Le Togo annonce ses premières élections locales
depuis plus de 30 ans

Des votants lors des élections législatives, à Lomé, le 20 décembre 2018.
© MATTEO FRASCHINI KOFFI / AFP

Au Togo, il y aura bien des élections locales cette année, elles se dérouleront le 30 juin, a annoncé la Commission électorale nationale indépendante. Le dernier scrutin de ce genre date de 1987.

À cette occasion, le fichier électoral doit être révisé pendant trois jours du 16 au 18 mai prochains. Les Togolais non inscrits l'année dernière pourront le faire. Ils devront élire 1 527 conseillers municipaux des 117 communes que compte le pays.

Élections repoussées, durcissement du régime

Des dates ont été annoncées à plusieurs reprises, mais les élections ont sans cesse été repoussées. La dernière fois, c'était en 2018. Les élections locales devaient être couplées aux législatives, elles n'ont pas eu lieu depuis trente-deux ans.

En 1992, année où les élections locales devaient être organisées, les troubles politiques sont très importants, l’opposition est réprimée. C'est l'année de la grève générale qui durera huit mois. Et on assiste à un durcissement du régime d'Eyadema.

Dans ce contexte, le pouvoir pallie au plus pressé. En remplacement des maires dont le mandat de cinq ans avait expiré, des délégations spéciales ont été nommées par le chef de l'État. Ces délégations devaient organiser des élections dans les communes, mais elles n'auront jamais lieu.

Ouro-Bossi Tchakondo est analyste politique, spécialiste de la décentralisation. Il siège à la Céni au titre de la société civile. Il a expliqué pourquoi il n'y a pas eu d'élections locales pendant plus de trois décennies.

Recensement

L'opposition a réagi à cette annonce : une date ferme est certes un élément important. Restent les conditions dans lesquelles ce scrutin va être organisé. Les partis d'oppositions pointent notamment du doigt le risque de fraude, mais aussi les défaillances du fichier électoral, qui doit donc être revu.

Ouro-Akpo Tchagnao, secrétaire général adjoint de l'Alliance nationale pour le changement (ANC) et ancien député, assure que le parti est prêt pour ce scrutin, mais ne cache pas ses inquiétudes.

Il devrait y avoir des fichiers propres à chaque commune pour permettre d'identifier les électeurs pour éviter la fraude, pour éviter la manipulation des fichiers comme nous avons l'habitude de le voir ici.

Mais trois jours pour un recensement, c'est court, estime-t-on dans les rangs de l'opposition, où l'on craint que ce délai ne pénalise les électeurs d'opposition qui avaient suivi l'appel au boycott des législatives de décembre 2018 et n'étaient pas allés s'enregistrer sur le fichier.