total de plus de 353 millions de F CFA.

L’enquête n’a pas convaincu les magistrats des soupçons concernant le versement de pots-de-vin, estimés à 2 milliards, au profit notamment de la femme d’affaires Alizèta Ouedraogo, belle-mère de François Compaoré, le frère cadet du président déchu Blaise Compaoré.

Reprise par Bonkoungou

Fondée en 2005, la Banque de l’Habitat du Burkina Faso, au capital de 5 milliards de F CFA, était détenue par l’État à 49,57 % et à 25 % par des investisseurs privés, jusqu’à l’entrée au capital de Mahamadou Bonkoungou (56 ans), en octobre 2017.


>>> À lire sur Jeune Afrique Business+ : Comment Mahamadou Bonkoungou organise la galaxie d’Ebomaf 


L’emblématique patron du groupe de construction Ebomaf avait alors acquis 51 % du capital de l’institution. Depuis, Ebomaf a augmenté les fonds propres de l’établissement à 23 milliards de F CFA (au-dessus du nouveau seuil réglementaire de 10 milliards de F CFA) et l’a renommé International Business Bank (IB Bank).

Côte d'Ivoire : bilan de la semaine d’audiences au procès de Soro et de ses proches

Guillaume Soro, à Paris le 17 septembre 2020. (image d'illustration)
Guillaume Soro, à Paris le 17 septembre 2020. (image d'illustration) STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Guillaume Soro et 19 de ses proches sont poursuivis pour leur participation à différents degrés à un complot présumé contre l’État. 14 prévenus comparaissent, les 6 autres étant en exil. Cette semaine pendant deux jours, le tribunal criminel d’Abidjan a entendu la garde rapprochée de l’ancien chef rebelle, ainsi que l’un de ses deux frères et son ex-directeur du protocole. Mais au terme de 5 jours d’audience, ce procès ne semble pas encore dégager de responsabilités ou de rôles clairs dans ce complot présumé.

Avec notre correspondant à AbidjanPierre Pinto 

Pour le moment les débats se sont focalisés surtout sur la journée du 23 décembre 2019. Date du retour avorté de Guillaume Soro et de la descente de police sur le siège de son parti où se tenait une conférence de presse. Les magistrats se sont intéressés de près aux armes, exfiltrées du bâtiment par des gardes et retrouvées plus tard dans la lagune.

À en croire les membres de l’ex-sécurité rapprochée de Guillaume Soro, qui ont comparu ces derniers jours, ces armes, une dizaine selon l’un d’entre eux, auraient été jetées dans la panique, à Assinie, dans la lagune bordant la résidence de Guillaume Soro. « Je ne pouvais pas aller chez le voisin pour faire ça », s’est même défendu sans rire l’un des gardes interrogés qui participé à l’immersion de ces Kalachnikovs.

Pour l’instant, rares ont été les moments de débats portant sur la bande sonore dans laquelle on entend Guillaume Soro se dire pouvoir déclencher un coup de force quand il le souhaite. Enregistrement qui a pourtant été diffusé à l’amorce de ces débats. Le fidèle parmi les fidèles de Guillaume Soro, son directeur du protocole, Soul To Soul, interrogé sur cet enregistrement a affirmé ne pas savoir ni vouloir savoir ce qu’il y avait dessus.

Quant à Simon Soro, l’un des frères de l’ancien président de l’Assemblée, il se défend de toute activité politique. « Je ne comprends pas ce que je fais ici. Je considère que je suis otage. On m’a arrêté parce que je suis le petit frère de Guillaume Soro », a-t-il déclaré jeudi. Prochaine audience, mercredi prochain, le 9 juin.

Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo de retour à Abidjan le 17 juin, selon le FPI

| Par Jeune Afrique
Mis à jour le 31 mai 2021 à 21h49
Des partisans de Laurent Gbagbo, devant la Commission électorale indépendante, le 31 août 2020.

Des partisans de Laurent Gbagbo, devant la Commission électorale indépendante, le 31 août 2020. © REUTERS/Luc Gnago


L’annonce a été faite ce lundi par Assoa Adou, le secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), après plusieurs semaines de tractations avec les autorités.

