Journée mondiale du SIDA, 01/12/12 à Kigali, au centre de sante Cor unum, thème : « Comment vivre en paix avec sa séropositivité»  présenté par Fratri Amorain Wayikpo, stagiaire Missionnaire d’Afrique.

Réunion d'animation Introduction

Tout d’abord, la prise de conscience sur l’existence du virus de sida est récente. Elle remonte à 1981, juste une trentaine d’année. Le diagnostic sur les premiers patients porteurs de ce virus révélait la présence d’une maladie étrange, car ce virus a la capacité d’attaquer et d’affaiblir le système d’auto-défense de l’organisme humain

        En termes scientifiques, « les médecins appellent symptôme chaque plainte d’un malade. Quand plusieurs symptômes apparaissent en même temps et semblent reliés entre eux, ils forment un syndrome.» Tel est le cas des patients affectés par ce virus, parce qu’ils manifestent plusieurs plaintes. Donc on a appelé la maladie causée par ce virus « Syndrome de l’Immuno-Déficience Acquise ». D’où le sigle SIDA ou  AIDS en anglais Acquired Immuno- Deficiency Syndrom. Alors que le virus du SIDA est appelé VIH, c’-à-d, Virus de l’Immuno déficience Humaine.

          Le VIH a été isolé et identifié pour la première fois en 1983 par le professeur Luc Montagnier et son équipe dont les docteurs Jean Claude Chermann et Françoise Barré Sinoussi, à l’Institut Pasteur de Paris. Cette découverte a été faite deux ans seulement après la reconnaissance des premiers cas de SIDA. Ensuite plusieurs sommets et conférences ont été organisés dans différents pays du monde sous l’appui de l’Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS), afin que les causes du SIDA soient connues et éradiquées à travers des campagnes de sensibilisation et de prévention.

         Par conséquent, en ce 

1er Décembre, journée mondiale du SIDA (célébrée depuis le 1er Déc. 1988 : 24ème anniversaire) l’occasion nous ait offerte de réfléchir sur le thème :  « Comment vivre en paix avec sa séropositivité ». Autrement dit, est-il possible de vivre en paix en étant porteur du virus de SIDA ?  Nous allons essayer de d’expose notre réflexion, en se basant sur nos  réalités quotidiennes.

1-    Il est difficile de vivre en paix en étant porteur du virus de SIDA

Comme nous le savons, le SIDA est une maladie complexe. Il devient grave et mortel quand il n’a pas été diagnostiqué à temps et soumis au traitement. Même au cours du traitement, le virus développe des résistances. Ensuite, il a une grande capacité d’attaquer le système immunitaire de l’organisme et de l’affaiblir, ouvrant la porte à d’autres maladies graves comme la tuberculose et les cancers. De plus, le SIDA peut être aussi douloureux et humiliant. Nous ne devons pas oublier la souffrance et les douleurs qui accompagnent les symptômes d’une personne malade du SIDA. Cette personne peut avoir la diarrhée durant une longue période, ce qui est humiliant et lourd à supporter par sa famille. Elle perd parfois son poids non pas parce qu’elle a la diarrhée, mais à cause des petites plaies dans sa bouche et dans son tube digestif qui l’empêchent de manger et surtout d’avaler. Alors cette personne souffre terriblement de faim sans pouvoir manger. Un cancer de la peau, provoquant de multiples taches peut facilement la défigurer. Enfin tous nous avons peur de la mort, or le SIDA étant une maladie mortelle parmi tant d’autres,  la personne vivant avec le VIH bien qu’elle soit sous traitement est hantée par cette peur de la mort. Dans ces conditions, il lui est difficile de vivre en Paix avec soi-même et avec les autres. Voilà les réalités que nous devons savoir afin d’être compatissant envers ces malades. Mais « difficile » ne veut pas dire « impossible.»

2-    Il est possible de vivre en paix en étant porteur du virus de SIDAAmorain (à gauche) lors de cette réunion

Je pense que les services de santé et leur personnel sont les premiers acteurs qui peuvent soulager les personnes vivant avec le VIH. Ils sont les seuls à pouvoir faire les tests de dépistage et à donner une assistance médicale lourde. Certes, il n’y a pas actuellement un vaccin contre le VIH, ni un médicament pour guérir complètement du SIDA, mais il y a au moins un traitement à partir  des Anti Retro Viraux (ARV). Ce sont des calmants qui ralentissent les effets  de ce virus. Pour le moment, nous pensons qu’il est conseillé de se contenter des ARV, en observant strictement  les conseils du médecin traitant.

