Burkina : Diabré, Komboïgo, Zida… Forces et faiblesses des candidats en lice face à Kaboré

| Par - à Ouagadougou
Mis à jour le 23 octobre 2020 à 17h19
Cinq des treize candidats à la présidentielle du 22 novembre au Burkina : Ablassé Ouédraogo, Zéphirin Diabré, Yeli Monique Kam, Yacouba Isaac Zida et Eddie Komboïgo.

Cinq des treize candidats à la présidentielle du 22 novembre au Burkina :
Ablassé Ouédraogo, Zéphirin Diabré, Yeli Monique Kam, Yacouba Isaac Zida et Eddie Komboïgo.
© Photomontage/ Sophie Garcia/hanslucas.com ; DR ; David Himbert / Hans Lucas pour JA

 

Treize candidats sont en lice pour l’élection présidentielle du 22 novembre prochain, selon la liste publiée par le Conseil constitutionnel. Le président Roch Marc Christian Kaboré, candidat à un second mandat, aura notamment face à lui Zéphirin Diabré, Eddie Komboïgo, Kadré Désiré Ouédraogo ou encore Yacouba Isaac Zida.

Le Conseil constitutionnel a tranché. Dans un acte publié le jeudi 22 octobre, les sages ont validé treize candidatures, dont celle de Roch Marc Christian Kaboré, en lice pour un second mandat. Face à lui, douze opposants. Ils n’ont pas tous le même poids politique ni la même chance de jouer les premiers rôles. Mais tous espèrent compliquer la réélection du président sortant.

Zéphirin Diabré, l’opposant historique

Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition au Burkina Faso, président de l’UPC, le 9 mars 2020.
Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition au Burkina Faso, président de l’UPC, le 9 mars 2020. © Sophie Garcia pour JA

Chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, 60 ans, est un vieux routier de la politique burkinabè. Ministre de l’Économie et des Finances au début des années 1990, quand le Premier ministre s’appelait Roch Marc Christian Kaboré, il embrasse un temps une carrière à l’internationale (au PNUD et chez Areva), avant de faire son retour en politique en 2010 et de créer l’Union pour le progrès et le changement (UPC).

Originaire de la province du Zoundwéogo (Centre-Sud), dont il a été député, il s’oppose en 2014 à la modification de l’article 37 de la Constitution – manœuvre qui devait permettre à Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir – et réussit à rallier à sa cause une large part de l’opposition politique. Arrivé deuxième à la présidentielle de 2015 avec 29 % des voix, il jouera, lors du scrutin du 22 novembre, sa survie politique.

Eddie Komboïgo, des affaires à la politique

Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dans son bureau à Ouagadougou, en mars 2019.
Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dans son bureau à Ouagadougou, en mars 2019. © Sophie Garcia/hanslucas.com

Homme d’affaires, fondateur du cabinet d’expertise comptable KAFEC-KA, il se rêve un destin à la Patrice Talon, le président béninois dont il est proche. Candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), il est parvenu à s’imposer face aux anciens caciques de l’ère Compaoré, tels Kadré Désiré Ouédraogo ou Mahamadi Kouanda.

Disposant de moyens financiers importants et d’un parti solidement implanté, il s’est attiré le soutien des jeunes du parti et s’engage dans cette élection avec le statut de novice. Son but : devenir une personnalité avec laquelle il faut compter dans la perspective de 2025.

Kadré Désiré Ouédraogo, technocrate avant tout

Kadré Désiré Ouedraogo, ici en 2015, est candidat à la présidentielle 2020 au Burkina Faso.
Kadré Désiré Ouedraogo, ici en 2015, est candidat à la présidentielle 2020 au Burkina Faso. © Vincent Fournier/JA

Ancien Premier ministre, ex-vice-gouverneur de la BCEAO et ex-président de la Commission de la Cedeao, Kadré Desiré Ouédraogo, 70 ans, a un profil similaire au président sortant. Comme lui, il est issu de la noblesse mossi et proche de l’église catholique.

En revanche, il est plus technocrate que stratège politique : soutenu par les opposants à Eddie Komboïgo au sein du CDP, il n’a toutefois pas réussi à s’imposer au sein du parti et manque donc d’une réelle machine politique capable de porter sa candidature. Porté par d’anciens camarades, comme le banquier Léonce Koné ou l’ancien ministre Boureima Badini, il incarne aussi une génération qu’une partie de la jeunesse juge dépassée.

Tahirou Barry, l’outsider

Tahirou Barry, candidat à la présidentielle de 2020 au Burkina Faso.
Tahirou Barry, candidat à la présidentielle de 2020 au Burkina Faso. © Olympia De Maismont/Anadolu Agency/AFP

Juriste de formation et ministre démissionnaire du premier gouvernement du président Kaboré, Tahirou Barry, 45 ans, a gagné en popularité depuis qu’il a claqué la porte du gouvernement en disant sa « grande déception » et espère capitaliser sur ce mouvement de sympathie.