Le parti de Laurent Gbagbo a choisi la date du 76e anniversaire de l’ancien président pour rendre publique celle de son retour dans son pays. « Le 17 juin, Laurent Gbagbo foulera le sol de ses ancêtres, la Côte d’Ivoire », a annoncé Assoa Adou, secrétaire général de la branche dissidente du Front populaire ivoirien (FPI), ce lundi 31 mai à l’occasion d’une cérémonie organisée dans une salle de réception d’Abidjan.

Les discussions entre les proches de Gbagbo et les autorités ivoiriennes s’étaient accélérées depuis que la Cour pénale internationale (CPI) avait prononcé l’acquittement définitif de l’ancien président, à la fin du mois de mars dernier.

Assoa Adou avait été reçu par le Premier ministre, Patrick Achi, le 30 avril dernier. Les ministres de l’Intérieur et de la Sécurité, Diomandé Vagondo, et de la Réconciliation, Kouadio Konan Bertin, étaient également présents.

Les deux délégations se sont ensuite retrouvées le 3 mai, sans Patrick Achi mais en présence de plusieurs responsables sécuritaires ivoiriens, comme le directeur général de la police, le général Youssouf Kouyaté.

Les discussions tournaient notamment autour de la sécurité Gbagbo, de son statut d’ancien président et des conditions dans lesquelles il entendait rentrer à Abidjan. Les autorités ivoiriennes ne se montrant pas favorables à l’accueil populaire et triomphal dont les « GOR » (Gbagbo ou rien) rêvaient.

Huile de palme, bois, cacao : ce qui attend l’Afrique en 2021

| Par 
Mis à jour le 27 mai 2021 à 16h48
Usine d’embouteillage d’huile de palme, Lambaréné (Gabon). Juillet 2018.

Usine d'embouteillage d'huile de palme, Lambaréné (Gabon). Juillet 2018. © Jacques Torregano pour JA

À la faveur de la crise, les cours des produits agricoles atteignent des niveaux très élevés, portés par la forte demande chinoise. La tendance devrait se confirmer d’après les conclusions du dernier rapport CyclOpe.

Le 35e rapport CyclOpe sur les marchés des matières premières publié le 26 mai met en lumière que, sous l’effet de la crise économique due à la pandémie, les prix des produits agricoles n’ont pas évolué en 2020 comme les métaux industriels ou l’énergie. Ces derniers se sont effondrés avant de se reprendre fortement à la fin de l’année en raison de la formidable demande chinoise, mais les variations par rapport à leurs prix moyens de 2019 demeurent négatives.

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IL NE FAUT PAS EXAGÉRER LES TENSIONS AGRICOLES

En revanche, les matières agricoles ont fait mieux que résister à l’image de l’huile de palme (+28 %), du riz (+16 %), du café (+8 %) ou du cacao (+1 %). Il n’y a que le coton dont les prix moyens ont reculé de 8 %.

Les marchés à l’affût

CyclOpe anticipe pour 2021 la poursuite d’une hausse des prix des matières premières, notamment pour toutes les matières agricoles : +26 % pour l’huile de palme, +20 % pour le café, +20 % pour le maïs, +11 % pour le coton, +5 % pour le riz, +1 % pour le cacao.

Même si Philippe Chalmin, coordonnateur du rapport, estime « qu’il ne faut pas exagérer les tensions agricoles », il est évident que les matières premières sont redevenues à la mode auprès des investisseurs pour qui elles constituent à nouveau une classe d’actifs riche de plus-value potentielle.

Les marchés sont donc à l’affût d’informations sur une insuffisance des stocks – par exemple, pour les huiles au plus haut depuis dix ans – ou sur l’appétit de la Chine – par exemple, pour le coton reparti à la hausse – ou encore sur l’excès de l’offre sur la demande – par exemple, le cacao en petite forme.

Bras de fer autour de la fève

Le rapport analyse le marché paradoxal de la fève. Le bras de fer engagé par la Côte d’Ivoire et le Ghana (62 % de la production mondiale en 2019-2020) avec les multinationales du chocolat semblait bien parti pour les producteurs. En exigeant de leurs acheteurs, un « différentiel de revenu décent » de quelque 400 dollars la tonne exportée, les deux pays ont obtenu une hausse du prix de vente de 21 % pour le producteur ivoirien et de de 28 % pour le ghanéen en 2020. Reste que les prix du cacao stagnent et pas parce que la consommation a été paralysée par la pandémie.