Ensuite, un proverbe africain dit : ‘‘qu’on ne peut pas balayer une chambre avec une brindille’’ mais, on peut la balayer avec un balai. C’est à dire que  ‘‘ l’union fait la force’’. Alors, la charge revient donc  à tous :

D’abord la famille, les parents sont ceux qui donnent le plus de soutien, émotionnel, social, économique et spirituel à ces personnes malades. Puis le milieu, les voisins, les amis, peuvent aider, s’ils acceptent de surmonter la peur et la tentation du rejet ou de ‘je m’en fous’’. Ensuite les associations bénévoles, qui regroupent les personnes infectées ou affectées par le cas des parents ou des amis. Ce sont des lieux où ces personnes peuvent se rencontrer pour partager leurs nouvelles, prendre une tasse de thé, se détendre à travers les jeux de société et se donner du réconfort. De plus, les organisations internationales et les autorités politiques doivent renforcer leur part de contribution dans la prise en charge des malades du SIDA. Comme vous le savez, les soins hospitaliers, les visites à domicile et toutes les activités dans le cadre de la prise en charge de ces malades nécessitent d’énormes moyens financiers.

Et enfin les groupes religieux, selon leurs charismes et leur dynamisme ont le devoir d’accompagner ces malades sur le chemin de l’espérance. Les Eglises ont une longue tradition de services aux malades, avec leurs hôpitaux et dispensaires, le cas de ce centre « Cor unum ». Les mouvements paroissiaux et les chrétiens engagés peuvent donner un soutien spirituel, social et affectif continu. Tel est mon expérience, car ce volet d’assistance spirituelle, sociale et affective fait partie de mon engagement de futur prêtre missionnaire. Quand j’étais à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, avec un confrère, nous faisions des visites à domicile aux malades de SIDA. Ici même à Kigali dans ce centre « Cor unum », je collabore avec deux agents de santé du domaine de l’assistance sociale. Je participe aux séances de counselling des personnes vivant avec le VIH. Puis, je saisis l’occasion pour prier avec elles, après je leur propose un partage de la parole de Dieu sur des sujets tels que « la miséricorde et la bonté de Dieu, la charité fondement de paix et de joie dans la vie ». Très souvent à la fin de nos rencontres elles sont comblées de paix et d’espérance. Pour ceux et celles qui confessent la foi catholique, ils ont la possibilité d’aller voir un prêtre pour recevoir le sacrement du pardon des péchés et se réconcilier avec Dieu, avec eux-mêmes et avec les autres. Je crois que, la véritable paix se trouve en Jésus Christ, ainsi celui qui se confie à Jésus ne manquera pas de paix intérieure. Nous lisons cette promesse de Jésus dans l’Evangile de saint Matthieu 11, 28- 30. En ce temps-là Jésus prit la parole : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger.»

Conclusion

En résumé, nous soulignons le fait que le SIDA est une maladie récente. Malgré les campagnes de sensibilisation et de prévention, cette maladie reste peu connue par plusieurs ou même ignorée par certains. Cependant cette maladie fait beaucoup de victimes. Nous rencontrons et côtoyons des personnes vivant avec le VIH. Certaines sont dans des états critiques et lamentables. Il me semble que la paix intérieure d’une personne vivant avec une maladie grave n’a pas la même valeur que celle d’une personne bien portante. Alors, il est sans doute difficile de vivre en paix avec le VIH, mais il est possible de trouver sa paix intérieure. Dans la mesure où le patient accepte de supporter sa maladie quelques soient les conditions dans lesquelles elle lui a été transmise. En plus, notre compassion et nos multiples formes de soutien peuvent procurer aux malades une certaine paix et un bien-être. Donc, c’est une invitation lancée à tous, afin qu’à travers des actions concertées nous puissions venir en aide aux personnes malades du SIDA, ensuite, prévenir et sensibiliser sur les causes et les conséquences de cette maladie. Enfin, nous devons accepter la présence du SIDA comme toute autre maladie et nous y adapter. La prise de conscience de cette maladie devrait faire partie des difficultés normales de notre existence, telles que, le travail, le chômage, les devoirs familiaux etc.  Ces difficultés nous confrontent tous les jours, mais ne nous empêchent pas de vivre et de rire. Nous devons nous habituer aussi à vivre avec le SIDA.    

Œuvre consultée : SURVIVRE FACE AU SIDA EN AFRIQUE, de Bernard Joinet et Theodore Mugola, éd. KARTHALA, Paris, 1994.  

 

Amorain Wayikpo

Stagiaire M.Afr à Kigali.