Son aura auprès des électeurs les plus jeunes notamment dans la région du Sahel est un atout, pour cette figure de l’opposition sous Compaoré, arrivé troisième en 2015 avec 3% des suffrages. Il n’a que peu de relais (politiques et financiers), mais a obtenu le soutien du Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR), qui regroupe une dizaine d’associations et de partis politiques.

Gilbert Noël Ouédraogo, le come-back

Gilbert Noël Ouédraogo.

Gilbert Noël Ouédraogo. © YouTube/WSISProcess

Exclu de la course à la magistrature suprême en 2015 pour avoir soutenu le projet de modification de la Constitution, l’ancien ministre des Transports fait son come-back dans le landerneau politique.

Bénéficiant de l’assise traditionnelle de l’Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain, surtout dans le nord du pays, Gilbert Noël Ouedraogo, 52 ans, espère bien rebondir.

Yacouba Isaac Zida, le coup de bluff ?

Yacouba Isaac Zida, ex-Premier ministre du Burkina Faso, en 2019, au Canada.
Yacouba Isaac Zida, ex-Premier ministre du Burkina Faso, en 2019, au Canada. © David Himbert / Hans Lucas pour JA

Alors que son retour au pays a été maintes fois reporté, l’ancien Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, 55 ans, rêvait depuis le Canada de briguer la présidentielle. Recherché par la justice de son pays, il doit néanmoins d’abord gérer ses démêlés judiciaires.

Son bref passage à la tête de l’État au lendemain de la chute de Compaoré et sa gestion contestée de la Transition plaident en sa défaveur, et sa formation politique, le Mouvement patriotique pour le Salut (MPS), n’a pas fait la preuve de son poids politique.

Ablassé Ouédraogo, l’expérience

Ablassé Ouédraogo, candidat à l'élection présidentielle de 2020.

Ablassé Ouédraogo, candidat à l'élection présidentielle de 2020. © Sophie Garcia/hanslucas.com

Ablassé Ouédraogo, ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères, se lance pour la deuxième fois comme candidat de son parti Le Faso autrement à l’élection présidentielle.

À 67 ans, l’économiste qui a notamment été à l’organisation mondiale du Commerce, mise sur son réseau international et son expérience du développement pour convaincre ses concitoyens qu’il est homme de la situation. Son parti reste toutefois faiblement représenté à l’échelle

Abdoulaye Soma, à Paris, le 11 décembre 2019.
Abdoulaye Soma, à Paris, le 11 décembre 2019. © Vincent Fournier/JA

Avocat et constitutionnaliste réputé, Abdoulaye Soma, 41 ans, espère capter le vote des jeunes et incarner un nouveau leadership.

Il se pose en homme de la réconciliation, mais demeure un novice en politique : il n’avait jusqu’à présent jamais brigué de mandat électif et va devoir faire la preuve de sa capacité à piloter une stratégie électorale maîtrisée.

Yeli Monique Kam, la seule femme candidate

Yeli Monique Kam, candidate à la présidentielle 2020 au Burkina, lors d'un déplacement de campagne le 13 octobre.
Yeli Monique Kam, candidate à la présidentielle 2020 au Burkina, lors d'un déplacement de campagne le 13 octobre. © DR / Yeli Monique Kam

Unique femme à la course pour Kosyam, Yeli Monique Kam, 47 ans, enfile une double casquette : cheffe d’entreprise – elle a fondé et dirige Sager, une société d’assurances – et femme politique,  elle milite d’abord au Congrès pour la démocratie et progrès (CDP) de Blaise Compaoré avant de rejoindre le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) de Roch Marc Christian Kaboré, dont elle a finalement claqué la porte. Militante du développement par l’éducation, la présidente du Mouvement pour la renaissance du Burkina prône une réforme du système éducatif calquée sur le modèle anglo-saxon.

Do Pascal Sessouma, de la télé à la politique

Do Pascal Sessouma, 63 ans, est un néophyte en politique, mais est bien connu des Burkinabè. Présentateur vedette de la télévision publique burkinabè et de Télé Québec à la retraite, l’ancien journaliste se lance pour la première fois à la conquête du fauteuil présidentiel. Vision Burkina-Parti pacifiste, la formation politique qui porte sa candidature, promet de démilitariser le Faso, alors que le pays est en proie aux attaques de plus en plus meurtrières des groupes armés terroristes.

Dr Claude Aimé Tassembedo,  l’universitaire révolutionnaire

À 53 ans, cet universitaire diplômé en Sciences de gestion fait dans cette campagne ses premiers pas en politique, en tant que candidat indépendant. Claude Aimé Tassembedo met en avant sa volonté d’instaurer une nouvelle révolution : cette fois-ci politique.

Segui Ambroise Farama, un avocat en politique

Avocat réputé, comme son frère Prosper, il s’est notamment illustré dans la procédure sur l’assassinat de Thomas Sankara, Me Segui Ambroise Farama se lance aussi pour la première fois en politique. Transfuge de l’Union pour la Renaissance/Parti Sankariste de Me Bénéwendé Stanislas Sankara, l’avocat et militant des droits de l’homme se porte candidat sous les couleurs de l’Organisation des peuples africains-Burkina Faso.