« Globalement, l’offre ouest-africaine est suffisamment élevée pour constituer une chape de plomb sur le marché chaque fois que les prix font mine de grimper », analyse le rapport qui ajoute que certaines multinationale ont limité « leurs achats à l’origine de cacao ouest-africain pour ne pas payer le nouveau prix fort » et qu’elles se sont tournées « vers les fèves dans les entrepôts certifiés des marché à terme ».

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LE GABON ENTEND DEVENIR LE LEADER MONDIAL DU BOIS TROPICAL TRANSFORMÉ DÈS 2023

Les planteurs ont aujourd’hui du mal à vendre leur récolte. Les multinationales n’ont pas dit leur dernier mot…

Volontarisme

Autre produit où les Africains entendent faire preuve de volontarisme : les bois tropicaux. Grâce au Vietnam notamment qui « s’est imposé comme un acteur majeur du commerce du bois » selon CyclOpe, les prix des grumes comme ceux des produits transformés ont poursuivi leur ascension.

Il est vrai que la décision affichée par l’Afrique centrale de ne plus exporter des grumes, dès 2022, pour développer leur transformation sur place change la donne. Le Gabon entend même devenir le leader mondial du bois tropical transformé en 2023.

Sans que l’on puisse prédire si ce sera à la hausse ou à la baisse, le marché du bois sera affecté dans les prochaines années par la lutte contre le réchauffement climatique. Car les grandes entreprises internationales veulent atteindre la neutralité carbone en compensant leurs émissions de gaz à effet de serre par la plantation de millions d’hectares dans les forêts tropicales où les arbres poussent et sont exploitables plus vite.

Loin d’être éradiquée, la lèpre sévit toujours

Analyse 

Cette maladie chronique infectieuse continue de détruire des vies. Mais la prévention et les traitements s’améliorent, dans l’attente d’un vaccin.

  • Jeanne Ferney, 

Lecture en 4 min.

Loin d’être éradiquée, la lèpre sévit toujours
Un lépreux assis sur son lit d’hôpital, en janvier 2015, au Népal.

Ce sont des images auxquelles on a presque fini par s’habituer, malgré leur dureté. Un homme sans avant-bras ni jambes, faisant la manche à même le sol d’une rue poussiéreuse ; une fillette souriant à l’objectif malgré les taches qui mangent son visage… Affichées dans les transports publics ou dans les journaux, ces photos nous rappellent que la lèpre, l’une des plus anciennes maladies de l’humanité, continue de faire des ravages.

→ EXPLICATION. L’espoir d’un vaccin contre la lèpre

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y aurait 2,8 millions de lépreux dans le monde. Toutes les deux minutes, un nouveau cas surgit, le plus souvent en Inde, au Brésil, en Indonésie, au Népal, en République démocratique du Congo ou au Mozambique, six pays qui à eux seuls, regroupent 83 % de la prévalence mondiale (1).

« Si on a parfois tendance à croire cette maladie disparue, c’est en partie dû à un malentendu », explique le professeur Antoine Mahé, dermatologue et vénérologue à l’hôpital Pasteur de Colmar.

→ ANALYSE. La lèpre se soigne, mais les stigmates restent

« À la fin du XXe siècle, un gros effort d’élimination de la lèpre en tant que problème de santé publique a été fait par l’OMS. Il s’agissait non pas de l’éradiquer, mais de faire baisser sa prévalence à 1 pour 10 000 à l’échelle mondiale. L’objectif atteint, cette pathologie a été reléguée à la périphérie, bien qu’il en reste des foyers importants dans certains pays », résume le médecin, rédacteur en chef du Bulletin de l’association des léprologues de langue française.

Un traitement efficace dans 99 % des cas

Avant cela, déjà, de nombreuses associations avaient cessé leurs financements. « Ces trente dernières années, les donateurs occidentaux ont eu tendance à réorienter leurs activités vers d’autres maladies, comme le sida », rapporte le professeur Francis Chaise, directeur du programme lèpre à l’Ordre de Malte, l’un des acteurs historiques de la lutte contre cette pathologie.

