Fiche Programme d’Appui à l’éducation de base (PAEB) et
visite du Centre Taab Yinga de l’Organisation pour le
développement durable et équitable ODDE

Le Burkina Faso a accompli d’énormes progrès en matière de scolarisation avec le soutien de ses partenaires techniques et financiers dont la Suisse, mais il n’arrive toujours pas à couvrir les besoins en éducation de base de sa population, soumise à une forte croissance (3.1% par an). A ce jour, encore trois habitants sur cinq sont analphabètes et plus de la moitié (51,4%) des enfants et adolescents de l’âge de l’obligation scolaire 6-16 ans est en-dehors de l’école.

Le Programme d’appui à l’éducation de base (PAEB), d’un montant de CHF 12 millions et en soutien à la mise en œuvre de la politique éducative par le ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation vise à (i) offrir une éducation de base de qualité répondant aux besoins socio-économiques et culturels des bénéficiaires, (ii) promouvoir des alternatives éducatives d’éducation de base et de formation professionnelle aux garçons et aux filles exclus du système éducatif ou n’accédant pas à l’école classique et (ii) rendre la gestion du système éducatif plus efficace et assurer de meilleurs services éducatifs aux populations.

La Suisse opérationnalise son soutien à la prise en compte des enfants et adolescents en dehors de l’école à travers la promotion  des alternatives éducatives :

  • Au Ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA) par le mécanisme de fonds commun pour le financement du Compte d’Affectation spéciale du Trésor (CAST) d’un montant de CHF 4 millions. Ce soutien permet à l’Etat entre autres de transférer des ressources (4% du CAST) au Fonds national pour l’Alphabétisation et l’Education non formelle (FONAENF)
  • Au Fonds national pour l’Alphabétisation et l’Education non formelle (FONAENF) pour un montant de CHF 7,4 millions pour soutenir des dispositifs spécifiques d’alphabétisation (trois mois) suivis d’une mise en apprentissage (15 mois) des adolescents et jeunes de 14 à 18 ans, déscolarisés du système formel ou sortants des alternatives éducatives dans les métiers du secteur agro-sylvo-pastoral. Le programme qui couvre trois régions (Est, Nord et Centre Sud) vise toucher 15 000 bénéficiaires dont 7 500 filles dans les métiers de la filière agro-sylvo pastorale. A l’issue de la formation chaque bénéficiaire sera accompagné par le programme pour son auto emploi. Le pilotage, la gestion et la mise en œuvre de l’alphabétisation et de la formation seront assurés par 550 animateurs dont 165 femmes, 500 formateurs et formatrices endogènes en formation professionnelles et 50 superviseurs dont 20 femmes.

Quelques résultats du programme

La DDC soutient depuis plusieurs décennies le secteur de l’éducation de base et de l’alphabétisation par le canal du secteur public, mais aussi par des ONG et associations pour la mise en place d’innovations éducatives et la promotion de l’enseignement bilingue. La Suisse a contribué à la création et la mise en place du Fonds national pour l’alphabétisation et l’éducation non formelle (en 2002). De 2002 en 2016, le fonds a mobilisé près de CHF 133 millions pour l’ouverture de 116 000 centres d’alphabétisation. Ce qui a permis d’accueillir de 3 200 000 inscrits et de créer 149 500 emplois temporaires.  Les actions du fonds qui contribuent à fournir annuellement 80% des nouveaux alphabétisés, ont permis de faire passer le taux d’alphabétisation des 15 ans et plus de 22% en 2002 à 34,5% à nos jours. Malgré ces bons résultats, le FONAENF connait une situation de sous-financement depuis plusieurs années en raison du retrait de plusieurs bailleurs de fond et du non-respect des engagements financiers de l’Etat.

Les alternatives éducatives sont labélisées Avec le soutien financier de la DDC, le socle commun des alternatives éducatives a été élaboré et adopté en 2017 par l’Etat et les promoteurs et opérateurs en éducation non formelle. Ce cadre définit les bases communes de qualité et de suivi des opérateurs. Cette matrice des alternatives éducatives permet d’améliorer la qualité des activités de l’éducation non formelle

Le Centre Taab Yinga de ODDE

ODDE, est une organisation non gouvernementale qui a été créée en 1982 par un groupe de femmes. L’objectif général de l’association est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des femmes, des enfants et des personnes vulnérables au Burkina Faso par l’accès à l’éducation, la santé et la sécurité économique. Elle dispose d’un centre de formation dénommé Taab Yinga, ouvert en 2005, qui reçoit les enfants de 10 à 17 ans pour des cours d’alphabétisation et la formation aux métiers pendant quatre ans. Le centre Taab Yinga dispose d’un internat réservé aux enfants de sexe masculin en situation de rupture familiale, en situation de rue, déscolarisés ou vulnérables. Les filles sont accueillies au centre de jour pour l’alphabétisation et la formation aux métiers. Les cours d’alphabétisation reposent sur la formule alternative des Centres Banma Nuara CBN (« la connaissance éveille, émancipe » en langue gulimancema) de l’Association Tin Tua, développé grâce au soutien financier de la DDC et qui a obtenu le premier PRIX UNESCO 2009 Roi Sejong. Cette formule bilingue allie l’éducation de base, le développement des compétences et la production.

ATY5

La formation aux métiers concerne cinq filières: batik/sérigraphie, menuiserie métallique, mécanique moto, couture et menuiserie bois. Le Centre Taab Yinga reçoit des financements du Fonds national pour l’Alphabétisation et l’Education non formelle FONAENF à travers des subventions accordées à ODDE pour le volet alphabétisation. La gestion du centre est assurée par un conseil d’administration et de gestion. Le centre est dirigé par Madame Zouri Bintou Michelle.