S’il n’existe toujours pas de test fiable pour la diagnostiquer ni de vaccin pour la prévenir, l’arsenal thérapeutique s’est étoffé. Depuis le début des années 1980, une polychimiothérapie alliant trois antibiotiques (dapsone, rifampicine et clofazimine), permet de guérir en six à douze mois. « C’est efficace dans 99,9 % des cas, affirme le professeur Francis Chaise. Encore faut-il y avoir accès aux médicaments et être en mesure de les prendre correctement, ce qui n’est pas évident quand on habite dans un village d’Afrique ou d’Asie, sans dispensaire à proximité. »

D’autant que les patients doivent être suivis de près. « Comme pour le Covid, la gravité de la lèpre n’est pas liée à la bactérie elle-même, mais aux réactions immunitaires brutales qu’elle suscite dans 30 % des cas, même sous traitement, indique le professeur Chaise. C’est cette réaction qui va détruire les nerfs. » À moins de lui apporter des corticoïdes rapidement et à forte dose, ce qui là encore, nécessite d’avoir accès à des soins.

Contact tracing

Ces dernières années, c’est probablement sur le front de la contagiosité que les progrès sont le plus impressionnants. « Contrairement aux idées reçues, la lèpre (qui se transmet par des gouttelettes du nez ou de la bouche, NDLR) est une maladie assez peu contagieuse et souvent circonscrite au cercle familial », souligne le professeur Mahé. Mais elle présente une difficulté majeure : sa durée d’incubation très longue, qui peut aller jusqu’à vingt ans chez certaines personnes. Autant d’années durant lesquelles le malade infecte son entourage…

→ CRITIQUE. Virus : de « La peste » à « Pandémie », six œuvres pour conjurer nos peurs

Bien connu du grand public depuis le Covid, le contact tracing permet de limiter ces contaminations dès lors qu’un cas est identifié. « On sait aujourd’hui que 75 % des cas vont se déclarer dans un rayon de 300 mètres autour de la personne infectée. Il s’agit donc d’identifier, dans ce périmètre, toutes les personnes avec qui elle a été en contact, puis de les examiner une à une », détaille le professeur Chaise.

Un travail de fourmi, concède le médecin, « mais cela paye ». En particulier lorsque les cas contacts reçoivent de la rifampicine en prévention, ce qui permet de détruire la quasi-totalité des germes présents dans leur organisme et donc de diminuer leur contagiosité.

→ DEBAT. En fait-on assez contre les maladies tropicales négligées ?

« En Asie, ce protocole que nous avons mis en place depuis cinq ans montre de très bons résultats, avec une baisse très nette de la déclaration des cas de lèpre. On est enfin en train de mieux contrôler cette maladie qui existe depuis des milliers d’années », se réjouit le professeur Chaise.

« Un coup de poing dans le ventre »

Reste à améliorer le quotidien des personnes déjà touchées. « Cinq millions de personnes dans le monde ont perdu toute autonomie. Quand elles n’ont pas de famille pour les aider, c’est la mort assurée », s’indigne le médecin, qui tâche, dans les pays où l’Ordre de Malte est implanté, de donner un emploi à ces mutilés ou à leurs enfants, souvent exclus de la société.

« Voir ces gens qui avaient la vie devant eux perdre leurs membres en quelques mois, devenir aveugles, se retrouver à mendier, c’est un coup de poing dans le ventre », témoigne-t-il. Il y a trente ans, ce chirurgien spécialiste de la main découvrait la réalité de cette pathologie à l’hôpital Saint-Louis, à Paris, où un pavillon était réservé aux lépreux, avec trente lits d’hospitalisation.

→ ENTRETIEN. « La lèpre n’est pas éradiquée »

Aujourd’hui encore, quinze à vingt cas importés sont comptabilisés chaque année sur l’ensemble du territoire. « Mais c’est probablement un peu plus que cela, car la lèpre n’est pas une maladie à déclaration obligatoire », précise Antoine Mahé, qui milite pour qu’elle le devienne.

D’autant qu’à en croire Francis Chaise, il n’est pas exclu que la lèpre resurgisse un jour sous nos latitudes. « Les flots de migrants arrivant en Europe sans contrôle sanitaire laissent craindre une efflorescence de toutes les maladies africaines, et notamment de la lèpre. » Si tel est le cas, « on saura quoi faire », rassure le professeur.

(1) La prévalence désigne le nombre de cas d’une maladie dans une population à un moment donné, cas nouveaux et anciens confondus.